samedi 25 décembre 2010

Cuba, la Havane, hôtel National


La Havane. Hôtel National. Je viens à peine d'arriver et de poser mes valises. La chambre où dormit Nat King Cole. Un palace cinq étoiles. Ne comparez pas avec le Crillon. Ici c'est un palace car il y a du PQ tous les jours, que l'eau coule chaque fois que l'on actionne le robinet, chaude y compris, et que les ascenseurs ne tombent pas souvent en panne. Son joli patio est presque le premier contact exotique, n'était la rencontre avec l'éclairage miteux de l'aéroport où les néons blafards sont rares et font circuler les Européens yeux plissés pour tenter d'apercevoir quelque chose. Tout est ''National'' là-bas. L'Hôtel, l'autoroute, le discours. Il y a du beau monde alangui sous les arcades du patio dans les énormes fauteuils en rotin. Soudain, tempête tropicale. Il n'y a guère que ce petit palmier qui fait encore bonne figure bien en retrait au coeur de l'enclave. Les autres, au loin, ont la forme des parapluies retournés par les bourrasques tandis que l'averse est drue comme zébu qui pisse. Envolée de perroquets sous les arcades : ces beaux messieurs parfois accompagnés de jeunes femmes cubaines s'éparpillent. Je me retrouve seul. Le garçon vient déposer sur ma table un énorme cendrier d'onyx rose qui doit bien peser ses quatre kilogrammes. Je me la pète : Mojito et Romeo y Julieta N°3 por favor. Je sirote, je crapote. Le rhum, le sucre et la hierbabuena se mêlent à l'attaque délicate du puro. Finis, les bagages à porter, les queues interminables et tracassières des douanes. Je suis arrivé. C'est un autre monde qui s'ouvre à moi. Un jour, Hemingway s'est sûrement assis là. Une belle averse. Je la photographie. Je suis seul. Je suis bien.

3 commentaires:

el chulo a dit…

marc, ça c'est très bien!

je regrette que tu aies sucré mon commentaire au commentaire très beauf version utérine de isa del moun concernant les espinguoins illettrés. à la fois, faux, pour des raisons que je ne développerai pas ici, et méprisant et quasi xénophobe.

mais sans doute s'agit t'il de ce second degré dont la droite est si friande.

Maja Lola a dit…

Belle entrée en matière. Un autre monde, comme si le temps s'était arrêté dans une paranthèse d'histoire. Nat King Cole, Hemingway.... On s'attend à les voir apparaître dans le patio rafraîchi par la bourrasque....
L'un murmurant Perfidia, ou Quizas quizas quizas, l'autre assis près de toi, lové dans un fauteuil, l'oeil mi-clos, sirotant un mojito.
Ton Nacional vaut certainement mieux que les cinq étoiles et autres Crillon.
Il sera toujours temps d'aborder la réalité, toutes les réalités cubaines.

Anonyme a dit…

Moi, j'envie la solitude profonde dans un profond fauteuil en rotin et la tranquille contemplation de la nature déchaînée. Ca vaut la peine de quitter un temps, sa maison.

Gina