Franchement… vu du côté de
celui qui la demande, la préface est le pire péché d’orgueil qui puisse se
commettre, non ? Vous n’êtes pas d’accord ? Quand même, c’est
difficile de faire pire : vous osez demander à la référence du genre, the
pointure, el numéro uno, le taulier, d’écrire un truc flamboyant tout à votre
gloire, saluant le génie de votre ouvrage !
Si c’est pas immodeste ça…
faut un sacré culot pour penser avoir la légitimité de venir chatouiller la
plume du maître à son exclusif service ! Eh bien je l’ai eu… Bien m’en a
pris, il a accepté.
Jacques Durand, puisque c’est
de lui qu’il s’agit, a toujours eu une grande importance pour moi, à plusieurs
titres. Je le lui avoue ici. D’abord comme tout le monde, par la jubilation
éprouvée à le lire. Chaque fois que je lisais un de ses textes, j’étais enthousiasmé
par ses trouvailles et en même temps effaré de constater que jamais je ne
pourrais ‘’m’approcher’’ de lui. C’est en effet pour celui qui se pique d’écrire,
à la fois un bonheur – si votre moral est bon – et une inhibition – s’il
flanche – de lire ses resenas parsemées de génialités.
Un jour il m’a envoyé un
message :
« Alors ce blog, il se
réveille quand ? »
What ? Première
nouvelle, Jacques Durand me lit ? Et quand il ne le peut plus, il s’impatiente
en plus ? Il déposait là une première couche de confiance en moi. Deuxième
couche avec vernis durcisseur incorporé, un jour dans un de ces textes – j’aurais
du le découper, le plastifier, l’encadrer – il faisait allusion à moi en ces
termes :
« l’écrivain nimois
Marc Delon… »
P’tain la coïncidence, j’ai
un homonyme dans ma ville… me suis-je surpris à penser spontanément… avant de
me rendre compte qu’il parlait bien de moi.
What ? Écrivain, moi… ?
Il n’avait pas l’air de se moquer en plus… Hahaha… bref d’un seul mot il venait
de m’aider à endosser un statut auquel je n’aurais osé prétendre, qui planait
là-haut dans la stratosphère inaccessible, non loin de la station spatiale
internationale, coucou Pesquet. Et ça ne venait pas de mon marchand de patates
des halles par ailleurs incollable sur la Bintje, ça venait de Jacques Durand.
Cet adoubement surprise avec vernis permanent brillant et durcisseur intégré m’aidait
à croire en moi tout au fond de mon petit cœur tout mou.
Bref, je savais ma chance d’avoir
son accord pour la préface et je m’attendais bien sûr à un chouette texte. Mais
pas à ce chef-d’œuvre. Cette préface est extraordinaire. Non, je ne suis pas le
petit malin qui vante le truc pour sa pub même si je l’écris sous le titre ‘’Teasing’’6.
Cette préface est
extraordinaire. Très au-delà de ce que j’espérais. Elle m’a époustouflé. Cela
vous sera facile à vérifier par ce petit
exercice de français :
Quand vous aurez ce livre en
mains, lisez-le sans passer par la case ‘’préface’’, digérez-le, puis imaginez
qu’il vous incombe de l’écrire… allez, on s’y met, la soupe est avalée, la table
débarrassée, prenez une feuille et un stylo, rédigez…
C’est fait ? Une heure
ou huit jours après, peu importe. Soignez le style, et puis le reste, fouillez
vos connaissances, recrutez vos références, associez vos idées, développez,
soyez inédit, original, élégant, spirituel, liez le tout avec maestria. Réserver
en lieu sûr. Revenez-y. Corrigez, ciselez, reprenez. C’est fait ?
Lisez maintenant la préface
de Jacques Durand.
Relisez la vôtre.
Compris ?
C’est cruel, hein ?
Je vous l’avais dit… Elle
est extraordinaire.
Alors moi je dis, merci
Jacques.
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