Aux
chatouilleux de la narine et susceptibles de l'histamine ce conseil :
n'allez pas à Saint Martin de Crau ! Il y règne un
micro-climat réunissant le ''Maxima Triumvirat'' de l'allergène
incontrôlable, le PPP : pollen, poussière, poils. De platanes,
de terre battue et de chevaux... Nous étions donc quelques milliers
à éternuer frénétiquement dans cette arène de béton qui
assistait à la retirada de Julien Lescarret.
Raccrocher.
Dire Adieu. Miletto l'a déjà fait et voilà donc Lescarret qui
l'imite. Quelle décision honorable et lourde de sens. Quelle
nostalgie a dû les envahir. Commuter soudain son destin dans la
banalité de la vie. Réappartenir à la norme, oublier le romantisme
de l'aventure, la poésie du chemin, les marrades de bord de route
avec la cuadrilla, les rêves du bivouac des hostals ou des palaces.
L'anonymat, soudain. Le ''rentrer dans le rang'' à déglutir.
L'odieux soulagement de l'entourage à découvrir. L'abandon de
l'amour du public, de l'aura du héros, du respect spontanément
ressenti, des claques dans le dos. Comme elles vous faisait chier ces
claques amicales dans le dos : Suerte Julien ! Et comme
elles vont manquer dès demain.
Que
manquait-il aux deux Julien ? Ils avaient le courage, la
technique, la détermination, le contrôle de leurs émotions et
pourtant cela n'a pas suffi à faire décoller leurs carrières.
Peut-être leur manquait-il dix kilos de muscles, dix centimètres,
dix pour cent de talent singulier, dix onces d'art, le plus d'une
personnalité forte qui s'exprime d'évidence et marque les esprits.
Peut-être ne fallait-il pas contrôler si bien ses émotions. Ce
truc en plus, qui ne s'explique pas et vous habite ou non. Qui
transparaît ou... vous rend plutôt transparent. Enfin... Saint
Martin de Crau lui a dit son affection et sa gratitude d'un petit
discours bien senti et a cru devoir l'affubler d'un de ces cadres
lourdingues de carrelage ou de photos dont l'aficion a le secret exclusif du
mauvais goût.
De
cette course je retiens la réflexion d'un spectateur à l'entrée du
premier toro :
« Eh
bé... la balance est fausse et le coiffeur est doué... ! »
Une
vuelta indue au deuxième toro.
La
tranquillité d'un Delgado, pas sûr que cela valait une oreille.
Le
sourire de la ''prisonnière de la buvette'' qui donnait envie de se
désaltérer. On lui payait sa boisson puis on lui disait adieu, comme un torero quitte le ruedo, à regrets.
Pour
une resena sérieuse et exhaustive j'enjoins d'aller consulter
''Torobravo.fr'', j'y souscris des deux mains.
1 commentaire:
Comme il doit être difficile ce renoncement... Et cruel de vivre le passage au simple quotidien, avant que la passion passée n'entre dans la mémoire comme une belle parenthèse de vie.
A tous les nostalgiques des beaux jours de poésie !
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