lundi 28 septembre 2020

L'Arène de Nîmes est-elle Bling-Bling ?

 


Mesdames et messieurs, l’heure est grave : un débat, relayé par la presse écrite régionale, secoue la toile, les tendidos et les zincs, et vient nous emboucaner :

 L’arène de Nîmes est-elle Bling-Bling ?!

Ouh fan de chichourle… la question est d’importance et conditionne la crédibilité de l’aficion locale. Si je le connaissais personnellement, j’appellerais à la rescousse Michel Onfray qui s’emparerait de la question en ingurgitant toute la production bibliographique tauromachique des trois derniers siècles en 8 heures, puis pondrait un essai de 1200 pages en 48 heures, tous paramètres décortiqués. La réponse alors jaillirait dans son évidence.

Maiiiiis et je le regrette croyez-le bien, je suis loin, très loin, de ses facultés intellectuelles et de la puissance de sa pensée. Excusez donc par avance l’indigence de la démonstration.

En préalable, ce qui m’apparaît, c’est que la question est mal posée et mérite je crois cette correction :

L’arène de Nîmes est-elle Bling-Bling, Pouët-Pouët ou Con-Con ?

Cet élargissement ouvre un autre horizon… Je sens déjà tous les babaous se mettre à barjaquer… Sur Facebook, certains déjà sont montés au créneau, main sur le cœur et aficion authentique brandie aussi éperdument que des bras de morts de faim vers un pot de brandade avariée pour s’élever contre la diffamation Viardesque, atteints qu’ils étaient jusque dans leur coupe de champagne, accusant le destrussi d’arriver avec ces esquiches-merdes pour engatser le respectable.

Du coup, grosse estoumagade de fadolis pour sauver l’honneur bafoué de la plaza ''brandade-tapenade-pastaga''. Et les Bling-Bling qui, par définition, sont les plus mal placés pour s’en apercevoir, de choper les fonfonis et de lâcher à son endroit les « counas » et « counifle » d’usage. Enfin, par leurs mots à eux, plus chicos.

Oh con de Manon… le mortier sentant toujours l’aïl, la polémique revenait, on se retrouvait dans la mouscaille. Les mouligasses se roidirent ne comprenant nibe à ce patacaisse et prêts, s’ils le croisaient dans la rue Fresque, à profiter de son étroitesse pour lui coller des pastissons. Aqui n’y a proun vociféraient les pébrons ! Tout un peuple de trépadous des bars de la ville, les violes, stossis, rebabeous et autres brancassis qui sirotent leur Ricard en louchant sur les tafanaris des nines qui passent, se sentirent offensés.

Alors comment rendre notre expertise sur la question en désertant le territoire de la passion pour faire de l’objectivité, le ferment des conclusions à venir ? (là, quand même relisez, c’est technique, et ne me suis pas exprimé comme un pacoulin)

Eh bien justement, en répondant avec honnêteté à des questions simples dont tout le monde a pu apprécier la véracité pendant les corridas :

1)    Le public de cette arène applaudit-il systématiquement toute fin de série de passes même banales, profilées ou ratées ?

     OUI

2)    Est-il majoritairement réprobateur quand s’élève dans la foule une contestation aussi tonitruante qu’évidente sur l’état d’une corne ou la faiblesse d’un toro ?

 

OUI

 

3)    Proteste-t-il avec véhémence lorsque l’oreille qu’il exige est refusée malgré que ce soit  logique ? (désarmés fréquents, toreo profilé, estocade ratée…)

 

OUI

 

4)    Une présidence avare en trophées est-elle le lendemain, accusée d’avoir manqué de ''sensibilité'' ?

 

OUI

 

5)    A-t-on déjà assisté à une pression manifeste de l’empresa surgissant dans le callejon pour ''encourager'' le palco à récompenser ou éventuellement à doigter d’honneur le public, son client ?

 

OUI

 

6)    La sanction suprême infligée par un alguazil se résume-t-elle à un léger tapotis de planche avec la main ?

 

OUI

 

7)    L’arène s’est-elle vidée des aficionados désormais croisés à Vic pour Pentecôte ou à Saint André de Majencoules aux Vendanges pour griller des saucisses, ramasser des oignons et cueillir des cèpes ?

 

OUI

 

8)    A-t-on déjà vu un alguazil – dont le rôle est de faire appliquer en piste les décisions du palco, et de garantir l’éthique de la chose -  couper une oreille en deux avec l’aide de l’empresa sur le bord de la barricade ?

 

OUI     (note personnelle : Hahaha… incroyable !)

