Je viens de lire l’article « Récupérer
la bravoure » de Purroy dans le blog ‘’Vingt passes pas plus’’ et je pense
que si l’analyse de cet expert n’est pas à mettre en doute sur le plan purement
taurin – et certainement pas par moi - j’ai
plus de mal avec cette phrase :
<< Les gens ne reviendront dans les arènes
que s’ils perçoivent risque et émotion exposés sur la piste. >>
Comme j’aimerais que ce soit
vrai… Mais je crains qu’il n’ait pas vu évoluer la sensibilité des gens – peut-être
a-t-elle moins évolué en Espagne - Je ne
crois pas que le combat âpre et authentique intéresse encore les gens. Du
balai, le combat, c’est du ballet qu’on espère. Je ne crois plus qu’ils soient
à la recherche d’émotions fortes ; qu’ils aient l’envie de cette
initiation lente et complexe pour sentir les arcanes de tous ces magnifiques
détails qui font la tauromachie dans mes tripes, ma tête et mon cœur. Dans tout
le romantisme de cette exception.
Je crois au contraire qu’ils
veulent traverser ce moment sans qu’il leur en coûte le moindre questionnement
ou ressenti bouleversant ; Ils veulent que ce soit un ‘’équivalent apéro’’
ou ciné ou resto, que ce soit un moment agréable, sans plus, dont on sortirait
réjoui parce que tout c’est bien passé. Un petit passe-temps encanaillant avant
d’aimer sa belle. On ressort intact, on s’est diverti en disant deux, trois
conneries à son voisin, avec à peu près la même charge émotionnelle que si on
avait assisté à une partie de pétanque, avec même un arrière goût un peu amer, dont
on n’est pas très fier, tout ce sang qui
dégoulinait… était-ce bien nécessaire ? Qu’attend-on, à la vérité, pour
inventer des banderilles qui à l’impact, poudreraient de noir le dos des toros d’une
matière capable d’absorber le sang causé par la pique ?
Il n’y a pas lieu de
déranger le confort mou de la société, surtout pas pour le divertissement
suranné qui nous occupe. Dors tranquille djihadiste, emplis tes chargeurs et
tue aveuglément, nous, nous continuerons à chialer, à allumer des bougies et à
scotcher des dessins d’enfants… c’est moins dérangeant que de se révolter et puis
n’est-on pas caché par le nombre et le hasard ? Alors, avec un peu de
chance…on passera entre les gouttes de toutes les émotions. Enfin, au moins
tant qu’on n’aura pas << Récupéré la bravoure >> des toros. Mais pour ça il faudrait en avoir
récupéré un peu soi-même.
6 commentaires:
Au moins, nous, on sortira pas déprimés..
Très belle photo de très beau toro, qui ressemble à un requin. N'est ce pas Pedroplan?
Exact ! ce toro a un aileron ! il doit y avoir la pique fichée en lui de l'autre côté (précision pour les ''nuls'')
Non, non, c'est pas une histoire de pique, c'est vraiment un requin !
faut arrêter l'herbe qui fait rire Pedroplan!
C'est mon côté nature, Chulo.
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