A peine avions-nous annoncé les
initiatives originales et ambitieuses que nous vous réservions cette
année, que l’on a vu fleurir sans vergogne, ici ou là, de pâles copies,
aux intentions parfois suspectes.
A l’ADAC, nous nous sommes posé la
question : faut-il être légitimement fiers de jouer le rôle de
locomotive sur la planète tauromachique, au point d’être partout imités,
ou faut-il au contraire regretter ces « copiés-collés » bricolés, qui
ne font que dévaluer nos projets en les banalisant et en les vidant de
leur substance initiale.
Alors, chers aficionados, et sans céder à
la mode des pseudos confidences à visée publicitaire, nous aimerions
revenir en quelques mots sur la genèse du Céret de toros 2012, afin de
vous dire concrètement comment « tout ça » s’est bâti peu à peu.
L’HISTOIRE D’UNE « ENCERRONA »
Au vu de sa prestation à Céret l’an passé notre intention était d’inscrire Fernando Robleño au cartel de nos deux corridas.
Lorsque ce dernier nous a proposé une
« encerrona » pour Céret de toros 2012, nous avons d’abord été
perplexes, puis devant l’enthousiasme du torero, devant ses arguments
parfois émouvants, devant sa motivation sans faille, nous ne pouvions
qu’accepter de lui permettre de réaliser son rêve de torero. Comment
aurions-nous pu refuser à ce vaillant guerrier de montrer à tous que ses
faits d’armes de Madrid et Céret méritaient bien meilleure récompense
qu’une temporada de 15 corridas en 2011 ? En effet, lorsque vous n’êtes
pas « apoderé » par un membre du cercle des gens influents du
« mundillo », quelle que soit votre valeur, vous êtes relégué aux basses
(pour eux...), mais combien nobles besognes, consistant à braver des
corridas dures à longueur de saison.
Lors d’une réunion avec Fernando, il
nous a confirmé qu’il n’avait aucune exigence sur le choix du bétail
qu’il aurait à combattre, (encore un acte
de courage louable). Le choix des toros ne relevant que de la seule
volonté de l’A.D.A.C, nous avons opté pour la ganaderia de Don José
Escolar Gil. A cette occasion, nous avons en outre expliqué à Fernando
que nous souhaitions, dans la continuité de notre obsessionnelle défense
du « tercio de varas », choisir les quatre picadors qui allaient
compléter ceux de sa propre cuadrilla. Après avoir établi une liste de
piqueros reconnus pour leur savoir-faire, nous sommes conjointement
arrivés au choix qui suit :
Placido Sandoval, Pedro Iturralde,
Manuel Bernal et Gabin Rehabi qui accompagneront les cavaliers habituels
de Fernando : Francisco Plaza et Juan Alfonso Doblado.
Nous sommes persuadés que ces grands
professionnels, reconnus comme tels, permettront à notre public
d’assister à des premiers tiers effectués dans le respect et la mise en
valeur de chaque toro.
Enfin, non contents d’avoir choisi les
cavaliers, nous avons aussi discuté sur le choix des « peones de brega »
(puisque pour nous la corrida est un tout et qu’il ne saurait être
question de négliger un seul de ses aspects, fût-il considéré par
certains comme secondaire). Là aussi une liste a été faite, mais nous
avons considéré que dans ce cas, seul le Maestro avait à décider quelles
personnes étaient à même de le mettre en confiance. Là encore Fernando
Robleño vous réserve quelques surprises en ayant invité certains des
meilleurs lidiadores de plata.
Un torero avec un énorme pundonor ; des picadors et peones triés sur le
volet ; un élevage de respect et de très grande qualité ; trois raisons
pour espérer assister à une grande corrida. Cela paraît presque un rêve
d’aficionado, c’en est peut-être un d’ailleurs et nous aimerions vous le
faire partager.
MORENO DE SILVA – DESPEDIDA D’EL FUNDI
« Vous avez choisi Moreno Silva pour la corrida du samedi ! Mais vous ne trouverez personne
pour les affronter ! » Voilà en résumé ce que l’on nous disait en
Décembre après que nous avons choisi les toros de Don José Joaquin pour
le samedi 14 juillet.
« Allo, Fundi ? Nous voudrions te proposer de toréer la corrida de Moreno Silva le 14 juillet ?
– Ostias ! »
On aurait pu penser que José Pedro
Prados, pour sa tournée de « despedida » en France impose du bétail plus
suave aux organisateurs. Ce serait mal connaître cet autre guerrier qui
n’a jamais reculé devant aucun élevage dur : Miura, Dolores Aguirre et
consorts, il ne connaît que ça. Il les pratique depuis 25 ans
d’alternative. Et c’est donc sans aucune discussion qu’il a accepté
notre proposition, considérant qu’il ne pouvait faire sa « despedida »
en ignorant les 11 contrats qu’il avait eus à Céret. C’est donc avec un
immense respect que nous aurons le plaisir de l’accueillir le samedi 14
juillet pour affronter les « Saltillos de Palma del Río ». Il sera en
bonne compagnie puisque Javier Castaño, triomphateur de l’année passée
et Serafín Marín seront ses complices de « cartel ».
LES GRACILIANOS DU BOUT DU MONDE :
La Isla Mínima : Mais pourquoi aller chercher si loin une novillada ?
Juan Luis Fraile sans carte verte,
Chafick vendu à un « tratante », Palomo Linares avec plus de Nuñez que
de Gracilianos : eh oui, il fallait bien traverser la « marisma » pour
essayer de retrouver les traces des Gracilianos d’antan.
Que nous réservent ces novillos, dont
certains bénéficient d’un apport de sang « Buendia » par un semental de
Chafick (1998) ? Bien fort serait celui qui pourrait le dire sans risque
d’erreur. Notre décision s’explique très simplement : prenant acte que
la branche Ibarra de Santa-Coloma est particulièrement en danger à
l’heure actuelle, nous souhaitions, par ce choix, souligner l’importance
de la variété des encastes pour la survie de la cabaña Brava.
El Dani qui nous surprit par sa
vaillance l’année passée, Emilio Huertas novillero élégant et secondé
par une cuadrilla exceptionnelle (Frères Otero), puis enfin Imanol
Sánchez (dont le pari nous a séduit) auront la lourde charge d’essayer
de triompher devant ces novillos de respect.