dimanche 19 janvier 2014

Tertulia de Maestros


Le titre du concert acoustique « Dos Glorias Dos » n’était pas usurpé.
Des cantaores aussi authentiques, sincères, spontanés et touchants sont et resteront la raison d’être de cet art du « cante flamenco » indéracinable, intemporel et vrai.
Oh, certes, la voix trahit leur âge …. 83 pour Manuel Marquez « El Zapatero » et quelque 75 et des poussières pour Antonio Ruiz « El Carpintero » … et leur permutation d’assise permanente pour se placer du côté de la meilleure sonorité de la guitare trahissait certainement un défaillance auditive qu’ils ne voulaient pas confier à un sonotone.
Cependant, le « cante » ne nécessite pas toujours une puissance thoracique mais une émotion et un « arte » qui, voix posée à la mesure de la possibilité de performance vocale, restitue leur saveur flamenca. C’est une leçon des fondamentaux qu’ils nous ont donné.
Car, il faut le souligner (et c’est ce qui a aussi enchanté les spectateurs) ces papis nous ont fait un show inénarrable. Présentant l’origine de leurs chants, donnant des détails sur les changements de « tonadillas » (quitte à faire un petit clin d’œil ou un lever d’index vers la foule au moment où se produisait le changement préalablement annoncé –au cas où certains de suivraient pas-), ils nous donné, en toute simplicité naturelle, un cours magistral de l’authentique, le populaire, l’intemporel « arte du cante flamenco »….. Ma voisine m’a même soufflé à l’oreille : 
« attention, à la sortie, ils demandent une interro écrite ! »
En s’adressant sans cesse à l’auditoire, comme des grands pères au cours du fête de famille racontant leur quartier, leur rue, leurs copains et ceux qui leur ont transmis leur chant … on aurait voulu les garder avec nous bien au-delà de la soirée.
Facétieux dans leurs échanges spontanés, ils discutaient, comme si nous n’étions pas là, du positionnement sur scène, du « toque » à préciser au talentueux guitariste Dani de Morón (qui a dû adorer les accompagner, cela se sentait) … On se demandait d’ailleurs parfois s’ils ne créaient pas spontanément sur scène le filage de leur spectacle … Je suis sûre que ces deux là se sont dit « Allez ! On va chanter à Nîmes « por seguiríyas, por soleá … yá veremos ! »
El Zapatero, désarmant de simplicité ne nous même pas épargné l’information capitale de la soirée : il est « sietemesino » (prématuré). C’est dire si on était en famille … Sa tchatche complice avec ses « compañeros », son sourire malicieux, la surprise finale lorsque quittant la scène il a récupéré au sol un vieil enregistreur (qui doit dater des années soixante-dix) en nous adressant un petit clin d’œil complice … comme un gamin ayant joué un tour !
Dommage que le timing du festival ait obligé les artistes à cesser le concert sous la pression de leur agent …. Car, eux, étaient partis pour y rester, quitte à descendre leur chaise de scène et venir s’assoir parmi nous … Quel bonheur ç’eut été !
Hélas, il a même fallu l’intervention en douceur des responsables du festival pour arrêter les papys chauffés à fond .. « La dirección manda … » nous a adressé avec un petit geste d’impuissance désolée El Zapatero.
Que lástima ! On aurait voulu les retenir et leur poser plein de questions sur « palos y barrios » … ils avaient tant à partager …
Maja Lola

2 commentaires:

Anonyme a dit…

A la longueur du texte, on mesure l'enthousiasme de Lola et le succès du spectacle.
Il y a des personnes d'un certain âge qui ont le bonheur d'être "papi" sans doute, mais que la passion, le talent, le goût du spectacle maintiennent jeunes toute leur vie.
On en a un brillant exemple.
Gina

Maja Lola a dit…

Oui Gina. Et quel bonheur de vivre cet enthousiasme transmis par ces sages talentueux, sans chichis, et qui se prennent pas pour des stars !