samedi 28 février 2009
C'est le Printemps !
jeudi 26 février 2009
SOLARISATION
mercredi 25 février 2009
L'idée reçue du Darwinisme
dimanche 22 février 2009
Nimes : Michel Gilles pour l'affiche 2009
samedi 21 février 2009
ANTIMANUEL DE LITTERATURE
VERS TON RISQUE
Moraliste se réservant la primeur de sa vigilance morale, Michel Leiris s'inquiète de la souveraineté absolue de l'écrivain en son oeuvre et médite de lui donner des contre-pouvoirs. Trop facile sinon. Emerge alors le rêve d'une littérature aussi périlleuse qu'une corrida. Qu'elle aille vers son risque, comme disent, citant rené Char, les traités de management ou François Bayrou. Mais de quel risque parle-t-on quand on ne parle que de phrases, couchées dans l'intimité protectrice d'une chambre, qu'elle soit de bonne ou d'hôte ? Le taureau susceptible d'éviscérer l'écrivain ne sera jamais qu'en papier. Du temps où les Ubu de tous les pays n'avaient pas encore compris qu'un chef gagne toujours à laisser dire, une émoustillante menace de censure, de poursuites ou de mort pesait encore sur le littérateur, et Beaumarchais pouvait à bon droit déployer sa verve pour revendiquer la liberté d'écrire. Aujourd'hui plus un nazi pour brûler en place publique un pamphlet humaniste, presque plus d'associations bigotes pour porter plainte contre une apologie versifiée de la double pénétration.
L'écrivain regrette les siècles prédémocratiques pour cette raison aussi. Il aimerait tant qu'on le punisse d'une activité qu'il aime à croire sulfureuse, c'en serait fini avec sa mauvaise conscience d'intellectuel improductif et limite pédéraste. Or il a beau lancer des dizaines de pavés dans autant de mares, la mare reste d'huile et les canards s'en foutent. Il y aurait, bien sûr, l'admirable témérité de balancer des révélations concernant des personnes susceptibles de prendre la mouche et un revolver. Mais, pour un Alexandre Jardin emmerdé par ses cousins après avoir exhumé des secrets de famille, pour un Pierre Jourde bastonné par les hommes du village dont il avait compté les sourdes mesquineries, combien d'écrivains épargnés par le boomerang ? A la publication de ''Belle du Seigneur'', Ariane ne s'abaissa même pas à poursuivre Solal en justice pour faits de misogynie avérés -qu'il se mange la bite et s'étouffe avec !- se contenta-t-elle de confier à une amie. Peut-être la révélation sur soi est-elle seule susceptible de faire trembler la main qui forme les mots. Ainsi philippe Forest inscrit sa prose dans le plus rien à perdre après la mort de sa petite fille. Mais on le sait bien, l'audace de se montrer sous un jour peu reluisant gomme en partie la honte afférente. Vous dites que vous êtes un salaud, tout de suite vous l'êtes moins. Vous dites j'ai vu Cali en concert, on se fout moins de vous qu'on admire le courage de l'aveu. Vous dites j'ai tué ma soeur, elle vous pardonne. Selon la loi de la faute avouée diminuée de moitié, la littérature sort toujours vainqueur de son combat contre le taureau fumant, même et surtout quand elle se réserve les plus profondes banderilles.
Reste la possibilité de raconter ce combat, en espérant qu'il ébranle, sinon, l'auteur, du moins sa prose soumise au chaos d'une réalité non littéraire. les taureaux d'Hemingway ne sont pas métaphoriques, on le sait. Ni le gros poisson qu'il place au bout de la ligne de son vieil homme seul en mer, gageant qu'il secoue l'embarcation et le livre avec. Ni le monstre à mille têtes de la guerre d'espagne à la rudesse de laquelle il éprouva son courage puis sa plume, préférant la peur du combat à celle de n'être qu'écrivain, d'écrire des livres qui ne soient que des livres.
Importe alors que la littérature s'écrive sous la dictée du non-familier. Qu'elle s'approche de la bête. Qu'elle aille voir de l'autre côté.
jeudi 19 février 2009
CARNET DE RUEDOS
Miguel Rodriguez a quasiment disparu de la circulation. Il n’imbibe plus le sable des ruedos, du sang des toros. Il était torero pourtant, mais comment dire… si vous êtes un mauvais commerçant vous pouvez continuer à mal vendre jusqu’à la retraite. Un torero médiocre qui n’aurait pas le feu sacré au point de démontrer tous les dimanches qu’il accepte le choix total de triompher ou mourir, à quoi peut-il servir, sinon à ennuyer les publics ?
