Il tient ses doigts raides, tendus vers le plafond, poignet, coude et épaule enraidis.
- Fermez la main gauche, allez… un effort… je sais que vous pouvez y arriver, faites comme s’il y avait un billet de 500 euros à attraper…
Francisco bouge enfin, mais de partout sauf de la main gauche, secoué qu’il est par son rire. Il ferme la main droite pour me montrer que de ce côté-là, il peut… ce qui par ricochet est chargé de me faire comprendre que c’est pas la peine de lui demander du côté où c’est difficile, juste pour l’emmerder, vu que s’il pouvait, il a bien compris comment il ferait… et que si j’avais seulement la bonne idée de le lui demander du bon côté, nos rapports seraient plus consensuels et la vie plus facile.
Asuncion est sur le départ, elle s’affaire, tournant en rond dans l’appartement en vérifiant que ce qu’elle a déjà mis dans ses poches n’est pas oublié dans quelque tiroir de meuble marron foncé torsadé style ''Controverse de Valladolid''. Dans sa chambre tout est bien à sa place, les poupées espagnoles, les bibelots kitchissimes et la lampe de chevet en velours rose et franges de soie. Dans celle de mon patient, par contre, a sévi un autre décorateur du nom de ''Bastide Médical''. L’inox et le polyméthacrylate de méthyle ont remplacé le bois et le velours et le petit fauteuil a cédé sa place à un trône nocturne tout de métal et de skaï revêtu, installé au cœur de la chambre pour l’apport progressiste de son tiroir à déjections. Cool. ''Médicalisé'' que ça s’appelle.
Asuncion claque la porte. Francisco vérifie d’un regard circulaire qu’il ne s’agit pas d’une fausse alerte et qu’elle est effectivement sortie, puis me lance :
- Elle é beaucoup fâchée avec moi, en cé moment… zé pé plou rien dire…
- Fermez la main gauche, allez… un effort… je sais que vous pouvez y arriver, faites comme s’il y avait un billet de 500 euros à attraper…
Francisco bouge enfin, mais de partout sauf de la main gauche, secoué qu’il est par son rire. Il ferme la main droite pour me montrer que de ce côté-là, il peut… ce qui par ricochet est chargé de me faire comprendre que c’est pas la peine de lui demander du côté où c’est difficile, juste pour l’emmerder, vu que s’il pouvait, il a bien compris comment il ferait… et que si j’avais seulement la bonne idée de le lui demander du bon côté, nos rapports seraient plus consensuels et la vie plus facile.
Asuncion est sur le départ, elle s’affaire, tournant en rond dans l’appartement en vérifiant que ce qu’elle a déjà mis dans ses poches n’est pas oublié dans quelque tiroir de meuble marron foncé torsadé style ''Controverse de Valladolid''. Dans sa chambre tout est bien à sa place, les poupées espagnoles, les bibelots kitchissimes et la lampe de chevet en velours rose et franges de soie. Dans celle de mon patient, par contre, a sévi un autre décorateur du nom de ''Bastide Médical''. L’inox et le polyméthacrylate de méthyle ont remplacé le bois et le velours et le petit fauteuil a cédé sa place à un trône nocturne tout de métal et de skaï revêtu, installé au cœur de la chambre pour l’apport progressiste de son tiroir à déjections. Cool. ''Médicalisé'' que ça s’appelle.
Asuncion claque la porte. Francisco vérifie d’un regard circulaire qu’il ne s’agit pas d’une fausse alerte et qu’elle est effectivement sortie, puis me lance :
- Elle é beaucoup fâchée avec moi, en cé moment… zé pé plou rien dire…
- Ah bon… ? Aurait-elle quelque chose à vous reprocher … ?
- Yavé l’infirmière l’autre jour et jé loui é di qu’elle été muy gentille… dépoui elle mé fé la têt’…
- Vous ne lui auriez pas plutôt dit que vous la trouvez jolie ?
- Noooo… même pas…ça zé loui avé déjà dit avant !!!
- Eh bien peut-être qu’elle aimerait que vous le lui disiez à elle aussi, qu’elle est gentille, avec tout ce qu’elle fait pour vous, jour après jour…
- Ah mais ça, zé pé pa loui dire…. !
- Et pourquoi ?
Francisco rajuste la ceinture de son peignoir bleu marine à armoirie pectorale dorée, relève le menton, superposant son regard avec l’horizon et déclare solennel :
- Parce qué jé mentiré !
23 commentaires:
La saga continue. Il est touchant Francisco. Il doit souhaiter de nombreuses sorties courses de sa "terreur" (décidément, tu t'acharnes sur la pobre mujer ...) pour respirer un peu.
Je note en passant le fin esthète que tu es, et auquel n'a pas échappé ce style de mobilier si pittoresque ...
Au fait, tu es sponsorisé par BASTIDE ?
La communauté espagnole omniprésente de la clientèle delonesque... :)
isa du moun
parfois, j'aimerais bien être sponsorisé par quelqu'un...
Bon sinon, suite à une plainte de mal voyante, j'ai fais un test sur ce texte en augmentant la police de caractère : c'est mieux ? c'est pas bien ? ou c'est plus confort mais plus laid ?
pour moi, c'est pas bien, pas plus confort mais plus laid.
mais par respect pour ta lectrice mal voyante, on supportera.
pour le reste, du bon delon.
