Pour votre punition, la voici.
Message à tous les non-retenus : si comme moi vous avez ressenti le plaisir... de l'écriture à la concevoir, il est là, votre salaire !
M’as-tu rencontré ?
Que
mon sang s’échauffe ou que j’analyse froidement, la vérité nue m’indique que je
l’ai toujours désirée avant même de connaître son existence. Un peu comme si la
prééminence de l’instinct, cette dictature de ma condition profonde, l’avait
toujours emporté sur la réalité charnelle.
Tout en moi la désirait déjà. Ma peau, mes muscles
et mes os, mes mains pour en caresser l’idée, mon cerveau pour en appréhender les
formes. Mes paupières l’imaginaient, mes yeux la cherchaient, mes fantasmes
l’envisageaient. Avec mes pieds j’ai marché vers elle sans désemparer, avec mon
dos j’ai soutenu la verticalité qu’un homme se doit d’afficher.
Je la souhaitais dans tous mes actes,
dans toutes mes pensées.
Mes projets ? C’était pour elle que je
les réalisais. Pour elle, je développais
des goûts élégants, des intérêts savants, des raisonnements discriminants. Je
me cultivais. Son influence était prédominante, elle me rendait meilleur, elle
m’accompagnait de sa présence stimulante.
Qu’aurait-elle dit dans telle situation ? Aurait-elle pensé que j’avais agis tel qu’elle l’aurait espéré ? L’aurais-je déçue ?
Qu’aurait-elle dit dans telle situation ? Aurait-elle pensé que j’avais agis tel qu’elle l’aurait espéré ? L’aurais-je déçue ?
Elle
était l’évidence et le secret, elle était en moi, comme un mystère intime qui
nimbait mes émotions. Si je me lavais, c’était pour elle. Si je me dépassais,
c’était pour elle. Notre promiscuité devrait lui être agréable. Si je me
parfumais avec cet effluve féminin si bien nommé de Lancôme, c’était pour créer
le sillage par lequel elle me retrouverait et alors, oui, la vie serait belle.
J’essayais d’être ouvert, tolérant, d’étouffer la jalousie. Surtout ne pas être
commun, ne pas être vulgaire, survoler avec dédain la bassesse ambiante,
démontrer une intelligente distanciation, ne pas être gauchement viril mais
subtilement masculin.
Elle a parfois fait mine d’ouvrir ses
bras. J’aurais tant aimé sa chair, j’aurais aimé la mordre doucement, jusqu’à
la limite douloureuse qu’elle m’aurait indiqué d’un regard, je me serais repu
de sa texture parfaite maintenue loin de ces frontières que sont la déception
de la mollesse et l’inconfort de la dureté. J’aurais souvent souffert aussi,
croyant la séduire, l’apercevant si proche, amie et conquise pour la découvrir
ingrate et inconstante, s’échappant avec un autre, tellement douée pour
mépriser ma peine, me forçant à donner le change, à simuler le bonheur qu’elle
en épanouisse un autre, un autre aussitôt débile comblé, étourdi par la
félicité de son choix. Tandis que j’aurais été là, gisant parmi les vivants,
cœur fracturé, éperdu de douleur, ne ressentant plus rien que l’envie de tuer
ou de mourir.
Combien de nuits alors,
aurais-je passé à imaginer les siennes ? A lui, ses respirations exaltées, à
lui la griserie du succès, la perception de toute puissance, le sentiment de
reconnaissance ; à lui le velours des regards mouillés, la moire d’autres yeux
qui soudain l’enviaient.
Je suis sûr qu’il
baisait ses pieds moins bien que je l’aurais fait. Y a-t-il seulement pensé ?
