mardi 8 juin 2010

Enfer au Pré et Diablotins au Purgatoire




Je suis sorti, samedi soir dernier… au pays des moustiques et des toros, non, taureaux, cornes-en-lyre, à Franquevaux. On est sortis entre mecs. Ouais… j’ai emmené '' Touf de Ouf '' mon fils de quinze ans et son copain Swan aux dix ans du diable. Vauvert s’entend. Parce que j’avais déjà remarqué qu’il n’y avait d’endiablé que le nom. Rien de très sulfureux, pas une seule danseuse topless, pas un strip démoniaque ni de partouze luciférienne spontanée dans les roubines, même pas deux femmes pour se rouler une pelle ou un string qui dépasse… aucune main baladeuse… rien… même les toutes jeunes mères ne donnaient pas le sein.
Ah ça… dans les nouvelles, ça bouffonne les auteurs : et vas-y, sors ton zinouflet inférieur que j’lui fasse un collier de mes ratiches, et tourne toi que je… bon, enfin, je ne vais pas vous faire un schéma, y’avait Eddie Pons et Natyot pour ça… ( Non, non… chacun séparément je veux dire…) Mais dans la vraie vie, tout ce petit monde était assez bien mis, avec parfois une petite touche d’originalité de ci de là… baskets ''aluminisées’’ intersidérales ou tee-shirt au graphisme improbable mais, où était le Diable, sinon sur les canettes collector de Redbull ?
Je suggère pour l’année prochaine, l’interdiction des enfants et une batucada de diablesses cubaines, vouaaaaais…rhââaaa. Couché, Touf de Ouf ! Faut que je me calme parce que depuis qu’il a averti ses copines que son père avait un blog, parait qu’on en fait des gorges chaudes sous les préaux du collège du Mont Duplan… ‘tain la honte… A quand une pétition des parents d’élèves pour me censurer ? Enfin… voir JOL les yeux mi-clos et la cuisse prisonnière dans le bassin d’une prêtresse du raeggeton, ouaaaah ce serait chaud-boyante !
Vous connaissez le raeggeton ? La fille de ma patiente Cubaine m’a montré une démo sur le net… les hommes font cercle autour d’une femme qui le danse à quatre pattes par une sorte de chaloupage frénétique du… on pourrait l’appeler ''popotin’’ mais ce serait niais, ''fessard’’ mais Jacouille et Cuba, c’est pas évident à lier… alors bon, on va dire ''cul’’ mais on l’aurait annoncé d’emblée, c’eût été trop abrupt vous êtes d’accord, tandis que là, ça s’impose. Faut voir ça une fois dans sa vie ! Fascinant comme ça capte le regard ! La lambada en comparaison c’est de la gym suédoise !! La danse Orientale, une pratique hygiéniste pour dévotes intégristes !!! Ouh Noun de Diou !!!! Faut voir les tensions que ça crée dans le cercle mâle ! Je m’étais permis un commentaire du style :

- C’est… suggestif…
- Non, c’est normal… qu’elle me rétorque la gamine de seize ans
- Oui, enfin… normal-chaud pour Caribéens, quoi… entre deux langoustes grillées sur la plage…
- Non, non, c’est normal chez nous…
- Bon, oui, enfin, je te rappelle que ta grand-mère n’a que onze ans de plus que ta mère quand même ! (véridique !)
- Noooormaaaal… !
- Ouais…normal…donc toi t’es une primipare attardée, finalement…
- Encore que ma mère elle a un frère aîné !
- Quoi ? Tu rigoles… ?
- Non, normâle… mémé a accouché à neuf ans… (very stick !)
- Gulp ! Bon, ben, OK, je serais une sorte de puceau, alors, moi, à Cuba…

Enfin, revenons à nos diablotins bien catholiques. Dès la fin de l’aprèm, un mec tout de gris-noir vêtu, m’a entrepris et ne m’a plus lâché de la soirée… Un oiseau de mauvais augure ? Il a effectivement commencé par m’annoncer que ma bonne journée programmée le 18 juillet à Barcelona tombait à l’eau : José Tomas ne reprendra pas de l’année. Je vous l’avais sous-entendu ici : rapport aux anticoagulants, sûrement. Bon… c’est sympa de m’avertir.

