samedi 26 décembre 2009

Le Père Noël est fatigué

Ca y est. Le père Noël est passé. Chez moi, comme un cyclone. De nombreux enfants excités des retrouvailles festives. Le sol est jonché : de boue - les allers-retours dans le jardin - de traces de chocolat -les raids sur les gâteaux-, de petites étoiles dont la maîtresse de maison avait parsemé la nappe et que les filles s'étaient collées sur le visage pour briller un peu plus, de cheveux d'anges, d'aiguilles d'épicea, de ficelles multicolores, d'emballages de papillotte. J'ai tenté de débordéliser en temps réel, notamment pendant la phase du déballage frénétique des cadeaux : posté devant la cheminée, je récupérais et enflammais systématiquement tous les papiers d'emballage sous lesquels nous menacions d'être ensevelis... Encore que l'effusion soit judicieusement jugulée à la source par tirage au sort, pensez donc, à vingt-sept, si chacun faisait un cadeau à tous, ce serait sept cent vingt-neuf cadeaux qu'il faudrait déballer !
Moi, qui ai tant de mal à lire, j'ai reçu une floppée de livres visant à combler mon inculture. Je rêvais de livres photos, mais non, rien que de la littérature... Je vous fais la liste ? Alors :


- 50 façons d'assassiner les limaces


ouaip, chez Larrousse, et on ne rit pas. En 1er de couv il est écrit : Des recettes pratiques et rigolotes pour trucider ou entourlouper l'ennemi "number ouane" de votre jardin. Un clin d'oeil de ma compagne pour les salades et les tomates que je lui ai produites en maugréant l'été dernier. On n'a jamais eu le même humour... L'incompréhension qu'elle lit dans mon oeil quand je déballe ça, c'est ce qui l'amuse le plus, je crois... Elle doit m'espérer en bon jardinier éco-responsable nourrissant sainement nos enfants. C'est ce qu'elle trouve sexy... Alors que pour moi, c'est vraiment un rôle de (dé) composition ce côté "compost"... Pourtant, parfois je mets une belle chemise, me pschiiite "Habit Rouge" de Guerlain sur la trombine (et OH ! c'est mon parfum à moi, l'achetez pas hein...) mais non... rien...

Aaaaah par contre, si je transporte du fumier de cheval dans la brouette, la fourche en travers, torse nu sous la combinaison bleue, mes bottes crottées et la sueur "BIO" au front, travaillant à nourrir la progéniture, là, oui, je marque des points... Remarquez, mélanger des effluves bestiales et distingués, fumier et Habit rouge, ça peut le faire question érotisme, non... ? Le côté "assaut-bestial-sur-botte-de-paille-dans-écurie-aux-senteurs-de-crottin-mâtinées-d'effluves-raffinés" ça ne vous booste pas la libi... pardon...? Poncif éculé ? Mauvais goût resucé dans "l'amant de Lady Chatterley" ? Bon , ben je retire alors, de toute façon je n'ai pas d'écurie à la propriété... Sinon, je lui dis depuis longtemps : mais pourquoi n'as-tu pas pris un berger du Larzac ou un charpentier Ariégeois, enfin je sais pas, un tisserand du Causse à Ste Enimie là-bas, vous savez, ils font des pulls trop cools en poils de clebs, enfin un mec vraiment différent de moi, quoi... un mec de gauche... simple et droit, qui aurait plu à ta belle-soeur, un roc pas tourmenté ni aficionado, un végétarien altermondialiste. La vie est parfois vraiment incompréhensible...

Elle m'a offert aussi :

- La vérité sur Marie de jean-Philippe Toussaint

La première phrase de la quatr' de couv', dit :

L'orage, la nuit, le vent, la pluie, le feu , les éclairs, le sexe et la mort.

Oh, putaingggg..... ça commence fort... the décor is planted... chai pas si je lis... vaudrait p'têt mieux aller bécher le potager... d'autant que ça continue comme ça :

Plus tard en repensant aux heures sombres de cette nuit caniculaire, je me suis rendu compte que nous avions fait l'amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble.

Gulp ! Un message codé vous croyez...? Si ça se trouve.... et ce n'est pas la critique retranscrite en quat-de-couv qui vient rassurer :

... c'est ce qu'on ressent après s'être fait piétiner par ce bolide en feu qu'est le nouveau Toussaint, à peu près aussi jouissif qu'un déluge de météorites dans les reins, si les reins étaient les lobes du cerveau... et nous voilà précipités dans une terreur secrète, un nouvel ordre des choses qui n'est autre que la "persistance du réel", un truc à se cogner la tête et à faire vomir un cheval...

Bon... impossible physiologiquement le vomissement équin... souhaitez-moi bonne lecture, merci.... Elle m'a offert aussi, "Un Homme" de Philippe Roth :

...en fin de compte, c'est un homme qui est devenu ce qu'il ne voulait pas être... un roman puissant qui prend pour territoire le corps humain. Il a pour sujet l'expérience qui nous est commune et nous terrifie tous.