 

 

9)    A-t-on déjà vu d’ignobles daubes invalides n’ayant pris qu’un picotazo, finir grâciées dans la liesse générale (« INDULTO ! ») ?

 

OUI

 

10)  A-t-on déjà vu au Palco des types qui n’avaient aucune compétence, voire, assistaient à une corrida pour la première fois ?

 

OUI    (note personnelle : Hahaha… j’ai les noms…)

 

11)  A-t-on vu souvent de vrais faux ''triomphes'' alors que le torero n’a pas toréé mais seulement donné des passes sur le voyage ?

 

OUI

 

12)  Combien, parmi ceux qui pénètrent l’arène, connaissent la différence entre ''péguer des passes'' et toréer ?

DÉGUN ou presque

13)  Les aficionados conscients qui voient des courses depuis des décennies et disent simplement ce qui est, ont-ils déjà été traités d’Ayatollahs, de rabat-joie, de peine à jouir par ceux qui n’y connaissent nibe ?

 

OUI

 

14)  Le public Nîmois n’aime-t-il rien tant que les beaux parleurs qui toréent leurs réserves par la flamboyance du verbe, vantant à l’avance les vrais faux triomphes qui vont systématiquement avoir lieu alors que la tauromachie ne repose que sur une seule constante : l’aléatoire ?

 

SI

 

15)  La programmation de cette arène ne repose-t-elle pas principalement sur de l’événementiel pour lequel on tente de lisser toute aspérité afin que le suave l’emporte sur le danger, le ballet sur le combat, niant ainsi l’essence même de la corrida ?

 

SI

 

16)  N’êtes-vous pas majoritairement en train de penser qu’énonçant tout ceci je nuis à la tauromachie plutôt que d’être enthousiaste à promouvoir cette enquête pour changer tout ça ?

 

SI

 

17)  De part les goûts du public de cette arène, si l’on ouvre une bodega, ne vaut-il pas mieux pour drainer le plus de clients et de CA prévoir des canapés et du champagne plutôt que du chorizo et de la sangria ?

   SI

 

18)  Ne vous êtes-vous pas surpris à plaindre un toro qui aurait du vous inspirer la peur jusque dans la sécurité de votre gradin ?

         SI

19)  Dans la mesure où… Argh… panne de cartouche d’encre bientôt… ;-) et de papier… et puis ça deviendrait fastidieux, hein.

 

Donc, à la lumière des ces réponses objectives, maintes fois constatées, quelle est la conclusion de cette enquête exclusive menée par Photosmotstoros avec toute la rigueur tauromachique nécessaire à l’éclosion de la vérité ?

Eh bien, nous pouvons désormais avec certitude prétendre que Viard se trompe. L’arène de Nîmes n’est pas Bling-Bling !

La plaza nimoîse est Bling-Bling  ET  Pouët-Pouët !

En ce qui concerne le volet con-con, par contre, il n’y a pas suffisamment d’éléments concordants dans le faisceau de preuves énoncées pour l’affirmer de façon péremptoire et indubitable, d’autant que ''Photosmotstoros'' souffre d’une empathie congénitale évolutive pour ses concitoyens qui l’empêche d’être intransigeant et sévère. Néanmoins, Photosmotstoros s’avère suffisamment suspicieux pour estimer qu’il y a un doute…

lundi 21 septembre 2020

A partir du sable

 


Tiens, si on parlait tauromachie. Ça sentait le crottin et la bouse sur l’esplanade, il y a donc du y avoir des quadrupèdes ? Bon, parce qu’à la base, ce blog fourre-tout se voulait un peu taurin quand même, tu te souviens, lecteur ?

Or, qu’avez-vous eu à vous mettre sous la dent ici ? Rien. Si, un compte rendu ciné de ‘’Le bonheur des uns…’’ vu que le malheur des aficionados était organisé sur le sable.

Je connais trop Nîmes, ma ville, que j’aime et qui me fait honte dans ce qu’elle me donne à voir de l’art du combat. Alors comme beaucoup - difficile à remplir les cinq mille places parait-il – comme vous, je n’y vais plus.

