mardi 25 septembre 2018

Vous êtes des rats !



Quand j’ai mis le dernier post en ligne, le compteur affichait 805086 et aujourd’hui, une semaine après, 805824. Pas mal pour un blog abandonné… vous êtes donc 738 à avoir risqué votre trombine par ici.
Non, ce n’est pas pour me hausser du col que je précise cette donnée mais juste pour vous dire votre avarice. Avec un commentaire sur 738 vous êtes donc 0,13% à avoir commenté.
Bande de rats ! Bande de radins, de ratiocineurs, de rabougris, de racistes, de rabat-joie, de rachitiques, de racornis, de radicules, de ralentis, de ramassis, de ramollis, de batraciens anoures (les ranidés), de rapiats, de raccourcis, de rapetassés, de rapetissés, de raplatis, de rase-pets, de raspoutitsas, de rassis, de raréfiés, de rarescents, de raseurs, de rastaquouères, de râtelures, de ratons, de ravilis, de ravinés, de raviolis sans bolognaise !
Puisque c’est comme ça, rendez-vous dans un an… en attendant, allez voir
‘’The Brothers Sisters’’ vous ne serez pas venus vous faire insulter pour rien…

 


lundi 17 septembre 2018

L'Esprit des Lois


Disparues, les ballerines et les chorégraphies, aux oubliettes les enjolivements, hier après-midi, retour aux fondamentaux :  la peur, la sueur, le sang, les larmes. Quand combat rime avec enjeu, la corrida est de retour. Et avec elle votre plumitif préféré (après Durand, Marmande, Zocato, Dupuis, Colléoni, les Bruchet’s brothers, etc bien sûr…)

Quand le premier chat du sorcier a foulé le premier mètre de sable, l’arène toute entière a frémi… des cornes à te dilacérer le sciatique sur tout son trajet, des pointes à te réséquer les muscles profonds du dos, des diamants à te… bref vous avez pigé… Si ? Pour le plaisir ? Ok. Après tout z’êtes clients et je me suis fait rare, ne chipotons pas : des diamants si fins qu’on eût pu les juger prompts à éclairer ton intestin grêle sans que le rectum n’eut en rien souffert de l’intromission. C’est plus long que de lire ‘’astifino’’ mais on s’emmerde moins, non ?

Bref, il s’est arrêté face au type qui lui avait ouvert les portes et a commencé un dialogue qu’il devait continuer avec son torero : euh t’es qui toi, kess tu fais là, j’suis censé faire quoi dans ton délire… ? Enfin voyez, le même genre d’interrogations qui pouvait soudain émaner d’une foule constatant qu’un apprenti-terroriste venait de s’empaler, là, à l’instant T, bar bien nommé, sur des barrières anti déséquilibré. Mais si je change le texte d'hier - pour ceux qui l'auraient déjà lu - c'est que des bruits auraient couru trop vite et trop mal, je ne sais pas d'où vient ce type...

Octavio, je ne le connaissais pas – ben oui, je voyage moins… - j’adore son apellido qui claque comme un coup de fouet : Chacon ! Cinglant, non ? Chacon ! Eh bien, ce n’est pas un fifre, Chacon ! Assez impressionnant de calme, de science et de maîtrise, il s’investit sans broncher là où le monton se liquéfierait devant le danger. Grand ! M’a plu ! Enchanté, Chacon ! Il s’est fort bien dépatouillé sur les deux côtés du faible, donc dangereux, tricoteur de cheville qu’était ce Victorino au large berceau.

Le matin j’avais appris qu’il était désormais – depuis un an ! - interdit de fumer dans les jardins de la fontaine, comme dans une cinquantaine de lieux publics en extérieur… bien que cela ne me soit pas préjudiciable, j’appréhende toute interdiction avec autant de circonspection que Javier Conde une charge pas claire et ça me déprime… Cette corrida commençait bien et pour une fois je n’avais rien oublié : cigare, briquet, tout bien rangé dans ma poche… Sauf qu’au JT de 13 heures il y avait eu ce reportage montrant une municipalité qui avait interdit toute fumée aux abords des écoles… Fumer dans la rue c’est devenu comme pêcher la truite en rivière, maintenant : de là à là tu peux pêcher (c’est con y’a pas un poisson) mais de là à là, tu peux pas, réserve (c’est con elles sont toutes là…) donc je sais pas, l’air du temps, la culpabilité de déclencher des cancers à tout le tendido, tout ça… c’était un peu dur à porter et j’hésitais à sortir l’artillerie lourde cubaine dont j’avais tant envie pour décupler le plaisir de voir enfin de beaux toros combattus par des hommes. Je me suis dit : Marcus, soit urbain, même si c’est autorisé dans l’arène (enfin j’espère ?!?!!!!!) rappelle-toi les bons principes que ta maman t’enseignait et enquiers-toi au préalable de ne pas déranger tes voisines. Je me suis penché par delà les épaules parfumées de ma jolie moit-moit déjà rompue à l’idée de tout supporter par amour pour moi, humour gras, jalousie infondée, volutes cancérogènes, amour bestial et matchs de foot, pour m’adresser à ‘’cuisses de mouche’’ (mini-short et micro-cuisses) à sa droite, pour lui demander si le projet de fumer ne la contrarierait pas… ? Au contraire ! Répondit, enjouée, la belle enfant reluquant d’un air malicieux le module que j’avais en main (eh oh, mon cigare hein…) m’assurant que le parfum des feuilles tropicales l’enchantaient ! Increible, no ? Etait-ce enfin mon jour de chance ? Allais-je toucher à la félicité ? A l’épanouissement psycho-sensoriel ? Au nirvana de la pleine conscience ? A l’ici et au maintenant de la Havane et des dos argentés de Galapagar ? Je me tournais alors vers une de ces innombrables ‘’cheveux courts-lunettes’’, ma quinqua vecina de gauche, pour, sur un ton des plus distingué, arguer de mon immédiat projet. La rombière déclina un :