IL était pâle, il savait qu’il devrait prendre dans le ruedo vicois, ce grand toro à la tête noire et au corps blanc. Ce contraste d’ascèse et de ripaille expliquait qu’il lance à nous autres, admirateurs de son art, des regards mauvais, tenaillé qu’il était par la peur et la faim. D’ailleurs, regardez-le cet œil noir qui ne quitte pas la tête du grand toro. Comment réussir à devenir un grand torero quand vous restez suspicieux, incapable de vous oublier, de vous confier, relâché et indifférent à ce qui peut faire basculer une vie en destin ?
mardi 17 février 2009
Un Petit Livre Génial... : 2 ième extrait
L'écrivain peut-il être une femme ?
En France, les femmes deviendront bientôt majoritaires dans l'exercice de la littérature. C'est un trait capital de la modernité, déploré en tant que tel par certains occidentaux issus de la gent masculine et porteurs d'une vision épique, héroïque, spermatique de l'écriture. Quand ils évoquent le déclin de la littérature, c'est à cela qu'ils pensent, consciemment ou non. Elle n'est plus ce qu'elle était=elle n'est plus un sport d'hommes, elle n'est plus la guerre continuée par les moyens de la plume. L'écrivain pénidé ne peut plus se vivre en Ulysse moderne et pénélope tricote en snobant les prétendants qui friment sous sa fenêtre...
... La présence des femmes a tout changé, comme quand une cousine s'invite à un regardage de porno en groupe, tout de suite c'est plus les mêmes blagues. On polit la langue, on rigole moins gras. les bonnes femmes ont transformé le champ (de bataille) littéraire en salon de thé, bientôt vous verrez que les éditeurs auront transhumé vers le Marais. Emmasculés se sentent les écrivains mâles. Si d'aventure ce n'est pas déjà fait, ils contractent une misogynite aiguë qui bien sûr se métastase en racisme...
...Souci coextensif : le temps que passent les femmes à écrire, elles ne le passent plus à lire. Avant régnait une délicieuse anomalie... longtemps ce truc de bonnes femmes qu'est la littérature a dû l'essentiel de ses productions à des hommes. En résumé : les hommes écrivent, les femmes lisent. Ainsi se reconstituait, via les livres, un dispositif donjuanique débarrassé des inconvénients du genre, l'homme pouvant conquérir 1003 femmes sans endurer l'embarras des pannes d'érection. Il n'avait qu'à répandre dans les librairies sa semence de papier et attendre que pousse en ses lectrices un amour aussi platonique que totalement libidineux, aussi spirituel que totalement assouvi par des masturbations impulsées par la relecture de Madame Bovary, où se jouait en abyme le drame d'une névrose de lectrice.
Heureusement nous avons encore devant nous quelques années de bonne vieille sexuation. Pour la plupart les lecteurs sont des lectrices, il suffit de prendre le métro (mais pas la ligne 6, surtout pas). les hommes ne lisent pas, ils se contentent de rêver qu'ils publient et qu'on les lit. Tous les jours, des femmes tombent amoureuses sur la seule foi de livres que parfois l'auteur dédicace dans une librairie, et alors la lectrice rejoint la queue. Queue parfois longue, parfois moins, et quand arrive son tour elle bégaie trois mots, parmi lesquels son prénom s'il lui revient à temps-en général elle s'appelle Anne-Sophie. L'écrivain feint de ne pas voir le trouble qu'il a éveillé rien qu'avec ses doigts ; il griffe une dédicace ambiguë en laissant tomber un trait d'humour d'une voix de cow-boy assagi, puis donne congé d'un "merci Anne-Sophie" posant une fausse réciprocité, car plein d'autres Anne et plein d'autres Sophie ont rejoint la queue, dont une seule aura assez foi en son charme pour tenter le coup à la fin de la signature. Si les circonstances le permettent, le coup aura lieu.
Il est possible qu'après le sexe où par définition l'auteur se sera révélé moins performant qu'en fantasme, la lectrice lui confie écrire à ses heures perdues. Très possible, même, puisque tout le monde écrit. L'EM (écrivain mâle) a l'habitude. Avec un soupçon de condescendance, il laisse son adresse pour recevoir un recueil de poèmes qu'il ne parcourra que d'un oeil, préférant relire la lettre qu'Anne-Sophie aura jointe pour y traquer des allusions sexuelles. Tout est normal.