Dans la plaza, j’y ai encore un ami qui depuis son abono des premières hors de prix (s’en fout il est riche) m’envoie ses lapidaires sentences :

-       Bananes érodées…

-       Grosses bouses de toros…

-       Public Duracel…

-       Palco de rigolos…

-       Actuacion pueblerina…

-       Cornes de girafes…

Alors, pas bégueule, je lui envoie les miennes, presque aussi lapidaires et vu qu’on se connait depuis l’enfance, je sais qu’on se marre de ce ping-pong :

-       Bien fait pour toi…

-       T’as qu’à pas répéter sous la pique…

-       Ca t’apprendra à humilier…

-       Jette ton fluzz au vent…

-       J’admire ton abnégation classieuse et ton rapport à l’ennui

-       Depuis le temps, au prix de ton abono, t’aurais une IWC, une Omega, une Jaeger-Lecoultre et une Patek-Philippe, putain…

Oui, vous me connaissez, le lapidaire c’est pas mon truc…mais j’essaye. Alors, non, hors de question que je rende compte du naufrage durant des décennies. J’ai déjà donné et à force je vais être suspecté d’être mauvais coucheur ou d’être un triste sire ou d’avoir un compte à régler que sais-je…

Alors je vais vous citer ce que j’ai lu de la part de ceux que j’estime crédibles dans leur appréciation :

<< Le public nîmois, toujours en manque de critères, et toujours prompt à s’enthousiasmer pour le clinquant, veut voir couper des oreilles. Il en a obtenu deux pour Juan Leal au terme d’une faena où le superficiel prit le pas sur l’essentiel. C’est navrant.

Des toros pour une bonne moitié indignes des lieux, justes de forces et sosos pour la plupart

Comment exprimer son toreo quand la matière première fait défaut ? 

Bref, une course à très vite oublier  (Patrick Colleoni)

 

 

On pourrait tenter de mettre des mots. Mais ce serait tromper et trahir.

Les trois premiers toros du jour étaient, à nouveau, imprésentables

Au moment où l'on songeait « ça fait peine », le taureau se coucha par terre, et la messe était dite. Le toro beige, genre peluche, sorti en troisième, était à peu près complètement invalide.

immobile dans le sitio, où l'ectoplasme de la modeste peluche rodait encore un peu.

Les trois suivants furent un peu moins navrants, puisqu'on leur devinait des cornes, ce qui, ce jour, était inédit. Le quatrième était un toro de gala, mais d'un gala pour Ephad où l'on fait semblant de vivre, même quand les forces manquent.

…avant de conclure avec le toro cacochyme.

Et avec ça, des picotazos, une indifférence absolue des deux maestros à la mise en suerte face aux piques (la meilleure mise en suerte sera le fait du sobresaliente Jérémy Banti invité au quite par Sébastien sur le cinquième), des épées désastreuses, entre rincon ordonezien, entière trasera un peu dans le dos et bazonazo de ley et une pluie de descabellos.

Le manque de corridas en cette année de Coronavirus explique sans doute le fait. Deux naufrages consécutifs, y compris en présentation, en deux corridas explique le reste :

 cette impression poisseuse d'inéluctable ressac, de fin de partie, de fin d'un monde.

(Joel Boyer) >>

 

Il est vrai que dans le dernier paragraphe, Joel Boyer trouve des mérites à la ville et à l’empresa, sans doute parce qu’il est bien éduqué, parce qu’avec urbanité et raffinement il s’essaye à trouver des raisons d’être juste et tolérant. Mais, ce qu’on nous propose est ancré depuis tellement d’années, que le Covid-19 n’y est pour rien. Alors moi c’est à partir du sable que je jauge et juge. De la première foulée sur le sable. Et je suis bien obligé de constater que souvent les enfoirés de sangliers qui me retournent mon terrain ont plus de gaz et de sauvagerie que les toritos à la brandade. C’est plutôt une question de sensibilité, de philosophie, d’habitudes ou d’arrangements. Sinon (j’avais écrit Simon…) pourquoi s’enferrer ainsi dans les mêmes travers ? Comment peut-on en arriver à penser qu’il vaut mieux prendre le risque de présenter des invalides épointés pourvu que leurs statistiques de ‘’toréabilité’’ soient bonnes, plutôt que de continuer à honorer le rite extraordinaire en sélectionnant des adversaires pour la race de leur colère ? Qu’on puisse s’extasier sur leur sauvagerie, leur brutalité, s’enflammer sur le pundonor et la maîtrise des toreros poussés dans leurs retranchements, s’exalter de leur abnégation brave sous la pique, de…

Je bloque là-dessus depuis des années.

J’avoue.

Sans comprendre.

