Trophées,
le retour. Un marronnier. Au lendemain d’une feria de Nîmes, de n’importe
quelle feria de Nîmes, la généreuse distribution de ''noneilles'' interpelle
toujours… On a bien compris que le
succès médiatique d’une feria et surtout l’auto-promotion entretenue de la
suivante, se mesure en nombre de tympans. C’est un marqueur indubitable.
De
la tomate pourrie – qu’il faut penser transporter dans un sac étanche avant de
se rendre à l’arène - à l’ovation debout en vuelta fleurie - … pour les fleurs
aussi… - l’applaudimètre permet pourtant pas mal de nuances.
Car
cette attribution de trophée est désormais tellement subjective que l’on parle
de « sensibilité » prise en défaut quand on vous reproche d’en donner
trop ou pas assez. L’inculture
généralisée réelle ou feinte, a déjà fait disparaître les oreilles au mérite,
les oreilles de lidia, celles des faenas non artistiques mais valeureuses,
ayant contre toute attente réussi à tordre un toro dangereux.
Eh bien là, on
s’en fout, pas de récompense, rien, no passa nada…
Autrement
dit, le type vient de mener un combat extrêmement dangereux où son intégrité
était en jeu, mais parce qu’il n’était pas possible ''d’enluminer'' la faena d’hypocrites
passes décoratives à cornes passées qui pèsent sur l’ignare public, il ne s’en
trouve pas un seul pour dire au plus
grand nombre en les interpellant : respect, bravo, ça c’était fort !
Or
- comme dirait Yann Moix - quoi de plus émouvant et beau qu’un jeune homme
courageux, acier et tissu en main, domine un monstre de colère et de
sauvagerie ? mmm ? Personne pour accuser réception de sa valeur et de
son courage ? Alors qu’on est prêt à excuser illico le monton de ceux qui
auraient renoncé… A qui on peut certes s’identifier plus facilement grâce à
notre médiocrité ordinaire.
Ne
serait-ce pas judicieux qu’il y ait, quelque soit l’arène, de basiques critères
d’attribution pour que ces trophées aient une valeur à dénominateur commun,
partout compris ? Sur le principe logique qui autrefois régissait un peu
mieux le truc, on pourrait revenir à plus de sagesse. La faena étant un
ensemble complet se donnant pour but la suerte de matar, si celle-ci est ratée,
pas d’oreille. C’est pas si grave ! Quand, à Nîmes même, dans les années
quatre-vingt, Paco Ojeda commettait des faenas extraordinaires mais ratait sa
première épée – et parfois sa treizième… - il ne coupait pas… ce qui ne l’empêchait
pas de recevoir une vuelta triomphale et reconnaissante de ce qu’il nous avait
fait voir à la muleta. L’attribution d’une oreille devrait rester un fait rare,
pour une faena construite et bien terminée, la première récompense étant le
salut applaudi à la barrière et la deuxième, la vuelta.
Certains
''empêchements'' devraient interdire la première oreille : une épée ratée
on l’a déjà dit, un toro plus ou moins impotent aussi (on ne va quand même pas
récompenser un type pour avoir occis un invalide ou un toro qu’il a fallu aider
à tenir debout, si ?! ). Le fait de ne s'être jamais croisé, ou de n'avoir pas essayé de la main gauche. C'est même proverbial : les oreilles se gagnent de la main gauche, entendait-on il fut un temps...
L’attribution
de deux oreilles devrait être un fait exceptionnel, devrait saluer une faena
construite, maîtrisée, engagée, bien terminée et qui a confiné au sublime par l’inspiration
artistique qui la guidait. Quand l’esthétique rejoint la domination et la
transcende : rarissime !
La
queue ajoutée à ces deux oreilles, alors là… on devrait réserver ça à quelque
chose dont on parlera encore dans trente ans – et encore, je fais des
concessions, j’avais écrit cinquante…- quelque
chose qu’on pourrait qualifier – en s’entendant bien sur la définition du mot quand
même…- d’Historique avec un ''H'' majuscule, oui. Un truc vraiment marquant,
qui a déversé des hectolitres d’encre et de pastis au sortir de la course. Un
truc qui a fait frissonner, pleurer, régresser, qui a épanoui, je sais moi, un
truc bouleversant quoi, qui reste dans la tête, comme un coin indélébile et se
couche dans les livres. Et surtout, un truc obtenu devant un grand toro.
Pour imprimer la mémoire collective, il ne suffit pas de réussir quelques séries sur une
jolie musique pour couper une queue… La faena brillante, réussie de Juan
Bauptista, qui s’en souviendra dans trente, non vingt, non dix, non… bref, qui
s’en souviendra l’année prochaine ? Oui, toi, peut-être, mais ''tu ne seras
pas très nombreux !''
