HOSTILES
de Scott Cooper
C’est
un Western lent, profond et majestueux. Où les hommes sont frères mais ne le
savent pas encore. Où les chevauchées au long cours se font au pas lent, celui
de la réflexion, des prises de conscience, des remises en question et des dos
éreintés. Il faut dire que durant le dernier quart de siècle, on n’a pas cessé
de s’entretuer.
De
se scalper, de s’égorger, de s’émasculer, de s’ouvrir en deux. Au sens propre,
malgré les salissures. On a massacré toujours plus, massacré des hommes,
massacré des femmes, massacré des enfants, sans distinction, gratuitement, à
Wounded Knee ou ailleurs, par désir d’hégémonie, pour la conquête de l’Ouest.
Alors comment l’ouverture à l’autre pourrait-elle être facile et rapide… ce
n’est pas possible.
Pour
que ce capitaine des tuniques bleues et ce chef indien puissent se comprendre
et se respecter, il va falloir deux ingrédients : du temps et du partage
d’événements forts. Justement, the president of America himself, ordonne la
libération de ‘’Faucon Jaune’’ (qui a quand même plus de gueule en ‘’Yellow
Hawk’’) et son rapatriement en sa terre natale du Montana par le capitaine
bleui.
Or,
comme on l’a dit, la route est longue, le pas des chevaux lent et l’hostilité
grande… et, dommage traumatique collatéral, il devra s’encombrer d’une veuve
dont la famille vient d’être décimée qu’il ''déchoquera'' progressivement avec une
grande délicatesse.
Il
faudra bien deux heures trente de film égrenant comme tout bon Western, son lot
de silences qui en disent long, de discussions qui en avouent peu, de paysages
panoramiques et de bivouacs, pour arriver à confesse – je pèse mes mots -.
Problème : la route n’est pas sûre, engendre les drames au fil des miles, les
Comanches pour tuer, ne sont pas les plus manches, et les balles, elles, fusent
toujours à 600m/seconde vous rattrapant sous la pluie glacée comme sous le
soleil âpre.
Dans
ces conditions, mourir, ne serait-ce que, sereinement dans la terre de vos
ancêtres, s’avère assez illusoire. La mission une fois à son terme, chacun, du
peu qui reste, suivra sa voie, ferrée pour la jolie veuve que le cheminot aura
le privilège perpétuel de transporter, tandis que la tunique bleue pour une
fois en civil sur le quai, la regardera peut-être partir comme une vache un
train, comme tout cow-boy violent et asocial qui se respecte, solitaire,
étranger au mouvement perpétuel qui l’entoure ou… peut-être pas.
Once
more time, ces Américains, à grands coups de paysages époustouflants et en
faisant appel à nos émotions primaires, réussissent encore à nous émouvoir.
Passage obligé ce week-end pour les amateurs de westerns, d'autant qu'il
pleuvra sur la ville aussi dru que l'adversité sur les hommes de l'Ouest.
1 commentaire:
Un plaisir de lire cette page où s'entremêlent avec bonheur des faits d'Histoire, une histoire et la géographie de ces espaces qui, pour peu qu'on les connaisse,s'empare de la mémoire.
Ne manquent que quelques pauses paisibles près des rivières et des lacs à truites.
Gina
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