dimanche 25 juillet 2010

Amour Indien



Qu'est-ce qui se passait, papa, quand tu étais petit et que tu chassais avec les Indiens ?
- Je ne sais pas ; Nick était éberlué. Il n'avait même pas remarqué que le gamin s'était réveillé. Il le vit assis là, sur le siège. il s'était cru seul mais l'enfant n'avait pas cessé d'être là. Il se demandait depuis combien de temps. "On partait souvent toute une journée chasser les écureuils noirs, dit-il. Mon père ne me donnait que trois cartouches par jour. Il disait que ça m'apprendrait à chasser et que ce n'était pas bon pour un gosse de tirailler dans tous les coins. j'y allais avec un garçon qui s'appelait Billy Gilby et sa soeur Trudy. Je me rappelle un été... nous sortions presque tous les jours.
- Quels drôles de noms pour des Indiens.
- Oui, n'est-ce pas ? fit Nick
- mais dis moi, comment étaient-ils ?
- C'était des Ojibways, répondit Nick, et ils étaient très gentils.
- Est-ce que c'était agréable d'être avec eux ?
- C'est difficile à dire", répondit Nick Adams.
Fallait-il dire qu'elle avait fait, la première, ce que personne n'avait fait mieux depuis ; fallait-il parler des jambes brunes et charnues, du ventre plat, des petits seins durs, des bras qui enlaçaient si bien, de la langue agile, des yeux plats, du bon goût de la bouche. Fallait-il parler ensuite de la gêne, de l'étreinte, de la douceur, de la moiteur, de la tendresse, de l'étreinte encore, de la souffrance de la plénitude et de cette fin qui ne finissait pas, qui ne finissait jamais et tout d'un coup était là, quand le grand oiseau s'envolait comme une chouette dans le crépuscule ; fallait-il dire que cela n'arrivait qu'en plein jour au milieu des bois avec des aiguilles de pin collées au ventre.
Ernest Hemingway "Pères et Fils" in Hemingway Nouvelles complètes

16 commentaires:

Maga Lola a dit…

Indélébile première fois.
C'est fou comme elle se grave dans nos mémoires et comme EH restitue l'empreinte laissée dans tous les sens du narrateur ; vue, toucher, goût, saveurs .... dans une nature complice. Aiguilles de pin pour Trudy, bottes de foin, luzerne fraîche et odorante, sable de plage à minuit pour tant d'autres ... cette nature généreuse et tentatrice nous donne tant ! Que ce soit chez les yankees comme chez les "gavots" chère Gina.

Marc Delon a dit…

Eh bien voilà, trèèèèèès bonne idée de lola qu'est Maja,qui lance un nouvel appel à textes : après "Pourquoi allez-vous voir les corridas ?" (dont la série n'est pas finie) voici

"Quelle était votre première fois ?"...

Avec qui, comment, pourquoi, où ? On veut tout savoir !
Perso je m'abstiens, vu que je n'ai absolument plus aucun souvenir de cette "indélébile fois" ! Elle avait du me droguer au GBH (isa ? GHB ? HGB ?)pour arriver à ses fins, sûrement.

Anonyme a dit…

Quel beau texte vous ont inspiré vos vacances dans un chalet canadien!
Qui n'a pas connu l'amour en pleine nature, - avec la peur des fourmis -! M.Lola a raison, on n'oublie jamais.
Et ici, cette manière si chère à Hemingway, cette osmose avec la terre, et la phrase en harmonie avec la douceur et la lenteur du geste, quand en plus on est en pleine campagne américaine, on se sent comblé. Merci Marc, un texte à relire, à retrouver, à garder et à plaquer sur son réfrigérateur.

Gina

Marc Delon a dit…

C'est ça... dans le frigo même, entre le Ketchup (lubrifiant hyperhémiant) et la saucisse de couenne (j'vous fais pas un dessin)

Maja Lola a dit…

Vaya, Marcos ! Quelle baisse de température abrupte (même pas besoin du frigo de Gina). Atterrissage brutal charcutier, même si la sauce est sensée jouer un rôle de facilitateur ... Como se nota que eres un hombre !
Alors, parler de la première fois ? Trop intime, trop perso. Les détails seraient un étalage impudique qui lèserait à jamais ce souvenir. Cette première fois étant trop chargée de symboles et, souvent, nous ayant impulsé à tout jamais notre façon d'aimer et .... de nous laisser aimer, même si la vie se charge de nous ouvrir d'autres horizons.
Je constate avec amusement ta belle pirouette pour te réfugier dans la supposée consommation d'une pseudo-dose de GBH !

