lundi 27 mai 2013

CUBAN MISSILE CRISIS

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Le prix Hemingway s’étend de l’Europe Centrale jusqu’au continent Nord-Américain, les Caraïbes, l’Amérique du Sud. Son climat n’est jamais très tempéré, traversé qu’il est par de somptueuses lignes de faille où s’affrontent des forces dantesques reléguant la tectonique des plaques au pouvoir corrosif de la pisse de chat en rut. Ou tout comme. L’artillerie y est plutôt lourde et automatique, les ego blessés s’avérant particulièrement meurtriers, recevant les nouvelles ennemies comme autant d’obus de mortier mutilants depuis les fronts retranchés de la pensée intime et du style. Les espoirs, cette masse ENORME d’air chaud, se confrontent péniblement à de nombreux courants d’air refroidissants annonciateurs de dépressions profondes. Cela ne manque pas de générer quelques tornades où tout est balayé, chaque touriste étant convaincu que si « La gloire c’est de la merde » rien ne vaut de l’éprouver au moins une fois, histoire d'en vérifier l’enfer. Quelques randonneurs pugnaces arrivent à jouir d’éclaircies finales où la métaphore pleut néanmoins dru. C’est alors qu’un soir de printemps au comble de la fébrilité, comme poursuivi par l’encierro de Pamplona, éclate un orage sec, un coup de tonnerre majuscule qui précipite tout. Ton thorax devient mou en raison des pressions egométriques aléatoires, tes mains sont moites, tes guibolles flageolent et dans un effort surhumain tu imposes à ton faciès l’impassibilité des traits d'un ''SURMOI'' qui gouverne encore tant que n'a pas résonné le nom d’un vainqueur diabolique qui est un type comme toi mais qui n’est pas toi, qui ne sera jamais toi, parce que comment voudrais-tu qu’il se fasse, qu’un jour, cela puisse être toi, tu es con ou quoi ? Ce n’est pas possible. Oublie ton ''CA'. Il y aura toujours une raison que ce ne soit pas toi. C'est en tout cas ce que te dit ton ''MOI''. On t’emmerde Ernesto… et Freud aussi d'ailleurs... 
Je brinde donc Cuban Missile Crisis (putain quel titre génial…!) aux cent soixante-deux autres loosers, mes frères et mes sœurs. 




 
CUBAN MISSILE CRISIS


Sur le Malecon, face au colossal empierrement atténuant les colères caraïbes d'un océan apte à interrompre la circulation des Chevrolets abandonnées par la mafia américaine sur l'île de ses débauches, il y avait ce bar.  Une tanière sombre, un sombre bouge, entre bordel et rade de marin. Plutôt sale et mal famé, au zinc habité d'une faune cosmopolite. Des gars qui avaient atteint l'âge où l'on peut juger du bilan de sa vie dans ce rétroviseur qui petit à petit s'impose au mental. Ils n'étaient plus que l'ombre d'eux mêmes, mais pour la plupart, pas assez vieux ni résignés pour y être indifférents. Cette foutue oisiveté alcoolisée naufrageait tout, de la puissance virile à la clairvoyance de l'esprit, elle érodait la force et abrutissait insidieusement. Des écorchés à qui le rhum et la canne accouchaient au forceps l'intime complainte, quand une jinetera cessant enfin de chalouper du bassin les réchauffait en tendant une oreille compatissante vers les notes aigres et désabusées de leur chant profond.

Ici, ne s'accoudaient que des types affichant au compteur un destin chaotique ; des cabossés du chemin. Pas vraiment une clientèle de timorés et d'insipides, plutôt des baroudeurs, des maquisards, des balafrés, des clandestins qui voulaient fuir, reprendre la mer sur une chambre à air de camion quitte à nourrir les requins ou alors rester, renoncer à la houle, se fondre dans la foule, devenir invisibles pourvu qu'ils aient trouvé une bonne femme, bien sûr pas très jolie, ni plus très jeune, mais au moins douce, pour calmer les frustrations, panser les blessures de l'âme et accommoder en ragoût, crocodiles et ragondins des cayos. Satisfaire tous les appétits, en somme.

