mercredi 15 juillet 2020

Excursion Landaise


Le plus rationnel étant d’aller chercher la ‘’gloire’’ là où elle se trouve, j’avais mis le cap sur les Landes pour le week-end patriotique aux feux d’artifices annulés, fêtes contingentées, défilé minimisé, masques bien positionnés ou en pendants d’oreilles, bavette mentonnière ou élevés en cache calvitie naissante... Oui, parce que, modeste lauréat de leur concours de nouvelles, je m’étais dit, tiens, quand tu l’avais gagné il y a quelques années, tu ne t’étais même pas déplacé, c’était pas très poli, là, tu vas y aller ! (comme tu ne l’as pas gagné… 2e prix… cherchez pas la logique, il n’y en a pas…je m’améliore avec le temps, c’est tout)

J’avais loué une chambre dans une authentique ferme plus ou moins délabrée selon que l’on soit d’un naturel optimiste ou pas, une de ces locations qui font peur aux enfants – maison de sorcière – et aux citadins formatés : Chantal la logeuse a quelques anecdotes à ce sujet, de la bimbo blonde juchée sur ses Louboutin de 12cm qui descend de sa mini en s’embourbant aussitôt, complètement dépassée par sa progéniture ramassant des branches pour se ruer sur les poules et les chats et dont on est obligé de rattraper l’éducation déficiente à coups de pompes dans le cul bien traumatisants (aptes désormais à vous envoyer devant un tribunal) avant que tout ne soit raidi comme la mort, fleurs piétinées et harmonie du lieu rompue… enfants gâtés de banlieusards va… qui prennent les animaux pour des nuisibles… non, c’est moi qui parle, là, car Chantal est aimable, hospitalière et excellente cuisinière ! Elle est du Sud-Ouest, quoi…

Un lieu charmant, paisible, enchâssé dans les champs de maïs, qui vous rappellera la maison de vos grands-parents avec le chevet qui peut recevoir le pot de chambre et le plancher qui craque, bon ok, de vos arrières grand-parents si vous êtes beaucoup plus jeune que moi. Vous savez, au temps où tout ce qui était normal n’était pas qualifié de ‘’BIO’’… Tu sais, lecteur, l’œuf extra-frais venait du cloaque d’une poule heureuse de gambader en liberté par exemple… Fou, non ? Mmm… l’omelette de Chantal baveuse à souhait et criblée de cèpes des bois… Mais bon il y a l'électricité et la douche est super !

Mais comme d’habitude je digresse… car est venue la saison de tous les régimes hypocaloriques que je ne ferais pas vu que j’aime trop manger. Si, j’ai honte, mais quand vient l’assiette et l’ambiance… Alors voilà, soyons précis : 2100 chemin du Lagastet à Aurice, se trouve la ganaderia ‘’Alma Serena’’ où il ne faut pas venir pour la gastronomie par contre… Ah ben oh… on ne peut pas avoir toutes les qualités… Du sang Domecq sur les près, des frites dans l’assiette. A quinze kilomètres du Moun qu’Isabelle la bloggeuse a parcouru en vélo avec une selle trop basse, effort estival à saluer. Là nous attend la sympathique, généreuse et chaleureuse peña taurine de Mugron, étrangère à toute mondanité. Du brut, du chaleureux, de l’authentique, de l’humour, du taurin, de l’amical pour une journée animée avec maestria par l’irremplaçable Mousquetaire Miguel Darrieumerlou modérateur universel, de Biarritz à Menton.

Voici le déroulé de la journée : visite du campo en remorque barricadée. Bémol, le pilote ne pilote que pour un côté de la remorque… l’artiste du volant devrait comprendre qu’en prenant un virage plus serré il privilégierait au retour l’autre côté des spectateurs. Ce que lui avait pourtant expliqué quelqu’un avant notre départ (2 groupes) maaaaaais le bourru n’en avait cure. Dommage, on était venu voir des toros, on a vu des grosses têtes de landais… reprise gasconne du célèbre Brel song : j’ai voulu voir ta sœur et on a vu ta mère, comme toujours…

Bon, c’était pour ma chérie que c’était dommage, c’était plus nouveau pour elle que pour moi. Elle a eu son petit succès dans son mini-short floqué, taille 36 article quasi inconnu dans les échoppes à Maïté… Deux gros canards landais sur le retour, sans doute encouragés par sa proximité avec moi (aussi vieux…) et profitant de ma discussion avec Richard Milian l’ont entreprise à part :

  • C’est toi la nîmoise ?
  • Euh… oui…
  • Y’a un pont dans ta ville ?
  • Euh… on doit pouvoir trouver ça, oui…
  • Parce que mon collègue, dès qu’il t’a vue, il est tellement tombé amoureux qu’il parle de se jeter pour se noyer… ! Arff, arff, arff…
  • …….

