
vendredi 29 mai 2009
Bien lotis, tenir sur le confetti...

POURQUOI ALLEZ-VOUS VOIR LES CORRIDAS ?

Certainement, les parents s’étaient saignés à trois ou quatre veines et à tempérament pour avoir cette cuisine, la table à deux rallonges télescopiques, le buffet aux vastes rangements, les six chaises profilées à l’américaine, pour avoir cette belle cuisine en formica. L’ensemble reluisait dans des nuances céladon veinées d’un vert plus soutenu, et c’était ça qui valait le coup d’œil. Le vendeur l’avait dit : voilà le coloris au dernier cri de la mode des Arts ménagers. Pour le reste, on ne trouvait pas mieux sur le marché, comme mobilier fonctionnel, hygiénique et facile d’entretien.
Sur l’appui du buffet, il y avait une carte postale, posée entre autres objets décoratifs ou d’agrément, une rose des sables, une poupée en costume de savoyarde, un bouquet de piques à escargots, il y avait une carte postale en couleurs. On ignorait qui l’avait envoyée et si même quelqu’un l’avait jamais écrite. Peut-être n’était-ce qu’une pièce inexplicablement distinguée parmi la nombreuse pacotille qu’on ramenait en souvenir, tous les ans, du séjour d’août au pays natal. On ne savait pas, au juste. Et personne ne se soucia jamais de la retourner, pour voir à élucider le cas.
La plupart des cartes postales se bornent à offrir une illustration unique sur le recto. Pas celle-ci. Celle-ci appartenait à la catégorie de ces missives enluminées qui prétendent épuiser, en une mosaïque grossière de quatre clichés, tous les aspects d’un paysage, d’un lieu ou ( comment dire ?) d’un concept. Il est de moindres ambitions. A l’intersection de ces médianes formées par ces quatre images, l’imprimeur de la carte postale avait pavoisé d’une sorte d’oriflamme en trompe-l’œil, un petit calicot rouge et jaune, on disait sang et or, parce qu’on n’avait pas peur des mots, ni du ridicule, sur quoi se détachait, en fortes capitales noires, le simple nom ESPANA.
La première photo, en haut à gauche de la carte, montrait la vue aérienne d’une plage vautrée sous les a-plats d’un soleil que les techniques d’héliogravure s‘appliquaient à rendre plus radieux encore. Des parasols au bord de la grande bleue, des pédalos sur elle, et rideau sur les malheurs fratricides de naguère, et place aux plaisirs balnéaires pour touristes gyrovagues. Des bains de sang aux bains de mer, ainsi allait le sens de l’histoire. Désormais, il fallait le comprendre, la rengaine Cuando calienta el sol allait lentement, mais sûrement, prendre le pas sur l’hymne franquiste Cara al sol. C’était ce que disait la première photo de la carte postale.
A la droite de cette marine, dans le coin opposé, triomphait la reproduction d’une paella d’excellentes dimensions et de très bonne apparence. À vu d’œil, rien n’y manquait, ni le grain copieux, orangé à force d’être pigmenté de jaune safran, ni le rouge fluorescent des poivrons en lamelles, ni le verni des coquilles de moules hospitalièrement ouvertes. Cette représentation presque sulpicienne du riz en gloire annonçait que le temps des longues disettes d’après-guerre était clos, qu’il y avait maintenant à boire et à manger, dans ce pays, et à bon compte, au moins pour les visiteurs à fortes devises, si ces messieurs-dames voulaient bien se donner la peine de passer les Pyrénées. C’était ce que disait la deuxième photo de la carte postale.
