mardi 30 octobre 2012

La Pensée du Jour

Bon, ok, Lance Armstrong n'est peut-être pas un exemple pour tous les jeunes qui font du vélo... mais pensez à tous les toxicomanes qui ne pédalent pas...
                                                                                                                              Gaspard Proust

jeudi 18 octobre 2012

Fin de vos Fantasmes Adolescents

La pensée du jour

Ecrire est un travail dangereux si l'on considère le nombre des écrivains qui se sont suicidés. A moins qu'il faille inverser le raisonnement et penser que ce sont principalement ceux qui sont dans de telles dispositions qui écrivent.
                                                                                                                                                                                              Philip Roth

(citation de mémoire après reportage TV passionnant à revoir sur Arte ici :
http://videos.arte.tv/fr/videos/philip-roth-sans-complexe--6987646.html  attention plus que six jours pour le revoir...)

mercredi 17 octobre 2012

La France bat l'Espagne 2 buts à 1

On – c’est moi, ‘’on’’ - a suffisamment vilipendé la bande d’andouilles capricieuses et mal élevées qui jouaient sous les couleurs de tous pour écrire aujourd’hui combien ils nous ont fait plaisir. Pourtant, la première mi-temps était conforme à l’équipe telle qu’elle est depuis cinq ou six ans, morne et désabusée. Mais la deuxième mi-temps a été grandiose de combativité et d’allant et idéalement récompensée pas loin de la dernière seconde de jeu par Giroud qui inscrit là son premier but au combien important pour lui, nous, son équipe, la France. C’était beau, ça rendait heureux et parfaitement que nous avons gagné, parce qu’on nous a refusé un but valide, valable, validable et validationnable, je t’emmerde, je parle au correcteur orthographique, sauf par un teuton halluciné qui voulait se gratter la tempe alors qu’il tenait son drapeau. A la fin du match quand la camera revint sur les commentateurs, le flegmatique Wenger était transporté de joie, Lizarazu souvent justement critique était hilare, le commentateur de la chaîne béat et nous aussi sur le canapé du salon. Parce que putain, depuis qu’on en avait ravalé des couleuvres anacondiques, depuis qu’on attendait un peu d’esprit de corps, de conquête et de beau jeu, du football quoi, depuis qu’on en bavait, avec leur mentalité de merde et leurs magouilles de lascars…

A eux maintenant de se rendre compte qu’il leur serait assez facile de gommer toutes les réserves et de se faire aimer tous tant qu’ils sont et toutes racailles imparfaites de banlieue qu’ils soient ou furent, parce que le jeu toujours trahit l’esprit et qu’hier soir il était excellent. Merci et bravo.

mardi 16 octobre 2012

Un loup à 350 euros

Il vient pour son épaule. C’est un costaud bien de chez nous. Chasse, pêche et traditions… Il vient pour son épaule mais même l’IRM n’a pu en percer le secret à cause d’une capsule articulaire trop épaisse. On ne voit rien, on suppose qu’un des tendons de la coiffe est fragilisé. Je lui montre un exercice pour les abaisseurs des bras, chargé à trois kilos, trois séries de dix, entrecoupées de repos. Quand je reviens il en a fait quatre cent cinquante chargés à quinze kilos… Tant pis pour le tendon…