Ca se complique si AS informe EM qu'elle écrit des livres publiés, risque de plus en plus grand comme on l'a dit. Là, le type ne peut plus vraiment faire le beau... ...A partir du moment où Amélie Nothomb fait s'étirer des queues, l'exercice de la célébrité littéraire n'est plus attaché à la virilité. Le mot écrivaine commence à entrer dans les moeurs lexicales, bientôt il sera accepté et fera subir à la figure de l'écrivain ce que l'élection de Ségolène ou Martine en 2012 fera subir au poste suprême....
...Se sentant dépérir, l'EM a un dernier soubresaut de la couille gauche. Ok les bonnes femmes écrivent, mais elles n'écrivent que des histoires de bonnes femmes ! Episodes menstruels douloureux, déliquescence conjugale, viols traumatisants, deuil inachevé d'un père incestueux, petites confessions riquiqui quand les vrais livres traitent de la guerre, du combat de coqs planétaire qui s'appelle l'Histoire avec un H comme Hommes....
... Qu'une femme parle de sa vie sexuelle, et on lui reproche d'évacuer la littérature par le bidet. C'est quand même étrange. le supposé mystère féminin est la passion centrale de la littérature, laquelle cependant ne trouve pas son compte lorsque les premières intéressées livrent des infos pour le percer.... ....Précisément c'était le mystère en tant que mystère qui les excitait... ...Dans A une passante, Baudelaire feint de regretter que la passante ne fasse que passer. Au contraire, qu'elle passe vite son chemin et n'encombre pas le poète de sa présence réelle. Que le commerce avec les femmes se limite à une passe. Or elle s'arrête cette pute...
Brèves de Comptoir : deuxième extrait
lundi 16 février 2009
BATACAZO : "La" photographie...
Un Petit Livre Génial...
samedi 14 février 2009
Brèves de Comptoir : les vingt ans !
Jean-Marie Gourio l'auteur, dans son introduction :
Ces petites phrases entendues aux comptoirs des cafés, cette petite musique si particulière des gens accoudés, ces avis sur le monde, sur tout, sur rien, sur la vie, je saisissais ces petites phrases comme une nouvelle fréquence de la parole, une onde chaude, amusante, véhémente, poétique, absurde, dont je tombais follement amoureux ! je passais des années à les glaner, en sécurité dans les bars enfumés, dans les odeurs de café et d'alccol, dans les odeurs des gens, dans la bousculade, dans l'immobilité magnifique des après-midi vaseux, bien planqué dans les recoins des grandes villes, et paumé aussi, sur les places vides des petits villages plantés au milieu des champs... Vingt ans ! ...
...au café de la place, au marigny, au Balto... Tic...tac...vingt ans... Eux, les parleurs, et moi, silencieux, nous tous accoudés, l'épaule contre l'épaule, verre à la main et nos coeurs contre les mots... tic...tac... patron ! le dernier pour la route !
A la Régence, aux Trois Frères, aux Pêcheurs... Eux qui parlaient pour dire qu'ils étaient vivants, je les écoutais, avec ferveur, pour mettre dans des livres ce qu'ils disaient, secrètement, par devers eux qui semblaient d'ailleurs vouloir ne rien garder...
...une littérature drôle et poétique. Une fumée de langage, quand la langue sous les alcools s'est enflammée...
...chez Monique, au Clovis, Chez Puce, aux Remparts... Amour de petite phrase... Brèves d'après marché. Brèves d'avant travail. Brèves des jours de chômage. Remettez-nous ça.
...au café Pistache, à l'Horloge, Chez Fred, au Café des Sports...
J'ai voulu pour l'anniversaire de leurs vingt ans extraire de ces milliers de brèves, les phrases les plus étonnantes, les plus poétiques, les plus idiotes, les plus folles, la crème des Brèves, la crème des comptoirs !
...rééclairées, réexposées, concomitantes aux mots de Jarry, Queneau, Alphone Allais, Topor, Tristan Bernard, Sternberg, Bernad Shaw, dans leur forme et leur esprit, soeurettes des mots de ces magnifiques auteurs, Courteline aussi et Capus ! qui n'étaient pas les derniers à fréquenter les bars, je crois, grands beaux écrivains pris de vertiges qui aimaient écouter tous ces gens accoudés pour surprendre le moment où, entre deux verres vidés, par miracle, les buveurs accoudés se mettaient à postillonner des fleurs !
Avant, à tous les carrefours, t'avais des putes ! Maintenant, t'as plus que des rond-points !
