mercredi 3 juin 2009

Pour Oublier le Monopicotazo : CAMARITO

Dans cette série s'exprime toute la puissance de CAMARITO. La formidable poussée des pattes postérieures conjointe à la contraction des muscles du cou pour décoller du sol les quatre sabots du cheval, la violence de l'impact qui décale le piquero lors d'un coup de tête rechargé, l'impressionnante compression subie par le cheval qui de citadelle imprenable passe à chiffonnade informe. Une telle puissance qu'il en ressort d'ailleurs vierge de la moindre piqûre ! J'ai lu quelque part que ce toro était trop gros... Ne pas confondre obésité avec densité musculaire ! Quoi la tâche grise dans le coin inférieur droit ? Ben oui, la chevelure de la voisine de devant qui se redresse d'effroi pour mieux voir : tout le monde n'a pas accés au callejon. On remarquera aussi les deux bras levés du toujours trop zélé Bonijol qui tente depuis celui-ci de retenir l'ascension de son cheval. C'est pas du jeu, attention...! C'est dans le rond que l'on combat. Quatre piques pour ce toro, dont une première qui en valait deux et une dernière en matériel de tienta. Je reste persuadé qu'il aurait pu en prendre d'autres sans se décomposer. Il faut dire que cette année, entre la piste et la présidence c'était compliqué : on a vu la veille un piquero s'en aller sur ordre du torero sans que la présidence l'ait ordonné et aussi pour compléter le tableau de l'autorité une pique supplémentaire sciemment donnée alors que les clarines avaient signifié l'arrêt des hostilités piquantes ! Alguacillilo invisible...





















8 commentaires:

Anonyme a dit…

que de belles photos heureusement qu'il n'y en a pas que pour les toreros dans ce blog dans une corrida tous les acteurs ont leur part de travail à effectuer , n'est-ce pas ? en voilà enfin la preuve car je trouve que les piquadiros fournissent un travail remarquable et trés important dans une corrida .

Maria a dit…

Belles photos de Vic.
Une remarque cependant.
Ne vous méprenez pas à propos du "toujours trop zélé Bonijol qui tente depuis [le callejon] de retenir l'ascension de son cheval" : toute personne qui connaît les chevaux sait pertinemment que l'on ne peut pas retenir un animal en pleine action à la force du bras et surtout que l'on ne doit pas s'y risquer (600 kg en plein mouvement contre 70 !!). Qui plus est, intervenir de cette façon produirait l'effet exactement inverse, à savoir celui d'empêcher le cheval d'avoir tous ses moyens et d'être pleinement acteur de sa performance.
Ici, au pire Bonijol essaie-t-il d'éviter un dangereux gadin dans le callejon à Manuel Rivas en soutenant sa jambière. ce qui peut être pris pour un signe solidaire, au même titre que les banderilleros éloignent le danger quand un des leurs en a besoin à l'instant T.
Moi qui venait de Nîmes où le public applaudit quand justement la pique est fade ou mauvaise, ce fut une belle émotion et un réel bonheur de voir d'aussi belles et intenses rencontres menées dans l'ensemble avec maestria par des chevaux et des picadors dignes de ce nom.

Anonyme a dit…

Comment un taureau se précipitant d'instinct sur une cape qui bouge peut-il être irrésistiblement attiré par cette carapace lourde, terne et inerte? Est-ce l'odeur du cheval qui le met en rage?
Encore une de mes idiotes questions.
Gina

Marc Delon a dit…

Merci Maria pour la précision, il est vrai que les chevaux me provoquant surtout de formidables crises d'éternuements allergiques je ne m'y suis jamais trop intéressé...
Mais... si le peon est dans le callejon ça me gêne aussi...
Cet acharnement à l'encontre du toro est la seule chose qui me gêne en tauromachie, ça manque de noblesse, je m'explique : plutôt que d'indulter à tour de bras des abrutis invalides, je préfèrerais qu'on sauve ceux qui ont mis leur torero hors de combat. Par exemple la luxation du coude de Valverde : plus de torero = toro libre ! Au lieu que Robleno vienne le tuer. Car si quoiqu'il arrive il se trouve toujours un torero de plus pour venir à bout de la mort d'un toro comment défendre l'idée qu'il ait sa chance dans le cadre d'un combat digne ? Je sais c'est très naïf et utopiste mais ce serait, tenez, pour retomber sur nos pattes, plus "chevaleresque" !
De la même façon la coutume, si on m'a bien renseigné, lorsqu'un toro a tué un torero, d'éradiquer sa lignée, père, mère, frères, m'écoeure assez...
Quant aux toros dont on a pitié alors là je vire carrément dans le clan des anti-corridas : étonnant, non ?