Je suis sûr que le Simon, s’il lit ces lignes, il pouffe grave ! C’est un peu comme s’il voulait nous avoir à l’usure… Viendra un moment où tout le monde en aura marre de dénoncer ce qui l’a déjà été maintes fois. Ca sâoule, à constater, à lire et à écrire…

Il m’est arrivé de céder à ce que je n’aime pas : jouer le mondain à l’impé une coupe de champ à la main. (pour roter je préfère la Citrate de Bétaïne, c’est moins cher et comme vin, une vendange tardive saturée de sucre me plait plus) C’est assez instructif, tu rencontres des types, parisiens pour la plupart (à partir de Chamborigaud à peu près, et plus au Nord) qui t’expliquent l’extase vécue du triomphe encore chaud dont tu as constaté qu’il ne s’agissait que d’une grosse bousade profilée…

Là, tout à coup, s’ouvrent à toi deux options pendant que tu réalises que le Simon a réussi son grand remplacement, virer les aficionados en d’autres contrées plus bourrues pour libérer des places aux aficionadeaux encanaillés dans notre Sud, ce Sud qu’ils doivent vivre comme un véritable Far-West à grands frissons :

-       Une écoute polie et amusée sans rien trahir de ta connaissance. Après tout, tu l’as eu toi aussi ta période ‘’découverte euphorique’’ (chouette on peut torturer des zanimos…(y’a des zantis qui lisent, c pour eux… sont tellement largués…))

 

-       Une tentative d’éclairer leur lanterne tout en asseyant ta posture de redoutable connoîsseur…

 

-       T’amuser à abonder dans leur sens pour voir jusqu’où ils se paument. Par Jeu. Mais mes parents et frère Pierre de St Jean Baptiste de la Salle, ne m’ont pas éduqués dans ce sens…

 

Ouais, ok, ça en fait trois, et alors ? Bon, donc, moralité, as usual, y’a eu des toros, mauvais, faibles, imprésentables pour la plupart et je suis trop radin, pas assez urbain et suffisamment écoeuré depuis lurette, pour y assister et vous concocter des resenas qui dénoncent ce que j’ai déjà dénoncé par toutes les paraphrases possibles et imaginables à profusion.

Applaudissements ou stylo, plus aucun jeu de paume ne m’amuse. C’est triste. Bon… voilà… il me semble que cet article est fini… Quoi la photo ? Si les toros sont imprésentables je ne vais pas illustrer l’article avec une photo de corrida… j’ai trouvé cette femme… qui semble être coiffée d’une montera naturelle. Fera l’affaire, malgré la ténuité du lien.

Ah au fait, 2021 devrait voir la sortie d’au moins un livre de votre chroniqueur haï… si inch Allah, Dios quiere etc… si la tauromachie existe toujours… covid-19… tout ça… une sorte de dico pour les nuls qui voudraient le rester… quelque chose comme ça… T’inquiète lecteur, on en reparle… je vais te sâouler avec ça… du marketing que ça s’appelle… teasing et tout et tout…et pointures associées…si on s’est pas fâchés d’ici là bien sûr… A plus, bises et postillons.

jeudi 17 septembre 2020

Le Bonheur des Uns...

Supposez qu’enfin vous révéliez un talent réel, que les portes s’ouvrent, les réussites s’enchaînent et que votre personnalité s’épanouisse, plébiscitée comme jamais. Vous pensez vraiment que cela va déclencher une joie sans borne chez votre conjoint et votre meilleure amie ? Ce serait mal connaître l’épaisseur et la complexité des sentiments humains.

Rappelez-vous les dernières remarques de vos collègues de travail, juste encaissées parce que vous aviez enfilée une jolie robe ou des talons hauts…  Alors imaginez maintenant qu’un succès important vous hisse très au-dessus de la gangue de médiocrité où baigne la plupart, où l’on vous trouvait si sympathique parce que si ressemblante au groupe…

Alors quand Léa, douce, belle, discrète, subtilement interprétée par la féminine, douce, belle, somptueuse (oui je suis amoureux) Bérénice Bejo décroche un contrat dans une maison d’édition prestigieuse, son technico-commercial de mari (V.Cassel) spécialiste de l’aluminium pour qui l’objet livre est un mystère, panique et perds pied : <<  Tu te prends pour Victor-Hugo ou quoi ? Tu veux te faire draguer par des intellos ? >> Comme si par cet acte, elle avait quitté son monde et son cœur.

La ‘’meilleure’’ amie, elle, surjouée par la caricaturale Foresti (ouais, non, pas amoureux…) d’abord incrédule puis moqueuse et enfin verte de jalousie et grise d’amertume, pousse le ridicule jusqu’à vouloir l’imiter, un peu comme ces gens qui pensent que photographier ne consiste qu’à appuyer sur un bouton.

Son mari (F. Damiens) s’avèrera le plus sain et le plus bienveillant des trois, malgré l’injonction qui lui est faite en permanence d’approuver sa jalouse.