Il a toujours une histoire extraordinaire à raconter. La dernière m’a bien fait rire et je vous en fait profiter… Evidemment, vous, vous n’aurez pas la truculence du personnage en direct. Ça se passe à l’embouchure du petit Rhône commune des Saintes Maries de la Mer, sur un gros Zodiac pourtant bien marin. Il est avec son copain, ils sont venus par la mer dès l’aube, sont remontés vers l’amont du fleuve. La pêche dans le courant est miraculeuse : à bord, loups et dorades frétillent d’agonie. De belles pièces. L’ambiance est à l’euphorie, on n’a pas le temps de picoler et saucissonner tranquille que les touches succèdent aux touches. On s’apostrophe, on combat, on casse des bas de lignes, on en remonte, on dénoue des pelotes, on appâte, on jure sur des pièces qu’on aurait bien voulu voir hors de l’eau, on gaffe, on tangue, on épuisette, le bateau se remplit de poissons. Dorades royales de huit cent grammes et loups parfois de plusieurs kilos ! A seize heures, ivres de soleil, d’embruns, de côtes du Rhône et de bonheur, on se rend compte que le vent s’est levé. Dans un éclair de lucidité on décide que ce sera assez pour aujourd’hui et on lève le camp sommairement, sans replier les cannes et tout ranger car tout bien pesé, même si tout ''baigne'', on sera en retard à Nîmes, c’est sûr, vu qu’on était initialement partis pour la demi-journée. Mais bon, quand ça mord du feu de Dieu, mieux vaut rater le repas dominical au risque de se faire pourrir par madame et continuer à affronter les moustiques des roubines en remontant des bestiasses. Quand elle verra le congélo plein, elle sera contente, madame, quand même... Seulement voilà, revenu vers l’embouchure du fleuve, le vent est très fort, le courant dantesque et la mer démontée… Le vaillant Zodiac a beau être un gros modèle, malgré quelques louvoiements, il n’arrive pas à sortir, à franchir la barre tumultueuse du courant du fleuve en conflit avec la mer grossie par ce vent de terre. Ça bastonne dur et les deux amis renoncent, se recalent dans le fleuve, à l’abri, et ma foi, puisque ça donnait bien, recommencent à pêcher, et avec le même succès. Aujourd’hui c’est comme ça, ça donne, on ne sait pas pourquoi et le fond noir du bateau s’est mué en tapis d’argent. A vingt heures, il est temps d’essayer à nouveau de rentrer… en tentant une sortie. Mais c’est pire, le vent s’est encore renforcé et donc la houle avec. Des vagues dans tous les sens, hachent la mer à un rythme infernal, deuxième échec et ils renoncent après avoir été douchés par l’eau salée. Retrait dans le fleuve à l’abri des tamaris et dans le crépuscule ils remettent les cannes à l’eau, ça mord si bien, aujourd’hui, et ils subissent les attaques déchaînées des ultra-légers-motorisés piquants. C’est l’enfer, il fait froid, ils sont trempés, des nuées de moustiques les assaillent, leurs visages se boursouflent mais les loups continuent à embarquer. Je vous la fais courte, si, si, minuit arrive et là, coûte que coûte, il faut rentrer. La lune est pleine et on y voit à peu près. Le barreur est furieux, prend son élan et projette de passer en force, survolant la crête des vagues les gaz à fond !

Le zodiac se cabre sur une vague scélérate, monte, monte, le nez vers la lune, il est vertical, les poissons, les kilos de beaux poissons, les cannes, les affaires, tout ce qui était à bord s’expulse au zénith ! Le narrateur, cramponné d’une main à la corde lance sa main libre vers le ciel pour tenter telle la détente éperdue d’un gardien de but de rattraper quelque chose et c’est un loup d’un kilo devenu oiseau qu’il chope au vol. Le pneumatique vire dangereusement sur l’aile et surfe vers l’intérieur des terres poussé par des vagues monstrueuses… la barre est infranchissable. Puis, le calme enfin, la remontée du fleuve, résignée et taiseuse, mêlée d'un léger sentiment angoissant d'emprisonnement, en pleine conscience d’avoir joué sa vie à pile ou face pour rien, d’autant que cette pêche était celle d’une vie, qu’on n’en ramènera qu’un misérable poisson, que personne, jamais, ne croira aux dizaines de kilos gaspillés qui seront bouffés par les crabes, quelque part au fond de l’eau. Le zodiac remonte à petite allure, pensif, la surface étale du fleuve sous laquelle le puissant courant circule. Ils passent le Tiki, le bateau à touristes, à moins que ce soit le Kon Tiki, ici on l’appelle le Tiki, con… Puis enfin un endroit pour accoster et au loin, une loupiote. Peut-être pourrait-on passer la nuit là-bas puisqu’on ne peut rejoindre la voiture par la mer ? Ils tirent le bateau sur la terre, ils sont trempés, gelés, résignés face aux moustiques indécrottables qui sucent leur sang déformant leurs visages de boursouflures rougeoyantes et urticantes. Ils traversent une terre, le loup à la main, seul butin précieux à faire suivre désormais. Soudain le barreur met le pied dans quelque chose de mou et visqueux.

- Putain de la bouse fraîche…

- Non de Dieu , ne me dis pas que…

- Là des yeux qui brillent… !!!

Et puis le temps de le dire, un souffle puissant, des formes noires qui s’agitent et sortent des bosquets de tamaris…

- Des bious…. ! Cours, putain, cours !