Tout de suite au-dessous, en suivant le sens horaire, était figée une de ces scènes qu’on dit de genre. Au premier plan, une femme exagérément brune, les bras déroulés en arc, les mains chaussées de lourdes castagnettes, donnait une danse immobile aux longs volants de sa robe carmin. En retrait d’elle, chemise blanche, un guitariste, qui n’avait pas exactement la tête du type à qui on achèterait sans crainte une voiture d’occasion, singeait un accord de musique. Derrière encore, minuscule au fond du tableau, on distinguait un petit âne empomponné et chargé de toutes sortes d’alcarazas. Le tout, ce trio, planté dans un décor aveuglant de chaux, et l’on devinait facile qu’un tel cirque venait en référence, on dirait même en déférence, aux coutumes de toujours, au folklore séculaire, à la tradition. Mais une tradition enfin bien comprise, bien administrée, un peu putassière, qui saurait aguicher l’Europe opulente, l’Europe pâle, celle des belles voitures, des blondes maigres et des gros rubiconds. C’était ce que disait la troisième photo de la carte postale.
Et voilà. Restait la dernière vignette, à l’angle inférieur gauche, qui donnait sens à l’ensemble et qui, dans quelque mesure, le justifiait. On y voyait le portrait d’un jeune homme à la mèche trop longue, à la moue trop rageuse, au costume bien trop enguirlandé, avec ses épaulières tellement dorées qu’elles semblaient ciselées dans de l’or même. A la maison, malgré les origines, on se foutait du tiers comme du quart de l’art de tuer des taureaux, mais on savait, car le monde entier le savait, le nom de ce toréador en quadrichromie. Ce qu’on comprendrait beaucoup plus tard, c’était le genre de syncrétisme qu’était en train de réaliser la tauromachie d’El Cordobes, une tauromachie tonifiante comme un plongeon dans la Méditerranée, roborative comme un bon riz à l’espagnole, grotesque, pathétique et vitale comme le flamenco qui se tramait dans ces cabarets de la Costa Brava.
En ce temps-là, la cuisine ne servait pas seulement à préparer les repas. La cuisine, en ce temps-là, était la principale cellule du parti familial. On y mangeait, on y causait, on y écoutait la radio, sous peu on y regardait la télévision, on y bâclait un brin de toilette, en hiver, devant la cuisinière bois et charbon. On y faisait aussi ses devoirs, les coudes contre le vert apaisant de le table en formica. C’était alors qu’on en bavait sur la règle de trois, qu’on en chiait, tranchons le mot, pour essayer de s’entrer dans le crâne et d’apprendre par cœur les vers poussifs d’Emilie Verhaeren ; dans le livre d’histoire, le duc de Guise était plus grand mort que vivant (un peu comme Manolete) et Michel de l’Hospital prêchait la tolérance ; dans celui de morale, Bernard Palissy illustrait la vertu de persévérance en faisant cramer tous les meubles du ménage ; la Loire prenait sa source au mont Gerbier-de-Jonc et le participe passé s’obstinait à s’accorder un peu comme bon lui semblait. On n’en avait pas lourd à faire, de tout ça, mais il fallait ce qu’il fallait, on devait se résigner à se le coller dans le cigare : travailler bien à l’école, on serinait, c’était le bon moyen de devenir le moins étranger, dans ce pays. D’espérer être un jour quelqu’un, dans ce pays.
Mais en face, sur la desserte du buffet, le regard appuyé du jeune homme de la carte postale suggérait qu’un autre monde, le vrai, sans doute, était ailleurs, loin des leçons de choses et de la preuve par neuf, loin des jeudis après-midi à peiner sur la composition française du lendemain, un monde où les habits du dimanche étaient cousus d’or et la fortune moins inaccessible que le trésor de Long John Silver. C’était ce que me disait la quatrième photo de la carte postale. Des fois je pense que c’est à cause de ça que je vais aux corridas.
Antoine Martin
jeudi 28 mai 2009
LE JEU ET L'ENJEU