Un autre message, peut-être...? Ce sont de véritables bombes à retardement les livres, finalement... on peut abattre quelqu'un avec un livre, savez-vous ? Et tiens prends ça dans la tronche !


- Entre les oreilles de Foenkinos

Quat-de-couv :

Mon psychanalyste constatant la vanité de ses efforts pour m'aider à mettre de l'ordre dans ma vie sentimentale, fit l'inventaire des causes de mes ruptures : Mathilde n'aimait pas les ciels ocre de Basse-Normandie (je maintiens c'est rhédibitoire), Joséphine n'avait pas lu Virgile (je ne pouvais pas me commettre avec une telle fille, c'eût été cautionner), Christine buvait son café sans sucre (manque de goût évident), Ghislaine avait lu Virgile (je passais pour un idiot quand elle m'en parlait), et Catherine s'appelait Catherine (sans commentaires)


Prometteur, non ? Merci fiston. Engrangés aussi :


-Les Chaussures Italiennes de Henning Mankell

- Le Club des Incorrigibles Optimistes de jean-Michel Guenassia

- Jesus-Christ Matador de Olivier Bourra

Personne n'ayant pensé à la place que ça prenait, je suis bon pour aller faire un petit tour chez Ikea, référence Billy... Bon sinon, je suis allé à ma messe annuelle, me remémorer un peu mon enfance pieuse et là, scandale ! Le curé sermonne comme il se doit mais façon new-look, interactif, tendant son micro à nos chérubins placés au premier rang. Il explique que Noël est une fête trèèèèèèèès importante mais qu'il y en a une plus importante encore -oh oui- qui fait sens, parce que unique au monde dans la nuit des temps, qui prouve que cet homme est le fils de Dieu, car il est revenu à la vie et cette fête c'est.....? c'est....? et donc il tend son micro à un de ces chérubins studieux du catech que de gentilles bigotes endoctrinent bénévolement au lieu d'aller essayer des bustiers pigeonnants chez Zara pour faire succomber leur homme à la tentation puis au péché suprême. Le silence se fait, le temps est suspendu comme l'attention des catholiques sur les bancs, les préceptrices sûres de leur enseignement jouissent déjà de la spirituelle réponse tandis que le père réitére la question, voix douce et visage bon, cette fête c'est, c'est..... ?

- LES CADEAUX !

hurle la petite fille angélique au micro d'une sono dont on ne savait pas qu'elle fonctionnait si bien tant que le curé y susurrait les bons principes, elle hurle ces mots conviction au coeur, au grand dam de l'assemblée contrite tandis que le curé encaisse retirant prestement le micro de la bouche d'une enfant soudain toisée de la répprobation consternée de sa maman, bonne catholique scandalisée endurant publiquement l'échec des efforts de son enseignement constant et dévoué à la cause non matérialiste. Et moi seul couillon de mécréant noyé dans la nef qui me gausse de cette pulsion de vie spontanée, saillie d'une condition bien humaine pas encore contrariée. Elle est pas moche la vie ? C'est dit, j'irais brûler en enfer !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh que j'aime quand tu es de retour!
Des limaces dans le sudeste? je croyais que ces bestioles n'aimaient que l'humidité...
Sinon, rapport à ton blog de photos: pourquoi vous couvrez les palmiers de burqas chez vous?

isa du moun

Anonyme a dit…

Finalement il n’a pas été triste ce Noël. On en est tous là, à souffrir parce qu’au lieu de vivre, on pense, on revoit, on imagine, on déteste… toujours pour rien.

Et tous ces enfants chez vous, ce fourmillement désordonné et encombrant, vous voyez bien que c’est le plus beau des cadeaux avec tous ces livres qui excitent des gourmandises d’emprunteurs.

En attendant on a votre prose qui se contorsionne, si vivante et si marrante que nous aussi on a changé d’état d’esprit.

Marc Delon a dit…

Parce qu'à Nimes on veut des palmiers comme à Hyères bien qu'on en ait pas le climat, donc en hiver on les strangule en mettant une résistance électrique au milieu et là, au printemps, on les emballe d'un voile afin que le papillon qui pond sa larve en plein coeur ne puisse pas donner ce coeur à manger à sa progéniture ce qui le tue sans coup férir...
merci Isa, Ninon, Gina... j'aime qu'on m'aime...Rhâââââââaa lovely

Anonyme a dit…

Ahhh! Les cadeaux ! Moi,avec le peu que je te connais, je t'aurais offert les 316 pages de "fashion etcetera" de Sam Haskins...Je crois bien que ça t'aurait plu.Mais peut-être l'as tu déjà, vu que c'est sorti en octobre.
isa

Marc Delon a dit…

Non, non, non, je ne l'ai pas du tout... ;-)

Anonyme a dit…

moi je t'aurai offert celui-là, mais tu n'as pas été sage...
http://www.artsylva.com/accueil.html

isa du moun