mercredi 11 avril 2012

Tous pour un, un pour six.



Sur le papier, le cartel alléchait : deux hommes doués et profonds de la saison passée, Mora et Fandino et le jeune Dufau pour la belle opportunité de cette corrida de clôture avec un lot de Fuente Ymbro qui se divise en deux, trois et trois. Les trois premiers, des bouse-brothers jusqu'à l'invalidité pour le premier remplacé par un sobrero de Palla.


Or, les toreros présents ont plutôt l'habitude des toros sur lesquels il faut peser, que l'on doit réduire coûte que coûte, plutôt que d'accompagner les sub-claquants en soins palliatifs. A ce jeu et selon l'aléatoire du sorteo, c'est Fandino malgré la facilité congénitale de Mora à embarquer les cornus dans ses capes, qui tirera les plus remarquables séries de naturelles. Le cinquième à l'allure ''boxer bringé'' n'est certes pas un niais mais est encore trop faible pour émouvoir au combat face au puissant et délié David Mora.


Heureusement le sixième, avec sa longue poussée au cheval. Avec les naturelles de Fandino, c'est l'agressivité du sixième toro qui sauvera la course et le combat honnête et plein d'abnégation que lui livrera Dufau, crânement, jusqu'à se faire prendre sans mal mais d'un avertissement à décomposer beaucoup de bien classés de l'escalafon. Et on le verra revenir au combat en torero, sans sourciller, au mépris du grand danger que cet animal distillait. Celui-ci n'avait rien à voir avec ses frères de race. Rien de commun, ni leurs lacunes ni leur faiblesse ni leur galop débonnaire, ni leur mental de victime. Non, bravoure et allant du meilleur sang Domecq. Celui-là m'a impressionné par sa caste, par la race de sa colère, sa sauvagerie, ses appuis brusquement freinés pour rester à la baston, son obstination à dégager l'adversaire, ses coups de cornes pour tuer, celui-là était un toro de combat. Il était temps. Un Dufau mal récompensé par un public quittant précipitamment l'amphithéâtre devenu glacial, parce qu'il avait envie de se soulager la vessie, parce qu'il y risquait la corne de la bronchite. A chacun ses peurs, n'est pas torero qui veut.


Je ne rendrai pas compte de la corrida gériatrique, ne m'y étant pas déplacé pour garder mes souvenirs de Ruiz Miguel, Victor Mendes et El Fundi, du temps de leur splendeur...

2 commentaires:

Xavier KLEIN a dit…

"Les toreros présents ont l'habitude de peser..." Fandiño: OK, Mora: OK, mais Dufau!!!!
Tu l'as souvent vu devant du bétail encasté?

Marc Delon a dit…

je faisais effectivement allusion aux deux premiers mais Dufau que je n'avais vu que deux fois ne s'est pas défilé face a cet exemplaire très dangereux.