lundi 21 septembre 2020

A partir du sable

 


Tiens, si on parlait tauromachie. Ça sentait le crottin et la bouse sur l’esplanade, il y a donc du y avoir des quadrupèdes ? Bon, parce qu’à la base, ce blog fourre-tout se voulait un peu taurin quand même, tu te souviens, lecteur ?

Or, qu’avez-vous eu à vous mettre sous la dent ici ? Rien. Si, un compte rendu ciné de ‘’Le bonheur des uns…’’ vu que le malheur des aficionados était organisé sur le sable.

Je connais trop Nîmes, ma ville, que j’aime et qui me fait honte dans ce qu’elle me donne à voir de l’art du combat. Alors comme beaucoup - difficile à remplir les cinq mille places parait-il – comme vous, je n’y vais plus.

Dans la plaza, j’y ai encore un ami qui depuis son abono des premières hors de prix (s’en fout il est riche) m’envoie ses lapidaires sentences :

-       Bananes érodées…

-       Grosses bouses de toros…

-       Public Duracel…

-       Palco de rigolos…

-       Actuacion pueblerina…

-       Cornes de girafes…

Alors, pas bégueule, je lui envoie les miennes, presque aussi lapidaires et vu qu’on se connait depuis l’enfance, je sais qu’on se marre de ce ping-pong :

-       Bien fait pour toi…

-       T’as qu’à pas répéter sous la pique…

-       Ca t’apprendra à humilier…

-       Jette ton fluzz au vent…

-       J’admire ton abnégation classieuse et ton rapport à l’ennui

-       Depuis le temps, au prix de ton abono, t’aurais une IWC, une Omega, une Jaeger-Lecoultre et une Patek-Philippe, putain…

Oui, vous me connaissez, le lapidaire c’est pas mon truc…mais j’essaye. Alors, non, hors de question que je rende compte du naufrage durant des décennies. J’ai déjà donné et à force je vais être suspecté d’être mauvais coucheur ou d’être un triste sire ou d’avoir un compte à régler que sais-je…

Alors je vais vous citer ce que j’ai lu de la part de ceux que j’estime crédibles dans leur appréciation :

<< Le public nîmois, toujours en manque de critères, et toujours prompt à s’enthousiasmer pour le clinquant, veut voir couper des oreilles. Il en a obtenu deux pour Juan Leal au terme d’une faena où le superficiel prit le pas sur l’essentiel. C’est navrant.

Des toros pour une bonne moitié indignes des lieux, justes de forces et sosos pour la plupart

Comment exprimer son toreo quand la matière première fait défaut ? 

Bref, une course à très vite oublier  (Patrick Colleoni)

 

 

On pourrait tenter de mettre des mots. Mais ce serait tromper et trahir.

Les trois premiers toros du jour étaient, à nouveau, imprésentables

Au moment où l'on songeait « ça fait peine », le taureau se coucha par terre, et la messe était dite. Le toro beige, genre peluche, sorti en troisième, était à peu près complètement invalide.

immobile dans le sitio, où l'ectoplasme de la modeste peluche rodait encore un peu.

Les trois suivants furent un peu moins navrants, puisqu'on leur devinait des cornes, ce qui, ce jour, était inédit. Le quatrième était un toro de gala, mais d'un gala pour Ephad où l'on fait semblant de vivre, même quand les forces manquent.

…avant de conclure avec le toro cacochyme.

Et avec ça, des picotazos, une indifférence absolue des deux maestros à la mise en suerte face aux piques (la meilleure mise en suerte sera le fait du sobresaliente Jérémy Banti invité au quite par Sébastien sur le cinquième), des épées désastreuses, entre rincon ordonezien, entière trasera un peu dans le dos et bazonazo de ley et une pluie de descabellos.

Le manque de corridas en cette année de Coronavirus explique sans doute le fait. Deux naufrages consécutifs, y compris en présentation, en deux corridas explique le reste :

 cette impression poisseuse d'inéluctable ressac, de fin de partie, de fin d'un monde.

