mercredi 6 décembre 2017

Johnny Hallyday le chanteur qui durait.


Comment dire, s’il y a quelqu’un qui n’aurait jamais pensé écrire un hommage à Johnny Hallyday , merde je ne sais même pas écrire son nom, c’est bien moi. En pratiquement soixante ans de carrière, je suis à jeun d’avoir acheté le moindre vinyl – avant on disait 33 tours - ou CD, de lui. Le Rock pour moi, c’était pas lui, l'homme aux trois "Y". A mes yeux, il en était même le plus ridicule des représentants. Sauce franchouillarde, pas crédible. A vrai dire, je le trouvais même un peu con… Je me demandais comment un type à la pensée si fruste pouvait récolter tant de succès… Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ???
Un pauvre type, un déclencheur de bagarres provincial, aux raisonnements pauvres qu’il exprimait avec force fautes de français, syntaxe, grammaire et tout ce que vous voulez… Je m’étonnais que des femmes intelligentes que je côtoyais, le déclarassent beau… un mec con pouvait donc être beau… ? Soit, même Nathalie Baye, que j’admirais, s’était empressée d’épouser ce mystère suant et soufflant… ça, on ne pouvait pas l’accuser de ne pas mouiller la chemise. On n’avait jamais vu un mec transpirer de la sorte ; des litres d’incontinence sudoripare ; impressionnant. Quand je pense à lui c’est l’image qui vient : des rigoles de sueur dégoulinantes contre lesquelles venaient se frotter ses fans pas dégoûtées…bèèeerk…on s’échange les liquides intimes qu’on peut…
Et puis la plaie des plaies pour Johnny, celle qui infectait la construction de son mythe, qui ne rassurait pas sur son Art, c’était ses fans. On a un peu les fans qu’on mérite quand même, non ? Et lui… question fans…ça a toujours fait frémir…des cas psychiatriques, quasi… Un cas unique… qui d’autre que lui peut se targuer de compter une armée de sosies décolorés, de ringards cinématographiques sublimes, de névrosés débiles, de créatures hybridées à partir de danseurs de Country des plaines du Cantal et de rocker de HLM en Assurancetourix porte-voix du ridicule de toute la Gaule ?

Et puis il a duré. Et puis il y a eu des accrocs à mes convictions.

Il y a eu ce fameux été en fusion de lave tumescente, où il m’a chopé au moment où je m’apercevais que les filles avaient des fesses et des seins, au moment où je subissais la plus formidable poussée d’hormones de ma jeune vie, quand ce type tout transpirant ahanait partout et tout le temps "quand tes cheveux s'étalent comme un soleil d'été et que ton oreiller ressemble aux champs de blé" dans tous les juke-box des bars de ce fameux été au Grau du Roi, "quand l'ombre et la lumière dessinent sur ton corps des montagnes et des forêts et des îles au trésor" de toutes les vitres ouvertes des bagnoles qui passaient lentement au long du front de mer "quand ta bouche se fait douce et ton corps se fait dur quand le ciel dans tes yeux d'un seul coup n'est plus pur" de tous les postes de radio ensablés "quand tes mains voudraient bien quand tes doigts n'osent pas" sur cette plage du Boucanet où il fallait soudain enfouir dans les dunes nos érections parasites quand les filles allongeaient face à nous les galbes de leurs corps ruisselants pendant que ce type hurlait comme un fou "quand tu ne te sens plus chatte et que tu deviens chienne et qu'à l'appel du loup tu brises enfin tes chaînes" de sa voix puissante qui pénétrait ses détracteurs jusqu’aux tripes, là j’ai compris "Que je t'aime" qu’il n’y avait plus débat, que par ses couplets lancinants, oppressants, qui montaient inexorablement en pression jusqu’à l’obsession, nous ramenant aux êtres de chair et de sang que nous étions, j’ai compris, avec tous les autres, qu’on resterait lié par ses cordes vocales à jamais, à des souvenirs indélébiles, des tranches de vies auxquelles ses chansons toujours nous ramèneraient qu’on le souhaite ou non. C’était ainsi, il nous accompagnait.