DRAME ET DRAME...

mercredi 27 mai 2009
MIURA à 16,53%

Six Miuras sur six, berceau étroit et cornicortos soit l'inverse des caractéristiques de cette origine... Cinq d'entre eux faibles et naïfs... "Miura faible et naïf" quasi oxymore chez ceux d'antan (oui je sais, rien que "d'antan" ça fait ringard...) Or, je suis assez vieux (de mon temps, gngnagnngn...) pour avoir vu des courses qui laissaient lessivés sur les gradins tant la tension nerveuse était extrême. Béziers en 1983 par exemple, un très grand souvenir.

lundi 25 mai 2009
Kinécrivain masserait Jury...

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Programme Officiel
Balade littéraire sur le chemin des Verres en feria de Nîmes Jeudi 28 mai – 21 h 30 DÎNER-LECTURE
Lecture de nouvelles du recueil Arequipa, Restaurant IT - 14, rue Auguste (près de la Maison Carrée). Philippe Béranger lit La grâce des taureau de Dan O’ Brian, Annick Mallardeau lit Topographie de l ‘enfer, d’Antoine Martin + “espontaneo” de Jérôme Fesquet, qui lit Vegas Arenas, de Michel Jeltsch
Vendredi 29 mai – 21 h 30REMISE DU PRIX HEMINGWAY 2009 A l’issue de la corrida – piste des arènes. Entrée libre par la porte « présidence » face aux 3 Maures
Suivie de la NUIT HEMINGWAY dans les ARÈNES de NÎMES
Lecture de la nouvelle lauréate et des finalistes 2009dans les chiqueros + lieux insolites ou secrets des arènes. Entrée libre par la porte « patio de caballos » Cocktail offert par l’UCTPR
Samedi 30 mai – de 15 h 30 à 18 h 00 RENCONTRE et DÉDICACES Avec les auteurs du recueil Arequipa Librairie Teissier – 11, rue Régale
Samedi 30 mai – 21 h 30LECTURE SURPRISE de deux nouvelles du recueil Arequipa à l’Alegria - Espace Chouleur – 6, rue FresquePhilippe Béranger lit Fin de course, de Nicolas Ancion, François Kopania lit Torero, pointure 36, de Gerald Gruhn Lundi 1er juin – 14 h 00LECTURE DE LA NOUVELLE LAURÉATE 2009 par François Marthouret dans les jardins de l‘Hôtel Imperator Concorde Quai de la Fontaine – Entrée libre
dimanche 24 mai 2009
MAUVAISE NOUVELLE...