Gina, je crois que le toro est un fauve qui a besoin d'un espace vital minimum autour de lui pour ne pas "choper les arcanettes" comme on dit à Aigues-Mortes... être énervé quoi... sinon il a besoin de passer sa colère car cela l'insupporte que l'on soit si près : ça ne lui est jamais arrivé de toute sa vie d'être provoqué ainsi dans une enceinte fermée, donc il charge !
Un peu comme les hommes fondamentalement polygames enfermés depuis quinze ans dans le mariage qui ruent soudain hors du foyer... (rut, même...)
Revoir le film "Mon Oncle d'Amérique" et la théorie de la conduite du fauve selon le cercle de distance auquel passe l'intrus : fuite (s'il passe au loin) inhibition (si à moyenne distance) attaque (si trop près)
Non ? c'est pas ça ? Moi ce que j'en disais hein...

Bernard a dit…

Marc - et Gina,

On peut aussi dire que le toro charge sur ce qui bouge (cape, muleta, ou mouvement du piquero et de cheval), et qu'il charge d'autant plus que "ce qui bouge" fuit, ou que "ce qui bouge" s'interpose entre lui et le lieu qu'il aura choisi pour s'y tenir (son "terrain" voire sa "querencia")... Et, sans cette capacité à charger, pas de "passes" possibles, donc pas de faena possible (quelle faena pour un toro devenu immobile?...). Et cela renvoie plus généralement - via les "cercles de distance" - à ce que l'anthropologue américain Edward T. HALL décrit dans "La dimension cachée" (Editions du Seuil - Collection Points, essais): tous les mammifères (donc l'Homme) possèdent une distance de protection (chez les animaux elle relèverait de l'instinct, chez nous de la construction culturelle); et, le franchissement de cette distance par un intrus (celui qui entre sans y être invité) provoque soit la fuite soit l'agressivité [faites délibérément l'expérience avec une personne non prévenue avec qui vous conversez et dont vous vous rapprochez insensiblement...]; à cett aune, il semblerait bien que le "toro de combat" soit un mammifère particulièrement sensible à ce qu'on empiète sur son "terrain" (surtout si on l'a sélectionné à cet effet depuis deux siècles!)... Quant à moi, la lecture de ce livre il y a bientôt 15 ans a éclairé d'un jour nouveau mon approche de la tauromachie.

Bien à vous (et, Marc, merci pour ces photos de Camarito!) - Bernard

Anonyme a dit…

Comment Marc ?
Le fait de mettre hors de combat son torero comme critère d'indulto ?!?
Donc si je comprends bien, que vivent les toros aux mauvaises manières patentes (alimañas et j'en passe...) sans classe aucune, voire sans aucune entrega, mansos de libro etc...
Moi le problème que l'indulto me pose est que pour qu'il soit prononcé, il faut aujourd'hui que le matador ait pu briller avec le toro.
Hors les plus grands toros, les grands braves, à la noblesse encastée et incandescente sont rarement dominés même quand ils ont la "chance" de tomber sur les plus grands... Donc aucune possibilité pour eux d'être indultés ni dans le système actuel, ni dans ta vision du toro qui met hors de combat physiquement le matador...
Je plaide pour la troisième voie !!!
Abrazo

Benjamin

Marc Delon a dit…

Non pas au sens de critère de grâce sur les qualités d'exception mais au moins ne pas mourir ce jour-là ! Après tout... Quand tu mets hors de combat ton adversaire, il est assez moral d'en être pas puni, non ?
C'est naïf, je sais....

Anonyme a dit…

Merci Bernard et Marc pour la qulité de vos informations. Merci pour la bibliographie.

Gina