Nos deux amis ''artèguent plein pot'' dans la nuit, mais à leur âge, transis de froids, les muscles quasi en panne, secouant le loup argenté dans la lune comme une lanterne indiquant :
Hou ouH, on est làààà….
Mais c’est trop tard, derrière eux, de la viande AOC de Camargue au galop, qui les charge avec sur le frontal des cornes en lyre qui leur joue les notes aiguës du puntazo et de la cornada pour parfaire cette symphonie journalière en couacs majeurs. Sale valdingue et atterrissage dans les barbelés. Il y a toujours des barbelés ou des roubines saumâtres en Camargue pour vous réceptionner, là c’était des barbelés. Ils reprennent leurs esprits, se massent un peu le cul vérifiant que les trous ne sont pas trop profonds et entreprennent de s’extirper des fils accrocheurs, ça prend un bon bout de temps… et à l’aspect trempé, puant et boursouflé s’ajoute le côté lacéré-déchiqueté… Au barbelé gît accroché, comme un filet de sardine, c’est tout ce qui reste de la pêche au lancer dont ils étaient les prédateurs et de la chasse à courre dont ils étaient les proies. Ils continuent la progression à travers les touffes de salicornes, épuisés, dépités, apeurés et jamais cette loupiote ne se rapproche. Finalement, au bout d’une heure et demie de randonnée en ligne droite ce qui suppose le franchissement périlleux de quelques obstacles, ils arrivent à rejoindre cette loupiote qui fut leur phare et leur boussole.
Mais là où ils auraient souhaité une humble masure habitée par une âme chaleureuse ayant gardé un peu de soupe au coin du feu, ils tombent sur une hostellerie très chic… Un mas de prestiqe cinq étoiles, un Hôtel-spa avec suites luxueuses et soi-disant roulottes de pseudo-gitans ici dénommés ''gypsies'' disséminées dans les marais à moustiques ici dénommés ''lagunes'' où l’on avait lâché deux haridelles blanches pour le décor en attendant leur dernier souffle. Bref, un établissement fait pour le banquier genevois venu s’encanailler discrètement avec sa maîtresse, en lui reconstituant une Camargue d’opérette afin de lui fournir l’illusion qu’il était au cœur de ''l’authentique''.

Mon patient poursuit :

- On rentre, et là, à la trombine que fit le cravaté derrière son comptoir, j’ai compris qu’on devait ressembler à pas grand-chose… ou à des sangliers blessés, je sais pas… mais le cravaté était horrifié… c’est vrai qu’on laissait un sillage d’eau, de boue et de sang derrière nous, qu’on puait comme des anchois au soleil, qu’on était suants et rougeauds de cette journée en plein air, voire quasi défigurés par les boudifles infligées par les mosquitos, les vêtements déchirés, le cheveu hirsute et le poil dru, des touffes de salicornes qui sortaient des poches et des cheveux, ma godasse ouverte en deux par les barbelés faisait coin-coin, baillait sur une chaussette trouée d’où sortait mon gros orteil et seul avantage, ma carte bleue dans une poche boutonnée était toujours là. D’une voix pas très camarguaise à l’accent et à la diction pointue il nous demanda en bégayant :

- Me… messieurs… que puis-je pour vous ?

- Dormir !

Lui éructa Raoul, qui avait vécu assez de péripéties dans sa journée pour s’affranchir des codes mondains.

- Je… Je vous prie de m’attendre,  je vais voir s'il y a une disponibilité …

- Ouais, va voir ! Lui confirma Raoul...

Le type il hésitait à nous louer une chambre, tu parles si on déparait dans son Hôtel ! Heureusement qu’on avait plus le loup à la main… Il revient avec son patron à qui j’ai précisé comme si c’était déjà ok, que je préférais payer tout de suite en lui faisant miroiter ma carte bancaire. L’argument l’a convaincu. Mon pauvre, 350 euros et il nous faisait un prix ! C’était vrai je suis allé vérifier sur internet ! On avait des lits à baraquins-là… et à décor de bois flotté que même le Rhône les avait pas voulu, qué rire ! Pour manger c’était trop tard mais en louchant sur la carte, quand j’ai vu le prix du filet de loup…. On en avait tantôt pour une fortune dans le bateau…!!! Putain de tempête !!! Vu l’investissement de la chambre, pour rentabiliser, comme j’étais gelé, quarante-cinq minutes j’y suis resté sous la douche chaude !!! C’est vrai que j’avais déjà passé un quart d’heure à comprendre comment ils marchaient tous ces bitonios qui commandaient les jets qui sortaient des murs et du plafond pour qu’ils marchent tous ensemble… et ils changeaient de couleur en plus… oh putain… si t'as pas un QI à 160 là-dedans, tu restes sale !

De cette histoire, mon patient extrapola sur la pollution en Méditerranée et les déchets radioactifs qu’on immergeait dans les années soixante dans des cercueils de béton et qui doivent maintenant être bien dégradés et que ce serait pour ça, selon lui, que l’autre jour à la télé on disait que le sable de certaines plages était radio-actif… Que bientôt, té vé, il faudrait acheter le poisson un compteur Geiger à la main ou alors l’acheter de nuit.

- De nuit ? Quand les poissonneries sont fermées ?
Que j’y demande…

- Ben oui, pour voir s’il n’est pas fluorescent !

lundi 1 octobre 2012

La Pensée du jour




Ecrire de la fiction, c'est se souvenir de quelque chose qui n'a pas eu lieu.