Anonyme a dit…

Exact, M Lola, si Hemingway nous a fait fantasmer en douceur sur un léger nuage jusqu'au septième ciel, avec Marc, ce fut la chute brutale dans les épines et les cailloux.
On s'en va sympatiser avec Isa, je ne sais plus laquelle.

Gina

Marc Delon a dit…

Ah non, relisez... le frigo a été introduit par.... je n'ai fais que pousser l'idée, en la dénonçant...

Maja Lola a dit…

C'est vrai que l'apparition du frigo revient à Gina. Sauf que c'est le texte d'EH qu'elle voulait plaquer sur la porte du refrigérateur (avec de jolis magnets certainement représentant des cabanes de trappeur .... non ?)
Et que c'est toi qui as suggéré une entrée DANS le frigo pour le ranger parmi la cochonaille. Voui Môsieur !
Mais j'avoue que la perche involontairement tendue était facile à saisir, surtout pour le jouisseur de bonne cuisine que tu parais être. Même si la saucisse et le ketchup ne sont pas les ingrédients indiqués pour les bons petits mijotages que tu sembles concocter.

Marc Delon a dit…

c'est fou, non , je jouis en cuisine, je jouis en Espagne, je jouis en Lozère, je jouis dans le désert, je jouis partout... !

Quant au texte de PaPa, même s'il est à consommer sans modération, le ravaler à une affichette de frigo... cette Gina depuis qu'elle est aux "states" elle n'a plus aucun sens commun...

Maja Lola a dit…

Et bien alors ? Cher jouisseur "estampillé" ? Où est le mal ? Mieux vaut être qualifié (ou peut-être supposé qualifiable) de jouisseur que de râleur, pisse-vinaigre, "cul-pincé" ou que sais-je d'autre !
C'est ton hédonisme et le plaisir que tu sembles prendre à nous parler de ce que tu vis qui nous met peut-être sur une fausse piste ?
Allez, allez ! Il faut assumer ses plaisirs.

Marc Delon a dit…

eh ben... que dis-je d'autre : "je jouis partout" je peux pas dire mieux !
Qui veut jouir avec moi ? (me lise...)
Gina se trompe souvent je trouve : mes textes ne sont pas joyeux... ils sont peut-être marrants des fois mais joyeux... je ne crois pas...
le rigolo désespéré.

Anonyme a dit…

Mais c'est toujours la première fois, avec chaque rencontre... et en plus on ne sait jamais quand ce sera la dernière...

isa du moun (redescendue des Pyrénées)

Anonyme a dit…

Oui Marc, jouir le plus possible de tout, c'est aussi ma philosophie sinon... Et comme je m'approche souvent de mon frigo car il faut bien aussi vivre dans sa cuisine, autant étendre l'attraction à toutes les nourritures sans les mettre au niveau de la souvent délicieuse-charcutaille-cholestérol.
Rigolo, oui vous l'êtes, votre humour sait se glisser où on ne l'attend pas, (votre acidité parfois aussi). Il y a de la joie de vivre quand vous variez à l'infini le contenu et les couleurs de ce blog en sachant que des amis ( des vrais, peut-être) vous y retrouvent.
"Désespéré", on peut l'être tous, c'est notre condition d' humain qui nous y pousserait quand on se retrouve seul face à soi-même.

Un philosophe allemand à grand succès, que j'aimerais vous faire connaître, dont je recommanderais volontiers l'ouvrage, conclut par ceci, qu'il valait mieux "essayer de réaliser ses bonnes idées, remplir ses journées de vie et non sa vie de journées" sinon on serait tous désespérés...

Gina, espérant ne pas être trop "gnagna" et souhaitant à tous vos lecteurs une belle journée d'été. Tant pis pour la chaleur.

Maja Lola a dit…

Tout à fait d'accord Gina. Et votre passion pour la lecture rappelle qu'il n'est pas de lieu interdit pour ce plaisir.
Dans ce monde au rythme effréné et où les contraintes professionnelles nous font parfois oublier l'essentiel, cette citation recentre certaines choses. De qui est-elle ?
Un saludo caluroso

Anonyme a dit…

Bonjour.
La citation est la conclusion du livre de Richard David PRECHT, grand succès au long titre, qui se trouve partout :
"Qui suis-je et si je suis, Combien ? - voyage en philosophie.

brillant, drôle, impertinent.(commentaire de l'éditeur belfond.

Gina

Maja Lola a dit…

Merci Gina.
Vous êtes une référence-conseil irremplaçable.
ML