 

Et puis il a continué à durer. Décennie après décennie, avec d’autre paroliers aux thèmes plus élégants, plus nobles, plus distingués et on a alors entendu dans sa gorge des tonalités émouvantes du temps qui passait, chez lui aussi. Alors on l’a écouté avec plus d’attention, reconnaissant des situations familières qui nous rapprochaient petit à petit toujours plus, parce qu’il durait. Des fautes de français de ses interviews on ne riait plus, on en était plutôt attendris. C’était lui ; depuis le temps on en était fatalement proche. Tellement il avait duré.

A chaque duo où il ‘’enterrait’’ gentiment de sa puissance son partenaire, à chaque reprise forcément insipide que se permettaient d’autres artistes, peu à peu on a admis que Johnny quand même, ça dépotait grave… qu’il était irremplaçable, qu’arriver à sa cheville s’avérait périlleux… Et puis on a encore levé les yeux au ciel du ridicule de le voir épouser, incrédules, une jeune femme qui pouvait être sa fille. Notre quotidien est tellement éloigné des mœurs du show-biz et nous sommes tellement rassurés par les conventions... Sauf qu’on a soi-même par les chemins tortueux de la vie rencontré une très jeune femme qui aurait pu être notre fille…sauf qu’on ne brille d’aucune richesse ou talent particulier et que c’est encore plus énigmatique… Alors on ne se moque plus, on tente de comprendre, d’être à la hauteur de ce don émouvant, au milieu des regards d’incompréhension hostile. Quoi ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?

Et puis il a duré encore, il s’est encore rebellé alors que l’on croyait ses démons calmés, il a traversé à nouveau les scènes de son hymne incendiaire qu’on ressentait pulser au plus profond, frénétique, terrible scansion irrésistible, Ah Marie, si tu savais, ça tenait du miracle, jambes écartées et prothèses aux hanches. L'été dernier j'ai dit à ma compagne : si tu veux qu'on ait une chance de la voir une fois dans notre vie, en concert, on devrait y aller... Nous nous sommes abstenus, il donnait l'impression qu'il n'y avait pas d'urgence...

Et puis, durant, il bossait dur, toujours en tournée, toujours sur scène, toujours en projet de quelque chose parce que chanter c’était exister. A force il a convaincu. On ne pouvait que respecter un type qui durait tant. Souffle de vie, souffle de voix, dernier souffle, en pénitence, devant les portes de l’au-delà. C’est la vie. Même D’Ormesson ne put se douter du départ d’un Johnny incombustible. Aujourd’hui, pourtant, on peut allumer le feu.
photos Paris Match

mercredi 22 novembre 2017

L'ultime combat de JP Garrigues


Comme tout le monde j’ai appris hier le décès de Jean-Pierre Garrigues, le virulent monsieur anti-corrida gardois. L’aficionado que je suis en a été attristé. Sincèrement.

Les gens, pour moi, valent toujours plus que le résumé caricatural qu’ils font d’eux-mêmes, par l’exercice de leurs passions ou de leur militantisme politique. C’était un frère d’humanité, je ne me réjouirais pas de la mort d’un homme fût-il le pire des terroristes (ce qu’il n’était pas) intellectuel (ce qu’il était… ma forme d’écriture inclusive à moi…). Dans mon psychisme, la mort marque un stop au-delà duquel je ne vais pas dans l’immédiateté de la tragédie qui survient. Pas assez ''humoriste'', certainement, pour trainer derrière la jeep de la moquerie, le cadavre de l’ennemi brûlé.

Si vous saviez comme c’est laid quand vous vous réjouissez d’un homme mort dans l’arène, fût-il torero. Ça ne m’est pas douloureux, cela susciterait plutôt une certaine compassion, d’apprendre que vous vous êtes laissé aller à ça ; par réflexe, je voudrais vous exonérer de cette honte, vous soustraire à la laideur du monde que ce comportement a illustré mais… c’est trop tard.

Depuis l’électrocution transmise par le tonnerre El Cordobes à l’arène de ma ville alors que je n’étais qu’un petit garçon, je compte parmi ceux, que Garrigues qualifiait de tortionnaires, pédophiles ( ?) et autres diverses brutes avinées. Soit. J’avoue aujourd’hui que ces insultes ont toujours glissé sur moi comme « sur un imperméable Rina, la pluie glissera » (pour les sexagénaires d’entre vous qui connurent le magasin nîmois de la place curaterie…) tellement je me sentais éloigné de ce rapprochement, pardon pour la prétention. Un coup dans l’eau du ridicule, dans l’océan de l’imbécilité, dans l’abysse de la gratuité malveillante. Peut-être une thérapie cathartique pour eux, pas plus.