Feria de Glace ; L’étoile et le soleil noir ; Maestros et mozos ; Corrida parisienne ; Taureau Blond ; L’aficionado ; El nino azul ; Going to the Rodeo ( Rodéo) ; John de Vauvert ; Le pyjama de lumière ; Taureau taureau ; Les 7 vies de Lluvia ; Bufalorida ; Sanctuaires ; Le vieux taureau ; Mon frère d’ A ; Pentecôteavic ; L’année du boeuf ; Rendez-Vous ; Le frère de Perez ; Deux oreilles et un coeur.
La mauvaise mienne n'y figurant pas, autant que je vous l'inflige tout de suite et qu'on n'en parle plus. Voici donc :
"La Mouche de Sa Majesté"
Pepin, d’un revers de main agacé, chassa la mouche qui chatouillait son front perlé de sueur. Elle vrombit une seconde près de son tympan avant d’aller ricocher nerveusement sur la vitre. Il la suivit du regard. Quoi de plus bêtement obstiné qu’une mouche ? A chaque impact, elle s’affolait un peu plus, reprenant son élan pour buter de plus belle, plus excitée qu’à la tentative précédente, bientôt affolée d’être prisonnière de l’espace surchauffé entre la fenêtre et le rideau. Elle s’en échappa pourtant, volant enfin au long cours, guillerette sous la rotation lente des pales poussiéreuses du ventilateur de plafond en opérant de brusques changements de direction pleins de décision qui semblaient obéir à un ordre impérieux. Puis elle vint se poser sur les pieds du cadavre et enfin sur son nez.
C’est vrai que ça sent les pieds, ici, pensa Pepin réceptif au message subliminal tandis qu’il constatait avec effroi l’entrée de l’insecte dans la narine gauche. Il hésita longtemps à intervenir tout en surveillant l’orifice nasal puis avisa un crayon de papier bien appointé qui traînait sur la table de nuit et s’en saisit. Contournant le grandiose lit à baldaquin de bois foncé et torsadé, il se courba au-dessus du visage du mort, main levée, crayon profilé, attendant recibiendo la sortie du diptère zélé.
Soudain, on toussa derrière lui. Il se redressa d’un bond, constatant que toute la famille du défunt était entrée en silence foulant l’épaisse moquette de laine, et le regardait mi-consternée, mi-interrogative.
C’est la mouche ! dit-il levant les mains au ciel avec la bonne foi d’un footballeur Italien essayant de se disculper d’une faute évidente.
La famille éplorée investit la chambre, encercla le lit et il en profita pour s’éclipser à reculons. Sa mission pour les pompes funèbres Ramon y Ramon était accomplie. Il exercerait maintenant son second métier, peon de cuadrilla et se rendrait place Santa-Ana à l’hôtel Reina Victoria pour rejoindre le torero qu’il devait habiller.
Dans les salons autour du hall, de beaux messieurs en costume sombre et mocassins de cuir lisaient leur journal dans des fauteuils profonds, s’épiant de temps à autre d’un coup d’oeil furtif, décoché par-dessus les colonnes imprimées. Au comptoir du bar, de belles femmes croisaient et décroisaient leurs jambes gainées de soie dans un crissement léger qui électrisait leurs interlocuteurs et prenaient appui de leurs hauts talons sur les repose-pieds en inox des tabourets. Il ignora cette population représentative de tous les palaces du monde pour s’enquérir du numéro de chambre du maestro.
Euh… vous parlez de celui qui est venu s’habiller, monsieur ?
Oui, c’est ça.
Alors…deuxième étage, chambre 226, monsieur…
Il monta dans l’ascenseur avec une de ces créatures irréelle qui planta ses yeux verts emplis de mépris dans les siens jusqu’à les lui décrocher de son décolleté. Encore une de ces logiques féminines hermétiques aux hommes : à quoi bon découvrir ''jusqu'au fils'' (Hasta el hijo, au nom du père, du fils...) ce qu’il était interdit de regarder ? Et le col roulé alors, c’est pour les chiens ? Puis il se renfrogna. Ces femmes-là n’étaient pas pour lui, elles ne s’intéressaient qu’aux toreros. A croire qu’il fallait avoir du sang sur les mains pour parcourir leurs merveilleux paysages. Pourquoi prenaient-elles le droit de vous toiser, énième mystère du genre féminin que Pepin renonçait à percer.