Et puis au bar Chicote, même si le rhum très pur valait à lui seul le déplacement, il y avait la splendide Lupita qui servait. Ce n'était pas la dernière des raisons pour s'interdire de manger et aller dépenser là, les quelques pesos qui restaient au fond des poches. On disait que nombre de mécréants l'apercevant, s'étaient soudain ouverts à l'hypothèse de la création divine. La Cubaine était magnifique. Sculpturale et gracieuse. Gentille avec ça. Et puis consciente. L'attractivité du bar, la valeur ajoutée du fond de commerce, c'était elle. Fallait voir comment le dernier rayon du soleil que le hasard dirigeait pile au dessus de l'évier, illuminait son décolleté quand elle se penchait pour y laver les verres. Sa peau brune, irisée de sueur ou éclaboussée de gouttelettes d'eau luisait dans l'or du couchant et alors les discussions s'arrêtaient. Lupita feignait de ne s'apercevoir de rien, continuait à chantonner innocemment, assumant l'ahurissante cadence du ballottement de ses seins qui laissait les clients songeurs. Elle n'était pas beaucoup plus riche que ses amies mais elle gagnait un salaire ; il lui assurait une indépendance face à la convoitise des touristes de passage toujours prompts à lui offrir des robes et assez vulgaires pour penser qu'ils la lui ôteraient ensuite et s'offriraient sa jeunesse. Mais Lupita se respectait, maîtrisait bien sa langue maternelle et quelques autres encore, pour remercier sans équivoque. Si elle acceptait les robes avec malice, ce n'était pas avec la légèreté de leurs volants de soie. Elle était plus intelligente que la plupart de ses interlocuteurs et les impressionnait par ses réparties spirituelles leur signifiant la certitude que leur argent ne pèserait rien en terme de séduction.

Les habitués, eux, avaient dû admettre qu'ils ne connaîtraient jamais la fierté de l'avoir au bras ; pourtant, une fois les approches découragées, elle savait être chaleureuse, les rendre galants, se mettre sous leur protection. Un rôle dont ils s'acquittaient avec zèle, si bien que Lupita était en sécurité sur son lieu de travail. Les jeunes blancs-becs alcoolisés du bout de la nuit qui l'importunaient, cessaient devant la détermination des balafrés qui rivalisaient d'ardeur pour la secourir. Dans leurs yeux s'animait l'espoir que les mufles qui tentaient le hold-up de son cœur ne capitulent pas, pour qu'ils jouissent du plaisir de lui en crucifier un, les planter, dans leur sale bide, d'un coup de lame rouillée au fil mal aiguisé. S'offrir pour elle à la répression de la loi, renoncer à la liberté, se sacrifier, prouver leur amour, ivres de leur dévouement. Mais les importuns encore verts, comprenaient d'instinct l'intérêt de la fuite. Lupita alors, écrasait sa poitrine contre le torse de ses anges gardiens, les gratifiant d'une bise affectueuse qui, Ô miracle, muait aussitôt leurs faciès patibulaires en minois puéril.

