Je
n’ai eu que quatre maîtresse depuis que j’ai l’âge de virilité ; c’est peu
en regard des innombrables garçons avec lesquels j’ai fait l’amour, et, pour
dire vrai, je le regrette. Je sens constamment tout ce qui me manque à vivre
sans femmes, et qu’une connaissance extrême, corporelle, de l’humanité ne s’acquiert
qu’auprès d’elles. J’ai mesuré la vanité d’une chair qui ne se perpétue pas
dans la chair ; et dans l’orage qui parfois m’entourait de toutes parts,
les éclairs illuminaient ces cavernes désertes et glacées où se promène le
Solitaire ; qu’une main de femme m’eût été douce au front, que j’aurais
aimé la voix d’une femme qui dit « mon ami » et qui veut dire « mon
amant », ce vouvoiement qui tutoie ; que j’ai souhaité de rencontrer
ces dévouements absolus et concrets qu’on ne rencontre que chez les femmes,
cette soumission de l’esprit qui est une sorte d’esclavage librement consenti,
ces attachements fervents et durables qui font qu’une femme marche, trente ans,
appuyée au même bras. Ce besoin qu’à tout homme d’être le Dieu de quelqu’un et
qu’exauce une femme en laquelle brûle le besoin complémentaire de veiller en
vestale au temple de l’amour, ce besoin d’être aimé, admiré, approuvé à coup sûr, que toutes les femmes n’assouvissent
pas sans exception, mais qu’une femme seule peut assouvir, je l’ai vivement
éprouvé.
Maurice SACHS
1 commentaire:
Quand même, je ne connais pas ce Maurice sachs, mais je me demande qui est ce "solitaire" dans les "cavernes désertes et glacées"!Brrrrrrrrrrrr!!!!
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