Très très beauf je me sentais hier soir au théâtre alors que crépitaient frénétiquement autour de moi les applaudissements nourris de mes voisins de tendido saluant "El Cielo de tu Boca" d'Andres Marin ! Parce que s'il y a un spectacle où je me suis fait copieusement ch... non, reprenons... disons où l'ennui s'est imposé avec force et constance, c'est bien devant cette incompréhensible et clochemerlesque cacophonie. Les cinq premières minutes mises à part, je le concède volontiers. Mais comme ce spectacle dure une heure trente cinq, le calvaire a débuté très tôt.
Oh mais vous pouvez chercher, sur la toile.... que des éloges, du superlatif, du dithyrambique. Même Ma'ame GINA qui m'accompagnait a trouvé ça su-per-be : c'est sûrement moi qui passe au travers de la géniale conceptualisation flamenquiste, certes, mais m'en fous ! Vais dire c'que je pense quand même, au risque de me torpiller, de révèler en public ma beauferie généralisée ! Déjà le Marin, là, le danseur, son physique me gêne... il n'y est pour rien notez bien, pobrecito, pero comme c'est un spectacle et qu'il se donne à voir en tant que danseur, je suis bien obligé de dire ce qu'il m'inspire... On le commente puissant, je l'ai trouvé
faiblard, on le dit génial je l'ai trouvé timoré, etc je vous économise la liste. Faut dire que j'ai encore dans la rétine Israel Galvan. La barre est haute. Marin, lui, évoque pour la moitié haute de son corps l'Huitrier-Pie qui aurait fauté, pour la partie basse, avec un Chevalier Gambette : Tout le monde se rend mieux compte maintenant, non...? Connaissez pô les p'ti zoizos ? Et ben tout le monde au marais et à la jumelle !
faiblard, on le dit génial je l'ai trouvé timoré, etc je vous économise la liste. Faut dire que j'ai encore dans la rétine Israel Galvan. La barre est haute. Marin, lui, évoque pour la moitié haute de son corps l'Huitrier-Pie qui aurait fauté, pour la partie basse, avec un Chevalier Gambette : Tout le monde se rend mieux compte maintenant, non...? Connaissez pô les p'ti zoizos ? Et ben tout le monde au marais et à la jumelle !
Le spectacle ? Agressif pour les yeux - au bout de dix minutes j'étais un peu comme Mowgli quand Kaa le python lui refile des cercles dans les yeux - Horrible pour les oreilles, entre les borborygmes incantatoires ahanés tous azimuts par une cuadrilla de types en noir qui déambulaient d'un air inspiré sur les planches attendant une grande claque dans le dos pour enfin cracher leur morceau et la cacophonie clochesque moult fois réitérée qui violait les tympans, un enfer sur fond d'église ! Chiant pour l'intellect qui s'efforce de capter le sens (très) caché de cette débauche de décibels laitonnés quand justement cette débauche itself le rend incapable d'arriver à connecter deux neurones. Ah c'est fort ! Du contemporain messieurs-dames, du brut de brut ! Du conceptuel. Prenez une escouade de cloches de bonne fonderie suisse, prenez un chariot à timbales tibétaines diverses, rajoutez quelques cantaors-hurleurs, un batteur, un guitariste, faites s'agiter, se télescoper tout ça pendant une heure dans tous les sens et vous n'aurez même pas une petite idée de ce qu'on a dû subir ce soir-là ! Ne passons pas sous silence l'épisode des poêles à frire suspendues par des cordes qu'un papa Noël est venu percuter de ses baguettes même s'il ne courait pas assez vite pour respecter le rythme et qu'il en ratait une sur trois, le bougre, et bien sûr Marin qui n'en finissait plus de jouer les Egyptiens profilés en tapotant d'un zapateo précautionneux la scène, mama mia ! Et bien figurez-vous que j'ai pratiqué un quart de tour discret sur mon fauteuil opportunément placé à l'extrémité d'une rangée et que j'ai piqué un petit roupillon vu que l'écriture occupe mes nuits en ce moment (ouais, rapport au prix Hem, of course...) me disant, tu n'auras pas tout perdu, récupère un peu mon petit père...