Il y avait deux Français : Francis, ex mûrisseur de bananes à Rungis, arrivé sur le trois mâts rédempteur du curé, le Belem, et jamais reparti, happé qu'il avait été par une danseuse de salsa qui l'avait finalement abandonné ; Francis alias ''Daïquiri'' en hommage à son écrivain préféré, dont il lisait en boucle les soixante-treize nouvelles, toujours dans l'ordre chronologique, était intarissable sur la mise en coma artificiel de la banane par le froid, qui bloquait un mûrissement réveillé à la demande, à coups de vapeurs végétales d'éthylène savamment distillées. Francis, un anesthésiste-réanimateur dudit oblong fruit climactérique que « les emmerdeurs pouvaient toujours se carrer là où il pensait »
Rhum en abondance, jus de citron vert avec parcimonie, sirop de canne à bon escient, le tout préparé par Lupita ce qui rendait le mélange exquis, servi avec son sourire, très frais mais sans glace, ''shaké'' entre ses seins, comme il se doit. Une fois ravalée la déception de ne pouvoir convaincre Lupita d'être sa moitié exclusive, il connut les geôles de la Havane pour avoir besogné à l'Opinel, manche hêtre, lame acier au carbone bien pourrie, le mollet d'un bourru qui lui avait manqué de respect... Le jarret, c'est rentable disait-il, parce que la Justice est plus clémente que pour un coup dans le bide et un type planté du jarret ... il n'a plus envie d'avancer vers toi... un bon investissement, le jarret. Il n'empêche, en secret il pense que le Porto-ricain qui traîne maintenant sa jambe atrophiée du côté de Cienfuegos a vécu l'émotion d'avoir empaumé le majestueux fessier de Lupita... Plus d'un, dont ''Daiquiri'' au premier chef, aurait payé le prix de l'Opinel pour vivre l'expérience... Mais bon, l'amitié de Lupita lui restait précieuse et avoir vu la gueule des autres prisonniers racler le pavé quand elle lui rendait visite avec une pinte de guararon ou une papaye fraîche, valait son pesant de bananes jaunies-endormies-réveillées.

L'autre Français, Marcel, son truc, c'étaient les fleurs. Dans son jardinet il en cultivait pour les offrir à devinez qui ? Lupita. Ex mimosiste de son état, il avait longtemps joué du sécateur sur la côte d'Azur, récoltant des brassées de ces petites boules jaunes que les fleuristes et leurs clients se disputaient dès février, là-bas, vers Menton, tout contre l'Italie. Lui, avait bien cru la séduire à force de fleurs et de chansons d'amour italiennes qu'il entonnait de son chaud vibrato de Méditerranéen transi. Mais Lupita, de ses grands yeux noirs mouillés, de ses prunelles de moire qui trahissaient toutes ses émotions, c'étaient les fleurs et les chansons qu'elle aimait, pas le Marcel, trop vieux pour elle. Il y avait eu maldonne : quand vous êtes trop vieux et trop seul et surtout amoureux, autant dire privé de lucidité, allez distinguer un attendrissement filial d'un authentique béguin... Aussi quand le grand con de Hollandais imbibé de Palma Cristal s'était agrippé à sa chevelure pour attirer sa bouche contre la sienne, ce fut le poinçon à brebis du Laguiole, manche pointe de corne de vache Aubrac, lame acier corroyé, qui d'un coup sec dans la panse, avait ramené le bestial égaré dans le troupeau de la bienséance due à toute femme. Il eut ce typique regard d'incrédulité qu'ont tous les poignardés à l'instant où leur corps fuit. Marcel dit ''Mojito'', lui expliqua en guise de pansement compressif, qu'il y avait un pays assez plat pour accueillir les grands cons orangés dans son genre et lui en indiqua le cap d'un grand coup de pied au cul, fin de l'incident. C'est ainsi qu'il entra dans l'équipe des rares hommes considérés par la belle. Rhum, sirop de canne, quartier de citron vert, hierba buena, eau gazeuse, glace pilée, le tout ''shaké'' par Lupita contre son cœur. Marcel, ''Mojito'', en éclusait tant qu'il pouvait s'en payer, plus ceux que Lupita lui servait gratis. Autant dire, en douce. Les meilleurs.