- Tu crois ? (que je lui dis, un rien désappointé, laissant ainsi la porte entrouverte au doute qui permettrait de ne pas assombrir d’emblée la soirée qui s’annonce, en laissant le gusanillo de l’espoir contrecarrer insidieusement la funeste révélation…)

- J’en suis sûr ! (qu’il te répond, te claquant la porte au nez…)

Bon, sympa, ok… Et puis il disparaît mais tu le croises de pastis en pastis, entre la ferrade et la capea et tu sens, qu’insensiblement, les cercles concentriques qu’il décrit autour de toi, se réduisent petit à petit. Et ne voila-t-il pas qu’il fonce maintenant carrément sur toi, te désignant d’un index impérieux, flanqué d’un acolyte au cheveu en brosse, un du grand Est, un Vosgien et qu’il te le présente en plus ! Tiens, v’la jean-paul qu’il fait, t’sais, Didierlaurent, celui qui a gagné le prix… Et là tu espères au moins que le type est un con, pour laver l’affront de ta défaite… Et ben non, un type simple et sympa, qui adore ton blog… qui a porté du ''Lomo de cerdo’’ vosgien fumé au bois de hêtre, de la crème de Munster au Gewurtztraminer et dont la charmante épouse te sert une part de crumble pomme-rhubarbe dont tu te pourlèches les babines où poussaient tantôt les crocs de la mesquinerie. Comme c’est, la vie, quand même…
Alors les Sudistes, avec leur manie légendaire de la galéjade, ils tentent bien de mettre le Vosgien en situation de rire un peu de lui avec une hypocrite invitation dans l’espoir qu’un torito le bachouchant lui fasse perdre un peu de son aura de lauréat, t’sais… Allez vas-y, attrape-le… tu risques rien... Mais c’est qu’il y va, le vosgien, et il s’en sort bien et t’es encore obligé de le féliciter dis donc ! Todo perfecto y total respect ! Encore une idée du type en noir, là… que tu retrouves pour la deuxième mi-temps de l’apéro. Et alors là, lui qui n’est pas le dernier pour écrire, qui passe même une bonne partie de sa vie à écrire, qui a mal aux yeux le soir tellement il a reluqué ses écrans dernier cri en écrivant, il déclare, tonitruant entre deux pastis :

- Mais à quoi ça sert d’écrire ? A rien…

Didierlaurent et moi, on se regarde dubitatifs et on lui répond des trucs d’une affligeante banalité :
- A prendre du plaisir, à en donner, à témoigner, à ne pas sentir passer le temps quand ça souffle en toi, à raconter des histoires aux enfants, à se faire désirer par les femmes… enfin, tout ce qu’on a sous la calotte cérébrale sur le moment.

- Ça sert à rien ! Si ! à un truc… ça sert juste à saouler ton ego !

- Meuuuuh l’aut’ hé, keski nous fait… (douzième pastis…) l’a le fado ou quoi ? Veut nous filer la scoumoune ? On né pa si cons kan mêm, si ? Depuis l’unanimité que le monde èèè monde, et kila b’soin d’se conter, ce serait k’dé mecs qui qui se pignoleraient à se faire mousser ?

- ‘xactly ! qu’il enfonce son clou en lampant son treizième pastaga…

- Eh dis donc l’Vosgien, file-lui une rondelle de Morteau, cause k’gé pô l’impression kyé k’son ego dessous… de saoûl (‘tain oùk’je mette le chapeau chinois le correcteur d’orthographe est jamais d’accord putain, ça se fait plus cette année,le sire kon flexe ? ou c mon PC kè trop con ?)

- OHOooo (expression vosgienne exprimée lors d’une ''pissée sur sapin’’ entre amis, dans la fôrêt (tiens, là, j’en ai mis deux, comme ça chui pu emmerdé par les chapeaux chintoks…) profonde. Y nous ferait pas le sy^ndrômê de l’êcrît vaîn ?

- Boudiou, tè vé… j’vé écouter ZOB délirer, l’a pô l’air marrant, c ça qué drôle !

