Triomphale imposture

On profita finalement de l'interruption de la pluie pour donner la Miurada. Affichée de 620 à 680kg, ce fut une Miurada très "moderne" : juste en forces avec deux gros mous sortis les premiers et d'autres qui s'agenouillèrent, voire se couchèrent, et certaines cornes étonnamment courtes pour cet encaste. Rien de notable au cheval car il ne faut pas confondre "accompagnement marché" et "poussée contrainte", sinon l'ineptie du public qui conspua copieusement, le piquero qui officia le mieux, chaque fois à la base du morrillo et dans le même trou, sous prétexte qu'il infligea trois piques à un toro qui en aurait supporté cinq sans broncher. Comprenne qui pourra... Aucun des trophées n' aurait été accordé dans une arène sérieuse, ne serait-ce qu'en raison des pinchazos qui précédèrent les épées concluantes. Et il est toujours désolant qu'une plaza préfère le discrédit pour auto-entretenir les retombées médiatiques. Qui y a intérêt comprendra...

Il y aurait un grand triomphateur du nom de Padilla, flibustier à rouflaquettes, sans doute arrivé par Caravelle sur le Rhône. Padilla fit du Padilla grand teint jusqu'au dégoût et jusqu'à la vulgarité, intercédant avec toujours autant de succès auprès du public pour peaufiner le "casse" des mouchoirs de la présidence. Des détails ? Pas la peine, vous imaginez très bien. Il prit beaucoup de risques à banderiller un toro qui ne s'élançait jamais puis lui coupait le voyage. Malheureusement être courageux ne suffit pas et le montrer de trop n'est pas élégant. Je le verrais mieux dans un cirque mimant la corrida en tournée aux USA comme Buffalo Bill le fit en Europe pour la chasse des bisons.

Rafaelillo, lui, a un gros coeur mais il n'est pas facile à un bréviligne de trouver toute l'amplitude nécessaire au calme et à la majesté, à l'immobilité aussi, ce qui transmet maîtrise et sérénité aux gradins. Meilleur à son second, il ne fut pas tellement salué à cause d'une fin longuette.

A Julien Lescarret échurent des toros posant plus de problèmes, le premier sur les deux cornes et il ne fut jamais en confiance. Pasitos atras et désarmés. A son second, il put voler une paire de naturelles trés engagées et valeureuses.

Que dire du showman à rouflaquettes et des oreilles qu'il pirata pour sa torchonnade mal tuée ? Olé, peut-être ? Mais alors un "Olé" du second degré plein de la dérision et de l'amertume qu'il inspire car si c'est cela un triomphe, moi je suis cosmonaute sur la lune. Padilla m'a furieusement donné envie de voir le Cid... C'est aujourd'hui, et dans les rafales de vent.