mardi 27 décembre 2011

Perdez quatre kilos en une semaine...

Peut-être, mais pas la semaine des fêtes... et pas avec une ''Poularde au vin jaune et aux morilles'', ça non. Un préalable lecteur : si tu es pauvre, passe ton chemin, ce n'est pas pour toi. Quoique, si tu es pauvre comment se fait-il que tu sois en train de me lire sur ce magnifique écran plat relié à ce PC de course, hein ? Revends-le plutôt et achète des livres de poche d'occasion pour te cultiver un peu car le pire handicap du pauvre est son inculture. Ton inculture, pauvre de toi ! Même que parfois, ils ne comprennent pas leur propre langue. Si, souvent je leur traduis des lettres pourtant écrites en français dont ils ne comprennent pas le sens. Pas encore écrivain public mais traducteur public, si.

Oui, revenons à notre poularde, c'est un plat super cher : dans ma cocotte en fonte Staub n°33 à tétons de couvercle suintants automatisés dont aucune femme ne peut se servir vu qu'elle pèse le poids d'un baudet du Poitou mort et boursouflé, il y en avait au bas mot pour cent euros. Trente euros de poularde, trente euros de morilles, trente euros de pseudo vin d'Arbois, le jus d'un demi- citron bio, un pot de crème de vache propre, une lichasse de Cognac pas dégueu, sel de Camargue siouplait, poivre du Kerala on est chic ou on ne l'est pas, et, à la cuillère en bois, un fifre de Nîmes, con : moi. C'est pourquoi cette recette, pauvre de moi, je ne la sors qu'une fois par an. Ce qui est cher, c'est surtout quand tu la rates ! Comme moi cette année. A cause de madame, bien sûr. Les femmes qui ne s'intéressent pas à la cuisine sont toujours de mauvais conseil. Croyant m'aider et culpabilisant de tout me laisser préparer seul, l'infirmière avait fait les courses sachant que le jour « J » elle finirait à vingt et une heures.

J'ignore si le soir du réveillon elle leur injecte du vin jaune en sous-cut... elle devrait. Ouais on bosse, nous, monsieur, sans jamais être augmentés ou faire grève... libéral que ça s'appelle, et c'est pas un gros mot, et on n'est pas pété de tunes pour autant, comble de l'ignominie !!! Parce que le seul calcul qui vaille dont on n'entend pourtant jamais parler, c'est la division du revenu imposable par le nombre d'heures et là, putain de pauvres, on gagne moins que notre femme de ménage ! Tu le crois, lecteur ? Je l'ai déjà écrit ? Tant pis, vous ne l'aviez pas cru, de toute façon. Salope. Pas la femme de ménage, la vie. Alors le premier gréviste cégétiste qui me traite de privilégié, je l'em-plâ-tre. (faut voir, surtout s'il est moins costaud)

