vendredi 31 décembre 2010

Super Mario brossé par Jacques Durand

vl11z.jpgJ'adhère à Campos y Ruedos de Nîmes et de partout et à Culture Aficion de Paris : s'il y a un type qui mérite une large diffusion et qu'on a intérêt à lire, qui fait l'unanimité quoi, dans ce monde d'empoigne qu'est l'aficion - le privilège du talent- c'est bien jacques Durand. Aussi j'emprunte au site de Lutèce un article paru sur Mario Vargas LLosa. Allez y faire un tour, il y a d'autres articles.


Un Nobel en habit de lumières


Présent à Stockholm début décembre pour recevoir le prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llosa a d’abord été fait membre d’honneur de la peña taurine Los Suecos. Ensuite et devant le roi de Suède, il a mouliné un long discourt où il a fait l’éloge de Flaubert, Tolstoï, Faulkner, Sartre, Orwell, Cervantes, Quevedo, D’Artagnan, Jean Valjean, etc. A Stockholm, il s’était fait accompagner. Par la montera de Curro Romero, celle qui avait appartenu à son ex-beau père le torero Antonio Márquez, «le
Belmonte blond».

Pierreries. S’il a trimballé la relique chez les lithériens scandinaves, c’est pour attester son attachement à la corrida et manifester son goût pour Curro Romero. Dont il a écrit que le culte amoureux que Séville lui vouait frôlait la pornographie. A 9 ans, à Cochabamba en Bolivie, l’auteur de la Ville et les chiens jurait à son grand-père qu’il serait le «Manolete du Pérou». Il venait de voir sa première corrida, une novillada. Il racontait récemment à Abc combien ce spectacle «de la grâce, de la violence, de l’élégance et de la vaillance» l’avait ensorcelé et exalté. Sa famille était aficionada. Lui toréait ses cousines, dont Gladys qui, en apprenant un jour qu’une fille ne pouvait pas devenir torero, s’était effondrée en larmes. Son grand-père lui parlait de Rafael El Gallo, lui apprenait le nom des passes, le sens des tercios, le danger des Miuras. Il admirait son cousin Mito Mendoza qui, selon la légende familiale, avait toréé de vrais toros dans des tientas. Son oncle Juan et sa tante Lala possédaient un morceau de vrai choix : une cape de paseo jauneet or ornée de pierreries ayant appartenu au mythique Belmonte. Le torero l’avait offert au père de Juan qui la gardait dans une malle. Du papier de soie et des boules de naphtaline la défendaient des mites.

Etudiant dans l’Espagne des années 50, Vargas Llosa sera impressionné par «l’intelligence et la créativité» de Dominguín, la «lenteur, la sérénité et la beauté à l’état pur» de l’art d’Antonio Ordoñez, torero qu’il suivait de ville en ville, sur qui il voulait écrire un livre et qui l’ arrachait de [son] siège» (1). Aujourd’hui, c’est Jose Tomás, vu à Lima, qui l’impressionne.

Valses. En Espagne, s’il courait les plazas de toros comme spectateur, il en foulait aussi le sable comme danseur de valses créoles et de marineras dans un groupe folklorique péruvien. Le nouveau Nobel est admirateur d’Hemingway sauf pour les œuvres qui traitent de tauromachie. Il estime qu’Ernesto n’est pas arrivé «à capter le cœur de la fiesta», trop considérée «comme un spectacle sportif». Il a cette année condamné l’interdiction de la corrida en Catalogne, «opération politique sans fondement sérieux».

En avril 2000, les maestrantes de Séville l’ont invité à prononcer le discours inaugural de la feria. Il avait débuté son allocution par ce que lui avait dit un de ses amis : que faire le pregón de la feria de Séville est «plus important que de gagner le Nobel». Finalement, Super Mario, qui soutient que la corrida «est une des plus audacieuses et plus évidentes manifestations de la créativité humaine», a obtenu les deux.

J.D.

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