Un autre succès, des hauts revenus, des dîners prestigieux, la fréquentation de gens intéressants, trop ce sera trop, Léa gagnera une vie plus riche que son précédent état de vendeuse, de la notoriété, mais perdra ses proches, décidément trop petits, trop étroits, trop mesquins, trop largués

Ce n’est donc pas quand ça va mal qu’on distingue ses vrais amis trop heureux de vous consoler, ce qui est rassurant sur leur propre sort, mais plutôt quand ça va très très bien…

Tel est je crois le message de Daniel Cohen par ce film.

mercredi 15 juillet 2020

Excursion Landaise


Le plus rationnel étant d’aller chercher la ‘’gloire’’ là où elle se trouve, j’avais mis le cap sur les Landes pour le week-end patriotique aux feux d’artifices annulés, fêtes contingentées, défilé minimisé, masques bien positionnés ou en pendants d’oreilles, bavette mentonnière ou élevés en cache calvitie naissante... Oui, parce que, modeste lauréat de leur concours de nouvelles, je m’étais dit, tiens, quand tu l’avais gagné il y a quelques années, tu ne t’étais même pas déplacé, c’était pas très poli, là, tu vas y aller ! (comme tu ne l’as pas gagné… 2e prix… cherchez pas la logique, il n’y en a pas…je m’améliore avec le temps, c’est tout)

J’avais loué une chambre dans une authentique ferme plus ou moins délabrée selon que l’on soit d’un naturel optimiste ou pas, une de ces locations qui font peur aux enfants – maison de sorcière – et aux citadins formatés : Chantal la logeuse a quelques anecdotes à ce sujet, de la bimbo blonde juchée sur ses Louboutin de 12cm qui descend de sa mini en s’embourbant aussitôt, complètement dépassée par sa progéniture ramassant des branches pour se ruer sur les poules et les chats et dont on est obligé de rattraper l’éducation déficiente à coups de pompes dans le cul bien traumatisants (aptes désormais à vous envoyer devant un tribunal) avant que tout ne soit raidi comme la mort, fleurs piétinées et harmonie du lieu rompue… enfants gâtés de banlieusards va… qui prennent les animaux pour des nuisibles… non, c’est moi qui parle, là, car Chantal est aimable, hospitalière et excellente cuisinière ! Elle est du Sud-Ouest, quoi…

Un lieu charmant, paisible, enchâssé dans les champs de maïs, qui vous rappellera la maison de vos grands-parents avec le chevet qui peut recevoir le pot de chambre et le plancher qui craque, bon ok, de vos arrières grand-parents si vous êtes beaucoup plus jeune que moi. Vous savez, au temps où tout ce qui était normal n’était pas qualifié de ‘’BIO’’… Tu sais, lecteur, l’œuf extra-frais venait du cloaque d’une poule heureuse de gambader en liberté par exemple… Fou, non ? Mmm… l’omelette de Chantal baveuse à souhait et criblée de cèpes des bois… Mais bon il y a l'électricité et la douche est super !

Mais comme d’habitude je digresse… car est venue la saison de tous les régimes hypocaloriques que je ne ferais pas vu que j’aime trop manger. Si, j’ai honte, mais quand vient l’assiette et l’ambiance… Alors voilà, soyons précis : 2100 chemin du Lagastet à Aurice, se trouve la ganaderia ‘’Alma Serena’’ où il ne faut pas venir pour la gastronomie par contre… Ah ben oh… on ne peut pas avoir toutes les qualités… Du sang Domecq sur les près, des frites dans l’assiette. A quinze kilomètres du Moun qu’Isabelle la bloggeuse a parcouru en vélo avec une selle trop basse, effort estival à saluer. Là nous attend la sympathique, généreuse et chaleureuse peña taurine de Mugron, étrangère à toute mondanité. Du brut, du chaleureux, de l’authentique, de l’humour, du taurin, de l’amical pour une journée animée avec maestria par l’irremplaçable Mousquetaire Miguel Darrieumerlou modérateur universel, de Biarritz à Menton.

Voici le déroulé de la journée : visite du campo en remorque barricadée. Bémol, le pilote ne pilote que pour un côté de la remorque… l’artiste du volant devrait comprendre qu’en prenant un virage plus serré il privilégierait au retour l’autre côté des spectateurs. Ce que lui avait pourtant expliqué quelqu’un avant notre départ (2 groupes) maaaaaais le bourru n’en avait cure. Dommage, on était venu voir des toros, on a vu des grosses têtes de landais… reprise gasconne du célèbre Brel song : j’ai voulu voir ta sœur et on a vu ta mère, comme toujours…

Bon, c’était pour ma chérie que c’était dommage, c’était plus nouveau pour elle que pour moi. Elle a eu son petit succès dans son mini-short floqué, taille 36 article quasi inconnu dans les échoppes à Maïté… Deux gros canards landais sur le retour, sans doute encouragés par sa proximité avec moi (aussi vieux…) et profitant de ma discussion avec Richard Milian l’ont entreprise à part :

  • C’est toi la nîmoise ?
  • Euh… oui…
  • Y’a un pont dans ta ville ?
  • Euh… on doit pouvoir trouver ça, oui…
  • Parce que mon collègue, dès qu’il t’a vue, il est tellement tombé amoureux qu’il parle de se jeter pour se noyer… ! Arff, arff, arff…
  • …….

