mardi 2 septembre 2014

Party Girl












Note : Camera d’or au dernier festival de Cannes, le rôle-titre de ce film est joué par celle dont ce fut la vraie vie. L’un des trois jeunes réalisateurs est son propre fils.



Entraîneuse de bar, c’est pas une vie… C’est pourtant celle qu’Angélique a toujours menée, depuis l’âge tendre jusqu’au rides et rives désabusées de la soixantaine.  Alors bien sûr, elle n’a plus que très peu d’interlocuteurs à encourager vers la boisson et ses confidences nocturnes, et l’ennui, progressivement, gagne. Il n’y a plus guère que la cigarette pour tenir compagnie. D’autant que, pour dire vrai, sa clientèle, ces dernières années, se réduisait au fidèle Michel. L’habitué, la vieille connaissance, celui de la complicité, des accointances et de la sécurité. Le respectueux et tendre Michel.

Seulement voilà, Michel ne veut plus payer pour ''voir'', il veut un couple, un vrai, qui s’aime et se dispute et comme les autres, fait face à la vie. Se marier, y croire, aplanir l’intimité, avoir confiance.

Soixante ans, c’est l’âge raisonnable de la retraite, pour une entraîneuse de bar, une pompe aspire-solde à soldat et autre trompe-couillon solitaire, non ? Et ce n’est pas tout le monde qui peut jouir à ce moment-clé, d’une si gentille proposition, si ? En tout cas, les copines de comptoir l’encouragent au réalisme, à l’acceptation de l’idée saugrenue avant qu'elle devienne trop défraîchie et pathétique...

Inconsciemment peut-être, Angélique en acceptant le mariage tout en demandant « un peu de tenue » avant la nuit de noce libératrice au patient Michel, va s’appuyer sur ce doux, gentil, tendre, naïf et compréhensif gros nounours, pour enfin sortir des marges, s’approcher de la norme et renouer avec tous ses enfants dont elle n’a pas toujours pu suivre les parcours et dont les pères sont ignorés. ‘’L’institution mariage’’ lui permet de renouer, de sceller, de dire, de s’entendre dire, qu’elle est aimée de tous, malgré cette vie dissolue.

Voilà le hic : nyctalope assumée. Ce statut peut-il s'offrir un débouché ordinaire ? Tout mariage se termine par ce brumeux concept – ne serait-ce que parce qu’on est déjà au petit matin…-  de ''nuit de noces'', où il faudrait absolument faire l’amour en terme de clou de la cérémonie, alors que personne n’en a plus envie, épuisé, alcoolisé et hagard, étourdi d’émotions.

Mais si Angélique elle, n’en a jamais eu envie, pas plus cette nuit que les autres nuits, c’est qu’elle n’a jamais été amoureuse d’un Michel qu’elle aurait plutôt perçu comme son assistant social personnel, son ami, son associé dans sa quête…

Le bon Michel, lui, comme tout gros nounours amoureux et dévoué, a cru, mais alors connement, comme un homme si vous voulez, que s’il y avait une évidence élémentaire, un minimum sentimental revendiqué, capable de pousser deux êtres à cette contrainte nommée mariage, c’était bien qu’ils soient amoureux l’un de l’autre.

Eh non, hé, gros couillon, à pleurer au bord du lit : enfuie l’Angélique pour retrouver l’addiction de ses nuits vides, vaines, viciées peut-être, mais nécessaires. Partie girl.


5 commentaires:

Anonyme a dit…

On est surpris :
que le mariage reste une condition de vie respectable et digne, qu'une femme de soixante ans avec ses rides soit demandée en mariage, et qu'un Nounours amoureux se meure d'amour pour elle, il y a longtemps que littérature et cinéma ne nous avaient pas, je crois, habitués à cela.
On a envie de voir le film.
Gina

Anonyme a dit…

Intéressant ! Les gros nounours sont rares !!

Anonyme a dit…

et pour cause !!!

Anonyme a dit…

quelle cause ?

Anonyme a dit…

<< Eh non, hé, gros couillon, à pleurer au bord du lit, abandonné >>

ça vous suffit pas, comme cause ?

On cause, on cause... mais bon, faut suivre !