lundi 20 juillet 2009

GALERIE CERETANE IV

N'était ce mauvais robinet coincé entre les poubelles et les corrales, je n'aurais peut-être pas survécu à la fournaise cérétane lors de la première journée... On venait y remplir casquettes et chapeaux que l'on enquillait ensuite sur son crâne bouillant afin de sauvegarder la connexion des quelques neurones qui voulaient bien encore témoigner d'une activité. Les Coimbra ? Des qualités certes, mais pas un grand souvenir mis à part ce colorado d'une grande agressivité et d'une rare fixité sur le leurre. Cuadri est au club des ganaderias dont l'impression ne colle plus avec le souvenir que l'on en a gardé. La silhouette empâtée et la ceinture raidie, c'est Frascuelo, el rey de la trinchera, qui évoqua le mieux ce qu'on définit par "toreria". A soixante et un ans. C'est sans doute la raison pour laquelle quand il se fit bousculer, fernando Cruz l'accompagna avec déférence jusqu'au centre du ruedo et lui ramassa sa muleta avec un grand respect, comme un peon. Beau geste. Reste que le laboratoire Cérétan vaut qu'on s'y déplace pour assister à ses expériences pleines de danger. On peut cliquer sur les photos.








































































































































samedi 18 juillet 2009

vendredi 17 juillet 2009

Prendre un Capuchino



Il aurait pu rester chez lui. Tremper des tartines dans son café ou regarder Derrick à la télé et même, prendre le risque de se faire engueuler par son amie pour n’avoir pas débarrassé la table du petit-déjeuner. Mais ce matin-là, il alla flirter avec l’idée de perdre la vie en courant l’encierro de Pampelune. Se sentait-il différent ? Avait-il le pressentiment que la vie le fuirait ? Savait-il que vivre si intensément le conduirait à mourir ? En avait-il fait le rêve prémonitoire ? Comme il aurait aimé sortir indemne d’une telle émotion. Comme il aurait vécu fortement à frôler cette camarde qui rôde en permanence autour de chacun de nous. Comme il eût joui de l’approcher, de la reconnaître et de lui échapper. Quel beau défi pour les courageux. Quel signal puissant de virilité et de fécondité envoyé à toutes les femmes du monde. Etre de ceux qui courent avec les toros, qui les touchent, de ceux qui ne tremblent pas ou savent dépasser la peur. Il était jeune, en pleine santé, il courait vite, savait écarter et pivoter, planter un quiebro, la fiesta brava était une passion dont il n’ignorait rien mais ''Capuchino'' toro esseulé de jandilla l’a pris. Corne dans le poumon de Daniel Jimeno, corne dans la gorge de Daniel Jimeno Romero, arrachement, dilacération, embolie, hémorragie massive, aorte et veine cave perforées et puis le cœur de Daniel Jimeno Romero « El Nenuco » qui stoppe car plus irrigué. Son cœur de jeune homme qui débordait d'amour pour sa fiancée, son cœur qui aimait tant la vie ; son cœur qui en cessant de battre, confirme aux autres la beauté de cette palpitation à poursuivre. Son cœur de vingt-huit ans qui s’arrête et ‘’Capuchino’’ qui passe, offrant à la fiesta brava par la mort qu’il distribue en toute naturelle agressivité et en toute naïveté, toute sa noblesse.
Aussi… quel besoin avait-il d’aller courir là-bas, de se fourrer dans un tel pétrin, il faut être fou, diront les gens raisonnables. Mais non, lui était vivant et savait bien qu’être fou c’est rester le cul sur sa chaise à regarder Derrick mener ses enquêtes soporifiques. Il restera une pierre de la tauromachie, en a écrit une page de son sang et l’Histoire ne l’oubliera pas. Dérisoire et nécessaire. Tout le monde ne pourra le comprendre. Qu’ils restent le cul dans leur fauteuil à bâfrer des sandwiches aux frites pour être sûr de rester incapables de courir et la zapette entretiendra l’illusion du mouvement. Celui, méditerranéen, des hommes et des taureaux est en marche depuis longtemps.
photo Diario Vasco

