Samedi,
tout était tombé à l'eau, corridas annulées. J'ai quand même vu
deux toros et demi sur un coin de téléviseur au travers d'une foule
dense dans un petit bar bien connu. Talavante y recevait le tout
Madrid pour une épreuve trop dure pour lui m'a-t-il semblé. On
l'apercevait dans les starting-blocks, prêt à sprinter vers la
barrière. Les toros aux encornures très larges n'inclinaient pas à
l'insouciance et semblaient n'avoir pas souffert de la pique tant ils
rentraient forts dans la muleta, du coup plus contenus défensivement
que conduits et dominés par un Talavante blême.
J'ai
donc dû abandonner la retransmission pour aller faire semblant
d'ouïr les nombreuses allocutions de la remise du prix
Hemingway : ils n'avaient pas prévu de micro ! En plein
brouhaha festif des jardins de l'impé... Dans les rangs, les gens
s'entre-regardaient consternés. On a bien vu bouger les bouches. Ils
ont donc parlé entre-eux un bon moment, ils avaient l'air contents
de ce qu'ils se disaient, avant qu'à la sortie de la casita, au
moment où on aurait enfin pu se parler un peu pour savoir ce qui
s'était dit, une Tzigane qui avait dû réussir à en voler un
quelque part y tonitrue d'importance pour nous empêcher de
communiquer. Donc, blanc total pour la cérémonie... incroyable mais
vrai. Non, soyons juste, le seul qui comprit et haussa le ton fut le
représentant de Bourquin. Qui c'est Bourquin ? Je sais pas, un
type de la région...
Le
lendemain, reprise des affaires taurines avec Castella et Juan
Leal. Soit l'original et la photocopie. Je n'ai pas vraiment envie de
vous raconter ça d'autant que j'ai apparemment raté the triomphe du
sixième toro d'un melting-pot ganadero plutôt faible, because je
devais me rendre chemin de la guinguette pour ma paella annuelle et
qu'à 14 heures le bicho dormait encore en chiquero.

Deux
assiettes bombées de paella et autres mignardises roboratives plus
tard, retour à l'arène en fin d'après-midi pour les Miuras devant
Castano et Ferrera. Aucun doute possible la corrida est bien un
spectacle. Elle réunit toutes les conditions qui fondent le
mot jusqu'à ses différentes nuances : de tous les sens, c'est
bien d'abord au regard qu'elle se donne, en étant capable d'éveiller
un sentiment, par sa représentation à la mise en scène luxueuse et
elle s'affiche en public. Elle est donc spectacle mais pas seulement.
Elle est beaucoup plus pour quelques-uns d'entre nous et l'on peut
alors se demander pour quelles autres raisons nous allons la voir et
qu'est-ce que nous y trouvons (ben, tiens le livre va bientôt sortir
chez Atlantica... la promo commence, ébruitez autour de vous)
Disons-le
tout net, alors que la foule parut quitter l'amphithéâtre heureuse
et comblée comme une vieille fille boutonneuse ayant signé par
contrat une promesse de nuit de noces initiatrice et débridée ,
Marcus 1er, votre serviteur, réboussié congénital originaire de la
placette par son père et de la forêt noire par sa mère, n'a pas
vraiment marché dans la combine !
Des
explications ? J'arrive. La faute, je pense, à … mon grand
âge : trente ans déjà que je pris la claque de cette Miurada
de Béziers où Milian, Mendes et Nimeno II, jouèrent
authentiquement leur vie face à leurs ancêtres auxquels je ne peux
m'empêcher de me référer pour savoir de quoi l'on parle. Il y
avait, jeunes gens, de cette époque que vous ne pûtes connaître,
voire vieilles gens au cerveau oublieux, autant de différence entre
eux et ceux de la tarde, qu'entre Chantal Goya gambadant parmi ses
lapins roses et Sterling Von Scarborough des Morbid Angel, un groupe
de Satanic Métal.
Ces Miuras modernes ont des allures juvéniles
pour la plupart et présentaient tous, deux caractéristiques
anti-Miuras au possible : ils étaient très toréables et
faibles. En veux-tu des génuflexions, en voilà. Le clou du
spectacle qui déchaîna la foule enfin comblée par ce sixième toro
de 645 Kg fut qu'il alla quatre fois à la pique. Seulement, entre y
aller et les prendre, il y a un fossé. Celui de l'apparence et de la
modernité. Il y alla comme un gros tio qu'il était, qu'on appelait
et qui n'avait rien de plus à faire que de venir, pourquoi pas, même
de loin... mais ni dans un style remarquable ni vraiment très
concerné : des trois premières il sortit seul sans jamais
s'être employé à pousser et prit la quatrième au regaton... voilà
ce qui fit se pâmer l'arène. Un beau spectacle pour incultes de la
caste.

7 commentaires:
Superbe photo Marc
Merci
Victorina
Relater c'est tout dire (ou presque)... Si les "diables" n'ont pas pu donner de la voix amplifiée c'est peut-être dû aux aléas de la technique ? A une réorganisation précipitée improvisée due aux conditions climatiques (arènes initialement prévues impratiquables) ? Aux tziganes qui avaient chouravé le seul micro disponible dans l'hôtel ?
L'enquête est en cours ...
Inspecteur gadget
l'inspecteur gadget ayant trop bu n'a pas posté son comment au bon endroit on dirait...
L'abus de boisson (?) serait plutôt à imputer à Marc Delon
car le comment est bien au bon endroit ... (L'escapade "populaire" sans doute ;-)
L'inspecteur Gadget
Ce dernier commentaire, M. Delon, signifierait-il un manque de sommeil, un excès de fiesta, d'alcool ou de froid neuronal ?
Il me semble que l'inspecteur Gadget a raison.
Quoi qu'il en soit on apprécie le compte rendu et même on aime se situer dans "ces incultes de la caste" qui apprécient une corrida avec des toros différents de ceux de la veille sinon de leurs ancêtres.
Gina
mea coupette
Joshpsi ²kxhPU221., 02U
Pardonnez moi, j'avais oublié d'ôter mes moufles enfilées sur mes mimines depuis samedi matin à Vic.
Voilà qui est fait.
Une Pentecôtavic à chier, à tous les points de vue.
Mais que les gens qui rendent compte de ces corridas sont trompeurs !
Le "spécial rouflaquettes" de Castaño s'appelle F. Sanchez Martin. C'est vrai qu'il a, par moments, la démarche d'un forcado.
Qu'était-il arrivé aux Adelaïde Rodriguez pour qu'ils sortent aussi faibles ? Il a peut être trop plu ces derniers temps, leur dehesa est entre deux rivières et au milieu, en tout cas, coulent des toros.
Sale temps pour les mouches.
JLB
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