mercredi 9 mai 2012

Drapeau Marseillais

Depuis le port de l'Estaque : La Cagole et la Fanny

Zezette, une cagole de l'Estaque, qui n'a que des cacarinettes dans la tête, passe le plus clair de son temps à se radasser la mounine au soleil ou à frotter avec les cacous du quartier. Ce soir là, revenant du baletti ou elle avait passé la soirée avec Dédou, son béguin, elle rentre chez elle avec un petit creux qui lui agace l’estomac. Sans doute que la soirée passée avec son frotadou lui a ouvert l'appétit, et ce n'est certainement pas le petit chichi qu'il lui a offert, qui a réussit à rassasier la poufiasse. Alors, à peine entrée dans sa cuisine, elle se dirige vers le réfrigérateur et se jette sur la poignée comme un gobi sur l'hameçon. Là, elle se prend l'estoumagade de sa vie. Elle s'écrie :

 - Putain la cagade ! y reste plus un rataillon, il est vide ce counas ! En effet, le frigo est vide, aussi vide qu'une coquille de moule qui a croisé une favouille. Pas la moindre miette de tambouille. Toute estransinée par ce coquin de sort qui vient, comme un boucan, de s'abattre sur elle, Zezette résignée se dit :

- Té vé, ce soir pour la gamelle, c'est macari, on va manger à dache. 
C'est alors qu'une idée vient germer dans son teston. Et si j'allais voir Fanny ? se dit-elle, en la broumégant un peu, je pourrai sans doute lui resquiller un fond de daube. Fanny c'est sa voisine. Une pitchounette brave et travailleuse qui n'a pas peur de se lever le maffre tout les jours pour remplir son cabas. Aussi chez elle, il y a toujours un tian qui mijote avec une soupe au pistou ou quelques artichauts barigoules. Zezette lui rend visite. 

- Bonsoir ma belle, coumé sian ? Dis-moi, comme je suis un peu à la déche en ce moment, tu pourrais pas me dépanner d'un péton de nourriture ? Brave comme tu es je suis sûre que tu vas pas me laisser dans la mouscaille ! 

En effet, Fanny est une brave petite toujours prête à rendre service. Mais si elle est brave la Fanny elle est aussi un peu rascous et surtout elle aime pas qu'on vienne lui esquicher les agassins quand elle est en train de se taper une grosse bugade, ça c'est le genre de chose qui aurait plutôt tendance à lui donner les brégues. Alors elle regarde Zezette la manjiapan et lui lance :

- Oh collégue ! tu crois pas que tu pousses le bouchon un peu loin ? Moi, tous les jours je me lève un tafanari comaco pour me nourrir ! Et toi pendant ce temps là, que fais-tu de tes journées ? 

- Moi, lui répond la cagole, J'aime bien aller m'allonger au soleil ! ça me donne de belles couleurs et ça m'évite de mettre du trompe-couillon.

- Ah ! tu aimes bien faire la dame et te radasser la pachole au soleil, et bien maintenant tu peux te chasper. Non mais, qu'es'aco ? C'est pas la peine d'essayer de me roustir parce que c'est pas chez moi que tu auras quelque chose à rousiguer, alors tu me pompes pas l'air, tu t'esbignes et tu vas te faire une soupe d'esques !


(je ne me souviens plus de qui est ce texte...)



Voici quelques définitions pour vous éclairer un peu sur le parler marseillais : "avoir des cacarinettes dans la tête" (cacarinette= coccinelle) être étourdi, avoir du mal à comprendre. 
"se prendre une estoumagade" : se faire une frayeur. 
"une favouille" : un crabe 
"être tout estransiné" : être plein de tristesse. 
"c'est macari" : c'est raté. 
"se lever le maffre" : faire des efforts, se lever l'âme. 
"un rascous" : un gros radin. 
"esquicher les agassins" : écraser les orteils. 
"manjiapan" : personne grossière, sans manières, sans-gène. 
"se lever un tafanari comaco" : se lever un cul comme ça. 
"rousiguer" : ronger (un os) 
"aller se faire une soupe d'esques" : envoyer promener quelqu'un.

3 commentaires:

"Jiès Arles" a dit…

Salut ami ... ça pourrait bien être du "Philippe Carèse" ... ton "truc" ... A voir ?

Marc Delon a dit…

Mèfi que je me péssugues pas à t'escagasser, toi... ;-)

Anonyme a dit…

Par chance est accouru
Cacarinant et réjoui
Le scarabée au bel habit.
"On les aura les rascousis,
Unissez-vous, mes jolies,
N'allez pas vous escagasser
Stridulez, stridulez.
Des vermisseaux à rousiguer
Moi vous en donnerai".
La Fontaine