Mal m'en a pris ! J'ai clochemardé ! Malgré mon épuisement total, j'ai bien été obligé de me réveiller quand tout ce petit monde carillonnait comme des perdus... De toute façon j'étais en train de rêver que j'étais place Saint-Marc à Rome, prostré, à genoux devant le Pape en pleine cérémonie du dimanche de Pâques et qu'il me faisait expier mes péchés à grands coups de battant de cloche sur ma tête tandis que tout autour des milliers de gens se suspendaient à des cordes pour actionner... d'autres cloches. C'était affreux. Du coup j'ai rejeté un oeil sur la scène et là, la consternation a repris : j'avais remarqué qu'au centre de la scène une cloche isolée pendait, bêtement. L'air cloche. je m'étais dit pour me moquer : tu vas voir qu'il va mettre sa tête dedans... comme ça, par dérision.... Bingo ! Il l'a fait, messieurs-dames ! Mieux il agitait aussi à bout de bras des clochettes ! Géniaaaaaaal......
Bon alors j'ai pris une décision : l'an prochain on ne m'y verra plus au théâtre... voir des espectaculos compréhensibles aussi bien au Japon qu'au Canada, juste coloré d'évocations flamenquistes noyées dans la ''contemporanéité'', niet ! Plus pour moi. Moi, je veux de la tripe, du frisson, de la sueur, pas du concept fumeux, j'ai pas les neurones. C'est bien simple, quand je suis sorti de là je me sentais très Gong.
Je n'ai pas encore eu le temps de vous en parler, mais samedi dernier quand la Silvia de la Placette aux inspirations bien gitanes a interrompu sa danse et prit le bas de sa robe pour dessiner une véronique puis s'est approchée tout au bord de la scène engueulant violemment le public par je ne sais quelle pulsion, putain là oui, il est venu le frisson, sans crier gare, d'un seul coup d'un seul, sans que je l'appelle ou le souhaite, en une demi-seconde il était là, qui m'a parcouru les bras jusqu'à l'échine, dressant mes poils et mes cheveux. Je me suis alors tourné sur ma gauche pour me donner une contenance face à ce trouble qui m'envahissait et dire au photographe qui me côtoyait que, quand même, "avoir une femme comme ça à la maison ça ne devait pas être facile tous les jours" mais le rire qui a fusé n'était pas le sien. Mes yeux s'acclimatèrent au noir profond et découvrirent ceux d'une très belle jeune femme elle aussi très typée gitano. Elle a ri et m'a dit : "détrompez-vous, Silvia est très gentille dans la vie, tout comme moi..." Fou, non ?
19 commentaires:
eh, je t'ai attendu au bar samedi fieffé photographoman ! déjà le vendredi t'es passé avec ton gros appareil , j'ai dit "marc" mais t'as pas cillé. pourtant les cloches c'est plus tard qu'elles t'ont rendu sourd, non ? bon, j'ai pas hurlé non plus, c'est vrai. l'odéon, mouais...pas de pitié avec ses sonorisateurs en bois ! fallait qu'elles tapent fort pour qu'on les entendent à peine les princesses. un tablao ça se monte , ça se fabrique, ça se bichonne. mais ça s'improvise pas en posant comme une grosse bouse un bout de bois sur une scène. et puis trois heures et demie de spectacle à côté des radiateurs je peux plus. au moins dans les festivals en andalousie la barra est au même endroit que la scène. si le duende surgit on l'arrose avec un verre de manzanilla et basta ! par contre à l'atria après...là oui. le cante qui crève sa peau, qui exude sous les doigts.sans micro, sans rien. juste une guitarre, on aurait dit un jouet. le cante :une possession.
et les cloches de marin, elles se fendent et se fondent dans ce feu constant. on s'en tape des cloches à ce moment-là. par contre, javier baron au théâtre, chapeau. un fil à linge avec des chemises de couleurs vives qui claquent et qui se gonflent dans le vent de quelques choses : la profondeur de l'élégance , la pulsion des formes virtuoses, sans pauses ni poses. tendu et réjouissant. le bonheur de faire partie de la famille flamenca. et miguel ortega, que cantaor !
et voilà, j'ai fait ma reseña chez toi. je vais raconter quoi au bar du ciego, moi ? dire que tu m'as même pas payé un coup .
