lundi 6 avril 2009

Ils sont venus, ils sont tous là...



Il y avait foule aujourd'hui, boulevard des Lices. A Arles, Pâques amène des oeufs de Rome, des toros d'Espagne et des touristes du monde. Assis à une terrasse ensoleillée que les feuilles naissantes d'un énorme platane n'ombrageaient pas encore, une daube de joue garantie par la carte, française et de taureau dans l'assiette, j'observais les gens qui passaient, en réfléchissant aux énormités entendues le matin devant les toros des corrales de la plus grande commune de France. C'est fou ce que l'on peut entendre et apprendre sur les gens en écoutant leurs commentaires. C'était tellement inattendu et débile que je ne m'en souviens plus... Ah, je perçois d'ici votre frustration : vous auriez bien aimé en rire avec moi... mais non, c'était si désespérant de bêtise et de méconnaissance que cela vous aurait attristés. Evidemment je n'ai pas pu me retenir et j'ai poussé le vice jusqu'à poser une question basique à un gars en train d'expliquer le "mystère taurin" à son ami. Ainsi bombardé expert par mes soins, il partit dans une série de contre-sens affligeants, censés éclairer ma lanterne et je pris alors toute la mesure de l'abîme qui sépare, "la foule" à ma droite, de l'aficionado à ma gauche. Ce n'est pas qu'on veuille se parer du statut et vous ne découvrez rien. Vous saviez déjà que la sensibilité aussi, avait changé. Les toros ne sont plus craints et n'inspirent plus le respect, mais la plupart -des femmes évidemment -, les plaignent, "Ooooh regarde comme il a des yeux doux, dire qu'il vit ses dernières heures, peuchère, etc..." d'où l'indultite, entre autres. Je finis par accréditer la thèse de cet ami que j'écoutais relativement indigné, (pour paraître "évolué" il y avait des femmes avec nous...) et qui nous expliquait que depuis qu' Elles viennent en masse à la corrida, tout est faussé ! Non, je ne développe pas, il n'a qu'à s'en charger, lui !
Il devait bien faire 24 degrés Celsius cette après-midi sous un soleil radieux avec les passants qui passaient... J'affectionne particulièrement cette situation : vous êtes à l'abri de votre poste d'observation et c'est un défilé permanent de curiosités qui s'expose à votre regard suiveur. Beaucoup de spectacles sont cocasses. Il y en a une qui arrivait du marché aux fleurs voisin, chargée de deux bougainvillées très hauts, que la poutrelle métallique de la tonnelle arrêta net. Ne pouvant se pencher au risque de perdre la terre de ses pots, elle passa la toise en une sorte de marche en canard grotesque comme celle des chiens qui ne cessent de marcher en déféquant ! Puis il y a eu celui "qui avait envie"... qui promenait sa grosse main brune sur les fesses de sa compagne, (malencontreusement vêtue d'une mini-robe, on aurait préféré ne rien en voir)... bien bas, prenant le temps d'en jauger leur arrondi alors que deux touristes japonais, offusqués, les suivaient en ralentissant pour échapper au scandale ambulant. Ensuite, l'épisode "baston canin" avec l'altercation d'un couple de caniches promenés par un couple de "momosexuels" comme disent parfois les enfants ; le mien disait "un homme humain" quand il reconnaissait un homosexuel. Je n'ai jamais compris pourquoi, à moins qu'il n'ait perçu d'instinct, combien il était parfois inhumain d'aimer une femme. Donc un couple de caniches avec un couple de bergers allemands promenés par un petit bout de femme qui semblait aussitôt montée sur des rollers jusqu'à ce qu'un micocoulier finisse par l'arrêter avec une élongation bilatérale des épaules. Voyez, vous ne me croyez pas... et pourtant... D'autres anecdotes? Oui, mais quel rapport avec les toros, mmmm ? Eh bien justement, moi qui n'avais rien demandé, ça m'ennuyait de ne pas savoir si ma joue de taureau garanti français, était de cocarde ou de corrida. Ou on trace ou on ne trace pas. J'ai jugé les précisions de la carte incomplètes.
Pour la première fois depuis longtemps, j'ai eu envie de vacances. J'ai pensé à mes copains qui partiront pour Séville le 23 voir le Cid et Morante : Salauds, va ! Moi, je paye ma maison... et je paye le fait que je la paye. Quand je serai mort, elle m'appartiendra. La chair de ma chair, enfantée dans la douleur, en jouira à ma place. Oui, parfaitement, enfantée dans la douleur : pendant l'accouchement, vous êtes là, comme un gland... parfaitement inutile... alors que votre femme hurle comme la pire scène de ménage ne vous a pas préparé à l'entendre, que vous ne servez à rien tandis que la vie de votre enfant que vous aimez déjà irraisonnablement est en jeu ainsi que celle de sa mère, et que tout est de votre faute car les conseils de Benoit XVI, vous les avez traités par-dessus la jambe ! C'est la pire des douleurs, aucune péridurale ne peut l'atténuer et personne ne la prend en compte, - y'a autre chose à faire, pensez ! -. Quant au congé parental, pour s' en remettre et profiter de sa septième merveille du monde, c'est pas pour vous, profiteur de nanti de libéral, va ! Faut être salarié pour en jouir : quand vous travaillez dix ou douze heures par jour, vous n'y avez pas droit, vous n'êtes pas fatigué !
Au fait, à propos de vacances, de temps en temps, interrompez cette lecture, déroulez plus bas et cliquez sur les photos des toros pour éviter de chercher vos lunettes. (garantis de corridas et d'Espagne). Je connais un poste d'observation encore plus fabuleux : du 14 Juillet au 15 Aôut, sur le quai du Grau du Roi, la terrasse du café de Paris. Alors là... c'est proprement, (attention mot à la mode) hallucinant !!! Faudra que je vous en parle un jour de ces bandes d'adolescentes bras-dessus, bras-dessous, qui sucent des glaces à l'italienne, de ces épaules belges brûlées au troisième degré, de ces grosses mémères qui montrent leur derrière en cherchant des moules dans les rochers... On se croirait en 1962...
Déjà là, sur les lices, se promenaient quelques élégants en short et tongs, aux pieds blancas.
Sinon, deux corridas, Miura et Victorino, de cinq ans et demi, c'est plutôt bon ça... Les gens à l'entour des corrales ne parlaient que du poids. C'était à celui qui découvrait le plus lourd des toros... 680 Kg ce Miura ! Et l'âge eh, couillon ! Tu verras, dans dix ans, comme tu seras plus avisé toi-même ! Bon, c'est minuit. Demain, c'est Kiné toute la journée, alors votre blog préféré hein... reviendra quand il pourra et s'il en a envie. Ciao.
La photo c'est le lot de Domingo Hernandez.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Une belle photo de famille.
Ils ont le même regard curieux que l'auteur observant les passants. Mais leur poids ne les préoccupe pas.
Gina

Anonyme a dit…

Et un petit passage sur l'ordi entre deux patients, t'as toujours envie je suis sûre...
Histoire de valider quelques posts...
isa du moun

Marc Delon a dit…

Tant que je n'ai pas toujours envie d'un petit passage sur la patiente entre deux ordis histoire de valider quelques spermatozoïdes... ;-)

Alors ? L'émotion est à son comble au Moun après l'annonce des cartels de la fameuse empresa ? Tu pourrai venir nous raconter...