jeudi 27 janvier 2022

Teasing 6 : la préface

 

Franchement… vu du côté de celui qui la demande, la préface est le pire péché d’orgueil qui puisse se commettre, non ? Vous n’êtes pas d’accord ? Quand même, c’est difficile de faire pire : vous osez demander à la référence du genre, the pointure, el numéro uno, le taulier, d’écrire un truc flamboyant tout à votre gloire, saluant le génie de votre ouvrage !

Si c’est pas immodeste ça… faut un sacré culot pour penser avoir la légitimité de venir chatouiller la plume du maître à son exclusif service ! Eh bien je l’ai eu… Bien m’en a pris, il a accepté.

Jacques Durand, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a toujours eu une grande importance pour moi, à plusieurs titres. Je le lui avoue ici. D’abord comme tout le monde, par la jubilation éprouvée à le lire. Chaque fois que je lisais un de ses textes, j’étais enthousiasmé par ses trouvailles et en même temps effaré de constater que jamais je ne pourrais ‘’m’approcher’’ de lui. C’est en effet pour celui qui se pique d’écrire, à la fois un bonheur – si votre moral est bon – et une inhibition – s’il flanche – de lire ses resenas parsemées de génialités.

Un jour il m’a envoyé un message :

« Alors ce blog, il se réveille quand ? »

What ? Première nouvelle, Jacques Durand me lit ? Et quand il ne le peut plus, il s’impatiente en plus ? Il déposait là une première couche de confiance en moi. Deuxième couche avec vernis durcisseur incorporé, un jour dans un de ces textes – j’aurais du le découper, le plastifier, l’encadrer – il faisait allusion à moi en ces termes :

« l’écrivain nimois Marc Delon… »

P’tain la coïncidence, j’ai un homonyme dans ma ville… me suis-je surpris à penser spontanément… avant de me rendre compte qu’il parlait bien de moi.

What ? Écrivain, moi… ? Il n’avait pas l’air de se moquer en plus… Hahaha… bref d’un seul mot il venait de m’aider à endosser un statut auquel je n’aurais osé prétendre, qui planait là-haut dans la stratosphère inaccessible, non loin de la station spatiale internationale, coucou Pesquet. Et ça ne venait pas de mon marchand de patates des halles par ailleurs incollable sur la Bintje, ça venait de Jacques Durand. Cet adoubement surprise avec vernis permanent brillant et durcisseur intégré m’aidait à croire en moi tout au fond de mon petit cœur tout mou.

Bref, je savais ma chance d’avoir son accord pour la préface et je m’attendais bien sûr à un chouette texte. Mais pas à ce chef-d’œuvre. Cette préface est extraordinaire. Non, je ne suis pas le petit malin qui vante le truc pour sa pub même si je l’écris sous le titre ‘’Teasing’’6.

Cette préface est extraordinaire. Très au-delà de ce que j’espérais. Elle m’a époustouflé. Cela vous  sera facile à vérifier par ce petit exercice de français :

Quand vous aurez ce livre en mains, lisez-le sans passer par la case ‘’préface’’, digérez-le, puis imaginez qu’il vous incombe de l’écrire… allez, on s’y met, la soupe est avalée, la table débarrassée, prenez une feuille et un stylo, rédigez…

C’est fait ? Une heure ou huit jours après, peu importe. Soignez le style, et puis le reste, fouillez vos connaissances, recrutez vos références, associez vos idées, développez, soyez inédit, original, élégant, spirituel, liez le tout avec maestria. Réserver en lieu sûr. Revenez-y. Corrigez, ciselez, reprenez. C’est fait ?

Lisez maintenant la préface de Jacques Durand.

Relisez la vôtre.

Compris ?

C’est cruel, hein ?

Je vous l’avais dit… Elle est extraordinaire.

Alors moi je dis, merci Jacques.

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