Elle s'était laissée embobiner par le caviste qui n'avait pas de vin jaune d'Arbois (c'est pourtant pas si compliqué : du vin jaune d'Arbois !) et qui lui a fourgué un Chardonnay du Jura prétextant que c'était grosso-merdo tout pareil. Eh ducon va, pas du tout ! Beaucoup plus sec et trois degrés en moins ! Après, je me suis rendu compte qu'elle m'avait acheté de la crème fraîche demi-écrémée liquide... Nein danke ! C'était de la putain de grosse crème fraîche épaisse et entière qu'il fallait, bien grossissante ! Pas de la coulette dégraissée pour chausser à nouveau de la taille 38 ! Non ! De la crémasse bien grasse pour sauter du 42 au 44, tu vois ? Faut l'assumer ta poularde ou alors tu manges du jambon de dinde recomposé et tu ne nous emmerdes plus, lecteur, avec ton anorexie comme ambition existentielle. Enfin, pour faire revenir les morceaux de poularde dans les trente grammes de beurre, mélangée à l'huile d'arachide prestement remplacée par de l'huile d'olive évidemment, l'infirmière obsédée par mes coronaires - pourtant elle hériterait plus vite - m'avait doté d'un vilain petit container verdâtre en plastoc étiqueté ''St Hubert Omega 3'' censé faire office de vrai beurre bien gras : n'importe quoi ! D'autant qu'avant, il n'y avait qu'un foie – gras - de Belpech – ça c'est pas cher : six euros le kg comme le canard gras où que cety qu'on l'a trouvé dedans – avalé avec un petit Jurançon délicieux suivi de quelques ENORMES gambas en sauce, enfin des trucs tout légers pour attaquer la poularde avec les crocs, quoi... je sais c'est dégueulasse de bâfrer comme ça, mais bon, c'est la crise, faut lutter. Pour les desserts, fallait pas compter sur moi : rien. Ni bûche à la noix, ni fromages qui puent, rien je te dis. Si, finalement on a trouvé un Litchi pour chacun et basta. La poularde de St Sever label rouge, très bien... Il n'y a pas la grosse étiquette bleue « des landes » dessus, mais elle est tout aussi labellisée rouge et des landes tout pareil... pour cinq euros de moins au kilo. Les morilles, divines... c'est vraiment le champignon que je préfère, avec ses petites alvéoles qui retiennent la sauce... Alors voilà le hic justement, la sauce, ratée par manque de gras et de tanin... plus délitée que liée et dans ce plat tout est dans la sauce, lecteur pauvre, maigre, dégoûté et cégétiste, qui n'aime rien tant que de vieilles saucisses brûlées au bois de palette chimiquement saturée : à quoi ça sert de faire grève si tu ne sais pas ce qui est bon dans la vie ?!

Sur ce, je vais reprendre de ma copine, Citrate de Bétaïne, avec qui nous avons des rapports très fusionnels en ce moment.

5 commentaires:

Maja Lola a dit…

Facile, de mettre sur le dos de Madame le ratage de la sauce ...
D'abord, quand on officie en cuisine et que l'on aspire à créer l'oeuvre parfaite ON achète soi-même ses ingrédients.
Pas mal LE litchi comme point final de la partition ; si ça se trouve tu aurais peut-être même pu te passer de la fréquentation de ta copine aristo (qui offre beaucoup ses faveurs en ce moment ...)

el Chulo a dit…

he bien gros macho, comme ta compagne n'a pas vraiment plus de loisirs que toi, je pense que tu aurais dû faire tes courses toi même!

Anonyme a dit…

J'ai lu avec un certain retard, le temps de digérer mon gigot pascal-avancé (" un tien vaut mieux que deux tu l'auras"), sans citrate bétaïné.
J'ai bien ri, j'ai pensé à l'assistante culinaire et je me demande ce qu'il en fut de la traditionnelle paix de Noël!
Pensez Marc à tout ce gras en moins dans vos artères, à la longévité prolongée, donc à tous les noëls dégraissés qui vous attendent.
Gina

Anonyme a dit…

Et l'immeuble a empesté le graillon pendant des jours !
Mort aux morilles !
C'est vrai Maja Lola que la voisine du quatrième, c'est un thon ! Quand on sort de chez elle, la main glisse sur la poignée en cuivre de la porte et on ne sait plus si c'est les vapeurs du graillon des Delon ou la mini fuite de ses PIP.
JLB

Anonyme a dit…

Si/quand vous n'avez pas de vin jaune, plutôt que du chardonnay qui aurait sans doute mieux fait d'accompagner vos gambas, je vous conseille le fino ou mieux la manzanilla. C'est très proche du vin jaune (sauf s'il est très très vieux...) c'est fait de la même façon, c'est moins cher, et en plus cela permet de garder le vin jaune pour accompagner le plat...
En tout cas tout à fait d'accord avec vous: ce plat, et les morilles, ne convient que saturé de graisses animales (celle de la poularde plus le beurre et la crème). Et il faut faire attention de ne pas trop cuire la bête ! J'en ai raté une (enfin ma femme, moi aussi) l'an dernier à Noël... trop cuite donc sèche. Snif!