Et je les laisse discrètement écluser entre lauréats, quatorzième, quinzième, dixième… faut pas toujours se mélanger aux élytres… chacun son rang, et les manuscrits seront bien gardés. J’aime bien prendre du recul, m’isoler sur un taon… un banc… allumer un puro… (putain, Eddie il le fume à deux son puro, avec sa femme, depuis cinq heures, et ils ne sont toujours pas arrivés au troisième tiers encore… incroyable… z’ont la succion ergonomique intégré ou une bronchite à condensation ? En tout cas, l’é bourré tout comme nous, vu qu’il a essayé de me convaincre que le premier tiers de la vitole était le plus suave… N’importe nawak ! Comme je le croyais pas, voulait me faire un dessin en plus…)

Bon, donc je suis assis sur mon banc et là kicéti qui déboule encore ? Le type en noir ! Peut-être qu’il me prend pour un curé car il se confesse, se répand d’admiration pour ce blog quasi génial que j’anime de mes petits doigts agiles, m’assure de sa connexion dès potron-minet, cœur battant et index fébrile, qu’il faut pas que je déconne – pas intérêt à l’arrêter du jour au lendemain, hein…- etc.

Entre-temps, sa femme s’est rapprochée et tend une oreille attentive, histoire de voir si le discours de son mari est toujours crédible… Mais, bien vite, de petits mouvements de dénégation désabusés se font voir… elle le tire par la manche et lui instille de rapides tirades qui ont l’air percutantes. J’imagine qu’elle lui dit des trucs comme : mais arrête de dire n’importe quoi… tu vois pas qu’il risque de te croire et qu’il va devenir de plus en plus infect ce type, si tu lui fais croire qu’il a du talent… Allez…viens… faut rentrer maintenant… Si ça se trouve dans leur salon quand ils ont parlé de moi, cela ressemblait à ça :

- Mais qu’il est nul ce Delon… Non mais t’as lu ses papiers ??? T’as vu comme il s’en croit avec son petit blog de merde, là…. ?

Merci pour les compliments, merci vraiment, beaucoup… mais faut reconnaître un truc :
Honnêtement, quand t’es plus borracho, mon blog, il est vachement moins bien.

photos Dolgachov

3 commentaires:

Maja Lola a dit…

Chaude, l'escapade camarguaise.
C'est fou comme l'air de la campagne (surtout la camargue profonde) anisé et parfumé à une vitole aux suaves arômes (un Cohiba peut-être ?) peut inspirer.
Mais au lieu de plonger dans une sieste crapuleuse, prolongement possible de ces parties camargo-taurines aux effluves ricardiennes, ne voilà-t-il pas qu'il vient à l'idée de philosopher sur les talents épistolaires de nos postulants imaginatifs au PH ?
Même l'exotisme des caraïbes donne du piment à l'escapade. Reviennent ainsi mes souvenirs de Cuba, de ce peuple attachant et chaleureux qui nous donne des leçons de joie de vivre malgré l'adversité et les restrictions économiques et dont le niveau de culture et d'instruction est .... époustouflant ! Gentillesse et chaleur, le corps exprimant toute la générosité violente et charnelle dans leurs épanchements musicaux. Au fait, une salsa-party en camargue donnerait le tournis aux mosquitos et de la vigueur aux gardians. Et, pourquoi pas aussi aux Vosgiens primés ?
A quoi ça sert d'écrire ? Surtout pas à saoûler son ego, malheureux !
N'importe quel quidam sait bichonner le sien sans faire l'effort d'écrire (vous n'en voyez pas tous les jours autour de vous ?)
Par contre, d'accord avec le plaisir éprouvé et échangé, d'accord pour rendre vivants et palpables ses rêves et désirs, d'accord pour transmettre des frissons et émotions.

Marc Delon a dit…

Cette Maja Lola, si elle n'existait pas, j'essaierais de l'inventer. Tiens, "type en noir" prends ça ... Bien que, de la résultante de son analyse fine et concise, il apparaisse aussi que si ce que j'ai décris tenait en peu de lignes, la longueur de mon texte prouve que j'ai pas mal gargarisé l'ego, aussi...
Bises à tous car se coucher tard, nuit.(R.Devos)

el chulo a dit…

magnifique comme toujours maja lola!