Ah ouais mais oh, y’a du lourd en Chalosse, faut pas croire… C’est structuré, scénarisé et tout et tout, la drague, on ne se lance pas comme ça. J’ai remarqué, dès que je ne la flanque plus de mon physique dissuasif (oui ben oh ça va hein…) il lui arrive toujours des avatars dans ce genre… Enfin, avec ceux dont la femme était retenue ailleurs, bien sûr.

Et donc moi, ayant la possibilité d’approcher Milian, je me dis… cette course, c’est pas possible qu’il l’ait oublié…

  • Bonjour, M. Milian, je me permets de vous aborder parce que j’ai un grand souvenir de vous au cours d’une mémorable course (et oui je suis respectueux, avec les toreros, moi)
     
  • Oui qu’est-ce qu’il y a, dis-moi…
     
     
  • Je vous donne un indice : les trois premiers toros, les trois toreros blessés et j….
     
  • Béziers, miurada 1983 !
     
  • ….
     
     
  • Quoi ? C’est pas celle-là ?
     
  • Ben si !!!
     
  • Victor Mendez, Nimeno II et moi… p’tain si je m’en souviens… et pour cause… six toros extrêmement dangereux… je suis entré a matar tout déchiré, le sexe à l’air, face au public tout proche… mais personne ne rigolait dans les gradins… 2h45 de course je crois…
     
     
  • Je confirme que même à l’abri des gradins, on avait peur, l’intensité du combat était terrible ; je n’ai jamais connu plus intense depuis, sur six toros. Même les guardiola de 89 pour Nimeno, c'était un ton en dessous…
     
  • Ouais…(le regard dans le vague à la recherche du tiroir de ce souvenir) redoutables, tous les six… on était entrés à l’hôpital complètement rincés en se félicitant d’être encore en vie. Du coup on va s’en jeter un autre, à la gloire du toreo…
     
    Et c’est reparti pour l’apéro pas masqué : personne n’avait de cutter pour pratiquer une petite fente capable d’insérer une paille. Ça tombait bien car, de paille, il n’y en avait pas non plus… On se parlait à touche-touche vu les décibels et comment dire, quand tu parles à un type qui a osé s’envoyer des aurochs diaboliques génétiquement programmés pour le tuer, tu lui opposes les mesures-barrières toi ? Tu lui demandes de reculer à un mètre ? Moi, non. La décence que ça s’appelle…
     
    S’en suivit une conférence avec témoignages actuels et exemples anciens sur la critique taurine sauf que c’était dans l’ordre inverse… la conf avant l’apéro pour être exact… Enfin c’est pas ça qui change la force des vagues de l’océan. T’imagines ce que ça donne un méditerranéen qui se jette dans l’océan ? Qui essaye d’y entrer du moins. Y’a comme un phénomène de rejet en fait, l’océan te rend à la plage, veux pas de toi, avec ta brasse indienne apprise au club Mickey du Grau du Roi. Tu essayes de sortir honorablement de l’eau quand soudain le short break te prend la moitié de ton maillot et ta dignité avec. Evidemment juste en face trois surfeuses s’oignent d’huile, par des gestes souples et langoureux… et tu sens qu’elles rient… intérieurement.
     
    Mais bon, pas le choix, hein, fait chaud…
     
    Et enfin, la fameuse remise des prix où il est toujours très gênant d’être applaudi après que Miguel m’ait pourtant présenté comme ayant « tous les défauts, la preuve il a même écrit dans Toros » Hahaha…
     
    Et puis deux vaches et puis un novillo tué par un jeune de l’école taurine de R. Milian dont j’ai bien sûr, qu’il me pardonne, oublié le nom.
     