Un train qui roule à six cents à l'heure, si tu le rates, je vois pas le progrès.
Si t'es debout au pôle Nord avec ta femme, ça fait comme des mariés posés sur un gâteau.
Le type qui fait de la spéléo pendant ses vacances, il aime pas beaucoup les gonzesses en maillot de bain !
vendredi 13 février 2009
PRINTEMPS DES NIMOISERIES ?
mercredi 11 février 2009
La Pensée du Jour
Gilbert Keith Chesterton
1874-1936
Sera difficil aguantar la emocion...
dimanche 8 février 2009
LAPIN A LA CEVENOLE : MIAM
On va partir du principe que, nostalgique des plats de votre grand-mère, vous avez un jour enfin réalisé qu'il vous fallait absolument investir dans une cocotte en fonte, non, pas celle, légère, qu'on vend chez Ikea à 26 euros, mais une autre, bien chère et bien lourde, dont vous n'aviez pas envie de vous encombrer. Et bien c'est celle-là qu'il faut, une Staub, en fonte épaisse, de plusieurs kilos avec son couvercle à picots auto-arroseurs. Ca rigole pas en Alsace ! Elle coûte 5x26 euros mais votre arrière-petite-fille s'en servira encore. Il n'y a pas à tortiller, le secret de la fonte c'est son inertie. La recette n'est qu'une suite d'évidences : après avoir fait revenir les morceaux dans de l'huile d'olive, on les sort pour mettre les oignons, les olives et les cèpes, deux feuilles de laurier, des branches de thym, des gousses d'ail en chemise, et on repose les morceaux par-dessus. Salez, poivrez et poivrez encore. Ne laissez pas votre compagne, si vous en avez une, régler l'assaisonnement, les femmes étant modérées en tout et obsédées par votre santé, elle salerait peu pour votre tension et ne poivrerait pas assez pour ménager les papilles infantiles... Couvrez, laissez mijoter deux heures durant - vos invités seront KO debout dès la porte d'entrée franchie, en respirant ces effluves - donnez un tour de cuillère en bois tous les quarts d'heure. Vous pouvez garder le quart des olives et le quart des cèpes que vous ne rajouterez qu'à un quart d'heure de la fin pour qu'ils aient meilleure figure. Hachez le coeur, les rognons et le foie et incorporez une demi-heure avant la fin de la cuisson, cela épaissira la sauce. Coupez des tranches épaisses d'un bon pain au levain, bien croûteux, débouchez un château La Louvière "frais de cave" et festoyez. En entrée, j'aime bien les assiettes colorées. Aujourd'hui c'était brandade de morue, tomates confites et olives aux piments. Nadège finalement n'est pas venue, dommage, je lui aurais dit combien j'avais apprécié son pastiche "Hemingwayen" d'hier sur son blog "Autour des taureaux".
samedi 7 février 2009
DEMAIN MIDI : LAPIN A LA CEVENOLE
Premier temps : les courses.
Gagnez votre hypermarché de prédilection, cherchez une place pendant un quart d'heure, cherchez en vain l'euro qui vous aurait permis d'emprunter un caddy puisque vous ne faites évidemment pas partie des organisés du jeton inclus au porte-clefs, heurtez-vous à la foule du samedi, longez le rayon volaille et arrêtez-vous net, tel un setter anglais, devant les lapins industriels cellophanés insipides et gras. Et là, courage, prenez une résolution simple : abstenez-vous. Félicitez-vous plutôt de connaître des gens comme cette petite dame, Thérèse, vous vous souvenez d'elle ? (voir "Tranche de vie Nimoise" d'octobre 2008) Grâce à elle, j'ai commandé un lapin fermier à un éleveur des Cévennes. Un vrai lapin fermier, pas un lapin industriel avec marqué "fermier" sur le râble pour faire le quèque... Ressortez de l'hyper, de ce monde agressif où le bruit et la fureur de la foule vous stressaient, où les néons vous aveuglaient et où vous avez évité de justesse, au prix d'un immense effort de self-control, l'emplâtrage du Gueulard au micro, qui vous bassinait de ses promotions, emplâtrage dont vous sentiez pourtant déjà, l'imminence du bienfait pour le week-end. Un monde où les lapins n'ont jamais su que les lapines aimaient les galipettes, ni que (si l'on peut se permettre la phonétique ad'hoc...) l'herbe était verte, ni que le bonheur c'était de "rouziguer" les fruits goûteux des chataîgners accrochés aux pentes du versant sud des Cévennes méditerranéennes. Sortez ! Allez sur un marché Bio de petits producteurs y trouver les oignons doux, cultivés en terrasse sur ces mêmes versants, dégelez les cèpes, cueillis l'automne dernier à peine nés, en Lozère, dans la forêt de ... (vous voulez le point GPS aussi ??? ) et enfin pensez aux olives vertes du coin, et là, vous avez tout bon, 100% terroir. Vous voilà fin prêts pour passer à l'action. A demain.
