Quel gazapon ce Pedroplan... Je l'ai cité de loin pourtant, et il est
venu, tranquillou, se fendre d'une resena pour les Pedraza de
Yeltes, mâtinée de ses impressions sur la programmation
nîmoise... Voyons donc ce qu'il a à nous dire :
Tauromachie ou Bov'art ?
Eh bien, cette fois-ci il
(il, je veux dire Il, enfin, Lui, le cynique Producteur d’Art qui
fait notre fierté) a osé le faire : du cent pour cent. Cent
pour cent de domecq pour jus ou ersatz pour Pentecôte, cent pour
cent de limaces n’aspirant qu’à tenir debout en avalant leurs
cent trente redondos inversés et leurs cent vingt passes changées.
Repas sans sel, sans assaisonnement, idéal pour cantine de maison de
retraite. Pas même un petit Fuente Ymbro pour relever la sauce.
Miura, Adolfo, Cuadri, Victorino, Cebada, Escolar n’en parlons pas.
Moreno Silva encore moins. Albasserada, connais pas. Bref, une tauromachie sans machie ni tauro. De l’art bovin. On dira
bov’art, ça fait plus plus sexy.
Ah, on va les regretter nos
Pedraza d’Arles. Malgré la vague déception qu’on avait en sortant.
La faute aux Dacquois, avec
leurs hâbleries. Ah, ils nous en avaient tellement raconté sur
leurs Pedraza à eux qu’on s’attendait à l’apocalypse, et voir
s’écrouler le vénérable amphithéâtre sous la fureur des
monstres. Au point qu’en croisant un picador qui descendait vers
les arènes, je lui ai serré la pince avec l’air attristé
de circonstance, celui qu’on arbore aux cérémonies funèbres
(encore que c’est rarement la main du héros de la fête que l’on
y serre).
Et puis non. Seulement un lot
de taureaux honnêtes. Des taureaux qui font leur boulot dans le
genre « pas mal mais peut mieux faire » de nos bulletins
d’autrefois, avec mention pour le caractère bougon du premier, le
galop joyeux du troisième répondant au picador, la noblesse
encastée du cinquième. Et bonnet d’âne pour le père Riboulet - enfin, le fils - et sa carioca de derrière les fagots.
Et en face,
Escribano avec son allure de sportsman d’outre Manche
s’adonnant à l’incompréhensible Cricket sur un gazon d’une
surnaturelle verdeur. Six paires de banderilles précises et deux
séries de la droite sans se décoiffer, un sourire de trente-cinq
dents, un coup de brosse et hop, prêt à aller prendre le thé chez
la baronne.
Thomas Joubert, avec son allure fragile d’adolescent
aurait sans doute mieux profité du cinquième avec un peu plus de
pratique, mais ce qu’il fit ne fut pas mal du tout, dans le genre
vertical avec une touche d’inspiration parfois bienvenue, parfois
un peu aléatoire, comme ces cambios dans le dos qui surprenaient le
public, le taureau et peut-être lui pour commencer.
Quant à Juan
del Álamo,
torero estimable s’il en est, il réussit à sortir deux faenas de
la paire de rétifs qu’il eut en partage. Mais pourquoi
s’obstina-t-il à tuer a recibir le sixième qui s’était figé
dans l’attitude résolument marmoréenne de mon labrador en
désaccord sur le tracé de la balade ? Il y a sûrement une
explication - sans doute parce que c’était impossible autrement -,
mais en, attendant, il frôla de très très près le troisième
avis.
Ah, et on donna la vuelta au
cinquième, celui du triomphe de Thomas. Discutable, sans doute.
Moins en tout cas que celles que le compulsif du mouchoir, le
Tournesol à chapeau de paille des euphoriques matinées nîmoises ne
manquera pas d’accorder aux gentils collaborateurs des Zartistes
Zinspirés.
Pedroplan