Extrait
de ''Les corps râlent'' dans ''L'espoir en Contrebande'' de Didier
Daeninckx publié au Cherche Midi
Une
sorte de murmure a attiré mon attention. Je me suis approché, et le
chuchotis a pris des accents de plainte. Apparemment, ça venait des
toilettes. J'ai fait encore quelques pas et j'ai incliné la tête en
direction de la voix. Sous la lumière crue du néon, un homme d'une
trentaine d'années, habillé de sombre, se tenait droit devant les
lavabos, les lèvres agitées par une sorte de tremblement, le regard
fixé sur son reflet que lui renvoyait la glace. Je me suis concentré
pour saisir les paroles qu'il psalmodiait.
- je vous en supplie Seigneur... Je fais tout ce qui est en mon pouvoir de simple mortel... Je respecte votre parole dans chacun de mes actes, mais des pensées me viennent, m'assaillent, m'envahissent... je leur résiste du mieux que je peux. Il m'arrive pourtant de voir mon esprit quitter les lignes des livres saints et s'égarer vers ces chemins tortueux et boueux. Oh ! Seigneur...
A
ce moment précis, il a commencé à se débraguetter en pleurant, il
a tiré sur son slip, sorti une queue en formidable érection et
soulevé ses couilles à pleines mains.
- Mais pourquoi, pourquoi m'avez-vous mis ça entre les jambes ! Oh ! Seigneur, je n'en peux plus, aidez-moi je vous en supplie...
Un
bruit de cavalcade, sur les lames du parquet, a brusquement mis un
terme à sa transe. Il a repris ses esprits en même temps qu'il
rangeait ses organes dans son pantalon. Quand j'ai battu en retraite,
deux gamins m'ont bousculé et sont entrés, essoufflés, dans les
vestiaires.
-
Bonjour mon père...
- Bonjour les enfants.
Je
me suis fait la tête de l'innocent qui arrivait sur leurs talons.
- Bonjour monsieur l'abbé... Si vous avez un moment avant le cours de chant, j'aurais aimé vous parler... Je m'appelle Jean-Luc Mestrem et j'enquête pour le compte de la famille sur le meurtre des deux filles de Véronique Borain. On pourrait se mettre dans le bureau du fond, sous le portrait de Pie XII...
Il
a eu un sourire un rien condescendant.
4 commentaires:
bon, faut pas exagérer non plus. Concentration et un petit strabisme qui rend ledregard pluis inquiet.
Tu parles du curé ou du peon ? ;-)
du banderillero!
Le personnage est d’autant plus poignant dans son éloquente prière que la présence d’enfants, puis d’un meurtre et d'un narrateur enquêteur-accusateur, accentuent une culpabilité peut-être injustifiée. On croit tenir la fin qui va peut-être, au contraire, nous surprendre.
Bref on a grande envie de lire ce recueil !
Gina
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