mardi 29 juillet 2014

Hubert Yonnet de la Belugo

 
Ce matin, avant de commencer à travailler, je voudrais vous dire ceci :
On était une dizaine. Une petite dizaine reçue à notre demande par Hubert Yonnet pour tenter d'en apprendre un peu plus sur les toros. On pensait repartir comme on était venus, juste un peu moins naïfs sur les toros, ces bêtes sur lesquelles il se dit tant de choses et que finalement très peu connaissent.
 
Hubert Yonnet était de ceux-là. Conocedor forcément. On pensait que la visite serait plutôt anodine. Trois heures après nous étions ressortis bouleversés... et navrés qu'aucun d'entre nous n'ait pensé à filmer cet après-midi où il nous reçut comme des amis, dans l'intimité de son mas, en toute simplicité. Quel formidable témoignage cela aurait été. J'ai quand même de cette entrevue conservé un enregistrement audio issu d'un mauvais magnétophone, mais je suis trop nul pour savoir vous le diffuser : au secours Lilian, si tu as du temps...
 
Je me souviens de son principal regret de ganadero : avoir éradiqué les ''croisés'' espagnols-camarguais, à une époque où on voulait faire de l'espagnol pur pour être crédible en corrida. Certes nous avait-il dit, de temps en temps sortait un "baou" qui sautait la barricade, non par mansedumbre mais par ses origines camarguaises mais souvent ils étaient intéressants et durs de pattes. On l'avait bombardé de questions auxquelles il avait répondu avec patience et passion. Moi, je lui avais demandé quelle impression ça faisait de voir les ''invendus'' partir pour la boucherie. Il m'avait pointé du doigt et avait dit :
<< ça, c'est le pire ! Elever des toros de combat pour les abattre pour la viande, sans qu'ils aient révélé leur mystère, c'est le pire. Savoir ce qu'ils auraient donné... peut-être y avait-il l'exception parmi eux...! >>
 
Aujourd'hui le mas de la Belugo - fameux élevage de moustiques aussi ! - est orphelin, et à l'heure où il faut saluer la gentillesse et la passion de ce vieux monsieur disparu hier à 87 ans, je garde cette après-midi parmi les meilleurs souvenirs de ma vie d'aficionado et la certitude que le centre de la chose, est là, glissant dans le pré, de la fierté entre les cornes.

http://www.manade-yonnet.fr/

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas un adieu solennel. Il n'en est que plus sincère et émouvant.

Gina