dimanche 29 avril 2012

Dire Adieu

Aux chatouilleux de la narine et susceptibles de l'histamine ce conseil : n'allez pas à Saint Martin de Crau ! Il y règne un micro-climat réunissant le ''Maxima Triumvirat'' de l'allergène incontrôlable, le PPP : pollen, poussière, poils. De platanes, de terre battue et de chevaux... Nous étions donc quelques milliers à éternuer frénétiquement dans cette arène de béton qui assistait à la retirada de Julien Lescarret.

Raccrocher. Dire Adieu. Miletto l'a déjà fait et voilà donc Lescarret qui l'imite. Quelle décision honorable et lourde de sens. Quelle nostalgie a dû les envahir. Commuter soudain son destin dans la banalité de la vie. Réappartenir à la norme, oublier le romantisme de l'aventure, la poésie du chemin, les marrades de bord de route avec la cuadrilla, les rêves du bivouac des hostals ou des palaces. L'anonymat, soudain. Le ''rentrer dans le rang'' à déglutir. L'odieux soulagement de l'entourage à découvrir. L'abandon de l'amour du public, de l'aura du héros, du respect spontanément ressenti, des claques dans le dos. Comme elles vous faisait chier ces claques amicales dans le dos : Suerte Julien ! Et comme elles vont manquer dès demain.

Que manquait-il aux deux Julien ? Ils avaient le courage, la technique, la détermination, le contrôle de leurs émotions et pourtant cela n'a pas suffi à faire décoller leurs carrières. Peut-être leur manquait-il dix kilos de muscles, dix centimètres, dix pour cent de talent singulier, dix onces d'art, le plus d'une personnalité forte qui s'exprime d'évidence et marque les esprits. Peut-être ne fallait-il pas contrôler si bien ses émotions. Ce truc en plus, qui ne s'explique pas et vous habite ou non. Qui transparaît ou... vous rend plutôt transparent. Enfin... Saint Martin de Crau lui a dit son affection et sa gratitude d'un petit discours bien senti et a cru devoir l'affubler d'un de ces cadres lourdingues de carrelage ou de photos dont l'aficion a le secret exclusif du mauvais goût.

De cette course je retiens la réflexion d'un spectateur à l'entrée du premier toro :

« Eh bé... la balance est fausse et le coiffeur est doué... ! »

Une vuelta indue au deuxième toro.

La tranquillité d'un Delgado, pas sûr que cela valait une oreille.

Le sourire de la ''prisonnière de la buvette'' qui donnait envie de se désaltérer. On lui payait sa boisson puis on lui disait adieu, comme un torero quitte le ruedo, à regrets.

Pour une resena sérieuse et exhaustive j'enjoins d'aller consulter ''Torobravo.fr'', j'y souscris des deux mains.

1 commentaire:

Maja Lola a dit…

Comme il doit être difficile ce renoncement... Et cruel de vivre le passage au simple quotidien, avant que la passion passée n'entre dans la mémoire comme une belle parenthèse de vie.
A tous les nostalgiques des beaux jours de poésie !