Il frappa à la porte de la chambre et entra. A l’intérieur l’ambiance était lourde, les mines graves. On s’y croisait sans mot dire, chacun à son occupation. Pepin reconnaissait bien là, cette tension qui précède le grand voyage vers le monde paisible des rêves de taureaux. Le costume de lumière, sur une chaise, comme d’habitude. Un rayon de soleil en frappait les épaulettes qui éclaboussaient les murs de pépites colorées. D’abord les chaussettes, roses. Plutôt une couleur pour poupée Barbie, se dit-il, en lui enfilant la première. Etonnant parti pris que de vêtir la virilité de rose pastel mais dans ce monde qui trouvait normal de tuer des bestiaux de six cents kilos avec un chiffon et une épée, poser la question aurait été déplacé. Les deux autres subalternes s’ennuyaient ferme, discutaient à voix basse, poussant parfois de profonds soupirs.
C’est le matador qui avait tenu à la présence de toute l’équipe. On assistait autrefois au lever du Roi, eh bien, il y avait de nos jours l’habillage du torero. La problématique du pantalon était réelle. Il fallait placer les attributs virils d’un côté et ensuite soupeser littéralement l’homme dans le vêtement empesé pour qu’il l’habitât convenablement. La rigidité n’aidait pas. Le picador appuyé sur le chambranle d’une porte s’évadait par téléphone portable interposé. Avec sa petite amie, sans doute, vu ses sourires béats qui lui donnaient cet air niais, anachronique dans la solennité du moment. Car affronter cette solitude n’était pas donné à tout le monde et la gravité de rituels immuables y préparait un peu. Seul pour cette course, pas une mince affaire ; qui, pour lutter contre six anges noirs, six taureaux, six ambassadeurs de l’au-delà, qui, pour envisager pareille éventualité sinon les toreros ?
Pepin en se dépatouillant maladroitement du problème de ses gros doigts de paysan et des tout petits boutons de la chemise blanche, pensa que c’étaient quand même de drôles de types, ceux qui s’habillaient de lumière. Après quoi couraient-ils, au fond ? Après la gloire ? La fortune ? L’aventure ? Les décolletés profonds et les jambes interminables ? Parcourant la planète taurine de place en place, cherchaient-ils à parfaire la connaissance d’eux-mêmes en révélant les mystères de l’animal fascinant ?
Durant le rituel de l’habillage, par respect, on observait le silence. Il fit claquer les bretelles sur les épaules du torero pour estimer leur tension. Adéquate. Pendant qu’on brossait une dernière fois la veste, Pepin jeta un œil sur la place Santa-Ana depuis la grande fenêtre. Des gitans débraillés et gueulards à la figure presque noire, mimaient une faena, selon le sang qui baignait leurs coeurs, sans contrôle ni modération, tout dans l’excès et le paroxysme, décomplexés, libres, sauvages, affranchis de toute bienséance et de la réprobation tacite des passants outrés. Il était fascinant de les voir ainsi démontrer au bas de l’hôtel où descendaient des maestros pleins de maîtrise retenue, la joie de leur aficion éclose en une spontanéité juvénile. Les gitans n’avaient pas honte de leur enfance et aucune bégueulerie ou affliction ne les empêchaient de la retrouver. Malgré tout, on s’apercevait vite que leur interprétation glissait vers la satire du statut de matador, qu’elle ne représentait pas seulement avec naïveté leur admiration. Des malins ces types, dans leur inculture.
Ne restaient plus que les zapatillas à chausser, facile, et la chaquetilla à enfiler, plus ardu. Mais maintenant enfin, il était habillé. Pepin était fier, il en avait fini avec cette corvée. Comme quoi, avec du fric, on pouvait tout s’offrir, y compris ce genre de mascarade…
On referma le couvercle du cercueil. Il eut le temps d’apercevoir la mouche s’y glisser. Celle-là au moins n’emmerderait plus personne. L’extravagant Salvador Valdano Torres de Ybarguen mourrait certes en torero, mais finirait en terreau pour asticots. Il y avait une justice. Toute la cuadrilla embauchée pour l’occasion sortit en quête d’une bière plus rafraîchissante. Pepin rechigné, cracha dans le premier caniveau traversé :
Quelle honte… ! Mourir en torero alors qu’il a clampsé dans son plumard sans avoir jamais eu les couilles de se foutre devant un toro… Sin Verguenza !
Les autres opinèrent du chef sans émettre de commentaire. La mort, on ne la contrariait pas. Ils marchaient vite, absorbés dans leurs pensées, droit vers la Casa Patas. Des nuées de cyclomotoristes casqués, avec de grosses lunettes facettées bourdonnaient alentour en essaim nauséabond excité par l’orage. D’épais nuages bouchaient le ciel, il faisait lourd, les chemises collaient à la peau, l’air de la capitale était irrespirable, des odeurs putrides montaient des ruelles jonchées d’ordures et d’excréments. Un vrai temps de mouches.
Palha d'Alès : Piquants et piqués.