(Joel Boyer) >>

 

Il est vrai que dans le dernier paragraphe, Joel Boyer trouve des mérites à la ville et à l’empresa, sans doute parce qu’il est bien éduqué, parce qu’avec urbanité et raffinement il s’essaye à trouver des raisons d’être juste et tolérant. Mais, ce qu’on nous propose est ancré depuis tellement d’années, que le Covid-19 n’y est pour rien. Alors moi c’est à partir du sable que je jauge et juge. De la première foulée sur le sable. Et je suis bien obligé de constater que souvent les enfoirés de sangliers qui me retournent mon terrain ont plus de gaz et de sauvagerie que les toritos à la brandade. C’est plutôt une question de sensibilité, de philosophie, d’habitudes ou d’arrangements. Sinon (j’avais écrit Simon…) pourquoi s’enferrer ainsi dans les mêmes travers ? Comment peut-on en arriver à penser qu’il vaut mieux prendre le risque de présenter des invalides épointés pourvu que leurs statistiques de ‘’toréabilité’’ soient bonnes, plutôt que de continuer à honorer le rite extraordinaire en sélectionnant des adversaires pour la race de leur colère ? Qu’on puisse s’extasier sur leur sauvagerie, leur brutalité, s’enflammer sur le pundonor et la maîtrise des toreros poussés dans leurs retranchements, s’exalter de leur abnégation brave sous la pique, de…

Je bloque là-dessus depuis des années.

J’avoue.

Sans comprendre.

Je suis sûr que le Simon, s’il lit ces lignes, il pouffe grave ! C’est un peu comme s’il voulait nous avoir à l’usure… Viendra un moment où tout le monde en aura marre de dénoncer ce qui l’a déjà été maintes fois. Ca sâoule, à constater, à lire et à écrire…

Il m’est arrivé de céder à ce que je n’aime pas : jouer le mondain à l’impé une coupe de champ à la main. (pour roter je préfère la Citrate de Bétaïne, c’est moins cher et comme vin, une vendange tardive saturée de sucre me plait plus) C’est assez instructif, tu rencontres des types, parisiens pour la plupart (à partir de Chamborigaud à peu près, et plus au Nord) qui t’expliquent l’extase vécue du triomphe encore chaud dont tu as constaté qu’il ne s’agissait que d’une grosse bousade profilée…

Là, tout à coup, s’ouvrent à toi deux options pendant que tu réalises que le Simon a réussi son grand remplacement, virer les aficionados en d’autres contrées plus bourrues pour libérer des places aux aficionadeaux encanaillés dans notre Sud, ce Sud qu’ils doivent vivre comme un véritable Far-West à grands frissons :

-       Une écoute polie et amusée sans rien trahir de ta connaissance. Après tout, tu l’as eu toi aussi ta période ‘’découverte euphorique’’ (chouette on peut torturer des zanimos…(y’a des zantis qui lisent, c pour eux… sont tellement largués…))

 

-       Une tentative d’éclairer leur lanterne tout en asseyant ta posture de redoutable connoîsseur…

 

-       T’amuser à abonder dans leur sens pour voir jusqu’où ils se paument. Par Jeu. Mais mes parents et frère Pierre de St Jean Baptiste de la Salle, ne m’ont pas éduqués dans ce sens…

 

Ouais, ok, ça en fait trois, et alors ? Bon, donc, moralité, as usual, y’a eu des toros, mauvais, faibles, imprésentables pour la plupart et je suis trop radin, pas assez urbain et suffisamment écoeuré depuis lurette, pour y assister et vous concocter des resenas qui dénoncent ce que j’ai déjà dénoncé par toutes les paraphrases possibles et imaginables à profusion.

Applaudissements ou stylo, plus aucun jeu de paume ne m’amuse. C’est triste. Bon… voilà… il me semble que cet article est fini… Quoi la photo ? Si les toros sont imprésentables je ne vais pas illustrer l’article avec une photo de corrida… j’ai trouvé cette femme… qui semble être coiffée d’une montera naturelle. Fera l’affaire, malgré la ténuité du lien.

Ah au fait, 2021 devrait voir la sortie d’au moins un livre de votre chroniqueur haï… si inch Allah, Dios quiere etc… si la tauromachie existe toujours… covid-19… tout ça… une sorte de dico pour les nuls qui voudraient le rester… quelque chose comme ça… T’inquiète lecteur, on en reparle… je vais te sâouler avec ça… du marketing que ça s’appelle… teasing et tout et tout…et pointures associées…si on s’est pas fâchés d’ici là bien sûr… A plus, bises et postillons.

2 commentaires:

JLB a dit…

Oui, fin de partie, fin d'un monde.

Senorito a dit…

Le pognon que j'ai pu économiser en n'allantplus à Nîmes ! Don S.C continue à sévir et les gogos de la brandade ou autres affidés de prendre leur pied encore... Dommage, j'aimerais tant qu'ils se prennent le pied...dans le tapis une bonne fois pour toutes...Que j'ai mal à ma Fiesta ! Y por suerte me fui a vivir en Espana hace tiempo ya !