mercredi 11 février 2009

Sera difficil aguantar la emocion...






J'ai lu la bêtise pure, j'ai lu la cruauté nue de ceux qui se congratulaient devant le diagnostic de tétraplégie du banderillero d'El Fundi, Adrian Gomez Gil. J'ai lu qu'ils se réjouissaient de sa survie lui permettant de "profiter" de son triste sort. Je suis navré pour eux. Il me semble que lorsque votre pire ennemi est à terre, hors d'état de nuire, vous lui tendez la main avec ce minimum d'humanité qui, à cet instant, vous anime.
J'ai vu ces patients en centre de rééducation, la tête équipée d'un cerceau muni d'une touche pour qu'ils s'essayent à taper à la machine. De nos jours peut-être commandent-ils des ordinateurs de la voix... Adrian lui, se définit comme un banderillero modeste, el tercero, dans la cuadrilla d'un grand matador qui, dit-il, est grand aussi dans la vie. Grâce à lui, il a parfois tutoyé les nuages du bonheur de vivre si intensément ; mais un jour, alors qu'il exécutait un extra pour un novillero, le cinquième novillo de San Roman l'a catapulté dans le ciel de Torrejon de Ardoz. C'est le jeu. Et Adrian est retombé sur la tête, droit comme un pylône. Histoire connue. Trois vertèbres cervicales fracturées, lésion médullaire et encéphalique. Exactement comme si un doigt maléfique avait appuyé sur le disjoncteur de son névraxe.
Alors "Todos Somos Adrian" s'est inscrit sur l'affiche d'un festival à son bénéfice.
Dans le regard de Joselito, on a lu la consternation et dans celui du Fundi, l'effroi. Et puis la dignité aussi chez eux tous. Le risque, c'est le jeu. Le malheur qui rôde, c'est leur vie, et l'on voit alors chez l'autre comme une terrifiante mise en abyme de soi-même, expression d'un possible avenir. Adrian Gomez Gil, lui, se prépare aussi pour ce festival de Carabanchel, un lieu-dit sinistre, historiquement célèbre pour l'abominable prison éponyme où torturait le régime franquiste. Il ne s'agit pas de s'apitoyer, juste de constater : de la torture de sa prison à vie, Adrian se prépare à voir tous ces prestigieux toreros qui toréeront pour lui et il le dit "ce sera difficile de résister à l'émotion". Ne résiste plus Adrian, pleure un grand coup, pour une fois, même si cela n'est pas très torero. Car si on admire les toreros, c'est aussi parce qu'ils sont humains. Oui, le 1er Mars, à midi, quelqu'un sèchera tes larmes puisque tu ne peux plus bouger un doigt.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

.............Scandaleux!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Anonyme a dit…

la beauté de l'homme est dans sa nature, son hideux aussi.
Préférer l'animal à l'homme, c'est se haire et se bannir soi même de l'humanité.
A la bêtise crasse, ne répondre que par la dignité....

emma a dit…

cette histoire me touche beaucoup,la chance que l'on a d'avoir nos 2 jambes et nos 2 bras,alor que l'on se plaint si souvent!
ce me bouleverse de lire ca et d'imaginer sa vie ainsi que celle de sa famille......de ne plus pouvoir faire ce qu'il aime...sa vie se reduit a cligner des yeux....

Anonyme a dit…

Ce texte si émouvant sur le handicap d’Adrian rappelle la première nouvelle (Scarabée) de Catherine Le Guellaut. (Les Taureaux rêvent aussi. Voir blog 30 janvier ), Son torero handicapé mendie, accroupi par terre, n’osant regarder que les chaussures des passants indifférents, pas méchants - ce qui est peut-être pire. Il écoute leurs conversations à la sortie du bar des aficionados, espérant surprendre son nom oublié.
Ici, des toreros toréent pour Adrian. Mais après…?
Gina

Anonyme a dit…

je rejoinds l'avis d'émma , arrêtons de pleurer sur nos bobos du quotidien . de nombreuses personnes, voir des enfants souffrent en silence dans l'indérence générale.regardons autour de nous un peu de temps en temps et cela pourrra peut être nous rapporter des souvenirs à raconter à nos enfants ..........