    A peu près douze heures de route vers ou depuis ton département, puis lors de la découverte de tes paysages familiers, les pins de Saint-Girons, la plage, les arènes d’Amou, de Pomarez, où tu t’es sans doute assis, le saule sur les rives du Luy, la traversée de Dax, bien sûr que j’ai pensé à toi, chulo
  • PS : ne regardez pas trop longtemps ma trombine sur la photo, on dirait que je vais me mettre à pleurer....

mercredi 18 mars 2020


J’ai serré la main tendue par réflexe autant que par charité pour lui éviter un ‘’vent’’ humiliant devant une salle d’attente toujours en observation aigüe du moindre de mes faits et gestes. Au cas où ils rateraient une invitation à aller s’étendre sur la table de massage ou que leur baisse de vigilance permette qu’un autre passe avant eux, n’est-ce pas...

Ma main droite potentiellement contaminée, il était donc possible que j’aille tartiner du sino virus sur le dos de madame F. Alors je suis retourné dans la salle d’attente actionner la pompe du flacon hydro-alcoolique de 1 litre remporté de haute lutte la semaine dernière en parcourant le net à vive allure, et mis à leur disposition. Leurs yeux ne me quittant pas, j’ai mis à profit la rincette pour être pédagogue : ostensibles glissés n’oubliant pas les espaces inter-digitaux, etc… puis j’ai avisé que les magazines étaient dans tous les sens, je les ai rangé machinalement.

Entrant dans le box où m’attendait le dos de madame F, j’ai réalisé. Je suis revenu dans la salle d’attente où deux personnes avaient du coup saisi un magazine. Je leur ai supprimé des mains, ai tout ramassé et jeté. Difficile d’être meilleur vecteur de transmission que ces pages tournées avec les doigts sucés… rejoignant madame F j’ai pensé qu’entre son dos et mes mains il y avait eu ces magazines. Les patients qui patientaient m’ont vu remettre la troisième giclette dans les mains de masseur.

J’ai enfin pu prendre en charge madame F à qui j’ai précisé qu’elle aurait du rester chez elle à 92 ans… Ce à quoi elle m’a répondu qu’elle en avait marre de rester chez elle. Mais … ça commence à 12h01 le confinement… on est le matin là… lui ai-je rétorqué, vous n’avez pas eu le temps d’en souffrir !!!

Et là, Incarnation s’est indignée :

Si pero kéké bou boulez kil m’arrive misié délonn si jé sors… ?

Ben… la mort ?

Y alors ? Adios, me voy y terminado… zé fé ma vida, verdad ?

Si, si claro que si, pero zé né souis pas zici pour vous terminado (qué zé loui di…) Allez quelques étirements pour fi…

Non nono,no, masaje y bueno

Bon ok juste un petit, alors, pour le ps…

No,no,no zé soui guérie… y dé tout fazon, Casas il l’a dans le baba…

 ?

José Tomas… viendra pas… cé couit por la feria

Si ! C plous qué couit… esta carbonizado !!!

Ayyy misié délonn qué bou zètes rigolo !

… ? Ah bon… pourtant ma femme me…

Zustement zéné soui pas votrr mujer…

Ah ben oui, c’est pour ça… et je le regrette, croyez-le bien… !

Ayyyyyyyyyyy…. Arrêtez, arrêtez zé vé mé fer pipisss….

Ah non, j’ai pas encore décontaminé ma sonde périnéale, tenez bon…

Ayyyyyyyyy parar ahi… por favor detente…jajajaja…

 Ok, ok, c bon, allez, vous pouvez vous rhabillez

Je vais au lavabo reprendre mes ablutions anti-corona. Incarnation traverse le couloir pour me rejoindre à mon bureau et plante un énorme éternuement au niveau de la salle d’attente. J’entends les chaises de ceux qui se sont reculés, cogner contre le mur … Trop tard, arrivée dans mon bureau elle m’a emprunté mon stylo que j’ai repris machinalement. La raccompagnant je remets une giclette et nettoie mon stylo avant d’envoyer une salve bactéricide dans l’atmosphère à la satisfaction générale.

Mr S… je vous en prie, c’est à vous…

Avant de le suivre je vérifie le radiateur, il me semble qu’il fait super chaud : 26 degré indique le thermostat que je rabaisse à 19 (il fait 21 ° dehors…)

Ah, c’est moi qui l’ai monté… m’indique le papi blotti contre lui…

… ?... Que je le toise d’un regard incrédule… Vous savez que c’est sur les boutons de réglage des appareils ménagers qu’on trouve la plus grande concentration de virus ??? (improvisais-je pour qu’il ne recommence pas…) Giclette ! Vite !

Voilà, voilà s’exécute le papi tout blême

Vous vous êtes touché le visage depuis vos ‘’réglages thermostatiques’’ ? Que je rajoute, préoccupé : Il blêmit un peu plus, le suspense monte dans le silence interrogatif …

Euh… ah… je sais pas….c’est possible…

Ouais c probable… ben… ‘ttention hein… et puis qu’est-ce que vous faites là ? Il est dans une heure votre rdv !?

