
Oh mais vous pouvez chercher, sur la toile.... que des éloges, du superlatif, du dithyrambique. Même Ma'ame GINA qui m'accompagnait a trouvé ça su-per-be : c'est sûrement moi qui passe au travers de la géniale conceptualisation flamenquiste, certes, mais m'en fous ! Vais dire c'que je pense quand même, au risque de me torpiller, de révèler en public ma beauferie généralisée ! Déjà le Marin, là, le danseur, son physique me gêne... il n'y est pour rien notez bien, pobrecito, pero comme c'est un spectacle et qu'il se donne à voir en tant que danseur, je suis bien obligé de dire ce qu'il m'inspire... On le commente puissant, je l'ai trouvé
faiblard, on le dit génial je l'ai trouvé timoré, etc je vous économise la liste. Faut dire que j'ai encore dans la rétine Israel Galvan. La barre est haute. Marin, lui, évoque pour la moitié haute de son corps l'Huitrier-Pie qui aurait fauté, pour la partie basse, avec un Chevalier Gambette : Tout le monde se rend mieux compte maintenant, non...? Connaissez pô les p'ti zoizos ? Et ben tout le monde au marais et à la jumelle !
faiblard, on le dit génial je l'ai trouvé timoré, etc je vous économise la liste. Faut dire que j'ai encore dans la rétine Israel Galvan. La barre est haute. Marin, lui, évoque pour la moitié haute de son corps l'Huitrier-Pie qui aurait fauté, pour la partie basse, avec un Chevalier Gambette : Tout le monde se rend mieux compte maintenant, non...? Connaissez pô les p'ti zoizos ? Et ben tout le monde au marais et à la jumelle !
Le spectacle ? Agressif pour les yeux - au bout de dix minutes j'étais un peu comme Mowgli quand Kaa le python lui refile des cercles dans les yeux - Horrible pour les oreilles, entre les borborygmes incantatoires ahanés tous azimuts par une cuadrilla de types en noir qui déambulaient d'un air inspiré sur les planches attendant une grande claque dans le dos pour enfin cracher leur morceau et la cacophonie clochesque moult fois réitérée qui violait les tympans, un enfer sur fond d'église ! Chiant pour l'intellect qui s'efforce de capter le sens (très) caché de cette débauche de décibels laitonnés quand justement cette débauche itself le rend incapable d'arriver à connecter deux neurones. Ah c'est fort ! Du contemporain messieurs-dames, du brut de brut ! Du conceptuel. Prenez une escouade de cloches de bonne fonderie suisse, prenez un chariot à timbales tibétaines diverses, rajoutez quelques cantaors-hurleurs, un batteur, un guitariste, faites s'agiter, se télescoper tout ça pendant une heure dans tous les sens et vous n'aurez même pas une petite idée de ce qu'on a dû subir ce soir-là ! Ne passons pas sous silence l'épisode des poêles à frire suspendues par des cordes qu'un papa Noël est venu percuter de ses baguettes même s'il ne courait pas assez vite pour respecter le rythme et qu'il en ratait une sur trois, le bougre, et bien sûr Marin qui n'en finissait plus de jouer les Egyptiens profilés en tapotant d'un zapateo précautionneux la scène, mama mia ! Et bien figurez-vous que j'ai pratiqué un quart de tour discret sur mon fauteuil opportunément placé à l'extrémité d'une rangée et que j'ai piqué un petit roupillon vu que l'écriture occupe mes nuits en ce moment (ouais, rapport au prix Hem, of course...) me disant, tu n'auras pas tout perdu, récupère un peu mon petit père...
Mal m'en a pris ! J'ai clochemardé ! Malgré mon épuisement total, j'ai bien été obligé de me réveiller quand tout ce petit monde carillonnait comme des perdus... De toute façon j'étais en train de rêver que j'étais place Saint-Marc à Rome, prostré, à genoux devant le Pape en pleine cérémonie du dimanche de Pâques et qu'il me faisait expier mes péchés à grands coups de battant de cloche sur ma tête tandis que tout autour des milliers de gens se suspendaient à des cordes pour actionner... d'autres cloches. C'était affreux. Du coup j'ai rejeté un oeil sur la scène et là, la consternation a repris : j'avais remarqué qu'au centre de la scène une cloche isolée pendait, bêtement. L'air cloche. je m'étais dit pour me moquer : tu vas voir qu'il va mettre sa tête dedans... comme ça, par dérision.... Bingo ! Il l'a fait, messieurs-dames ! Mieux il agitait aussi à bout de bras des clochettes ! Géniaaaaaaal......
Bon alors j'ai pris une décision : l'an prochain on ne m'y verra plus au théâtre... voir des espectaculos compréhensibles aussi bien au Japon qu'au Canada, juste coloré d'évocations flamenquistes noyées dans la ''contemporanéité'', niet ! Plus pour moi. Moi, je veux de la tripe, du frisson, de la sueur, pas du concept fumeux, j'ai pas les neurones. C'est bien simple, quand je suis sorti de là je me sentais très Gong.
Je n'ai pas encore eu le temps de vous en parler, mais samedi dernier quand la Silvia de la Placette aux inspirations bien gitanes a interrompu sa danse et prit le bas de sa robe pour dessiner une véronique puis s'est approchée tout au bord de la scène engueulant violemment le public par je ne sais quelle pulsion, putain là oui, il est venu le frisson, sans crier gare, d'un seul coup d'un seul, sans que je l'appelle ou le souhaite, en une demi-seconde il était là, qui m'a parcouru les bras jusqu'à l'échine, dressant mes poils et mes cheveux. Je me suis alors tourné sur ma gauche pour me donner une contenance face à ce trouble qui m'envahissait et dire au photographe qui me côtoyait que, quand même, "avoir une femme comme ça à la maison ça ne devait pas être facile tous les jours" mais le rire qui a fusé n'était pas le sien. Mes yeux s'acclimatèrent au noir profond et découvrirent ceux d'une très belle jeune femme elle aussi très typée gitano. Elle a ri et m'a dit : "détrompez-vous, Silvia est très gentille dans la vie, tout comme moi..." Fou, non ?