C’était pourtant la moindre des gratitudes
morales de démontrer allégeance à cette beauté qui d’un coup vous octroyait
toute sa confiance. Elle, qui d’un battement de cil l’avait détaché de la fange
de l’innombrable, distingué, élu. L’avait-il seulement entretenue avec talent
et respect ? Avait-il répondu à ses attentes ? Exaucé ses vœux d’amoureuse
exclusive ? Avait-il été aiguillonné, se mettant à nouveau au travail avec
humilité ou était-il resté là, béat, à jouir, maladroit, d’un succès qui n’aime
rien tant que surprendre et être surpris ?
A imaginer ses mains
velues sur la soie de ses cuisses nues, à imaginer ses inspirations goulues de
la fragrance acidulée de son mont de Vénus, à entendre malgré moi battre à mes
tempes ses soupirs, j’ai cru perdre la raison. A essayer encore et encore de la
faire mienne, j’ai cru me dénaturer. A m’aventurer sur des chemins qu’ignorait
ma nature, j’ai bien failli me perdre. Si encore elle m’était toujours apparue
comme un lointain fantôme diaphane, un phénomène inaccessible, j’aurais pu
acquérir l’humilité qui sied aux modestes. Cette petite mort des réalistes que
l’on nomme sagesse. Mais ça, ce n’est pas pour les passionnés, non, c’est pour
les résignés, les rationnels, les instruits de la marche du monde, tous ceux
dont je fuis l’influence, ils sont tellement déprimants. Moi, à tort sûrement, mais
vibrant, je l’ai toujours imaginée proche, je voulu qu’elle me reconnaisse,
qu’elle me trouve talentueux, singulier, qu’elle me trouve littéral, conçu pour
elle comme une ancre pour le navire, vous arrimant à la juste place,
l’hospitalière, où vous savez être abrité de toutes les tempêtes, apte à
fomenter un nouveau départ, une grande traversée.
Et puis un jour, avec
le merveilleux de sa qualité première, l’inattendu, l’impensable s’est produit,
elle a surgi et m’a choisi. Je l’ai tout de suite reconnue, elle était
tellement tout ce que j’avais souhaité, elle était tellement belle…
Elle s’appelait
‘’Victoire’’, elle était nouvelle.
16 commentaires:
Eh bien te voilà bien puni.de ta retenue Il fallait mettre "Bite, Couille, Con, Cul, Foutre" dans ta nouvelle et tu serais sélectionné ! Petit conseil d'ami : Garde le en titre pour le PH. Et tu attaques : "C'est ce que se répétait mezza voce Manolo en se signant comme les collègues, au début de chaque paseo..."
Trop courte !
Bonne idée pedroplan, tu devrais l'écrire. Mais tu te rends compte si elle gagne, le boulot du graphiste en 1ere de couv pour illustrer ça ? pire que Guernica...
Trop longue !
C'est pas tellement pour le graphiste que je m'inquiéterais. Mais après, pour aller signer le recueil dans les écoles...
ou alors en maternelle, à l'âge où les enfants ne comprennent rien et sont accompagnés par leurs jolies mamans...
Trop soft !
Trop noeud-noeud...
Trop pas assez, alors, si on tient à résumer les commentaires.
trop court, trop long, trop tard!
je n'ai jamais parlé de chute à la con en plus!
je ne me serais pas permis!
chute psychanalytique à tiroir en plus : Victoire qui peut être le prénom de la dernière femme conquise et "Victoire" d'un concours de nouvelles...!
Bref, il est pas beau mon Frascuelo, chulo ?
frascuelo oui!
Il faut un bon dosage dans une nouvelle érotique avec des mots ni trop crus ni trop soft. Dans votre histoire cela est beaucoup trop soft, cela manque de désir, de passion, de sexe...En revanche vous ne tombez pas dans la vulgarité et c'est déjà un très bon point...Je vous encourage, c'est quand même un très beau texte.
Trop cul-cul quoi... un comble pour une nouvelle érotique...!
Peut-être n'ont-ils pas compris qu'il s'agissait d'un bordel ?
A être trop subtil, parfois...
Fabien
Alors Fabien, tu es papa ?
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