samedi 12 janvier 2013

TERRE ! Cria la Yerbabuena...

Est-ce le fait d'avoir récemment donné la vie qui fait partir la Yerbabuena en quête de ses racines pour analyser le terreau, le terroir d'où vient son enfant ? De cette terre dont elle se macule pour mieux en sentir les particules élémentaires ? La terre d'un pays en guerre civile, d'une nation qui se fracture, l'appétit d'orgueil des uns face à la soif de liberté des autres, d'un peuple qui se déchire, de familles qui se divisent, d'amis qui s'entre-tuent sauvagement sur cette terre éclaboussée de soleil qui se nourrit soudain de haine fratricide et s'abreuve du sang de ses fils ?



Que façonne-t-elle au tour de potier ? Une urne funéraire pour les cendres des morts, un vase pour les fleurs des champs putrides jonchés de cadavres ou une jatte pour garder le riz nourricier pour éviter une deuxième mort aux rescapés ? Je reconnais qu'il est assez difficile de le savoir et aurais-je seulement pensé qu'elle évoquait la guerre d'Espagne si je n'avais pas lu un article de présentation ? Se dévêt-elle de cette hispani de danseuse qui lui colle au corps, quand elle quitte ses robes pour n'être plus que dans le simple appareil d'une femme révoltée, triste, d'où sourt l'incompréhension face à tant de violence ?



On l'imagine sous la douche pour la récupération d'un aspect moins badigeonné d'argile quand apparaît le gominé de service au physique d'étalon fougueux, aussi pimenté qu'un chorizo fuerte, apte à faire frémir la ménagère de plus de cinquante ans d'un seul coup de talon rageur, venu crânement centrifuger son Pento sur son copain chanteur... Nature oblige, et fervent du mariage pour personne, j'ai plus goûté la fantaisie de sa partenaire, menue ingénue, ses exquises mimiques espiègles et ses postures ''craquantes''.

J'ai goûté aussi le combat de coqs de ces danseurs revenus torses nus et bermudas zoulous emplu-déplumés, grelots aux chevilles ou poignets, qui s'affrontèrent stylistiquement, si cambrés que tous les kinés de la salle avaient mal en L4-L5 et rétroversaient machinalement le bassin sur leur fauteuil, tandis que les ménagères en surchauffe déglutissaient de plus belle. (l'aile ou la cuisse?)



La prestation de la Yerbabuena ne m'a par contre pas paru spécialement ébouriffante même si elle esquissa avec son châle, une ''Serpentina'' digne des plus belles heures de Paco Ojeda... Mais j'avoue là mes limites, le spectaculaire n'étant pas toujours gage de supériorité... Un spectacle très applaudi au final qui ne restera toutefois pas dans mes personnelles annales, avec une danseuse moyennement tellurique et pas assez saignante pour l'évocation d'une telle guerre. Je rappelle pour la troisième année consécutive qu'il ne s'agit là que de l'avis d'un spectateur et pas d'un connaisseur. Mais quand je l'aurai dit dix fois je le serai peut-être devenu ? La Maja Lola qui complète habituellement la pareja de choc, improbable, viendra-t-elle à la rescousse ? Vous le saurez dans les prochaines heures... PHOTO DUZERT


 
Pas de « trip» avec la Yerbabuena



Le sujet, ambitieux, d’évoquer la guerre n’a pas été une réussite. Une scène plongée dans l’ombre où la lumière se brise sur les dos de trois hommes à genoux, deux femmes en pleurs et souffrance traversant la scène puis le claquement des fusils et la chute des corps ….

Voilà pour une entrée en matière tout à fait cohérente. Malheureusement, la suite du spectacle tombe dans un curieux mélange de styles.

Seule la Feria donne une jolie touche colorée avec notamment un Eduardo Guerrero et un Moisés Navarro époustouflants de force, de virtuosité et d’émotion, bien servis par une Mercedes de Cordoba en charmante « aguicheuse » courtement volantée fuschia almodovaresque qui ne démérite pas dans le zapateo et la grâce flamenca.

Le combat à mort entre les deux danseurs est sans nul doute le point culminant de ce spectacle. Toute mon émotion s’est cristallisée là.

Mais la grande désillusion de la soirée est …. La Yerbabuena. Si son zapateo est sans faute, sa danse est loin de donner le « pellizco » et encore moins l’émotion. Une gestuelle pauvre où un entêtant moulinet du poignet droit répétitif devient vite désagréable, un lever de bras asynchrone, sec et métronomique , et un vestuario morne et triste (elle avait même emprunté le fond de robe de sa grand’mère) ne sont pas à la hauteur des espérances de virtuosité.

Reste que certains tableaux rappelaient d’autres tableaux …. ceux de Goya et la guerre napoléonienne : le « Tres de Mayo », le Carnaval avec ses danseurs fous, un san-benito et des « peleles » au bout de piques guerrières qui ont dû certainement inspirer la mise en scène.

Quant à la musique, l’éclectisme était aussi de mise : j’ai reconnu un fond de comptine enfantine chantée souvent par les tunas, il y avait de la copla période franquiste costa del sol, de la rumba catalane ….

Restera de la soirée l’originalité du bain de boue de la Yerba qui m’a donné beaucoup d’inquiétudes quant aux moyens mis en œuvre par le technicien de surface pour le nettoyage des projections terreuses ….
                                                                               Maja Lola

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On a l'impression de rentrer d'un long voyage et de se retrouver chez soi.
Pas de poussière et ça brille !
Gina

el Chulo a dit…

Maja parfaite!

Je veux insister sur le fait que j'ai aimé le texte de Marc "new look", précis, sobreet riche.

Pedroplan a dit…

Marc, pour un peu, on aurait été inquiets