Il y avait Paturuzu le Jamaïcain, un des rares sur son île à avoir un métier, deux métiers même : filetoupier qu'il était. Il en avait vu passer des balles de chanvre, qu'il avait battu, vingt ans durant, avec le même entrain qu'un novice, ce qui est suspect on en convient. Puis, il avait navigué mais bien vite rejoint la terre ferme, victime de calenture et enfin était passé Maître Calfat. L'artiste pourvoyeur de fente, le roi du bourrage de l'interstice, l'empereur du calfatage étanche, c'était Paturuzu. Par analogie assez triviale il est vrai, il avait usurpé une réputation d'amant suprême avec laquelle il était arrivé au Chicote plein de morgue, soit dans les pires dispositions, pour séduire une fille intelligente. Il était ressorti de cet échec penaud et plus modeste grâce à l'adroite psychothérapie prodiguée par ''Lupi'' la généreuse, toujours franche mais jamais cassante. Du coup, Paturuzu alias ''Cuba Libre'' était resté là, dans ce micro-monde qui lui paraissait entretenir plus de vérité que celui d'où il venait, où l'on ne dérogeait pas à la logique bourgeoise, de crainte que tout s'écroule. Rhum, cola, jus d'un demi-citron vert, rondelle, glace. Il avait l'alcool si mauvais que lorsqu'il en avait abusé, il ruminait rageusement son éviction du bonheur de serrer la taille fine de Lupita. C'est le moment que choisirent deux Allemands qui perturbaient depuis un moment de leurs rires gras l'ambiance du rade, pour s'accaparer la belle sur leurs genoux et fouiller les trésors sous sa robe de leurs sales mains de gros dégueulasses chargés à la Bucanero fuerte. La fine lame damassée du Yatagan de Paturuzu lança deux éclairs sur les murs crasseux du rade et le calme revint. Seuls deux types en disharmonie avec le lieu, titubaient vers la sortie saignant comme des cochons de Teutons qu'ils étaient. On ignore ce qu'ils devinrent, mais Paturuzu ne fut jamais invité à séjourner dans la fortaleza San Carlos de la Cabaña.

Jairo le Cubain lui, était un gars de la campagne, né non loin de la péninsule inhabitée de Guanahacabibes : planteur de tabac et d'ananas de la vuelta abajo et boxeur redoutable autrefois promis à un bel avenir sauf que lorsqu'on a connu la faim dans l'enfance, on peut dire adieu au fluor et au calcium que les os nécessitent. Il put combler ses carences à l'âge adulte mais quant à devenir champion, c'était trop tard. Il promène tous les jours sa face de güiro, aussi ridée que la calebasse musicienne, dans Habana Vieja avant de rejoindre le chicote.
Détail qui tue, ou pourrait, Jairo a une sainte horreur des armes blanches et démolit volontiers de ses massues d'acromégale qui lui servent de poings, tout fanfaron qui lui en sortirait une sous le nez pour l'impressionner. Supporte pas.. ça le met en rogne, Jairo, les lames, qu'elles soient inoxydables ou pas... Pour lui, un homme doit se battre tel qu'il est, comme la nature l'a pondu, avec ses dents, ses poings et ses pieds. Si on évoque ses dents c'est qu'un jour il coupa l'oreille d'un bridé contrariant dans le barrio Chino parce qu'il avait exercé son art du piropo. Pas un petit morceau à la Tyson, non, l'oreille entière, à sa base. Et comment aurait-il su qu'elle était mariée, celle à qui il susurra : 
 
« Si el amor toca a tu puerta, permitele entrar, estoy seguro que él te hara una maravillosa y bella compañia » 
 
