Bien sûr la "Nouvel affiche" à l'esthétique kitchissime et l'affaire bitérroise qu'elle suscite aurait pu me débusquer de la torpeur estivale, ainsi que la nouvelle "nimoiserie" taurine opposant Casas à Meca. Un feuilleton savoureux qui occupa quelques jours les colonnes du Midi-Libre à coups de "poule mouillée" et d'invectives pittoresques. Mais... non... je n'éprouve pas la fibre moqueuse et polémique en ce moment... Un petit coup de mou soigné au cours d'un raid en terre basque par cet alléchant cartel : Fundi, Tomas, Castella. Bon, avec des El Pilar tout de même... ce qui tempère.
Commodes les toros ! De trapio, (les poids annoncés en surprirent plus d'un) d'âge, (tout juste quatre ans pour un et quatre ans presque et demi pour les autres pas vraiment "faits") commodes de forces (faiblissime le premier pour le Fundi et souvent économisés à la pique les autres) et enfin commodes d'encornures : berceaux trés étroits et en "pince de tourteau" voire "de scorpion" pour mon voisin de droite, dont on ne jurerait pas qu'une expertise révèlerait d'étonnantes caractéristiques. (pas concernant mon voisin, hein, mais les cornes...) Excepté pour le sobrero, premier de Castella, bien astifino lui - voir photo ci-dessus -
Comme d'habitude concernant les arènes qui ne tiennent pas particulièrement à être crédibles, la majorité des trophées octroyés n'auraient pas du l'être, ne serait-ce parce qu'ils le furent souvent après une première épée ratée.
Faiblissime et soso donc le premier, ce qui ne permet pas à l'aficionado de longue date de vibrer malgré l'accueil quasi fébrile du conclave à la performance d'un Fundi qui dut bien s'ennuyer - ou se régaler - allez savoir, tant la bébête devait trancher avec ce qu'il s'envoya tout au long de sa carrière. Surprise à son second, la maestro doute devant un bestiau plutôt brutal et court de charge devant lequel il n'arrive pas à se relâcher. S'engage alors une bagarre hachée où rien n'est amélioré, la maestro reculant et entretenant plutôt à mon sens les travers de l'animal plutôt que lui éduquer les bonnes manières et n'arrivant jamais à le réduire et le dominer. Ce qui lui vaudra... deux oreilles, incompréhensiblement pour moi, malgré une émotion légitime générée par une estocade émouvante d'engagement et de sincérité d'où il ressort blessé. Pas aussi gravement que l'impressionnante angoisse laissée par ces interminables secondes de suspension encornée qui valurent à mon tympan gauche d'être quasi-violenté par les fréquences suraigües des meilleurs hurlements d'effroi des plus mauvais films gores, par les cordes vocales horrifiées de ma voisine de gauche (la géographie des gradins, pas l'idéologie...)
On sait de José Tomas que peu lui importe la lidia adéquate à donner aux toros. Ce qu'il propose est tout autre, une sorte de liturgie personnelle donnée dans son inimitable style. Dans ce contexte, je n'ai pas remarqué de faena structurée atteignant les sommets depuis quelques temps. Mais José Tomas n'est pas un torero du monton, son interprétation unique recèle d'extraordinaires pépites qui vous laissent pantois. Il en a une fois de plus distillé de "terribles" qui impressionnent l'oeil, comme la lumière la pellicule, et resteront indélébiles au souvenir. Je pense à ces trois naturelles et à sa façon magique d'arriver à donner des passes empreintes de lenteur reposée puis d'être instantanément replacé en des attitudes emplies de toreria pour récupérer sans effort apparent la nouvelle charge dans un sitio ne concédant pas un pouce de terrain. Remarquable.
Sébastien Castella dont je n'arrivais pas à goûter l'art préconçu a cette fois-ci remporté mon adhésion. Impressionnant de maîtrise et de facilité, il semblait toréer depuis les irradiations célestes de l'inspiration divine. Une réelle inspiration ponctuée de génialités fleurissant au gré d'une muleta limpide. Du grand art, subjuguant un public qui ne trouva rien de plus ridicule que de quémander un indulto pour ce petit toro brocho certes volontaire au troisième tiers mais indigent sous un fer à peine taté. Le président évita le ridicule à la plaza en n'accordant pas ce qu'il fut désagréable de constater : l'adhésion du torero à la ridicule proposition partie en forme de boutade par des festaïres non loin de moi... La seule fausse note du torero en cette tarde. En mai 64 à Nimes, on avait donné au Cordobes au cours d'une faena réellement historique, les deux oreilles, la queue et une patte. Ce que la sensiblerie ambiante ne supporterait plus de voir charcuter. On propose donc le toro entier par cette foutue grâce indue qui correspond désormais plus à du rabe de trophée qu'à des valeurs de bravoure. Du grand n'importe quoi auquel nous échappâmes de justesse. Dans un supplément du journal Sud-Ouest, Mr Lartigue expliquait avec quelle transparence et ambition il entendait désormais gérer la place. Dans ce contexte est-il possible de lui suggérer de soigner plus la présentation des toros ?
2 commentaires:
La chaleur et la fatigue imbibent le compte rendu, mais merci pour ce retour qu’on espérait.
Gina.
Merci de ce commentaire Marc,
car on a rien pu lire d'autre à ce jour sur cette course en dehors des médias officiels...
Sinon c'est bien Omordia...?
Benjamin
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