jeudi 20 juin 2013

La page de Jacques Durand du 20/06/2013

...Morante... a toréé avec ce qui apparaissait comme un bonheur d'être qui ne l'a pas quitté et a contaminé les spectateurs. Ce fut devant trois toros de condition différente comme une explosion jubilatoire de toreo "arrebujao", littéralement emmitouflé, comme disent les aficionados andalous. De toreo toujours dans le terrain du toro, toujours comme cousu avec lui, toujours hacia adentro, toujours ne faisant qu'un avec lui qui ne faisait qu'un avec lui-même et qu'un avec sa cape et sa muleta dans quoi il avait oublié son être borderline et déposé son art resplendissant...

... Sur le bravo Deseadito qui paraissait avoir un défaut de vision mais que Morante à force de douceur, de lenteur, de fluidité finira par mettre dans sa poche pour en mettre lui, plein la vue dans une faena de plus en plus habitée, de plus en plus sensible, une faena de deux oreilles voire plus, une faena lumineuse donnée au bord de l'onirisme, conclue par deux pinchazos et une estocade a recibir aussi soudaine que foudroyante. A Istres, à travers son absence de mécanisation et de "rascado" d'accord brusque disent les guitaristes, l'art de la conjonction chez le disjoint Morante témoignait aussi de l'efficacité de la finesse et de la puissance de l'harmonieux.

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