Evidemment, lui aussi succomba à l'envie de posséder Lupita. En tout bien tout honneur, ceci dit, l'épouser et tout et tout... C'était le plus désarmant de gentillesse et de romantisme Jairo, le plus naïf, un dur au cœur fondant de tendresse, un maladroit, un prévisible, incapable de faire danser la Lupita, un marbre de comptoir, un monolithe de la forêt. Dans sa gestuelle comme dans sa pensée. Entier et primaire mais bon et fidèle. Quand Lupita lui eut expliqué avec tact toute une nuit durant qu'elle le rendrait très malheureux, on ne le revit plus pendant une semaine. Puis il réapparut, les traits tirés et les yeux tristes d'un agouti, aussi vulnérable qu'un zunzuncito, il avait compris que le pire serait de la perdre complètement. Lupita, respectueuse de son chagrin, l'entoura presque maternelle, par petites touches, une parole bienveillante, un geste affectueux, et puis cette tortilla aux piments, rien que pour lui, qui le réconcilia avec la vie.
Un jour, un baraqué des USA, un joueur de football américain échoué sur l'île crocodile, se permit une allusion sexuelle de mufle friqué à l'endroit de la serveuse cubaine. On ne sait plus très bien... qu'il détenait la clef juteuse pour desserrer l'étau de ses cuisses, enfin, voyez, ce genre de délicatesse. Jairo à l'autre bout du bar, se fendit d'une phrase entière le priant posément de sortir. Cela représentait un gros effort pour ce rudement taiseux de la campina. L'autre géant sortit son cran d'arrêt tout clinquant d'inox, manche plastoc, qui n'avait saigné que du hamburger trop cuit, et un truc comme ça, bien énervant pour Jairo, avait précipité la perte de son intégrité physique. Les massues entrèrent en action dans l'évidente démarche de compacter la grande carcasse du type auquel son morphotype ne se prêtait guère. Une entreprise suivie avec autant d'intérêt par les piliers du bar, qu'une expérience scientifique dont on aimait la confirmation. Il fallut que Lupita assistée des porte-lames de sa garde rapprochée sautent sur Jairo pour l'empêcher de finir l'américain. Le footballeur ratatiné fut installé sur des tables et soigné par Lupita et son patron tout le week-end tandis que Jairo fut assigné là en infirmier garde-chiourme pour prendre la mesure de sa colère dévastatrice et parer à l'éventualité d'un réveil agité. Lupita le punissait en lui passant les compresses avec lesquelles il devait tamponner, tout doucement cette fois-ci, le bocal du tuméfié : alcool modifié, cataplasme de hierba buena mâchée – par Jaïro - et glace en cataplasme.

Mais le temps passait et le mystère demeurait : Lupita, déesse caraïbe, merveilleuse promesse incarnée de l'amour, icône du reggaeton, cette danse si sensuelle qu'elle laissait les spectateurs extatiques dans l'entrelacs des images suggestives et la scansion frénétique des congas, restait seule et farouche, taraudant le désir et l'imagination des hommes, après avoir repoussé tout ce que la grande île comptait de donneurs d'orgasmes.
 
Un matin, le mystère se creusa : Lupita ne vint pas travailler, ni le lendemain, ni les jours suivants. Angoisse, silence et solitude. Perdus, le sourire et la bonne humeur, cette aura de féminité qui illuminaient la tanière. Personne, jamais, ne la revit. Elle n'avait pas dit « au revoir »... n'avait pas réclamé sa paye. Elle avait disparu. 
 
Au comptoir, on se ruinait d'autant plus, pour oublier le manque. Mais le rhum était insipide et si les avis divergeaient sur les causes de sa disparition on était d'accord là-dessus : la vie n'avait plus goût à rien.

Le seul fait inhabituel que se rappela le patron sans établir pourtant un lien de cause à effet, c'était que, la veille du départ de Lupita, un inconnu, assez stylé, élégant, empreint de ce que les Espagnols décrivaient par la ''planta'', lui avait commandé un '' Cuban Missile Crisis'', un cocktail de puta madre chargé pour excipient d'un vieux rhum à 75,5°. Un chaud vestige de la guerre froide qui opposa l'ex URSS aux USA notamment quand Khrouchtchev braqua vers Kennedy d'explosifs SS-20... Il ne s'en vendait presque plus car outre son prix, il était rare après ça, de retrouver sa maison. 
 
