mercredi 30 septembre 2009

Monsieur moins


Si l'on a surtout relaté les faenas de Tomas pour cette corrida du 27 septembre c'est que Morante de la Puebla a eu à souffrir - dans les deux sens du terme - de la comparaison avec le Madrilène. Blessé au pouce lors de l'estocade, il n'a pu toréer qu'une fois, obligeant un Aparicio confus à réapparaitre après une bronca majeure générée par un toricide vilement prémédité de son deuxième , ce qu'il fit tout marri sous les sifflets rancuniers d'une arène espérant revoir Morante. Au passage, les "bulletins de santé" des toreros me font toujours autant rire, qui annoncent une fracture du pouce alors qu'il torée à Las Ventas six jours après. Que je sache, les os des toreros mettent autant de temps à se consolider que les nôtres, soit quatre à cinq semaines et comme une main sans pouce fonctionnel en opposition aux autres doigts ne peut servir qu'à gifler ou faire coucou, il a une petite entorse quoi...
Bref... Morante a eu de beaux gestes, mais l'art, n'en déplaise à ses supporters, cet après-midi là, n'était pas sévillan, l'art était madrilène. Morante était plus distancié - ce que ces photos ne montrent pas - il était moins lent, moins profond, moins inspiré, moins majestueux, moins complet. A moins qu'il ait été tout ça, mais que Tomas l'ait été beaucoup plus.









mardi 29 septembre 2009

Barcelona : Agbar
















TOMAS-LE-SENSUEL


J’ai perdu la resena écrite pour la corrida de dimanche à Barcelona avec Morante de la Puebla, Aparicio et Tomas. Elle était le fruit de l’émotion et de la nuit, d’une prose féconde encore sous le choc de l’actuacion. Pas celle d’une réflexion reposée et vous l’auriez trouvée naïve voire ridiculo-lyrique. Il faut dire que je m’enthousiasme tellement peu dans l’arène que lorsque cela arrive… Alors il y avait des phrases comme :
« De quelle lave se tisse la muleta de Tomas pour ébouillanter ainsi la foule à l’instant où il la trempe dans le creuset de la monumental réalisant le précipité instantané des forces obscures et magiques de la tauromachie éternelle ? »
Ou bien encore :
« D’où vient cette vibration aussi abstraite qu’universelle ? Cette onde quasi biblique, originelle, primale. De quel arc si tendu se décoche la flèche de cette âme grave et profonde ? Comment rester insensible à la vérité d’une posture qui convoque les enjeux absolus ? »
Enfin voyez, des trucs pour plaire aux filles, qui comme chacun sait « bandent avec les oreilles » Ah bon… vous ne saviez pas ? Toujours la même sensualité du pouvoir de suggestion, de la puissance de l’évocation, de la vibration de l’incantation : quoi de plus évident chez Tomas que ce taraud-là vrillé par son abnégation, de ses tripes aux nôtres ? Mais aujourd’hui, les commentaires des amis lecteurs me permettent de réaliser qu’il est impossible de rendre compte dans l’objectivité espérée. Des faenas de Tomas on pourra toujours ratiociner sur leur facture technique, mais ce serait passer à côté – et quel gouffre ! – de l’universalité des sentiments qu’il recrute. Or, peut-on vraiment à ce niveau d’interprétation se contenter de rendre compte comme on pourrait le faire du travail d’un compagnon du devoir pour les proportions idéales de son escalier ? L’exaltation des foules ne salue-t-elle vraiment que la belle ouvrage du geste technique ou est-il temps qu’elle fasse sa dissertation sur le thème imposé :
« Pourquoi allez-vous voir la corrida ? » parce que tournent en elle de sourdes interrogations ?
Preuve de l’universalité de la corrida, cet article sur la sensualité qui se terminait ainsi n’aurait-il pas pu traiter du toreo de José Tomas ? :

« … elle est toujours socialement ritualisée, implique des codes sociaux, corporels, vestimentaires et autres. Mieux : elle ajoute un supplément de style et de charme qui témoigne d’une ouverture au monde et aux autres, non pour se donner, mais pour imprimer le style d’une présence…
Nous seuls, humains, avons le pouvoir de cultiver notre sensualité dans le but de procurer du plaisir, à nous-mêmes ou aux autres, nous seuls pouvons rechercher ce qui nous plaît, créer nos plaisirs, les imaginer, les mémoriser, les partager. C’est toute la différence entre la recherche instinctive de la jouissance de l’art, qu’il soit pictural, culinaire, érotique ou art de vivre… La sensualité un antidote à la dépression, à la morosité de l’époque et au tragique de la vie ? »

Les psy décryptent et posent les questions. Tomas, lui, en nous donnant du plaisir, répond. Et encore vous ai-je épargné les métaphores clitorido-etc...car se profilait le danger de la pente onaniquo-littér... bref...

lundi 28 septembre 2009

C'est nous, TOMAS, qui sommes à tes genoux !

















