dimanche 15 avril 2012

A mi, no me gusta hablar...

''Morarte'' de Anderduque n'est pas un film, pas vraiment un reportage ni un documentaire. C'est, et déjà le verbe être ainsi conjugué, semble péremptoire et on lui rajoutera donc ''peut-être'', une trace partielle et aléatoire d'un des types les plus insaisissables que vous puissiez rencontrer : Morante de la Puebla. ''Morarte'' contraction capillo-tractée de ''amor'' et ''arte'' rapporté à ''Morante'', olé, putain.

A l'issue de ce ''film'', on se demande si le type est fou, ou égotique surdimensionné ou romantique décalé, à moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une typologie standard de ''torero Andalou'' ce qui nous est déjà terriblement exotique, vous en conviendrez.

Aux réalisateurs du ''film'' il a donné deux jours, pas plus, pour graviter autour de lui. Il a demandé qu'on ne le voie pas toréer mais on le voit quand même un peu, il a voulu que ce soit tourné comme un poème, ou composé comme une musique. Et qu'y voit-on ? José Galan maquillé en toro dansant dans un théâtre de Cadix en contre-chant des images du maestro. On a donc notamment la chance de voir tienter un type en pantalon vert pomme et tee-shirt japonais, un puro cubano toujours à la bouche et coiffé d'un chapeau ad'hoc quand on est torero de là-bas. On s'aperçoit qu'il écoute du flamenco partout et tout le temps : en toréant, en voiture, dans la salle de bains, etc...

Pour le reste, l'oeuvre n'étant pas encore sous-titrée, pour comprendre les vieux aficionados andalous dans les bars, sans la traduction de l'obligeante Maja Lola qui brillait par son absence, bonjour ! Nous avons donc eu la chance d'assister en avant-première en France à la projection de cet oTni dont Valade parfois valable (adjoint au maire) fit fuser l'idée de le reprogrammer à Nîmes lors du festival flamenco de janvier prochain, soit une raison supplémentaire pour y ramener sa fraise (hein Ludo?)

Morante nous apprend qu'il vit seul (chez papa et maman?) et que c'est très bien comme ça. Puceau, abstinent ou client régulier des puticlubs, on ne sait et il est vulgaire de se poser la question, alors pourquoi venez-vous la lire ici où ne règne jamais aucune garantie d'y échapper ? Ce travail tend à expliquer par quel lien, un homme de cette terre, va un jour, rencontrer un toro qui lui est destiné. Un toro de sa terre, qui vit là, non loin, et l'attend, peut-être pour fusionner avec lui, dans le tourbillon de l'amour, du courage et de leur destinée commune, dans un temps où en quelque sorte il ne ''s'appartient'' plus, n'est plus que le produit d'un instinct, d'une âme, d'une culture et d'un psychisme teinté dans la masse, à l'Andalousie natale. Peut-être... ou peut-être pas.

Je me suis souvenu de ce vieil aficionado féru de Séville, qui m'avait dit un jour :

- Il y a beaucoup d'aficionados qui connaissent des trucs sur les toreros, bien moins, qui savent quoi que ce soit sur les toros et enfin très peu qui savent quelque chose non pas, sur l'art du toreo, mais savent reconnaître l'art dans le toreo.

Morante contribue à nous enseigner un peu de ce mystère y compris par défaut quand les réalisateurs nous livrent l'anecdote de cette approche tentée encombrée de perches micros et de caméras en bandoulière, tendant fébrilement ces appendices interrogateurs métalliques et agressifs et leurs questions impudiques et avides, ne recevant de la figura après un long silence pesant et un regard les toisant de bas en haut, qu'un laconique :

- a mi, no me gusta hablar...


Soit, par cette courte déclaration, toute la difficulté à rendre compte de façon documentaire d'un être décalé qui est dans l'amour, le parfum, l'âme, le mystère d'un art éphémère, impalpable et indicible auquel personne finalement y compris et peut-être même surtout les taurins, si pénétrés de certitudes, ne comprennent... rien. Pour lui, Morante le ''Belmontien'' et aussi pour Tomas plutôt d'obédience galliste (Joselito ''El Gallo'' ) un autre parallèle développé par l'auteur dans la discussion qui suivit. Comme d'habitude les absents peuvent s'en mordre les doigts.

La peña Morante de Nîmes étant à l'initiative de la venue de ce ''film'' chez nous, peut-être pouvez vous faire de même chez vous - une idée en passant - en les invitant, peut-être en vous connectant là :

www.morarte.tv


7 commentaires:

Michele.Sebbah a dit…

Dommage pour les amoureux de Morante que nous n'ayons pas su, nous à Marseille, par exemple, que ce document fût programmé.
Pouvons nous avoir l'adresse de la pena Morante pour les contacter ? Peut être pourrons-nous, avec la création récente d'un club taurin, lancer une invitation ?
En tout cas, merci beaucoup, Marc, de nous avoir transmis l'info et pour votre article bien sûr.
Amicalement,
Michele Sebbah

Marc Delon a dit…

Hélas, enfermé dans mon cabinet à rééduquer des pauvres du matin au soir, je ne connais personne... je crois me rappeler que cette dame s'appelle Mme Constant...

Sinon, avec le lien direct des auteurs...

Ludovic Pautier a dit…

Tu n'es pas journaleux leuleu mais tu aurais pu prendre la peine de te rencarder un pelin . Je ne lis pas "Hola" , en fait si aux retretes quand je suis en Espagne,mais quand même : Morante en est à sa seconde "convolation" en justes noces, sa femme actuelle s'appelle Elizabeh Garrido et il est papa de deux rejetons dont la dernière est née fin Mai 2005. Mais peut-être Morante fréquente-t-il les putis clubs ? là, Hola n'en souffle mot.
Sûr que si l'an prochain Morante est à Nîmes pour le festival i'll will be back.et même sans ça. c'était trop bien comme psalmodie les djeun's.

Ludovic Pautier a dit…

euh fin mai 2011, la mona, con perdon de la palabra, de joseph antoine.

Marc Delon a dit…

ouais mais nous à la traduction on avait "El Andaluz" célèbre peon tailleur de luces...

Pedroplan a dit…

Puceau après deux mariages ? Elles devaient être a contra estilo !

Marc Delon a dit…

contra estilo... j'adore cette expression...