Ce qui suscite mon incompréhension, ce qui me ferait éprouver de la tendresse mélancolique pour lui, c’est cette peine prise à vouloir défendre le plus heureux et respecté des bovins, tous élevés pour être mangés, alors qu’une tumeur rongeait son cerveau.

N’y avait-il vraiment pas dans l’urgence d’une vie à quitter, des enfants à soulager, une peau soyeuse à caresser, de nourrissants échanges intellectuels à mener, de magnifiques lectures à parcourir, des mets fins à humer, de vieux single malt à siroter, de contrées à visiter et même, même, de campo bravo à traverser où paissent en des visions quasi bibliques 95% du troupeau intouché ?

Dans quelle forme de vacuité va parfois se loger l’espoir de vivre intensément ce qui nous reste. Je réalise que je dois être l’exact contretype au sens humain et photographique, par contraste, de ce qu’il était. J’espère garder toujours assez de profondeur et de lucidité pour me nourrir jusqu’à la bascule finale de ce qui rend la vie précieuse, l’amour des proches et les émotions partagées avec eux. La soudaine magie du sublime et de l’improbable quand elle éclot à l’acmé du danger.

L’homme que je resterai malgré les combats des semblables de Garrigues, me semble bien placé pour apprécier en pleine conscience le caractère irrévocable et cruel de la mort et, sans animosité ni hypocrisie, sans moquerie ni satisfaction mal venue, l’aficionado que je suis adresse à tous ceux qui l’aimaient ses sincères et respectueuses condoléances.

dimanche 23 juillet 2017

Fastoche...



C’est facile de pousser l’inconvenance jusqu’à allonger ses prothèses mammaires devant la statue de bronze d'un héros moderne, chez d’autres, dont on ignore tout. Réaliser une statue de bronze grandeur nature est difficile. Se comporter dans sa vie ordinaire héroïquement est difficile.
C’est facile de ne rien vouloir comprendre, de ne pas chercher d’où ça vient, où ça va, de seulement s’opposer. Il est long et difficile de se cultiver. 
C’est facile et tout bénéfice en terme d’image, de se mettre du côté confortable du défenseur aveugle des animaux. Il est difficile de comprendre que son action est idiote, vu qu’il n'existe pas d’éleveur de race brave qui ne cherche pas à vendre en corrida s’obligeant à élever dix fois plus de bêtes dangereuses pérennisant ainsi la race.   
Poser bêtement est facile, photographier quelque chose qui ait une âme est plus difficile, faire le buzz par des moyens vulgaires est facile, être reconnu pour son talent est difficile, attirer le regard de tous les hommes par un décolleté boosté est facile, être sexy avec un 85 A et vivre en harmonie avec un seul est difficile; ne pas écouter les autres, avoir le sentiment de n’avoir rien à apprendre d’eux est facile, s’ouvrir, écouter, s’initier, est difficile. 
Devenir célèbre en jouant les pétasses blondes courant sur la plage est facile, devenir Meryl Streep est difficile. 


Se rendre compte qu’en remplaçant le mot « facile » par le mot « con » le sens de ces phrases est tout à fait conservé voire accru, n’est par contre, pas très difficile.

PS : merci pour cette photo - je t'ai reconnu - tu l'as faite avant moi. ça pourrait devenir un "pamela- challenge"...

mercredi 19 juillet 2017

Compte-Rendu ( cf. verbe vomir...)


La toro donne à chacun sa place. Cet aphorisme bien connu dans le monde du toreo, se vérifie jusque dans la chronique taurine. Avec moins de mérite pour ceux qui réussissent, certes, vu l’absence de risque physique, mais par rebond logique, pour ceux qui échouent, avec moins de circonstances atténuantes aussi.