Tu sais ce qu'elle te dit la mal voyante ... merci mais tu peux revenir à ta présentation initiale car son mari, à peu près bien voyant ... lui, a trouvé la solution de lecture facile ... sélection du texte ... touche Ctrl + roulette de la souris et le tour est joué ... comme ça Chulo sera content mais ton effort aura été louable ! à bientôt et désolé de t'avoir enki-kiné !
Yé boucoup aimé cetté historia!
Exact Isa du Moun. Et pourtant son cabinet est dans un quartier aux multiples communautés ... mais apparemment il a un faible pour Asuncion et Francisco (d'ici à ce qu'il y ait du chouchoutage !)
moi, je suis bête et discipline, je reponds aux questions en mon "ame et conscience".
Pfffff... j'ai des textes sur les Arabes aussi (j'ai dis un gros mot ?), les gitans, les femmes (une peuplade très bizarre) et même sur les Lozériens... mais je garde tout ça pour mon premier roman qui devrait sortir dans vingt ou trente ans. Le temps que je le finisse quoi...
je connais ça! le temps de finir!
Il vaut mieux "finir" avant de se retrouver devant un ordinateur médicalisé!
C'est Asuncion qui a l'air de vouloir mettre les voiles le plus vite possible pour s'offrir un bol de liberté à l'ozone.
Gina
Et les sourds, vous faites quoi pour les sourds ?
Salut Marcus,
Ecrire l'accent espagnol c'est faisable, mais pourrais tu nous écrire l'accent pieds-noirs ?
Adessiats.
A ce petit jeu là on s'attache aux personnages,la pause mug-ecran-delon devient une addiction.
Victorina
n voyant ces quelques vachettes paitre paisiblement dans ce champ, je comprends mieux maintenant qu’il soit nécessaire de les massacrer dans une arène pour se prémunir du danger qui nous menace !
C'est bien qu'il y ait de temps en temps un gentil zanti qui vienne dire une énoooorme connerie plus grosse que lui, ça permet de leur ouvrir un peu l'entendement.
Les vaches qui paissent là, n'ont su qu'une fois à quoi ressemblait une petite arène, la leur, lors d'une tienta où l'on éprouve leurs qualités. Elles en sont ressorties vivantes mais pour celles n'ayant pu montrer les remarquables caractéristiques de la race brave recherchées par leur éleveur,avec le funeste projet de connaître bientôt le dépeçage de leurs abattis en abattoir. Elles auront la joie et le privilège de ne plus paître dans les près de Camargue mais d'être "raccourcies" anonymement à l'âge de deux ans, fait banal n'ayant jamais indigné aucun zoolâtre : c'est de la boucherie. On les apprécie alors dans l'assiette,en daube,et je recommanderai aussi la côte de "taureau" à la crème et aux morilles avec un peu de riz du coin.
Les chanceuses autres, ne connaîtront pas plus l'arène mais que cette liberté dans leur biotope naturel, seule leur progéniture mâle et quatre ou cinq ans après, sera sélectionnable pour la corrida, ce qui doit représenter environ 10% du total de l'élevage soit 50 têtes pour 500 bêtes environ. Quel scandale en effet... mais selon le prestige et la demande inhérente à cette élevage, il n'arrivera pas à vendre six lots (6x8= 48) et souvent ce sera le matador du boucher (un pistolet) qui l'abattra tristement dans les odeurs mortifères et lugubres : si ça peut rassurer...
à sept élevage ? à Sète, l'élevage ?
a cet élevage quoi... y'en a d'autres ?
elixirman, et "l'accent con? " ça existe non?
Vraiment Marcus de Nemesus, éclaire-nous de ta logique… !
Sous prétexte de finir aussi dans un abattoir à l’air libre observé par des milliers de malades libidineux, tu m’affirmes qu’il est préférable de faire souffrir pendant de longues minutes un animal afin qu’il puisse démontrer sa vaillance…
Si tu étais passé dans les mains de Barbie (pas la poupée bien sûr, mais Klaus) à Lyon, tu aurais préféré pendant plusieurs semaines être frappé, brulé à la cigarette, électrisé, avoir les ongles arrachés, être tailladé, passé au supplice de la baignoire, ou bien avoir la chance d’avoir immédiatement une balle dans la tête… ?
Franchement, hein, dis-nous ?
Adessiatz...!
C'est pas grave, Elixirman, (enfin pour moi...) tu n'as pas l'air doté des deux neurones qu'il faudrait connecter pour faire "tilt". Il est aisé de te répondre sur ta métaphore même : oui, si j'avais été soldat j'aurais préféré mourir en me battant au front que gazé dans un camp, oui.
Quant à continuer à établir de "gentils parallèles" entre des tortionnaires nazis et les spectateurs d'une course, fais gaffe, désormais des procéduriers de tous bords courent les rues surtout avec des traces écrites, c'est plus facile... sois sûr qu'ils verseront les indemnités obtenues à la cause de la corrida en plus... ;-)
Marcus, à la lecture des commentaires du blog, on pourrait reverser aussi des indemnités à la cause des femmes, des vieux, des handicapés et des décérébrés à 2 neurones.
Mais qui sait si tu n'es pas une vieille femme handicapée décérébrée ?
beurkkkkkkkkkkkkkkkkkk elixirman!
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