En
1858 dans les grandes plantations de Louisiane, la vie n'est pas
coton pour tout le monde. C'est en quelque sorte le postulat de base
à partir duquel Tarantino tisse l'histoire d'un des couples de ces
quatre millions de noirs déportés qui furent exploités avec
indignité, humiliés cruellement jusqu'aux sommaires exécutions
seulement dictées par le mauvais vouloir de maîtres inhumains. Soit
un terreau fertile pour le Western, ce genre souvent mu par le
ressort de la vengeance. Mais ici, le plat se mange très chaud et le
héros est un anti-héros motivé par l'amour qu'il porte à sa femme
soit le cas de figure idéal pour que le spectateur lambda noue avec
lui d'étroits liens d'identification. Enfin, du moins pour ceux qui
aiment leur femme. Aimer, au sens absolu, donc chimique s'entend,
c'est à dire ceux qui sont en couple depuis moins de trois ans. De
quoi réduire le sous-ensemble du spectateur lambda... qui devait
déjà l'être par sa couleur de peau. Armstrong je ne suis pas noir,
je suis blanc de peau... mais quand il faut chanter l'espoir...
(Nougaro)
Ici,
le héros (Jamie Foxx) n'est pas le vengeur emblématique attendu, le Charles
Bronson ou le Clint Eastwood, non, ces figures-là tiennent plutôt
le rôle des méchants comme ce rôle de propriétaire machiavélique
qui sert beaucoup mieux un Di Caprio quittant enfin l'adolescent
bouffi transi d'amour ou le père de famille hagard, pour prendre
plus d'envergure. Ou encore Christoph Waltz même s'il est moins
impressionnant dans ce rôle de dentiste itinérant que dans sa
fantastique prestation de colonel SS de Inglorious Bastards, qui
reste très convaincant dans ce rôle d'un personnage fin stratège,
connaisseur de l'âme humaine, raidissant - au besoin seulement - les
incultes barrant son passage, en de distingués assassinats toujours
précédés d'une fine allocution au riche vocabulaire pour arguer
d'exquis raisonnements finalement ponctués par la fatale syntaxe de
son colt.
C'est
donc un jour cette redoutable fine équipe d'un intellectuel
humaniste désireux d'aider un musclé revanchard, tous deux fines
gâchettes, à retrouver la femme de ce dernier, une jolie esclave (Kerry Washington) que tous les
hommes séquestreraient volontiers, qui arrive enfin à la propriété
où elle est pour l'heure enfermée nue dans ''l'étouffoir'', une
cuve métallique en plein soleil, histoire de lui inculquer quelques
rudiments des bonnes manières en pleine adéquation avec le service
zélé de ces magnanimes employeurs, comme la brimade, le viol, le
fouet, etc, bref, la routine. On n'est là bien sûr plus très loin du déchaînement de Django, l'esclave libre.
On
restera toujours surpris par le traitement ''Tarantinien'' de ce qui
blesse ou tue, ces impacts de balle aux bruitages et dégâts
largement exagérés avec geysers de sang sous pression qui donnent
parfois le sentiment d'avoir basculé dans un jeu vidéo. Alors
allons-y pour les super gargouillis de dégâts vasculaires, les
résonances en écho de ''traversée de barbaque'' puisque c'est sa
signature. Pour ma part, cela nuit à l'impact... que la scène
pourrait avoir sur moi, dans sa crédibilité, mais bon...
Vous
sortirez de là rasséréné, chaque chose ayant repris sa place, le
héros anti-héros kidnappant sa moitié radieuse sur son beau cheval
blanc, le couple se retournant pour assister au feu d'artifice final,
l'explosion multi-flammes de la maison du mal enfin purifiée où
tous les méchants finissent leur carbonisation rédemptrice.
Tarantino vieillirait-il ? Pas forcément, le western est un
genre simple faisant appel aux émotions de base, non ? Il nous
repose, ne remettant jamais la logique en question et c'est peut-être
pour ça qu'on l'aime et qu'ils nous rassure. Non ?
4 commentaires:
OUI !
Merci Marc. Voilà une reseña qui m'exempte d'aller voir Django (en fait, ce n'était pas prévu) ...
1°) Parce que "mon" western est définitivement fossilisé dans mon panthéon idéalisé d'enfance
2°) Parce que je n'aime pas les Tarentinades et leurs ultra violences hémoglobinaires gratuites
The end
Puis-je en profiter pour te donner du ''travail'' ?
Va voir BLANCANIEVES et fais nous ta resena por favor...
C'est déjà fait .... reseña en gestation ... cerveau un peu en déroute .... retour au reptilien ?
Enregistrer un commentaire