jeudi 16 juillet 2009

jeudi 9 juillet 2009

LES FRAIS JOSE TOMAS



Le toreo de José Tomas est exigeant même pour le spectateur qui a intérêt à rester concentré pour n'en rien perdre. Pour le photographe c'est pire, une passe, une photo, est un minimum si l'on ne veut pas risquer d'oublier un geste essentiel ou une péripétie marquante. S'enfermer avec six toros est une somme d'efforts et de concentration difficiles à imaginer. Une seconde d'inattention, d'excès de confiance ou de fatigue et la sanction est immédiate. Tomas lui aussi, en fit les frais.



































mercredi 8 juillet 2009

LES FAITS JOSE TOMAS


Les faits d'armes de José Tomas en ce 5 juillet furent remarquables pour de nombreuses raisons mais pas glorieux au point de faire chavirer l'arène. Même si avec lui rien n'est jamais ordinaire. A commencer par l'affiche où l'usage - trois toreros pour une ganaderia - se mue en un singulier - un torero pour trois ganaderias - .
Le souvenir qui s'impose à moi est la faena de ce deuxième toro, salvatrice erreur de casting, car je doute qu'on ait prévu la programmation d'un tel animal comportement pour un seul contre six. Salvatrice erreur, parce qu'au milieu de la suavité de sirop qui aurait fini par être écoeurante, on a su qui était Tomas quand il tombait sur un os. Lui, l'artiste diaphane, le fantomatique introverti souvent enfermé dans sa bulle, lui la muleta fluide comme une jolie vaguelette, enrobante et douce, submergeant passe à passe les difficultés, s'est instantanément mué en récif briseur de lame de fond. Ce manso con casta, dangereux, chargeant là où on ne le sollicitait pas, ignorant ceux qui venaient au quite pour raccompagner le banderillero jusqu'à l'abri avec détermination, renversant le piquero, fut très bien jugé par la figura qui lui infligea d'entrée une correction par doblones bas et puissants puis par des passes de châtiment extrêmement dures qui le réduisirent imparablement. Magnifique ! Avec Gilles mon voisin de tendido, on se dit lorsque s'abattit la carcasse de ce toro, que l'on n'était pas venu pour rien. Certains argueront qu'il s'agissait d'un contre-emploi manifeste pour ce torero mis ici dans l'impossibilité de démontrer ce qu'ils attendaient. Des touristes je vous dis, car s'il y a un plein et juste emploi pour un torero c'est bien de réduire un toro dangereux avec calme autorité et maîtrise. Et toreria. Ce fut le seul toro qui lui permit de nous en convaincre.
Pour les quatre qui suivirent j'ai mieux compris les arguments de ceux qui le trouvent trop linéaire, ne pesant pas vraiment, n'obligeant pas la trajectoire du toro à la courbe. La jambe n'est pas avancée, le cite sur la "troisième corne" semble révolu et bon nombre de passes sont désormais à distance alors que le toreo millimétrique était sa signature - et on ne voit pas d'estocade fulminante. On est déçu à hauteur de l'admiration qu'on lui porte - voilà si on se la joue revistero impitoyable. Il reste la singularité de l'interprétation, l'inspiration originale, la variété du répertoire et les recours pleins de morgue permettant de ne rien céder même en cas de difficultés. Deux volteretas avec la volonté évidente de ne jamais lâcher la muleta, on torée en appui sur une main, au sol, et les jambes en l'air si besoin, en pleine déroute, pour toujours tenter de l'offrir aux cornes ! Il reste donc de quoi le suivre partout où il se produira pour ceux qui le peuvent. Enfin j'ai vu sa sortie et l'état d'épuisement où il se trouvait, j'ai vu sa mine quasi décomposée par la fatigue, qui n'arrivait pas à se réjouir de cette performance fêtée : cela m'a inspiré un grand respect. Cliquez sur les photos, ici son jeu au capote.