Parfois, on lit des textes qui confinent au sublime par les contresens tauromachiques qu’ils recèlent. On voit évoluer au fil des lignes, un autre monde, assez merveilleux, où la moindre notion de base qui permettrait d’éviter le ridicule, n’est pas acquise. Le plus ‘’merveilleux’’ est qu’il semble qu’il y ait un public pour ça. Après tout pourquoi pas… Mon père, par exemple, voyait une corrida par an, y allait comme à la fête et revenait toujours enchanté avec moults anecdotes à raconter… C’était pour lui un spectacle extraordinaire et qui devait le rester, aussi au sens propre. C’était assez énigmatique pour moi, qu’il s’y régale et n’ait jamais l’idée d’aller en voir une deuxième quelque part… je crois que cela ne faisait que participer  à une immersion dans ce que sa ville, qu’il aimait tant, avait de spécifique. Il avait même un jour mené le combat face à un de ses clients du centre de la France – chez qui il proposait les pantalons  ‘’Le Toro’’ il n’y a pas de hasard, un vêtement où ranger son courage donc – qui s’était plaint de la sauvagerie du spectacle. Manque de bol, le type poursuivait à courre des cervidés inoffensifs et en avait pris pour son grade.

Mon père, pour qui la corrida était donc une espagnolerie festive et dépaysante, aurait certainement adoré lire la fantaisie poétique d’un Zocato et rien compris à la rigueur savante d’un Pierre Dupuy… Certains préfèrent une aficion enluminée et d’autres, cherchent à savoir ce qui, sobrement, est. Certains se contentent d’aimer, ce n’est pas une critique, et d’autres, aiment et connaissent. Mais, Zocato qui pour ‘’bordeaux et or’’ préfère ‘’Robe de Château Margaux au levant et louis d’or poli’’ (non, il ferait mieux…) n’est dupe de rien, il connaît la chose, ce n’est qu’un choix de style. Toutes les personnes crédibles s’accordent sur un minimum de principes de base : le toro est le centre de la chose ! C’est par rapport à lui que s’étalonne la valeur d’une faena… une grande faena, un grand triomphe, nécessite d’abord un grand toro, c’est imparable.
Or, certains organisateurs de spectacles, plutôt que d’essayer de convaincre les meilleurs toreros d’affronter ceux-là dans leurs arènes en cultivant la crédibilité de celles-ci, ont entretenu l’illusion que le point noir à quatre pattes, en bas, sur le sable, n’était qu’un vague référent de la race, qui devait surtout ‘’permettre’’, permettre par sa docilité, permettre par sa mobilité, permettre par son medio format standardisé, permettre en un mot, à la suavité de s’exprimer, ce qui rend faussement accessible au plus grand nombre, cette impression de réussite acclamée bêtement à chaque fois que ‘’tout va bien’’ ce qui est juste le contraire d’un combat, ce que même vous, là-bas, au fond, vous admettrez, si, si, en saupoudrant d’un peu d’honnêteté votre mauvaise foi.

Si bien que pour ce nouveau public, des gens comme mon père, maintenant majoritaires à Nîmes, par exemple, a du fleurir tout un aréopage de divers ‘’comiques’’ du compte rendu et de la photographie pour dialoguer avec eux… dont l’accréditation en callejon a représenté un Graal de notoriété et de crédibilité qu’ils arborent fièrement, snobant tout triste ayatollah pas doté de la pensée conforme à l’air du temps. Amis vieux cons grincheux, on parle de nous… ce n’est pas une question d’âge parce que l’on connaît heureusement des ‘’vieux cons’’ de vingt et trente ans qui connaissent les toros, même si cela se raréfie et qu’ils ne peuvent avoir la puissance de l’expérience de plusieurs décennies d’observations.

On en vient donc parfois à lire des affirmations quasi extra-terrestres, comme celle qui expliquait que le toro ne sent strictement rien, ne souffre jamais, etc… Ben tiens, pourquoi faut-il alors la pique pour déterminer sa bravoure, mmm ? Pour que le gros monsieur sur le cheval exerce ses penchants sadiques ?