Le texte pour cette nuit ? En attendant voici quelques photos à agrandir.











vendredi 25 septembre 2009

Noooooooooon............. Si !



Mesdames et messieurs, l'heure est grave, tauromachiquement parlant s'entend, et à plus d'un titre ! Jugez vous même : Après le fiasco Don Bullien de Las Vegas que l'on va s'évertuer à reproduire, une nouvelle brève diffusée par le site du club taurin Joseph Peyré m'apprend par hasard, tout de go et comme je vous le dis -pas encore pour vous préparer un peu au choc- qu'une grand première marketing va voir le jour. Attention, accrochez vous bien, écarquillez vos prunelles, non, je n'ai rien fumé et aujourd'hui n'est pas le premier avril non plus. Malheureusement. J'adore la lourdeur de adverbes ; et des points virgules ; ça ralentit ; coupe le rythme ; vous irrite peut-être même ; je jubile ; faut qu'j'me soigne ; OK ; il n'empêche ; j'ai pas envie de rire ; Ouh-laaa, la tuile taurine ; vous n'en pouvez plus ; z'êtes perdus ; fais c'k'je veux ; pas obligé d'm'lire ; gnagnagna...; je reprends donc le dernier scoop-avatar taurin qui s'abat sur nos têtes enturbannées puisque Ayatollahs déclarés nous avons été.
Pour la première fois au monde dans l'histoire de la tauromachie - roulement de tambourin - un type - ce fifre - va toréer avec... avec... de la PUBLICITE sur sa MULETA ! Ce qui en soi est déjà une révolution anti-artistique notoire ! Mais vous n'êtes pas au bout de vos surprises, car si vous imaginiez qu'on allait promouvoir par exemple "Cojones, la Cerveza del Machos ! " ou "Taches d'Encre et de Sang" de Casas pensant que l'adéquation était judicieuse, vous vous fichiez le medius dans l'orbite jusqu'à la première circonvolution cérébrale. Mesdames, messieurs, jeunes gens, Pages diaphanes et écuyers précieux, oyez : le torero Joselito Ortega se fera tamponner - pero sobre la muleta... - "GAY UP" une boisson diététique dédiée aux homosexuels. Le torero Mexicain se dit prêt à "affronter les "polémiques d'un univers encore trop traditionnel" d'autant que cela lui apportera le soutien financier nécessaire à la pousuite de son évolution. Et le miel des bloggeurs. Certes, la société s'est féminisée, demandez à Eric Zemour tiens..., et le mot "viril" qui fleurissait dans les colonnes des resenas de la revue TOROS dans les années soixante et dix a quasi-disparu de nos jours. Mais avouez que pour une première, ce sera une première dont on se souviendra !

SKATE-PARK



































































jeudi 24 septembre 2009

659 ROMANS...



Gina ouh-ouh... où êtes-vouuuus ?
Ca suffit les vacances maintenant, y'a du boulot ! Je viens de proposer nos services de chroniqueurs littéraires amateurs à ce site puisqu'il se propose d'associer les bloggeurs - plus de deux cents - afin d'essayer de rendre compte le plus exhaustivement possible de l'avalanche éditoriale de la rentrée. Je leur précise quand même la connotation sanguinolente fréquentée ici au cas où se sentirait le besoin de "faire sa chochotte" sans comprendre les enjeux d'un engagement total qu'enviait Michel Leiris par exemple. Il n'est pas nécessaire non plus d'aimer la corrida pour devenir nos complices bien sûr ! Enfin, nous, ici, associés ou pas à l'entreprise de "chroniques de la rentrée littéraire", nous continuerons nos comptes rendus, satisfaits des cinquante mille pages lues depuis janvier 2009 pour ce blog qui n'a pas encore un an.

mercredi 23 septembre 2009

El Kiné...