Ludovic Pautier a dit…

peut-on juste s'incliner?
je crois que oui.
ludo

Anonyme a dit…

Marc,

Outre que l'organisation de ton blog m'a déjà permis d'archiver la photo de l'affiche du festival du 1er mars, saurais-tu comment se procurer un exemplaire "en vrai" de cette affiche (l'acheter serait comme "témoigner"...)?

Me revient un souvenir de ce qu'on pourrait dénommer l'honneur des gens de "bouvine" (c'est ainsi qu'on appelle, sur les bords du Rhône dont je suis originaire, le monde taurin, celui des "courses libres" et des "abrivados" - scandant les "fêtes votives" des villages de Grande et Petite Camargue...): il n'est pas rare, sinon constant, qu'à chaque réunion festive de ce "mundillo", quels qu'en soient le prétexte et le lieu - et si modestes soient-ils, la fin soit ponctuée par la musique et le chant repris en choeur de la "Coupo Santo" - en quelque sorte notre hymne national à nous Provençaux (jusqu'à être parfois plus honoré que la Marseillaise!)... Il y a quelques années de cela, à la fin d'un modeste déjeuner "au pré" auquel je participais avec des amis, la fanfare conviée se mit à jouer l'hymne habituel, et tout le monde se leva; près de nous se tenait un homme dont j'ai tout oublié sauf qu'il était assis dans un fauteuil roulant: dès les premières notes - et sans qu'ils se soient concertés, deux hommes de ce modeste public de bouvine s'approchèrent du fauteuil, saisirent l'handicapé chacun sous une aisselle et le tinrent debout pendant toute la durée de l'exécution de cette "Coupo Santo"... Il est des gestes "toreros" qui en valent bien d'autres...

Suerte para todos - Bernard

Marc Delon a dit…

Non, Bernard, je ne sais pas... en bas il y a imprimé par "sol" un sigle qui ressemble à celui de Barrera sol ? Sinon sur www.abc.es en y faisant une recherche il y a des liens d'articles et enfin peut-être en téléphonant aux transports "lapègue" à Hendaye, France qui ont leur pub tout en bas, pourraient-ils te donner une indication ?

Anonyme a dit…

Depuis l’annonce de ce cartel, je remarque que José Tomas n’est pas à l’affiche du festival pourtant fourni en figuras. Même si JT n’est pas mon torero préféré, j’éprouve beaucoup plus d’intérêt, et de très loin, pour Morante, cela aurait quand même eu de l’allure de voir son nom aux côtés des autres…
Puisque le sujet aborde indirectement le handicap, sachez que les professionnels du secteur voient actuellement la convention collective principale qui régit bon nombre d’établissements sociaux et médico-sociaux (la CC 66), attaquée par les syndicats employeurs (il y a eu grève le 29 et une autre est prévue la semaine prochaine). Si les objectifs des employeurs sont atteints, ce secteur qui voit déjà certains professionnel partir volontairement car fatigués du manque de moyens, ne sera plus du tout attirant et l’on va manquer de bras. Une précision, sarko n’y est pour rien, ce projet est dans les cartons depuis des années, le déclencheur a été une loi de 2002, et c’est qui qui était au gouvernement à l’époque ?
Lionel

Anonyme a dit…

Enfant, j'ai appris - c'est très loin - un poème de HUGO, je vous le livre, car il répond me semble-t-il, à l'humanisme de ces protecteurs des animaux

Mon père, ce héros au sourire si doux,
Suivi d'un seul housard qu'il aimait entre tous
Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
Il lui sembla dans l'ombre entendre un faible bruit.
C'était un Espagnol de l'armée en déroute
Qui se traînait sanglant sur le bord de la route,
Râlant, brisé, livide, et mort plus qu'à moitié.
Et qui disait: " A boire! à boire par pitié ! "
Mon père, ému, tendit à son housard fidèle
Une gourde de rhum qui pendait à sa selle,
Et dit: "Tiens, donne à boire à ce pauvre blessé. "
Tout à coup, au moment où le housard baissé
Se penchait vers lui, l'homme, une espèce de maure,
Saisit un pistolet qu'il étreignait encore,
Et vise au front mon père en criant: "Caramba! "
Le coup passa si près que le chapeau tomba
Et que le cheval fit un écart en arrière.
" Donne-lui tout de même à boire ", dit mon père.

Anonyme a dit…

pour pedrito
quelle est la distribution des rôles ?je ne comprends pas qui joue quoi.
isa