Madeleine, si c'est un gâteau il sort du four, la vitre n'est pas froide et on a oublié de l'éteindre. Si c'est une femme, je ne vois qu'une de ces chaudasses d'abattage pour fusil à moustaches de bidasses en coup du condamné et si c'est un souvenir, assurément, il est cuisant. Eh bien oui, tout ça pour n'avoir pas à dire « il faisait chaud » comme un type normal, à cause de toi demandeur de ta ration de métaphores, comme les asticots grouillants du cratère Plumaçonique, de lampées d'eau fraîche. Un euro la bouteille soit 66,66% moins cher qu'à Nîmes, faites suivre à ''les deux paquets dix francs'' le type aux mains aimantées qui exerce le monopole de la vente du chapeau, poncho et chouchou par qui on est tout heureux de se faire plumer chez nous, quand nécessité fait loi. Sur mes chemises que je viens de mettre à la machine - oui je suis assez parfait comme homme - des traînées blanches, le sel de la transpiration comme sur les chemises des militaires de Djibouti. Mais le truc qui me donne vraiment chaud, c'est quand j'en croise des secs, au front desquels ne perle pas la moindre micro-goutte de sueur, des types indifférents au feu du ciel, homéothermes, qui déambulent, secs et dignes comme des Targuis, en toute continence, les bienheureux !
Là-bas, les gradins sont des radiateurs brûlants - et commencer les corridas à 19H, non ? Ou je sais pas moi, remettre l'heure d'hiver pour les fêtes ?- le retour bétonné du toit de l'arène plus capteur de calories qu'un filet à Palombes de ces migrateurs, des calories qui redescendent soudain sur la nuque à l'heure où les rayons commenceraient vaguement à darder moins cruellement et tu es maintenant dans l'étuve après avoir subi le léchage des flammes de la méga lampe à souder céleste. Ta chemise colle, tes voisins collent, les mouches te collent, il irrite, ton col. Parfaitement, deux paragraphes pour le ''il faisait chaud'', hil de pute, que tu ressentes le degré Celsius, malgré la clim de ton bureau car tu lis photosmotstoros au boulot sans le dire à ton employeur alors qu'il est dans la mouise de la crise, saboteur, ou bien encore car tu étais dans ta piscine pendant que la libraire attendait tes quinze euros. Une libraire hospitalière, aux petits soins pour les auteurs, open-bar et pistaches à discrétion. Hélas, c'est dans des containers de cargo que tu signes... des boîtes métalliques qui accumulent devinez quoi ? La cha-leur ! On les a disposés bien au milieu - et non en dessous - de deux magnifiques rangées de platanes tout exprès taillés en parasols horizontaux pour qu'ils ne bénéficient en rien de leur ombre... Je ne critique pas, attention, je constate ! Dans ces conditions, les auteurs répandent plus de sueur que d'encre, d'autant que devine ce que te disent les visiteurs tout de go : il fait chaud, ici, encore plus que dehors ! Effectivement pour éviter le rhume de cerveau, des spots brûlants te bombardent le crâne de protons calorigène. Nous nous liquéfions de concert, impavides durant le mijotage, en échangeant le moins de banalités possible pour rester vivants. En face, des inconnus venus te faire comme des pieds de nez en écartelant machinalement ton livre comme on coupe un jeu de cartes à la Belote avant de le refermer aussitôt sans une question, apprécient d'un regard furtif ta trombine de surchauffé, de l'air heureux de ceux qui n'en écrivent pas... Alors parfois, comme tu t'emmerdes chouïa, par défi, tu testes tes capacités de VRP en tête de gondole chez Leclerc :
Eh ben lecteur tu sais quoi ? Le pire c'est que ça marche : un contact établi, une vente ! J'ai honte... je ne le faisais plus après... mais je suis doué !!! Comment veux-tu qu'une vieille dame polie et distinguée te refuse l'achat de ton livre après que tu lui aies dit qu'elle était élégante et avoir établi un contact amical avec elle ??? Ce n'est pas possible !!! Et tu sais quoi ? C'est même à toi qu'elle veut le payer, pas à la libraire !!!
Oui, donc les toros... mercredi absent, jeudi...
Nunez Del Cuvillo pour Ponce, Manzanares, Luque. Pffff... des toros qui
n'en étaient pas vraiment, avec un exemplaire ''Afflelou'' (dixit
Sud-Ouest citant un spectateur : un toro tellement petit que si tu n'as
pas de lunettes, ben tu le vois pas...), c'est vrai qu'il était
Bonsaï... des piques thérapeutiques, des toreos infirmiers et un recibir
final de Manzanares pour réveiller – un peu - le conclave.