17 commentaires:
bref, c'est ce qu'on nommait la décadence, l'usurpation des valeurs! Quoique, lorsqu'il s'agit de fric, si on parle de décadence, on passe pour un gauchiste attardé. Casas a besoin d'oreilles, il n'est pas le seul mais lui plus que tout autre, question d'ego. Le plus triste et décadent est que le public marche ce qui, à court terme sone le glas de la corrida!
pas de pléonasme chulo ! (gauchiste attardé... ;-)
Oui, mais ces oreilles ça fait tellement plaisir à notre gentil public qui tient tant à se persuader d'avoir été là le jour où l'Histoire s'écrivait... Sans compter que les présidents tiennent à aller boire le pastis tranquilles. Imagine-t-on DJ Valade obligé de passer la nuit dans le toril pour n'avoir pas cédé à la pétition ? Plus sérieusement, il faudrait déjà tenter l'expérience du président qui servirait toute une feria... Mais ce stakhanoviste du palco, il le faudrait compétent, et en la bonne ville de Nîmes, je n'en vois qu'un pour l'heure, Laurent Burgoa qui a peut-être d'autres chats à fouetter...
Toi, moi et chulo au palco ! ;-)
soit un gauchiste attardé, un écrivain raté et un humoriste taurin... ça aurait une de ces gueules...
On enverrait les avis dès qu'un gars commence à nous ennuyer...
oh putain, oui ! et on ferait assassiner à la pique tous les invalides, tous les afeités, en faisant des doigts d'honneur à Casas... ;-)
Et on inventerait les demi oreilles pour mieux graduer les récompenses. Ou alors on oublierait à la maison les mouchoirs à oreilles et on monterait au palco avec un casque intégral et des boules Quiès.
pire, au plus fort de la bronca quand dégringoleraient les bancs en pièces détachées on se lèverait pour saluer la foule aimablement
Tiens ça me fait penser à l'Ave Maria et aux rouleaux de PQ des broncas du temps jadis...
ARTICLE 83
Les trophées octroyés aux matadors consistent en salut au « tiers », tour de piste, concession d'une ou de deux oreilles du toro abattu et la sortie sur les épaules par la porte principale de la plaza. L'éventuel octroi de la queue sera laissé à la seule appréciation du Président.
Les trophées seront concédés de la manière suivante :
•les saluts et le tour de piste seront effectués par le matador conformément aux souhaits du public qui, par ses applaudissements en aura exprimé le désir.
•la concession d'une oreille sera accordée par le Président sur pétition majoritaire du public. L'octroi de la seconde oreille sera de la seule compétence du Président qui pour se faire, prendra en compte la demande du public, le comportement de l'animal pendant le combat, la bonne conduite de celui-ci dans tous les tercios et le travail réalisé tant à la cape qu'à la muleta et, principalement, la façon dont l'estocade a été portée.
La découpe des appendices sera effectuée en présence d'un alguazil qui sera à son tour chargé de les remettre au matador. La sortie en triomphe (« a hombros ») par la porte principale de la plaza sera permise seulement lorsque le matador aura coupé deux oreilles au moins au cours de la course .
S'il y a pétition majoritaire du public, le Président pourra ordonner au moyen du mouchoir bleu, le tour de piste de la dépouille de l'animal qui l'aurait mérité par sa bravoure exceptionnelle au cours du combat.
Le ganadero ou le mayoral pourront saluer ou faire un tour de piste si la majorité du public le réclame.
ARTICLE 84
Lorsqu'un animal aura mérité d'être gracié en raison de son excellente présentation et son excellent comportement dans toutes les phases du combat sans exception, notamment en prenant les piques avec style et bravoure, le Président pourra dans les circonstances qui suivent, accorder cette grâce afin que l'animal puisse être utilisé comme « semental », après les soins nécessités par son état physique et ses blessures, et participer ainsi à la préservation et l'amélioration de la race et de la caste de l'espèce.
La grâce devra être demandée majoritairement par le public ainsi que par le matador concerné qui en manifestera expressément le désir. Il sera de plus indispensable que le ganadero ou le mayoral de l'élevage concerné fasse connaître son accord pour l'intermédiaire d'un alguazil.
ou pourrait innover, couper les oreilles, la queue et les poubignoles du taureau!
et lors de la vuelta il pourrait lancer les pou-roubignoles sanguinolentes aux élégantes des premiers rangs... comme ça, elles agiteraient un peu moins leurs mouchoirs au prochain coup...
Pas du tout ! Elles les tripoteraient rêveusement en comparant tristement avec celles de leur élégant. Ah, il s'en mouillerait des petites culottes !
pedroplan, premier aviso....
Bon, bon, eh bien puisque c'est comme ça, je pègue un bajonazo de gala, et voilà, la messe est dite... Mais que vois-je ? Ces cons là applaudissent et agitent leur mouchoirs ! Et même l'élégante du premier rang qui brandit sa culotte pour que je m'en éponge le front lors de la vuelta !
pedroplan, deuxième aviso...
C'est bon, je file la tête basse... J'ai dit la tête, hein !
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