lundi 9 avril 2012

Une Miurada comme on n'en veut pas

Le toro de Miura a-t-il eu raison de s'adapter à la modernité ? Me cago ! S'il n'y en avait qu'un, apte à s'arroger conservatoire du toro bravo de l'an 1800 sans avoir à en souffrir d'un point de vue commercial, c'était bien lui ! Je sais, je l'ai déjà dit, ben je répète ! Car le lecteur du début s'est fatigué de ma prose et le lectorat s'est renouvelé ! Quel intérêt à le rendre ainsi toreable ? Quel avantage acquis à lui lécher de suaves faenas quand il a du mal à tenir debout ? A part aider a écrire une page de faussaire de l'histoire du ganado ? Les Miuras ont changé et ne sont plus des Miuras. Une fois n'est pas coutume, j'ai parcouru Terres Taurines dont la première phrase du compte rendu de la course est la constatation inverse : les Miuras sont toujours des Miuras. Bon... si on a sept ou huit ans, d'accord... mais si on en a cinquante, pas du tout... pour ceusse qui douteraient procurez-vous la Miurada de Béziers en 1983, qu'on rigole... Il y a à peu près autant d'écart de caste qu'entre François Mitterrand et François Hollande. L'un est un insipide ultra-libéral rosifié tout flasque tandis que l'autre, tout hérissé d'épines acérées exhalait un capiteux parfum d'intrigues machiavéliques... (la preuve, vous-même, à la lectures de ces descriptions un peu olé-olé vous avez instantanément compris qui est qui...) Je n'ai d'ailleurs jamais compris comment d'honnêtes gens si prompts à mettre leur probité en avant puissent nous le désigner comme leur champion... Avez-vous remarqué le ridicule de ce que Christophe Barbier de l'Express nomme le ''mimétisme de tribune'' de Hollande qui singe la gestuelle du feu prestigieux aîné pour se donner l'épaisseur qu'il n'a pas... ? Pathétique... Alors évidemment oui, quelques évanescents rappels du mimétisme de ruedo peuvent tilter au souvenir (tu as vu, lecteur, comment on retombe sur ses papattes l'air de rien …?) de l'aficionado, comme celui-ci, qui cherchait cou étiré et mufle au ciel les mains des banderilleros, ou le sixième, seul toro fait du lot, aux cinq ans révolus, impasse combative périlleuse dans laquelle Savalli s'engagea comme le sportif ''Kinder Bueno'' qu'il est, au lieu d'investiguer intelligemment comme un Sherlock Holmes...

De nos jours quatre vingt-dix pour cent des toreros peuvent tuer des Miuras alors qu'il fut un temps où quatre vingt-dix pour cent déclinaient l'offre arguant qu'ils avaient ''piscine'' ou ''théâtre'' ce jour-là, tandis que les neuf pour cent restant, protestaient du moyen létal offert pour leur suicide alors qu'ils en connaissaient d'autres, bien moins terrifiants et douloureux, le ''pour cent'' qui s'y collait restant blotti jusqu'à l'habillage de lumière, dans les bras doux et palpitants de leur douce et tendre afin qu'ils se rappelassent du principal intérêt qu'il y avait à ne pas être vaporisé dans la stratosphère prématurément.

Donc moi j'imagine des réunions secrètes d'empresas policées qui seraient venues rendre visite à Don Eduardo Miura il y a une dizaine d'années et qui lui auraient à peu près tenu ce discours, petit doigt en l'air sur la tasse de thé :


- Voyons Don Eduardo, le ganado évolue, vous le voyez bien autour de vous... et les toreros de l'an deux mille ne peuvent plus toréer des tios de 1750... il faut anoblir à tout prix votre cheptel sinon on ne vous achètera plus rien... il faut se moderniser sous peine de disparaître... Au fait comment va votre fils ? Un charmant garçon... et moderne... très en phase avec son temps... il a à coeur je crois de pérenniser la légende de ce fantastique élevage que vous allez lui transmettre... Je tiens, nous tenons tous à nouer des relations privilégiées avec lui...

Et là, les Espagnols sont très fort pour tout avilir : y'a qu'à voir ce qu'ils ont fait de la magnifique Costa Brava et de ses petits ports de pêche que je fréquentais tout petit... Salopards, va... à coup de barres de béton ils m'ont salopé le post-franquisme....!!!

Alors voyons, vu que vous commencez à être largués, je prend mon Iphone opportunément doté d'un bloc notes bien moins chic que mon carnet Moleskine mais plus compact et tout aussi efficace ''rapport'' à la vélocité de mon pouce qui n'en finit pas de progresser – un vrai ado – pour vous la jouer plus revistero et moins déroutant. Et que vois-je pour le premier toro ? Que je suis encore en désaccord avec ''Terres Taurines'' pour qui on a volé une oreille à Robleno tandis que mézigue a écrit ceci :

Trois piques. Charge peu profonde puis, tardo, malgré son allure juvénile. Quatre ans à peine. Trasteo de Robleno ''sans peine ni gloire'' selon la formule sacrée con. Première épée entière mais caïda, hémorragique. A côté de moi, d'incompréhensibles indignés d'une oreille imaginaire pas octroyée. Une oreille, faudrait savoir, c'est pour une faena ''regular'' ou ''bonissima'' ?

Bon enfin ,voyez je joue au revistero avec mon bigophone...

A l'exception de ce premier et du dernier, tous se sont vautrés dans le sable, se couchant même parfois avant que l'épée ne monte... ou quand noblesse rime avec faiblesse, paresse, plutôt qu'avec ''gare à tes fesses''.

Castano cuit son premier qui résulte avec une demi-charge docile et ralentie, à l'étouffée, ce qui permet d'évoquer qu'en daube, sera plus convaincant. Second parterre dés l'entame de faena puis l'avertira sérieusement sans frais avant que le torero n'entre à matar.

Je lis encore mes notes pour le sixième -Savalli- :

Toro né en janvier 2007. 630KG. Deux piques. 3 grandes paires de banderilles. Brouillon à la muleta, puis pueblerino (plus il perd les papiers, plus il bouffonne : desplante de très mauvais goût, au pire moment) puis carrément vulgaire et enfin en danger. Très en dessous du toro. Ne sait plus comment le prendre, n'a aucune idée de la lidia à donner. Le public assiste au naufrage du torero en applaudissant... Bajonazo. Quatre descabellos.

Rendez-nous nos Miuras de toujours, putain !















5 commentaires:

el Chulo a dit…

bien vu, mon marcos!

ceci dit la première oreille appartient au public, si pétition majoritaire!

Anonyme a dit…

Muchas gracias Don Marco
Victorina Martine !

Marc Delon a dit…

Ouais chulo, pero le public parfois, on dirait qu'il croit que Sarkosy est au palco et qu'il faudrait se défouler contre lui...
et comme la veille tout le monde avait critiqué la distribution automatique et ben là il a trouvé que les colombes blanches n'étaient pas majoritaires et vu la vilaine épée, il a eu raison...

Anonyme a dit…

tous les aficionados presents à Beziers se souviennent de cette fameuse miurada...mais en son temps HUBERT YONNET a presenté des miuradas avec beaucoup d'emotion comme celle de la porta gayola de el Quitos ou le jour ou Victor Mendes a pris 3 avis et n'a pu tuer son toro malgré son courage,son pundonor et sa technique irreprochables!

Marc Delon a dit…

quand je dis vilaine épée faut expliquer : elle fut très bien et spectacularement donnée par Robleno mais elle résulta "hémorragique"...