Mais je crois que la perf ultime, la panacée de l’ânerie, la perle rare de la bourde cornue, l’Himalaya du contresens tauromachique total, a été récemment atteint par celle qui fit parler le toro qui précipita le départ de Fandiño, en le faisant s’excuser abondamment… oui messieurs-dames vous avez bien lu, on a donné dans le :

« Pardon…, je ne voulais pas…, pardon, je m’excuse… » enfin, vous imaginez la beresina du raisonnement tauromachique et l’anthropomorphisme bon marché de mamie à caniche… Rhôo ben dis donc vilain torito, c’est quoi ça, de se servir de tes cornes… ? Mais ça va pas ??? Non mais…si c’est pas du gros vilain ça ! Ta maman te l’a pas dit, c’est pas poli… en plus devant tout le monde… c'est comme faire caca, faut pas...
Je suis sûr que chez elle il y a des peluches sur le lit, des fleurs artificielles ou séchées et des bibelots kitch un peu partout… sans oublier le tableau taurin décoratif (on ne citera pas d’artiste…) peut-être même qu'elle a un sac à main en capote de torero... et des boucles d'oreilles en vierge du Rocio... ça fait pro... Quoi je suis vilain ? Ben peut-être, mais après tout, on n’a pas demandé à ce qu’on nous inflige de telles inepties… On est tombé dessus par inadvertance, c’est tout. Après on y retourne pour voir si d’autres gags se profilent…

Voilà ce qui arrive quand on bouge les lignes de la philosophie du combat : on n’en connait bientôt plus que ‘’l’ambiance’’, ‘’la musique’’, ‘’les couleurs’’, ‘’les étoffes’’, on a conservé le folklore et perdu l‘essence pourtant hautement inflammable.

En outre, on remarque que la tauromachie n’est même pas perçue par son ADN, ce formidable carrefour de communication qu’elle offre, car si vous osez expliquer que votre avis diffère, alors qu’elle publie, donc s’expose à tout commentaire, vous devenez instantanément un fielleux perfide vomisseur de bile anti-Casassien ! Dont vous êtes jaloux, bien sûr. Ou tu acquiesces, lecteur, ou tu dégages ! Avec  l’immédiate sanction d’être illico rayé du mur facebookien de la plumitive… Oh nooon, trop puni… Ou tu m’admires, ou tu dégages… Merveilleux exemple de démocratie participative, de tolérance et d’ouverture d’esprit, d’intelligence, quoi d’autre, non, c’est bon, ça suffit… Or, s’il y en a un, avec son pouvoir d’énervement si particulier, qui est à jeun d’avoir censuré ses nombreux détracteurs, c’est bien mézigue.

Moi je dis, lecteur, l’a-culturation, ça fout la trouille ! Maintenant, quand tu lis un truc sur les toros, tu ne sais plus si tu dois te frapper le front en secouant la tête ou te tenir les côtes….

vendredi 23 juin 2017

La Pensée du Jour

Vu sur le site d'une agence de voyage taurins : visite d'une ganaderia 95 euros/personne... J'ai connu le temps où à l'issue de la visite on donnait trois bouteilles de bon vin au mayoral en ayant l'impression d'avoir passé un vrai moment de complicité entre passionnés...

Vu aussi la "fiesta campera" chez Morante... Même lui avait l'air "déguisé en andalou" et devant lui deux femmes en robes à frou-frous posaient sous le soleil en "flamenco style". Tout ça transpirait l'arnaque à touristes et l'opérette et m'a rendu triste...

mercredi 21 juin 2017

"Détails"...