à charge de revanche ?
un abrazo.
ludo
Pauvre Marin, Pauvre misère !
Tu te fais drôlement sonner les cloches
µ/µ/
Gina
Festival Flamenco du Moun début juillet?
Le meilleur du monde parait il...
Quoi Ludo ? Tu m'as vu passer devant toi et ne m'a même pas "interpellé" !?!?! Moi qui t'ai cherché partout sans te reconnaitre ?!?! j'avais mon portable dans mon blouson, là-bas, j'ai cru que tu m'appellerais et que j'entendrais pas... je ne me rappellai plus bien de ta tête.... Puis je me suis dit : il a pas le temps avec tous les gens de son mundillo qu'il doit voir... etc ...
Sinon, oui, merci pour la resena... quant à l'organisation du tablao, dis-le à ton copain Belito ! Ou au soi-disant "directeur artistique" pépé Linares...
Bon sinon c'est quand à Mont de Marsan ?
Pour une fois, pas de silhouette en violoncelle sur scène, pas de longues robes ondulantes. Du net. Des lignes géométriques, des triangles, des obliques et des verticales, aussi pures que le claquement ou le crépitement des chaussures, que le corps souple, sombre, fin (oui) de Marin, poignets cassés, membres tendus, dessinant ses figures.
Le tout se détachant en ombres chinoises sur un fond clair ou doré .
Ö surprise, pas de tambourin, mais des cloches suspendues comme de hauts fils à plomb disposés en un grand rideau léger au bord de la scène.
Dans cette ambiance sonnante et trébuchante, je n’ai pas cherché du sens étant autant profane qu’ignare. Je me suis blessé les doigts en ne pouvant retenir mes applaudissements joints à ceux d’une foule enthousiaste – de quoi secouer les endormis -, et depuis des images me défilent dans la tête, comme un bon film vu en salle qui vous obsède le lendemain.
Gina
gina
je crois que je vous aime(rais)
Festival Arte Flamenco du 5 au 10 juillet, dans les rues, dans les bars, au théâtre, à l'espace Mitterrand...
isa du moun
Pour le prochain spectacle, demande moi des vidéos avant d'y aller.Tu sauras à quoi t'attendre!
Pour ceux qui voudraient savoir à quoi ressemble ce dont tu parles voilà les liens:
http://www.youtube.com/watch?v=q_0HLIW6uIk&feature=related
http://www.youtube.com/*-*zéawatch?v=WeA2cxVH5so&feature=related
isa
sauf que je vais au spectacle pour être surpris...
Ce soir Pastora Galvan : là oui, ça vaut le coup de se déplacer !!! mais plus de places....
Sur... pris au piège, on dirait...
isa
Oui-da mais quel agréable piège celui qui me permet le plaisir de l'écriture jubilo-défoulatoire d'une telle page ! j'en redemande.
Dommage pour la famille Galvan,tu ne pourras pas écrire une avalanche de compliments sur eux comme l'année dernière! Et surtout tu ne pourras pas voir en direct si Pastora est plus belle ,plus érotique, plus flamboyante que l'an passé...
isa
Rien de grave puisque le « moche » comme le beau, conviennent à la prose de Marc, et au plaisir des lecteurs.
anonyme,bravo!Dans ce commentaire tout est dit.Marc , tout l'inspire,même l'ennui!Et nous ,ses lecteurs on attend sa prose qui nous ravit...Un vrai plaisir ce blog!
isa
C'est ma fête ou quoi ? Calmez-vous les goupies...
Pastora n'est pas belle comme rocio Molina, je veux dire si on la voit à la terrasse d'un café, mais dés qu'elle danse, aïe, aïe, aïe................
Bon j'aurais des ch$oses à vous écrire mais le temps manque...
ok mais les gyspies kings ne sont pas landais, que je sache!
Belle découverte que ce blog !
Phrasés aux saveurs nîmoises, dérision "grand teint", déchaînements Desprogiens, ...
Que s'est-il passé après les cloches cauchemardesques de MARIN ?
J'attends avec impatience la suite ...
dis donc, marc, j'espère que la nouvelle avance!
L'ART de se faire DESIRER.
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