AGUIRRE LA MANSADA




vendredi 22 mai 2009
Sang, sueur, passion, larmes, rires et danse : la vie

Ce post est impudique. Ce reportage ne concerne que les "Amis de Pablo Romero" et cette famille à laquelle ils se sont adressés. C'est une belle aventure humaine autour d'une histoire finalement triste qui ne vivra plus que de souvenirs. Les toros ne sont plus ce qu'ils étaient, la famille a perdu l'élevage, à tous les sens du terme la fortune a changé de main. Seulement voilà, parce que ces toros sont parmi les plus beaux de la planète, parce que cet élevage restera quoi qu'il advienne y compris éventuel complet étiolement assumé, une primordiale contribution à l'histoire de la tauromachie, il nous a semblé important de porter au plus haut de nos forces la mise en valeur de ce patrimoine. Et c'est à nous et à notre passion manifestée que cette famille a confié le fond concernant toute l'histoire de la ganaderia. Si les toros s'appellent maintenant "Partido de Resina" du nom de la finca où ils naissent, c'est qu'ils n'ont pas voulu vendre leur nom avec leurs biens, un patronyme qu'ils ont jugé digne de nous confier. Je sais, c'est un peu grandiloquent mais personne n'est obligé de pleurer avec nous. Car on en a vu des yeux rouges, des rictus d'émotion, des face à face intenses, des têtes qui se détournaient au creux d'hospitalières épaules quand mon objectif voyeur s'approchait. Chez cette famille espagnole tout d'abord, découvrant avec quel soin on exposait son histoire et puis le fait d'avoir baptisé cette salle du nom d'Hervé Gabourdès, cet ami qu'un avion ne voulut pas nous rendre, disparu avec sa femme et ses enfants. Alors avant, assis sur les bars ou les chaises pliantes vertes qui pincent les culs, on a écouté l'assemblée générale d'une oreille impatiente puis on a montré et découvert notre petit musée personnel. Et pendant ce temps, par une fenêtre, je voyais les enfants s'approprier l'estrade abandonnée par les adultes. Je voyais ce garçon tout de jaune vêtu (blasphème, sacrilège et mauvail oeil tauromachique, le jaune...!) jouer sans vergogne avec le toro "empaillé" que partout ailleurs il serait interdit de toucher. Nous on rafistolera si besoin. Et puis on est redescendu, on a bu et on a mangé et bu encore et on a ri et on a dansé des choses légères, des Sévillanes, parce qu'on ne peut pas être profond tout le temps, parce qu'il faut bien évacuer les tensions, on a parlé toro encore et encore jusqu'à s'essouffler, on a projeté des images, écouté de la musique, parce que l'âme espagnole est grave et festive et répond à cet écho confusément vibrant en nos poitrines, se sentir vivant, être heureux que la mort nous laisse un répit, on parlait tellement qu'il fallait bien boire de temps en temps et puis trinquer avec les amis et se remettre à danser où assurer les palmas pour s'enivrer de l'ivresse des autres, pour capter les étincelles des regards, toutes les forces de vie disponibles, les pousser, les soutenir, les porter si bien que soudain une toute petite fille est sortie du rang pour lever les mains aux cieux et cueillir le fruit comme elle l'avait vu faire par les femmes et alors quand on a vu s'avancer Jaime pour danser avec elle, on a su qu'on avait peut-être pas fait tout ça pour rien, qu'on avait réussi le passage du témoin, que longtemps encore on entendrait parler des Pablo Romero, aussi un peu, grâce à nous.




jeudi 21 mai 2009
Week-end chargé...