LA LETTRE DE L'UVTF

21 juin 2017

COMMUNIQUÉ DE L'UVTF

ET DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE
DE CHIRURGIE TAURINE

Pour éclaircir des incertitudes surgies en Espagne suite au décès de Ivan Fandiño consécutif à un coup de corne reçu dans les arènes de Aire sur Adour samedi, l’UVTF porte à votre connaissance les faits suivants après audition des différentes parties, consultation du bulletin médical établi dans l’infirmerie des arènes de Aire par le docteur Darracq et des minutes des actes médicaux auxquels il fut procédé sur le torero blessé. 
 - Avant d’autoriser le déroulement de la corrida qui débutait à 18 heures, monsieur Éric Encinas, président de celle-ci, a inspecté l’infirmerie conformément au règlement taurin extra municipal, et constaté la présence d’une équipe composée d’un chirurgien, d’un médecin anesthésiste, deux infirmières anesthésistes, deux infirmières, deux secouristes et deux ambulanciers.
L’infirmerie était équipée du matériel d'anesthésie et de chirurgie d’urgence conformément au règlement taurin français.
Une ambulance était sur place pour assurer un transfert éventuel.
- À 19 h 30, ainsi qu’il apparaît dans le compte-rendu du docteur Darracq, chirurgien des arènes, Ivan Fandiño a été admis à l’infirmerie dans un état d'urgence absolue, avec des signes de choc, le visage grisacé et une pression artérielle infime.
En l’absence de tout saignement apparent, devinant l’existence d’une hémorragie interne, le docteur Darracq et son équipe ont décidé de stabiliser le torero en priorité par voie veineuse et l'on intubé, avec anesthésie immédiate.
L’exploration de la blessure a mis à jour une cornada à la base du flanc droit, avec un point de pénétration de 4 cm. 
L’exploration digitale a montré un trajet de 15 cm remontant vers le thorax avec délabrement des muscles intercostaux et un espace sous péritonéal cruenté, avec bombement du péritoine traduisant une collection intra péritonéale.
Un drain lame a été introduit dans ce décollement qui a ramené très peu de sang.
- Dés l’entrée de Ivan Fandiño à l’infirmerie, son transfert en hélicoptère a été organisé, dans le but de l’amener à Bordeaux pour une intervention thoracique éventuelle.
- Il convient cependant de savoir qu’un tel transfert ne permet pas d’apporter des soins au blessé si ceux-ci s’avèrent nécessaires durant le vol. 
Or, la tension artérielle extrêmement basse d’Ivan Fandiño dès sa prise en charge, laissait craindre un arrêt cardiaque à tout moment.
- Après avoir stabilisé au mieux ses fonctions vitales, et alors que le pronostic vital était engagé, il fut décidé de transférer Ivan Fandiño vers l’hôpital Layné de Mont de Marsan dans un véhicule médicalisé précédé par deux motards de la police et en compagnie d’un médecin anesthésiste / réanimateur.
- Comme cela était malheureusement prévisible, Ivan Fandiño a fait un premier arrêt cardiaque dans l’ambulance, dont il a pu être ranimé.
- Le docteur Poirier, chef de service et porte parole de l’Hôpital Layné qui avait voyagé dans l’ambulance, a constaté le décès du toro consécutif à un second arrêt cardiaque dans l'enceinte de l'hôpital, après que les efforts pour le ramener à la vie une seconde fois aient été vains.
- Après avoir ouvert le corps du torero, il a alors confirmé l’étendue de l’hémorragie interne (trois litres et demi de sang noir provenant des glandes hépatiques), l’arrachement de la veine cave, ainsi que des blessures au foie, au rein et aux poumons qui furent qualifiés d’irréversibles, affirmant que rien n’aurait pu empêcher l’issue fatale. 
L’arrachement de la veine cave est mortel dans quasiment 100% des cas dans un temps extrêmement bref.
Ainsi que l'a confirmé le Professeur Fabien Thaveau, chirurgien vasculaire et chirurgien d'arènes, une plaie de veine cave supérieure étendue aux veines sus-hépatiques mène de façon quasi systématique à une issue fatale pour le patient traumatisé.
- La question a été posée de savoir pourquoi aucun bulletin médical n’a été publié depuis l’infirmerie des arènes.
La réponse est simple : conformément à la législation française sur le secret médical, les médecins n’en ont pas le droit. 
Seul le patient, ou ses accompagnateurs, peuvent être destinataires de ces informations confidentielles.
Le bulletin médical établi par le docteur Darracq fut donc remis à l’entourage de Ivan Fandiño lorsque celui-ci quitta l’infirmerie.
En vertu de cette même législation, les documents dont l’UVTF a pu prendre connaissance ne peuvent être publiés que par la famille du torero, si elle le souhaite.
- Tous les chirurgiens consultés s’accordent à dire que malheureusement la blessure reçue par Ivan Fandiño était nécessairement mortelle et qu’il eut été impossible d’échapper à une issue fatale dans quelque contexte que ce soit.
 - Par ailleurs, l'Association Française de Chirurgie Taurine, représentée par son président, le docteur Olivier Chambres, souscrit entièrement à l'analyse des faits et conclusions présentés ci-dessus et cosigne avec l'UVTF le présent communiqué.
- L’UVTF tient à souligner le travail admirable et l’engagement du docteur Darracq et de son équipe dans de nombreuses arènes du Sud-Ouest, ainsi que celui de toutes les autres équipes médicales regroupées au sein de l'Association de Chirurgie Taurine, grâce auxquelles la temporada française peut se dérouler dans les conditions optimales de sécurité pour les toreros.
- L'UVTF et l'AFCT remercient Nestor García, apoderado de Ivan Fandiño demeuré à ses côtés jusqu'à l'issue fatale, pour sa déclaration au quotidien El País : Ivan "a été traité du mieux possible dans l'infirmerie, mais la cornada était irréparable ; Ivan est mort parce que c'était inévitable".
- L’UVTF déplore le drame survenu dans les arènes d’Aire et s’associe au deuil cruel qui frappe la famille du grand torero que fut Ivan Fandiño, son apoderado et sa cuadrilla, ses proches et ses amis, mais aussi l’immense famille taurine dont la solidarité et le courage ont été démontrés lors de la messe dite dans l'église de Orduña pour honorer sa mémoire. 