  • C'est-à-dire que moi-même ne fumant pas…

Dont elle me laissa tirer la conclusion, neurasthénique et seul. N’écoutant que mon héroïque galanterie je lui soufflais d’une haleine fraîche que cela n’avait aucune importance, que j’attendrai de ne pouvoir malheureusement plus jouir de sa compagnie pour m’empoisonner. Il est possible qu’elle m’en su gré car à chaque danger en piste elle me gratifia de moults coups de coude et genou afin que je me montre solidaire de son effroi tout en me racontant une grande partie de sa vie, qui, il faut bien l'avouer, n'était pas des plus palpitantes…J’étais devenu son copain non fumeur, quoi…

Ca commençait à gonfler légèrement moit-moit chérie, cette quinqua désinhibée qui me parlait sans arrêt tandis que ‘’cuisses de mouche’’ me lançait des regards où je lisais : ben alors, c’est pour aujourd’hui ou pour demain les senteurs de la Vuelta Abajo ? Satisfaire les femmes qui m’entouraient s’avérait plus difficile que de convaincre un tio de cinq herbes de boire la muleta, du coup je partis pisser.




Là, dans cet isoloir, j’étais bien. Auto-centré sur moi-même. En pleine possession de mes moyens. Déclinants, certes, mais bon oui oh ça va hein, j’ai jamais sifflé deux paquets de clopes et vingt pastis / jour comme vous, moi… un corps sain autour d’un esprit altéré voilà tout. C’est d’ailleurs pour ça que tu fais le mariole en feria, lecteur, c’est parce-que tu ne peux plus… et alors vas-y que tu surcompenses, que tu brasses de l’air, que tu galèjes à tout berzingue en sirotant des pastagas, que tu étales tes connaissances taurines péremptoires à cramper des abdos de ganadero, que tu torées avec ton Midi-Libre en guise de muleta dans les bars, c’est pour ça…


C’est pas comme Emilio de Justo, torero, lui, qui sait aller à plus, dans la structure de ses faenas. C’est pas comme Pepe Moral très souple de ceinture avec dans la gestuelle ce parfum de Séville difficile à décrire, plus proche du sentiment que de l’effet ou de la posture, qui touche quand on l’aperçoit. Une première série trop confiante peut-être, impressionnante d’ampleur. Se fit-il trop voir ? Las, quand un Victorino vous perfore un testicule, le Moral s’en va et le Pepe reste seul, livide et frustré, insistant pour planter une mauvaise épée afin que son mérite de combattant soit récompensé quand même.


De retour chez moi, heureux de cette course, merci Casas, bon cartel, (ben quoi ?) j’allais enfin pouvoir m’extraire de cette société hygiéniste qui attaque les poissonneries et les boucheries et empêche de fumer en extérieur, j’allais enfin pouvoir chasser de mon psychisme délicat la vision lourdingue de cet affreux toro Playmobil que M. le maire nous a infligé en pleine esplanade. Calé dans mon canapé j’ai sorti le module honni par ma voisine de tendido et, réfléchissant à cette si singulière condition de torero où tu peux en un instant perdre un œil, une couille ou la vie, j’ai frotté le bout soufré d’une allumette contre sa boîte ; rongé par l’incandescence il est devenu noir et la flamme minuscule était fragile ; je l’ai protégé de ma main, j’ai incliné l’allumette vers le bas et la flamme a grandi dansant avec plus d’assurance ; je l’ai mariée à l’extrémité du cigare qui s’est embrasé sous la tétée tandis que ma main jetait, machinale, l’allumette dans la cheminée qu’une loi avait déjà tenté de déclarer hors d’usage et la première bouffée relâchée m’a procuré un intense plaisir, esprit en pleine conscience de la vie qui s’écoulait, car cette ‘’pute d’alarme’’ comme l’aurait appelé Auguste le lozérien n’a pas sonné vu que je ne l’ai pas installé au plafond comme une autre loi l’imposait.


Et puis, si je n’écrivais pas que pour lui, j’ai pensé au Chulo, me demandant si j’avais vraiment envie d’écrire cette resena maintenant qu’il n’était plus là, alors qu’il ne pouvait plus m’appeler au cabinet, deux jours après l’avoir lu, me dérangeant en plein travail, entre une fracture du poignet et une hémiplégie à rééduquer, ne me lâchant plus même lorsque je lui disais que la salle d’attente se remplissait, m’expliquant les valeurs de la gauche, les problèmes de Madagascar ou le talent de nouvelliste de Raymond Carver, me disant qu’il avait bien ri ou que j’avais déconné, qu’il m’avait trouvé con ou génial, me troublant enfin de sa grosse voix quand il m’avouait : << Je t’aime beaucoup, Marc >>


J’avoue, que cette tendresse là, à laquelle je ne m’attendais pas, sa culture, son recul, son authenticité, la bienveillance avec laquelle il me lisait et me donnait ses impressions, de la part d’un sacré tio dans son genre, à l’opposé des petites putes mondaines que l’on croise en feria de Nîmes, m’ont profondément marqué et que je ne l’oublierai pas. Dans notre dernier échange, il avait le projet de me faire visiter ‘’son Madrid spécial castizo’’. On n’en n’aura pas eu le temps, chulo. C'est ce que me disaient les volutes de ce cigare qui montaient vers la nuit avec d'autres pensées trop impudiques ou subversives pour être livrées à d'autres et que l'on avait plaisir à partager.