Quand le défaut d'intelligence miaule l'irrespect du Roi

Y, entonces, el público se siente estafado porque comprueba que ha venido a ver toros y le ofrecen gatos que, además, demuestran una invalidez enfermiza y una mansedumbre y ausencia de casta desesperante.
Pero quede claro que, con la complicidad de la autoridad, los principales responsables son los tres toreros antes citados. Ellos son los que permitieron que ayer se celebrara un simulacro de corrida, una triste caricatura de una fiesta que está basada en toros encastados y poderosos, y no en tullidos borregos que se desploman antes de finalizar la primera carrera. Pero las figuras esperan que uno meta la cabeza, derroche nobleza y les permita demostrar todo el arte que llevan dentro. Pero cometen un error de principiante: esos toros que ayer trajeron a Madrid son idóneos para plazas de segunda y tercera, donde estas tres figuras les hubieran cortado orejas y rabos varios. Pero, en Madrid, no. En esta plaza, esos toros son el cuerpo de un fraude.
Sin embargo, hay algo inexplicable en toda esta historia: ¿qué necesidad tienen El Juli, un torero en un momento extraordinario de poderío y sapiencia; El Cid, un torerazo que, quizá, no atraviese su mejor momento; y Perera, que derrocha firmeza y valentía, de hacer este ridículo tan espantoso en esta plaza? Incomprensible, pero cierto. ¿Dónde está la inteligencia? ¿Quiénes son los consejeros de estos tres señores?
Pero lo cierto es que, entre los tres infligieron un feo bajonazo a la fiesta de los toros. Y si los toreros -las figuras- le pierden el respeto a la fiesta, al toro y al público, ¿quién defenderá este espectáculo de tantos sartenazos como está recibiendo? Si el milagro diario es que la gente siga llenando las plazas y pagando un dineral para que reciban a cambio una vergonzosa estafa...
No tiene explicación racional que El Juli se haya prestado a esta pantomima. Es, hoy por hoy, un torero que raya la perfección técnica, y así lo demostró ante su amorfo lote. Las dos faenas tuvieron pasajes de toreo auténtico, con el toro embebido en la muleta, por ambos lados, pero nadie le hizo caso. El ambiente estaba enrarecido desde el primer novillote y nada tuvo ya importancia.
El Cid tampoco tiene perdón. No parece que disfrute de un momento dulce, lo cual es normal en la vida de cualquier figura. Pero lo de ayer... Primero, intenta ponerse bonito con una birria de torete borracho, que fue el segundo de la tarde; después, permitió que lo desbordara un becerrote, al que banderilleó muy bien Alcalareño, que tuvo motor en el tercio final y con el que no se acopló en ningún momento. Algún natural surgió con largura, pero en un conjunto de pases acelerados y destemplados, en una pelea desigual de la que salió triunfador el novillo. Se colocó mal con la derecha, usó el pico y toda ilusión se diluyó con más pena que gloria.
¿Y Perera? Este torero necesita un toro codicioso para que luzca su firmeza y la hondura de su brillante toreo. Su primero, una birria; una buena tanda de derechazos en el sexto, y muy pesado cuando el toro se paró.
Si no hay respeto, señores toreros, ustedes y no otros acabarán con los toros.
Por cierto, la fiesta tiene la suerte de que el Rey sea aficionado. Pero don Juan Carlos tiene la negra: raro es el día que viene que no le dan gato por liebre. Si es que estos taurinos no respetan ni la Monarquía...photo Alvaro Garcia
mercredi 20 mai 2009
LOS ENANOS encore...

A noter que les artistes espagnols qui recherchaient dans un sujet plus le caractère que la beauté n'ont jamais rechigné à peindre ces malheureux mais que c'est Velazquez qui leur a donné le plus d'humanité. La société espagnole elle même, a travers la littérature picaresque, semblait considérer que ce type de handicap permettait de gagner sa vie, en suscitant la pitié ou une curiosité malsaine et certains parents n'hésitaient pas à estropier leur enfant.
En marge de cette curieuse conception du handicap, il y a le goût de la parodie qui a toujours existé en Espagne où les chansons de geste ont fini par être tournées en dérision, où Don Quichotte, au départ, n'est qu'une imitation burlesque des romans de chevalerie, et où, à la cour de Philippe IV, les bouffons(sans tares physiques ou avec) parodient tout le monde : nobles, toreros... y compris le couple royal et cela en toute impunité (voir sur ce sujet LA CONTROVERSE DE VALLADOLID par Jean Claude Carrière).
J'ajouterai à toutes ces explications une interprétation très personnelle:
les Habsbourg,à force de consanguinité, étaient tellement dégénérés eux-mêmes qu'ils devaient se consoler en voyant pire!
Je pars en cure le 24 mai et serai de retour le 14 juin.
mardi 19 mai 2009
JE SEICHE...

vendredi 15 mai 2009
LA GRÂCE PANDEMIQUE

jeudi 14 mai 2009
Le Nu