Sopo et soso en el ruedo... Soso tombe, allo ? Que reste-t-il ? Comment ! Oserais-je émettre des réserves sur la maxima figura qui triomphe partout depuis plus de quinze ans ?!? Mais qui suis-je, moi, revistero de pacotille pour contester par ces lignes, publiques qui plus est, le triomphe absolu vécu par l'immense majorité d'un public transporté d'allégresse, quasi vertigineux devant l'arc-en-ciel de suavité déployé par "el rey del ligazon" , "el campeon del temple", "l'Hidalgo des ayudas por alto" ? Soporifique le toreo de Ponce ? Une faena bi-pavillonaire ici constestée par un cuistre se voulant plus connaisseur que l'unanimité ? Fichtre ! Diantre ! Vertubleu ! C'est un éclair de lucidité d'André Viard rapporté par el chulo dans un commentaire sur Camposyruedos, qui me donne la matière et me lance à l'assaut de cette idée toujours éprouvée en observant Ponce toréer. Il disait à peu près :

"Si lidiar est l'art de réduire et d'amener un toro à la mort, le toreo moderne de Ponce est l'art de faire durer"

Faire durer ... un toro faible...? C'est bien ça ? Aaaah.... je comprends mieux.... ça m'étonnait aussi, ce virtuose qui me laissait toujours froid. En fait, c'est un confrère de ruedo. Eh oui, il est dans le ruedo le Kinesiologo que je suis dans la vie. Il gère au mieux l'état du souffreteux qu'on lui confie, règle sa déambulation, atténue ses mouvements parasites, régule sa respiration, dose ses efforts. On a souvent qualifié son toreo "d'infirmier", je le vois plutôt rééducateur. Chaque passe du masajista est un onguent réparateur, voire une psychothérapie visant à la récupération de la confiance du toro en son statut de "fauve".

Allez, viens, je ne te ferai pas de mal, tu verras. Je te soignerais même, en bon fisioterapista (je ne suis pas sûr de la traduction de "Kiné" alors j'utilise tout ce que j'ai trouvé...) Ne pas brusquer, surtout ne pas peser, ne pas contraindre, toujours aider, par le haut, toujours profilé, toujours du pico pour que la muleta n'oblige pas trop... Toujours privilégier l'illusion et la posture. Sait-il arrêter de péguer des passes pour toréer vraiment ? Evidemment qu'il sait. On l'a vu à Madrid ou a Bilbao se comporter autrement plus crânement face à de redoutables cornus. D'où la sensation de gâchis . C'est le plus désolant des contre-sens tauromachiques que ce privilège des plus doués à affronter des toros mous. Là, c'est du théâtre, du festival, de la démonstration, on vient toucher les dividendes d'une longue carrière dans ces arènes d'une catégorie disons pas très catégorique. Il doit souvent toréer avec Conde, non ? On a reconnu des similitudes, la flexion d'un poignet au bout d'un bras nonchalant, une attitude efféminée par-ci une préciosité par-là, une noble posture plus loin...

Et ce regard désarmant du gentil toro sortant du pecho... Avez-vous vu cet air doux et naïf de toro décasté incapable d'être en colère ? Une bonne tête de nounours, avouez. Ce type est une manne pour les empresas, un filon pour le superlatif journalistique, un trésor pour le public venu se distraire, une mine pour le photographe. Ce type sert tout, tout le monde et partout, de l'imaginaire populaire aux économies locales en passant par le refoulement des peurs, la résolution des angoisses et la réalisation des fantasmes. Vous ne voudriez quand même pas, qu'en plus, il plaise à l'aficionado ?






dimanche 20 septembre 2009

Une Image...ou deux




Une Image

Au sommet de l'amphithéâtre, seuls au monde, des amoureux s'étaient rejoints.

samedi 19 septembre 2009

Une Image


La Véronique de Julio Aparicio






Loin de l'apparat rutilant et bien en vue des costumes d'un javier Conde, Julio Aparicio en arborait un tout noir, seul le gilet brillant près du coeur et des tripes, d'ors brodés. Il m'est apparu que cela symbolisait bien la différence d'authenticité que je ressentais à propos de ces deux toreros qui prospèrent dans le même registre. Ce n'est pas une certitude, juste un sentiment. Juste la perception subjective depuis mon gradin : là où Conde semble recruter le duende sur commande, jouer la comédie, l'autre, Aparicio, semble habité soudain par de réelles fulgurances mystérieuses. Il a donné ce matin à la cape devant son premier toro, une très émouvante interprétation de la Véronique. La sienne. Une interprétation qui ébouillanta l'arène instantanément. Superbe, et à jamais rangée dans mon souvenir : aussi belle que le costume, une lumière sombre où brillaient enfouies dans ses viscères, les pépites éternelles de ce qu'il est possible de nommer Art. Amplitude, douceur, profondeur, rythme, esthétique, interprétation singulière, tout y était.

Ce matin