vendredi 6 février 2009
POUR GINA EMMA KATIA ISA NADIA ETC...
jeudi 5 février 2009
RECOMMANDATION MERDIQUE
"Chacun doit tirer de ce qu'il voit des conclusions qui sont plus liées consubstantiellement à sa psychologie et à sa cosmogonie" ? Ben...si !
mercredi 4 février 2009
La Pensée du Jour
mardi 3 février 2009
POURQUOI ALLEZ-VOUS VOIR LES CORRIDAS ?
J’aime la corrida avec passion. J’aime écouter sa musique entraînante, ces roulements de trompettes et ces accords qui me transportent si loin.
J’aime ce combat entre la vie et la mort, ces regards échangés entre l’homme et la bête, ces regards méfiants, ces regards pleins de confiance, ces regards tendres et sévères, ces regards complices et ennemis qui opposent sans cesse l’ombre et la lumière.
J’aime le mouvement régulier des capes, l’ondoiement du tissu et la corne qui frôle la flanelle garance. J’aime les cris de la foule qui ponctuent chaque action et les chuchotements critiques qui commentent les actions des personnages de cette tragédie en trois actes.
Je me fonds dans le décor mystique de ce spectacle, je m’enfonce dans les profondeur de ce tableau. Je respire avec discrétion pour ne troubler personne, je suis le geste doux et lent du poignet, le rythme calme des passes, j’écoute d’une oreille attentive le froissement délicat de la cape, la déchirure brutale des airs par l’épée et l’agitation irrégulière des mouchoirs blancs à la fin de l’étrange ballet.
Les contrastes extrêmes de cette nature, ce mélange d’amour et de peur, de raison et de folie, de rêve et de réalité, s’expriment dans le partage même de ces arènes en ombre et soleil. Alors, ces mondes opposés remplissent mon cœur d’une joie ardente et d’une sourde tristesse, inébranlables et sincères. Emeline LAURENS 13ans
La Pensée du Jour
lundi 2 février 2009
SOL Y SOMBRA
La Pensée du Jour
dimanche 1 février 2009
POMME DE DISCORDE
Alors voilà, le chasseur a tort parce qu’il entre dans la forêt comme le torero dans l’arène : armé. Le chasseur a tort parce qu’il a tué non pas "Brutus" mais, doux prénom anthropomorphique oblige, "Cannelle" qui épiçait de sa présence la vie de la forêt. Une spice girl qui avait un ourson. Le chasseur a tort parce qu’il a tué une maman et que c’est insupportable pour l’imaginaire collectif qui de plus, a choisi l’espèce comme doudou de sa progéniture.
Face à une espèce réimplantée, l’homme se voit contester le territoire où il avait historiquement (et souvent bêtement) exercé sa suprématie et l’homme-chasseur (Celui qu’il est de bon ton de décrire partout comme le beauf aviné qui vote Front National) se perçoit comme un danger face à la noble et fragile expérience qu’il compromet. De son côté, il ne peut plus circuler l’esprit tranquille car plus fort que lui est déjà dans la place. L’abattre, c’est donc affirmer sa prédominance, dire je veux chasser tranquille sans risquer de devenir gibier, je veux pouvoir élever mes moutons, ramasser mes châtaignes, faire mon miel, camper, randonner, bref je veux rester en haut de la pyramide de l’Evolution sans que l’Adam que je suis, ait sa petite pomme qui s’emballe d’angoisse en de petits allers-retours rapides au moindre craquement de branche. ( voir le film "A couteaux tirés" pour ceux qui ne se représentent pas l’horreur d’être chassé par un ours…). Il y a quelques jours ce crime de lèse-ursidé a eu son pendant atroce : un loup des montagnes turques a dévoré un enfant de dix ans. Ce fait divers, nous ne l’avons entendu qu’une seule fois, de bon matin et puis plus rien. L’histoire ne dira jamais si, par exemple, le loup dévorait une extrémité pendant que le cerveau de l’enfant fonctionnait encore… Parce qu’un loup qui a faim au cœur de l’hiver, n’est rien d’autre qu’un fauve d’une implacable sauvagerie. On nous expliquait pourtant depuis des décennies que cela n’était possible que dans les contes, on nous trouvait même ridicules de croire plausible la peur ancestrale. Ma compagne m’a raconté que sa "mère-grand" lorsqu’elle traversait la