mardi 20 juin 2017

Revue de Presse



Les réjouissances autour de la mort d’Iván Fandiño en disent long sur la société de ce début de XXIe siècle.


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Conseiller politique




 
Le soleil dominical m’aura tenu écarté, une bonne partie de la journée, des réseaux sociaux et de la vague de messages de satisfaction honteuse suite à l’annonce de la mort d’un torero basque après son encornage lors d’une corrida à Aire-sur-l’Adour, dans les Landes. Tel un vulgaire assassin, Iván Fandiño n’aura donc pas eu droit à la compassion qui sied en pareil cas, mais au contraire aura eu à subir un déferlement post mortem de haine.
Je ne suis pas de ces aficionados qui vouent une passion débordante aux corridas qui ne font aucunement partie des traditions de ma Belgique natale et qui ne font donc résonner aucune fibre de mon for intérieur. Du monde des toreros et des toreras, je ne pourrais d’ailleurs citer, pour des raisons diverses, que les noms de Manolete, mort lui aussi au combat, de Joselito et de… Marie Sara qui est entrée dans… l’arène politique.
Dans les débats opposant pro et anti, j’oppose volontiers mon indifférence qui place à égale distance les arguments des uns qui voient dans la mise à mort du taureau une barbarie surannée et des autres qui assimilent le combat à un spectacle qu’il faut préserver au nom d’une longue tradition. Ma pusillanimité vient aussi du constat que la corrida fait partie des sujets « à éviter » en société, au même titre que la peine de mort ou l’avortement, sous peine de voir sourdre des tensions irréconciliables.
Les réjouissances autour de la mort d’Iván Fandiño en disent long sur la société de ce début de XXIe siècle. Une société où, comme le rappelait Élisabeth Lévy dans le dernier numéro de Causeur, l’on s’émeut davantage pour le sort d’un animal que pour le meurtre d’une femme juive (que l’on préfère ne pas ébruiter pour ne pas faire le jeu du Front national). Une société où l’on souhaite accorder des droits aux animaux à qui il ne pourrait, par définition, pas être demandé la contrepartie d’un devoir.
Cette société accorde in fine au chat, au chien, au cheval, à la poule et donc au taureau (mais pas à la mouche : n’est pas antispéciste qui veut) autant voire davantage de valeur qu’à l’homme pourtant doté de conscience de lui-même et de raison.
En des termes plus crus, certains, dans une société individualiste qui fonctionne aux émotions primaires, sont prêts à sauver un animal blessé au bord de la route mais à laisser périr leur voisin dans la misère.
Pour autant, les violences faites aux animaux doivent (évidemment) être combattues sans ménagement. On ne saurait considérer comme humain un homme ou une femme torturant un animal sans égard pour celui-ci. Le combat pour le bien-être animalier prend néanmoins des formes confinant, de plus en plus souvent, à l’extrémisme et à la jocrisserie.
Les réactions au drame de samedi soir ne peuvent mieux illustrer les dérives actuelles de la cause animale. Si la mort fait partie des risques du métier qu’encourt le torero, elle ne devrait jamais donner lieu à des réjouissances dignes d’une victoire en Coupe du monde de football.
Iván Fandiño méritait davantage de respect, au moins celui que l’on doit au vaincu.