Ah ouais mais oh, y’a du lourd en Chalosse, faut pas croire… C’est structuré, scénarisé et tout et tout, la drague, on ne se lance pas comme ça. J’ai remarqué, dès que je ne la flanque plus de mon physique dissuasif (oui ben oh ça va hein…) il lui arrive toujours des avatars dans ce genre… Enfin, avec ceux dont la femme était retenue ailleurs, bien sûr.

Et donc moi, ayant la possibilité d’approcher Milian, je me dis… cette course, c’est pas possible qu’il l’ait oublié…

  • Bonjour, M. Milian, je me permets de vous aborder parce que j’ai un grand souvenir de vous au cours d’une mémorable course (et oui je suis respectueux, avec les toreros, moi)
     
  • Oui qu’est-ce qu’il y a, dis-moi…
     
     
  • Je vous donne un indice : les trois premiers toros, les trois toreros blessés et j….
     
  • Béziers, miurada 1983 !
     
  • ….
     
     
  • Quoi ? C’est pas celle-là ?
     
  • Ben si !!!
     
  • Victor Mendez, Nimeno II et moi… p’tain si je m’en souviens… et pour cause… six toros extrêmement dangereux… je suis entré a matar tout déchiré, le sexe à l’air, face au public tout proche… mais personne ne rigolait dans les gradins… 2h45 de course je crois…
     
     
  • Je confirme que même à l’abri des gradins, on avait peur, l’intensité du combat était terrible ; je n’ai jamais connu plus intense depuis, sur six toros. Même les guardiola de 89 pour Nimeno, c'était un ton en dessous…
     
  • Ouais…(le regard dans le vague à la recherche du tiroir de ce souvenir) redoutables, tous les six… on était entrés à l’hôpital complètement rincés en se félicitant d’être encore en vie. Du coup on va s’en jeter un autre, à la gloire du toreo…
     
    Et c’est reparti pour l’apéro pas masqué : personne n’avait de cutter pour pratiquer une petite fente capable d’insérer une paille. Ça tombait bien car, de paille, il n’y en avait pas non plus… On se parlait à touche-touche vu les décibels et comment dire, quand tu parles à un type qui a osé s’envoyer des aurochs diaboliques génétiquement programmés pour le tuer, tu lui opposes les mesures-barrières toi ? Tu lui demandes de reculer à un mètre ? Moi, non. La décence que ça s’appelle…
     
    S’en suivit une conférence avec témoignages actuels et exemples anciens sur la critique taurine sauf que c’était dans l’ordre inverse… la conf avant l’apéro pour être exact… Enfin c’est pas ça qui change la force des vagues de l’océan. T’imagines ce que ça donne un méditerranéen qui se jette dans l’océan ? Qui essaye d’y entrer du moins. Y’a comme un phénomène de rejet en fait, l’océan te rend à la plage, veux pas de toi, avec ta brasse indienne apprise au club Mickey du Grau du Roi. Tu essayes de sortir honorablement de l’eau quand soudain le short break te prend la moitié de ton maillot et ta dignité avec. Evidemment juste en face trois surfeuses s’oignent d’huile, par des gestes souples et langoureux… et tu sens qu’elles rient… intérieurement.
     
    Mais bon, pas le choix, hein, fait chaud…
     
    Et enfin, la fameuse remise des prix où il est toujours très gênant d’être applaudi après que Miguel m’ait pourtant présenté comme ayant « tous les défauts, la preuve il a même écrit dans Toros » Hahaha…
     
    Et puis deux vaches et puis un novillo tué par un jeune de l’école taurine de R. Milian dont j’ai bien sûr, qu’il me pardonne, oublié le nom.
     
    A peu près douze heures de route vers ou depuis ton département, puis lors de la découverte de tes paysages familiers, les pins de Saint-Girons, la plage, les arènes d’Amou, de Pomarez, où tu t’es sans doute assis, le saule sur les rives du Luy, la traversée de Dax, bien sûr que j’ai pensé à toi, chulo
  • PS : ne regardez pas trop longtemps ma trombine sur la photo, on dirait que je vais me mettre à pleurer....