Les
psychiatres et les philosophes peuvent bien s’entre-dévorer à coups d’arguments
pro et anti sur la proposition d’interdire le spectacle de la corrida aux
enfants au motif qu’elle serait préjudiciable en dessous de leur 14 ans, nous
ne sommes pas dupes. Nous qui l’avons découverte avant cet âge, savons bien qu’ils
n’y a pas de danger traumatique à y assister. Au contraire, (‘’a contrario’’
eut été plus chic mais aurait induit l’idée d’un latinisme distingué dont une seule année d’initiation ne permet pas de se prévaloir) la révélation de la
détermination jusqu’au-boutiste d’un homme face à ce qui est plus lourd, plus
rapide et plus armé que lui, est sans doute d’une immense valeur éducative et doit
leur en boucher un coin à tous ces petits merdeux (ouais oh, ça va, hein…
arrêtez de les surprotéger, ils ont vu Game of Thrones j’vous signale, scotchés
sur leurs smartphones…)
Déclarer
vouloir les protéger est une hypocrisie, on ne se protège pas de la vie, on l’affronte,
tout au long de son chemin, dans tous les domaines. Seulement voilà, et c’est à
mon avis le vrai problème qu’ils cherchent à contourner, les émotions de l’enfance
sont connues pour perdurer, indélébiles, au plus profond du cerveau, qui est
neuf, tous ses neurones intacts, imprimant des images claires et précises. A l’opposé
du vieil aficionado si imbibé de Ricard qu’il ne sait plus pourquoi il paye
pour voir des toritos trottiner dans l’amphithéâtre…
Le
danger est alors plus grand que le goût soit pris, plus ancré, et ne s’évanouisse
jamais (un peu comme un jeune cheminot cégétiste heureux d’inaugurer son
premier CDI par une grève avant d’avoir transpiré sa première goutte. Si… ça
vous fait du bien de lire des trucs pas consensuels… surtout depuis que Macron a
atomisé les Trotskystes, les Skinheads et les eunuques du centre)
Donc,
j’ai collé un adhésif ‘’toro’’ sur le biberon de mon petit-fils – ah ben oui…-
qu’il ne découvre que lorsqu’il a fini son bib de salmonelle ou de
lait de vache bio tout aussi nocif pour son futur. Et là il est content, et moi
aussi. Olé.