Vendredi, grosse
farce : toros de Joselito beaux d'enveloppe mais vides de tout message,
pour Padilla, Fandino, Dufau, loin du cacho... des oreilles quand
même... Padilla flibuste sur la marée humaine compatissante depuis la
blessure faciale qui se voit, elle... les autres, sous l'habit, émeuvent
moins. Je pense qu'il arrive maintenant dans les ruedos avec une
oreille d'office, l'oreille de l'aficion reconnaissante, de la
solidarité, de la compassion et... de la soupe, pour donner un peu de
goût quand la fadeur des toros prédomine, comme ce jour-là.
Heureusement, Fandino qui n'a pas été remarqué à son premier, se fâche
et ''plante'' quelques séries de grande transmission qui électrocutent
soudain les tendidos.
La farce : sortie des trois toreros à hombros, ce qui déjà vu l'opposition cornue et la facture de certaines faenas est un tantinet ridicule mais quand en plus, logique de potentialisation oblige (si on a beaucoup coupé c'est que les toros étaient très bons...) on sort aussi le mayoral perché, alors lààààà... mieux vaut retourner illico dans les containers accumulateurs faire bouillir les neurones pour arrêter de penser. Je me suis dit, heureusement que mon fils n'est pas là, lui qui démarre en aficion, on lui aurait sans doute fait gober la supercherie ? Parce que si ça c'est un triomphe généralisé alors moi je suis Rudolf Noureev quand je me déplace après une choucroute garnie servie à l'auberge du Ballon d'Alsace...
Samedi, toros très bien armés, abiertos, veletos y astifinos de Victorino Martin pour Bauptista, Aguilar, Mora. Des toros fidèles à leurs frères depuis des années : des chipoteurs sur la réserve, des ratiocineurs sophistiqués, des compliqués, de emmerdeurs ne se livrant pas, dédaignant presque le combat au cheval, en l'espèce pourrait-on presque dire, ''à juste titre'', tant les piques furent mal données : en arrière, dans l'épaule, carioquées, pompées, vrillées, un festival... Peut-être une séance pédagogique à une pena d'apprentis piqueros en stage dans le public pour montrer tout ce qu'il ne faut pas faire ??? Bauptista, parait-il affecté de son éviction de la corrida nîmoise de la union de Toreros, tout du moins par le fait qu'il n'ait pas été retenu, fait son caprice, joue au couillon face au tendidos qui le chahutent et reste marginal, limite foutage de gueule du cochon de payant.
Mora quittera le Plumaçon presque inédit, mal servi par le sorteo : un faible et l'autre qui l'aimait, ''empégué de longue'' à son costume de lumière...
Le meilleur pour la faim de l'aficion qu'on éprouve et la fin de la resena : Alberto Aguilar, 1,67 mètre et 57 kilos de combat va livrer une lutte particulièrement émouvante d'engagement sur son second toro qui ne récoltera que l'estime du public car ne tuant qu'à la sixième épée ! Vuelta au toro qui se discute, comme d'ailleurs énormément d'occurences en tauromachie tant la sensibilité, la connaissance et la définition donnée aux choses peut être interprétative ! D'où, débat !
Dimanche, toros d'Ecolar Gil pour le mano à mano RR... Rafaelillo et Robleno. Pour ce dernier, silence, silence et silence ! Un jour sans, une déception amoureuse, la cagagne, un redressement fiscal, que sais-je... des limites évidentes en tous cas de ce torero vaillant mais corto, souvent en panne d'inspiration. Les Escolar sont les frères des Victorino Martin dont ils sont issus mais gardent une alegria spontanée, une envie et une colère que leurs cousins n'ont plus, le fils Victorino ayant parait-il expliqué au cours du week-end qu'il veut tout faire pour délaisser cette noblesse suspicieuse et retrouver la sauvagerie des alimanas maison. On le souhaite avec lui.
Le meilleur de la course fut pour l'entame avec le beau combat livré par Rafaellillo pour une fois confiant, pas dans cette attitude habituelle de corps cassé en deux et bras en altitude et mâtinée au reculoir permanent, non, là, reposé et confiant, excepté sur une série où c'est lui qui courra... dispensant des séries profondes sur les deux côtés. Un bon premier toro qui aurait du sortir en six pour nous laisser amoureux de Madeleine à qui on apporta des livres parce que Madeleine, elle aime bien ça et que les toros c'est périssable.