Mais le jeune type brun, non, il était resté clair et urbain, maître de lui, posant de nombreuses questions à Lupita qui avait patiemment répondu en roulant ses grands yeux noirs d'une façon qu'on ne lui connaissait pas.

Paturuzu, Francis, Jairo, Marcel, les autres, tous à l'écoute, gardaient le visage fermé, inquiet, songeur et c'est d'un Marcel soudain excédé, que fusa la question :
  • Et qu'est-ce qu'il fait ce gars, dans la vie ???
Torchon sur l'épaule, en appui sur son zinc, le visage fermé par la déconvenue, le patron eut un geste du bras, évasif et mou.

- Je sais pas, rien, un truc dans les toros. Matador... torero...

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Oublions le talentueux préliminaire pour ne parler que de la nouvelle.
Elle est débordante d’humour, de fantaisie et d’imagination, ce qui n’occulte en rien une bonne connaissance de Cuba, des Cubains et de leur histoire, sans parler de l’universelle nature masculine.
Le torero est magnifié par cette chute en entonnoir qui s’évase vers tous les fantasmes tauromachiques possibles.
On n’attendra que plus impatiemment la sortie du prochain recueil.
Gina

el Chulo a dit…

bien, muy bien!

Anonyme a dit…

Je te décerne le prix Alfred Anyway et j'en parle de ce pas à Melle Poupart.
JLB

marianîmes a dit…

J'ai découvert votre nouvelle à vos côtés dans les chiqueros ! Je suis devenue accro de votre blog ! Quelle belle surprise cette publication ! Je n'aurai pas votre style pour l'exprimer mais merci et bravo pour votre verve et votre sensibilité !

Anonyme a dit…

C'est vrai que pour les préliminaires il est talentueux...

ok, je sors...

Marc Delon a dit…

pffff... "anonyme", nom, adresse et circonstance siouplaît...

merci marianimes, une fan de plus, chouette.

Frères loosers, si vous passez par là et que l'envie de publier votre nouvelle ici vous traverse, n'hésitez pas, envoyez-moi la...

marianîmes a dit…

Précision technique, pas poétique mais frénétique ! J'ai sans doute publié plusieurs fois mon commentaire ne le voyant pas s'afficher immédiatement !... Et souhaitant vraiment vous laisser un témoignage ! Je vous laisse ''modérer'' et les supprimer ! Ou pas ?!!!...

Maja Lola a dit…

Un régal, Chulo ....

Lecture dégustée dans les chiqueros par une soirée (hélas) froide et ventée où la nouvelle a apporté une chaleur caraïbes du plus bel effet ....

Marc Delon a dit…

oui, maria, une rafale ! et j'ai pris le meilleur... :-)

ils ne s'affichent pas tout de suite, il faut me laisser le temps de la modération ( modalité nécessaire uniquement pour censurer Gina qui dès que j'écris "caca-boudin" crie au génie... si je laissais faire la planète entière me haïrais à l'heure qu'il est... chut :-)

Anonyme a dit…

Moi c'est au premier texte en lettres vertes que j'attribue le prix Alfred Anyway. Le reste, je croyais que c'était écrit par Christophe Hondelatte.
JLB

Marc Delon a dit…

Hondelatte... l'irrascible journaliste rouquin sanguin ? Quel rapport avec moi ?

el Chulo a dit…

les desseins de JLB sont impénétrables, surtout en ce moment!

Anonyme a dit…

Biiiiieeeen... entiendes... torero de su corrazon...

Anonyme a dit…

Aurait besoin d'un bon assouplissant anti-poils rèches ....

Le scorpion sous le clapas

Anonyme a dit…

T'es gentil Chulo ! Impénétrable...impénétrable... encore heureux que je reste impénétrable...surtout en ce moment... et malgré la Taubira-Taubiroute.
JLB

Anonyme a dit…

Quel toupet !