J’aime pas être en retard… !

Ouais ben soyez ponctuel plutôt, parce que là c’est plus un cabinet c’est un sauna !

Hein ? Pardon… ?

Faut dire que ma voix est devenue une résonnance d’outre-tombe (enfin, j’espère pas tout à fait…) car le pharmacien du quartier m’a dégoté une boite de masque FFP2  que j’ai accueilli avec la joie du désespéré en quête aboutie du Graal jusqu’à ce qu’il la tempère en m’expliquant d’un air gêné que la cinquième puissance mondiale (soi-disant…) ne pouvait me fournir que ça.

Ben ouais c’est super ! Des FFP2 !!! J’y crois pas… c’est gênant même, il parait qu’en réa à l’hosto ils n’en ont même pas, ça craint !!!

Et puis devant sa mine contrite, mon regard a glissé jusqu’à son index pointant une petite ligne sur la boite indiquant qu’ils étaient périmés en … 2009.

    Ah ouais quand même....

Du coup ?

    Je les prends !

Et puis ce soir, pour me détendre, je fumerais un bon module cubain, tiens. Un Corona par exemple.

La porte s’ouvre sur monsieur N qui arbore un FFP2 flambant neuf avec une magnifique valve rouge en son centre surmontée de la mention : WURTH. Va falloir que je creuse ce filon.

mercredi 11 mars 2020

Science-Friction


Mettons… je chausse un masque pour bosser. L’inefficace, le chirurgical. Qui est quand même mieux que ‘’pas de masque du tout’’. Un patient du quartier populaire où j’exerce entre. Du genre qui n’éternue pas dans son coude, crache dans la rue, vidange sur le trottoir et te postillonne cette question :










  • Ah bon, vous êtes contaminé ? (notez le ton badin...)
  • Non, non, prudent seulement…
  • Et nous alors, qu’on en a pas… on va le choper ?
  • Ben euh… y’en a pas dans les pharmacies ? (hypocrite tentative de gagner un peu de temps par foutage de gueule éhonté… 20‘’ à peu près )
  • Ben non, j’en ai fait douze !
  • Ah ouais quand même… (2e tentative… je dirais,10’’ de gain)
  • Et… z’en avez pas pour moi ? (tout délais écoulés, on est dans le dur…)
  • Et non, malheureusement… (mine contrariée incluse. Foutage de g… ? Non madame, je suis un humain sensible, capable de compassion…)
  • Ouais…. (Traduction : Nous, on peut crever quoi…)
  • C’était ceux que le gouvernement a fait envoyer aux pharmacies pour les professionnels de santé… (genre ‘’c’est pas ma faute t’sais…’’)
  • Ouais… (Traduction : ça m’en touche une sans faire bouger l’autre)
     
    Silence pesant de plusieurs minutes
     
  • Mais….

Ouaaah, je sens venir la question fatidique…

  • Mais…à moi, vous pouvez pas en donner un ?
  • Eh je voudrais bien… mais un tout seul ça rime à rien, faut en changer de temps en temps ( mais qu’est-ce que j’ai dit là… ?)
  • Ben donnez m’en plusieurs !
  • A vous et pas aux autres… c’est pas possible…et puis j’en aurais vite plus…
  • Et moi qui en aurais jamais eu alors… ?
  • Moi, c’est parce que je reçois du public, c’est pas votre cas…
  • Je sors, je fais les courses, c’est pareil…
  • Aaaah c’est vous qui avez dévalisé le Lidl de la rue de Beaucaire ? Pas pu me faire des pâtes, moi, l’autre soir…(tentative spécieuse de renversement de culpabilité…)

Me lance un regard mauvais (du style : c’est ça, prends-moi pour un con…) je tente un désamorçage sauvage :

  • Oh et puis vous savez, si ça se trouve, moi qui aurais porté un masque je serais contaminé et vous qui n’en n’avez pas porté, non, qui sais… ? (d’un air sérieux alléguant de la possibilité scientifique. Je porte une blouse blanche oui ou non ? )

Deuxième regard mauvais (traduction : c’est ça, continue à me prendre pour un con+++)

  • Bon, j’en trouverais pas quoi… autant attendre Zorro…
  • Ah ben oui, le vengeur masqué !

Ouf, sonne petit téléphone et me sauve du troisième regard monotone…

 

Rappel : Il s’agit de Science-Fluxion (de poitrine) ça n’est pas arrivé.