mercredi 20 mai 2009

LOS ENANOS encore...



Insatiable chercheuse de sens, Gina soudain interpellée par la tradition des nains toreros a demandé à une amie professeur d'Histoire ce qu'elle pouvait lui dire à ce sujet. Voici donc la réponse d'Annie Ferrer :
Au sujet des nains, on constate que c'est à partir de Charles Quint que les souverains espagnols affichent un goût malsain qui les pousse à s'entourer de nains, d'infirmes, de fous ou de bouffons qui les divertissaient. Les peintres de cour ont représenté très souvent et à la demande du roi, ces êtres anormaux ou difformes qui vivaient à la cour et dont les portraits ornaient les demeures royales. Philippe II et ensuite Philippe IV ont continué cette tradition mais c'est dans la cour baroque de ce dernier que Velazquez trouvera les figures les plus marquantes.
A noter que les artistes espagnols qui recherchaient dans un sujet plus le caractère que la beauté n'ont jamais rechigné à peindre ces malheureux mais que c'est Velazquez qui leur a donné le plus d'humanité. La société espagnole elle même, a travers la littérature picaresque, semblait considérer que ce type de handicap permettait de gagner sa vie, en suscitant la pitié ou une curiosité malsaine et certains parents n'hésitaient pas à estropier leur enfant.
En marge de cette curieuse conception du handicap, il y a le goût de la parodie qui a toujours existé en Espagne où les chansons de geste ont fini par être tournées en dérision, où Don Quichotte, au départ, n'est qu'une imitation burlesque des romans de chevalerie, et où, à la cour de Philippe IV, les bouffons(sans tares physiques ou avec) parodient tout le monde : nobles, toreros... y compris le couple royal et cela en toute impunité (voir sur ce sujet LA CONTROVERSE DE VALLADOLID par Jean Claude Carrière).
J'ajouterai à toutes ces explications une interprétation très personnelle:
les Habsbourg,à force de consanguinité, étaient tellement dégénérés eux-mêmes qu'ils devaient se consoler en voyant pire!
Je pars en cure le 24 mai et serai de retour le 14 juin.
Bon... ben... merci beaucoup Annie pour ces précisions et bonne cure alors !
Photographie de Cristina Garcia Rodero in "Espagne Occulte"

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Marc, car ces renseignements peuvent intéresser d’autres personnes et nous font reconsidérer cette photo où ils sont plus de sept...
Qu’ils soient grands nains ou nains plus nains, aplatis d’un béret ou écrasés d’un grand chapeau, ils affirment leurs différence dans une pose très virile.
Gina

Xavier KLEIN a dit…

Je suis toujours mal à l'aise quand un scientifique (une historienne) introduit des éléments d'appréciation morale (malsain!!!) sans se replacer dans le contexte et la mentalité du temps.
La Renaissance, c'est le temps de l'émergence de l'humanisme et de cet esprit de curiosité d'où sera issu nos démarches scientifiques.
Malsain? Si on veut. On peut aussi dire que l'importance du nain, conseiller du prince, jaillit de l'histoire. Il acquiert un statut plutôt valorisant (il est le fou et il est le sage) là où les anciens pratiquaient l'infanticide (il n'y avait pas de nain ce qui résolvait le problème...) et où le monde médiéval voyaient le diable.
Jamais les nains n'ont été autant valorisés, jusqu'à être portraiturés et être les conseillers des princes qu'à cette époque.
C'est vrai que nous faisons mieux avec Fort Boyard ou les concours de lancer de nains.
Il faut relire Michel Tournier...
Cordialement.

Anonyme a dit…

Merci de ces informations.
Michel Tournier, Quel roman?

Gina

Xavier KLEIN a dit…

Pardon Gina pour le retard.
Je crois que la nouvelle se trouve dans "Le coq de Bruyère". a vérifier.
Cordialement

Anonyme a dit…

Merci beaucoup. Je vais m'en occuper.
Bien cordialement aussi.
Gina