mercredi 8 juillet 2009

LES FAITS JOSE TOMAS


Les faits d'armes de José Tomas en ce 5 juillet furent remarquables pour de nombreuses raisons mais pas glorieux au point de faire chavirer l'arène. Même si avec lui rien n'est jamais ordinaire. A commencer par l'affiche où l'usage - trois toreros pour une ganaderia - se mue en un singulier - un torero pour trois ganaderias - .
Le souvenir qui s'impose à moi est la faena de ce deuxième toro, salvatrice erreur de casting, car je doute qu'on ait prévu la programmation d'un tel animal comportement pour un seul contre six. Salvatrice erreur, parce qu'au milieu de la suavité de sirop qui aurait fini par être écoeurante, on a su qui était Tomas quand il tombait sur un os. Lui, l'artiste diaphane, le fantomatique introverti souvent enfermé dans sa bulle, lui la muleta fluide comme une jolie vaguelette, enrobante et douce, submergeant passe à passe les difficultés, s'est instantanément mué en récif briseur de lame de fond. Ce manso con casta, dangereux, chargeant là où on ne le sollicitait pas, ignorant ceux qui venaient au quite pour raccompagner le banderillero jusqu'à l'abri avec détermination, renversant le piquero, fut très bien jugé par la figura qui lui infligea d'entrée une correction par doblones bas et puissants puis par des passes de châtiment extrêmement dures qui le réduisirent imparablement. Magnifique ! Avec Gilles mon voisin de tendido, on se dit lorsque s'abattit la carcasse de ce toro, que l'on n'était pas venu pour rien. Certains argueront qu'il s'agissait d'un contre-emploi manifeste pour ce torero mis ici dans l'impossibilité de démontrer ce qu'ils attendaient. Des touristes je vous dis, car s'il y a un plein et juste emploi pour un torero c'est bien de réduire un toro dangereux avec calme autorité et maîtrise. Et toreria. Ce fut le seul toro qui lui permit de nous en convaincre.
Pour les quatre qui suivirent j'ai mieux compris les arguments de ceux qui le trouvent trop linéaire, ne pesant pas vraiment, n'obligeant pas la trajectoire du toro à la courbe. La jambe n'est pas avancée, le cite sur la "troisième corne" semble révolu et bon nombre de passes sont désormais à distance alors que le toreo millimétrique était sa signature - et on ne voit pas d'estocade fulminante. On est déçu à hauteur de l'admiration qu'on lui porte - voilà si on se la joue revistero impitoyable. Il reste la singularité de l'interprétation, l'inspiration originale, la variété du répertoire et les recours pleins de morgue permettant de ne rien céder même en cas de difficultés. Deux volteretas avec la volonté évidente de ne jamais lâcher la muleta, on torée en appui sur une main, au sol, et les jambes en l'air si besoin, en pleine déroute, pour toujours tenter de l'offrir aux cornes ! Il reste donc de quoi le suivre partout où il se produira pour ceux qui le peuvent. Enfin j'ai vu sa sortie et l'état d'épuisement où il se trouvait, j'ai vu sa mine quasi décomposée par la fatigue, qui n'arrivait pas à se réjouir de cette performance fêtée : cela m'a inspiré un grand respect. Cliquez sur les photos, ici son jeu au capote.





















































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