forêt de Mercoire de sa Lozère natale pour aller à l’école, devait parfois se déchausser pour entamer de conserve avec ses petits camarades, l’allegro vivace en sabot majeur afin d’éloigner les grandes dents… Il n’y a donc pas si longtemps, les enfants de chez nous avaient une bonne raison au cœur de l’hiver et du sous-bois, de ne pas rechigner à se geler les pieds. Le tribut payé ne fut certes pas tel qu’il justifiât l’éradication systématique de l’espèce, mais avec ces enfants chétifs avançant déchaussés dans la neige, peur au ventre, au rythme des sabots cognant, on était loin du petit plaisir solitaire de l’écologiste citadin qui "débilise" le débat ( il pourrait l’appeler "Myrtille" la louve…) en savourant le concept intellectuel de croire sa planète plus saine grâce à la présence lupine. C’est à hurler par les nuits de pleine lune, car si "l’homme est un loup pour l’homme", le loup est un loup pour l’enfant !
Un des paradoxes de la tauromachie qui doit révolter plus d’un écologiste qui se respecte un tant soit peu, c’est que plus on tue de toros plus on pérennise leur race. Fatal, puisqu’on entretient ainsi le plus basique des principes d’élevage sur lequel tout repose, la Sélection. Que la pyramide de celle-ci ait une large base pour n’offrir à son sommet qu’un petit groupe à la corrida, est impossible à nier. Ceci, qui devrait être élémentaire à plus d’un Watson zoolâtre, conduirait même à penser, si une naturelle bienveillance pour son prochain ne balayait d’un revers élégant ce funeste pronostic, qu’il doit se trouver chez les "anti" une écrasante majorité de gens stupides qui n’a pas compris que l’objet de sa lutte tend vers l’extinction de la race qu’elle prétend sauvegarder. Pourvu que les toros ne souffrent plus éventuellement au moyen de leur éradication complète ! Le problème, à prendre le chemin de ladite bienveillante élégance, à les considérer conscients de ce qu’ils poursuivent, étant que cela les dirige à nouveau instantanément et avec toute la force d’une compromettante évidence entre les rails de leur dogmatisme rigide sans qu’ils puissent sortir des tunnels de leurs impasses philosophiques. Car jamais personne ne les a entendus plaindre les animaux du cheptel recalés en tienta et illico presto orientés vers la boucherie ; tout se ramène finalement à une affaire de sensiblerie liée au fait que la corrida est un spectacle quasi impénétrable voire trop dérangeant.
Avoir tué Cannelle n’est pas excusable, c’est juste profondément humain et pas au meilleur sens du mot. Cannelle était un véritable animal sauvage en charge d’un petit et elle appartenait à une espèce protégée. Nous autres aficionados, nous pouvons nous payer le luxe, au sujet de la corrida, d’abattre tout complexe de bêtise ou d’irresponsabilité car par notre simple regard, nous fortifions l’élevage d’un animal qui pourra mourir dignement en pleine conscience de la fin de toute vie. Se dire plus choqué par la mort d’un bravo dans l’arène après ses cinq années de liberté, que par la fin sournoise d’un bovin de dix-huit mois dans un abattoir lugubre et nauséabond, c'est finir par avouer son hypocrisie, son manque de clairvoyance et de sensibilité. Une carence doublée d’une sorte de totalitarisme qui tend à instaurer - ce qui désole tant l’anthropologue Claude Lévi-Strauss - la tendance du monde à se précipiter dans ce qu’il définit comme une "volonté de monoculture universelle".
Quand sur la soie des canapés, ne survivront que des caniches dominants, quand toute la planète mangera, boira, chantera et dansera la même chose, vénèrera un seul et même Dieu (l'argent ?), quand toutes les richesses culturelles auront été fondues dans leurs particularités par le grand chaudron de l’Ordre mondial, sans doute, ces gens-là se sentiront-ils enfin rassurés de n’avoir jamais eu l’envie de croquer la pomme. Peut-être s'approcheront-ils de la sagesse, d’autres plus sages encore vivront de magnifiques émotions : c’est tout ce que l’on souhaite à nos enfants.